Mgr Derville : le nouveau prélat de l’Opus Dei devra faire sentir "la paternité aimante de Dieu"

Le congrès électif de l’Opus Dei pour choisir le nouveau prélat commencera officiellement ses travaux le 23 janvier 2017 à Rome. Mgr Guillaume Derville, directeur spirituel de l’Opus Dei, explique à l'agence de presse I.MEDIA les enjeux spirituels de cette élection.

Mgr. Guillaume Derville.

- Vous êtes chargé de la partie liturgique de l’élection. Quel rôle la prière joue-t-elle dans cette élection ?

La liturgie est au cœur de la vie de l’Église, donc de la prélature. Elle sera centrale dans le Congrès électif. Il commencera par une concélébration eucharistique : la messe votive de l’Esprit Saint ouvrira nos cœurs. Ensuite tous les jours nous partagerons de longs moments de prière silencieuse en commun et nous aurons beaucoup de temps pour le recueillement personnel. Nous nous laisserons enseigner par l’Écriture sainte, spécialement cette semaine la lettre aux Hébreux, les psaumes qui unissent notre espérance, et les paraboles du royaume qui nous rappellent que le plus important c’est ce que Dieu fait. Le Saint-Siège a fixé au 24 janvier la célébration pour la prélature de la fête de Sainte Marie-de-la-Paix, titre de l’église prélatice, en quelque sorte la « cathédrale » de la prélature. Providentiel ! cela nous engage. Nous travaillerons sous le regard de la Vierge Marie.

Le pape François est principe et fondement de l’unité de l’Église, pour laquelle nous prions spécialement cette semaine avec lui.

- Le choix du nouveau prélat est ensuite ratifié par le pape. En quoi est-ce important pour l’Opus Dei ? Est-ce purement formel ?

Cette exigence formelle est grave et pleine de sens. Le pape nomme librement les évêques diocésains. L’Opus Dei appartient à l’organisation ordinaire de l’Église, donc le pape en nomme le prélat. C’est essentiel. Il y a dans l’Église des procédures diverses, mais la décision appartient au pape. C’est notre père commun. Le pape François est principe et fondement de l’unité de l’Église, pour laquelle nous prions spécialement cette semaine avec lui. Tous les martyrs chrétiens intercèderont pour cette unité.

- En quoi est-ce un tournant pour l’Œuvre ? Quel est l’enjeu ?

Je parlerais plutôt d’une nouvelle étape. Le futur prélat n’aura certes pas vécu auprès du fondateur autant que ses prédécesseurs, mais les orientations de l’Église et les écrits de saint Josémaria dessinent nettement le charisme et la mission de la prélature. Il lui reviendra d’être un bon père, de nous faire sentir la paternité aimante de Dieu, et d’aider les fidèles à incarner l’esprit de l’Opus Dei dans le monde d’aujourd’hui. Il aura les lumières de l’Esprit Saint, ce dynamisme même de l’amour incréé qui vivifie et renouvelle toutes choses. L’Opus Dei est né dans l’Église, il y grandit essentiellement dans l’Eucharistie et la prière : laisser Dieu agir. L’enjeu c’est donc, autant pour le prélat que pour l’Opus Dei, celui d’une humble fidélité, intelligente et généreuse, pleine de foi.

- Le charisme de saint Josémaria Escriva était une spiritualité du quotidien. En quoi est-elle nécessaire aujourd’hui ?

Tout ce que saint Josémaria a transmis vient de l’Évangile. C’est d’abord la confiance dans la paternité amoureuse de Dieu, sa providence bienveillante et exigeante à la fois. Il faut plus d’estime de la paternité, c’est nécessaire aujourd’hui. L’accent est mis ensuite sur l’amour du monde comme lieu de rencontre avec Dieu et de service au prochain, dans le travail professionnel et les activités courantes : c’est là que s’incarne notre filiation divine. Cet esprit enthousiasme beaucoup de gens. Il répond à des attentes parfois même non formulées. Découvrir dans la prose du monde ce merveilleux poème qu’il nous revient d’écrire avec Dieu ! Celui d’une vie pleine de l’espérance du ciel à travers un bonheur ici-bas : la croix et la résurrection, que l’on soit informaticien, avocate, ou quinquagénaire au chômage, que l’on travaille comme fonctionnaire ou dans la cuisine d’un restaurant.

- L’Opus Dei est beaucoup investi dans le domaine de la communication. Quels sont les enjeux spirituels selon vous autour de cette question ?

La foi elle-même est un message, un message de salut. Elle proclame une vérité qui est d’abord une personne, celle de Jésus Christ. Son annonciation à Marie est la première communication dans l’Évangile. Plus que d’investir en communication, l’important c’est l’authenticité de chaque chrétien, porteur du Christ. La communication chrétienne engage à l’amour de la vérité et de la liberté, dans la certitude que Dieu aime chacun, unique au monde, et l’appelle. Un défi ? Ne pas édulcorer l’Évangile, ne pas sacrifier la vérité à la liberté, ni la liberté à la vérité. La vraie liberté, c’est celle d’aimer, de se donner soi-même. Il me semble que montrer à quel point la vérité est aimable et libère est un enjeu essentiel. La joie de la vie chrétienne et le « voyez comme ils s’aiment » qui caractérisaient les premiers chrétiens sont pour moi enthousiasmants : littéralement, se laisser saisir par la passion de Dieu.

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