Messe d'action de grâce du prélat de l'Opus Dei pour la béatification de Jean Paul II

Dans la basilique Saint-Eugène à Rome, une messe d’action de grâces pour la béatification de Jean-Paul II a été célébrée le 3 mai par le prélat de l'Opus Dei.

De nombreux fidèles venus à Rome pour l’occasion étaient présents.

Le Prélat de l’Opus Dei, Mgr Xavier Echevarria a évoqué dans son homélie combien le don de soi initial et apparemment tout petit du nouveau bienheureux eut par la suite des conséquences incommensurables.

"Karol Wojtyla, passionné et très doué pour le théâtre, la littérature, la poésie, a tout quitté lorsque le Seigneur le sollicita différemment pour suivre sa vocation au sacerdoce. Qui aurait pu alors imaginer la transcendance de ce renoncement, apparemment petit? Et cependant ce fut de ce premier « oui » déterminé, de ce don entier au Seigneur, que découlèrent par la suite tant de biens pour d’innombrables personnes dans le monde entier ».

Chers frères et soeurs,

Une grande joie rassemble aujourd’hui l’Église : la joie de la béatification de notre bien-aimé pape Jean-Paul II, que nous avons tous entendu, vénéré et suivi lors de ses longues et fructueuses années de ministère en tant que Pasteur Suprême. La renommée de sainteté dont il jouissait déjà en vie qui aida puissamment l’Église aussi lors de son décès, acquiert désormais une force nouvelle. La reconnaissance de ses vertus héroïques ainsi que celle de la guérison miraculeuse attribuée à son intercession a ouvert la voie à son inscription dans le catalogue des bienheureux à laquelle a procédé avant-hier le pape Benoît XVI. Nous avons vraiment raison de dire avec le Psaume : Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière […] Allez dire sa gloire aux nations, ses merveilles à tous les peuples [1] . Louange à Dieu, toujours adorable en ses saints !

Toute déclaration de sainteté proclame la gloire de la Sainte Trinité. Cependant, il y en a certaines qui, comme celle de la béatification de Jean-Paul II, ont une influence sur des millions de personnes. Nous l’avons constaté il y a six ans, lorsque le Seigneur l’appela à sa présence et je suis convaincu que c’est ce qui va se passer ces jours-ci. Si nous invoquons avec force l’intercession du nouveau Bienheureux en tous nos besoins, grands ou petits, personnels ou collectifs, le Ciel déversera une pluie de grâces sur l’humanité entière. Supplions Dieu, en ayant recours à son intercession, de venir en aide au cheminement de l’Église et de la société civile, qui ont toujours besoin de sa divine miséricorde. Prions aussi, pleins d’espérance et d’amour, pour le pape Benoît XVI, pour les évêques, pour les prêtres et les laïcs, pour les personnes consacrées, pour ceux qui cherchent Dieu sans le connaître encore. Prions pour nous tous, afin que chacun et chacune trouve et aime davantage Jésus, le Fils de Dieu fait homme qui est mort et ressuscité pour notre salut.

2. En considérant les répercussions que la vie et la mort de Jean Paul II ont eues sur de très nombreuses personnes, je pense à ce point de Chemin qui permit à saint Josémaria d’évoquer l’importance de la réponse fidèle aux requêtes de Dieu. Le fondateur de l’Opus Dei écrivit : De ce que nous nous comportions, toi et moi, comme Dieu le veut dépendent beaucoup de grandes choses, ne l’oublie pas [2] .

Ce fut le cas de Jean-Paul II. Dès sa jeunesse, il dit oui de façon déterminée aux appels successifs du Seigneur : pour être prêtre, tout d’abord, puis évêque et finalement pour accepter le poids du service à l’Église en tant que Successeur de Pierre. En tous les cas, comme le cardinal Ratzinger nous le fit comprendre dans son homélie de la messe des funérailles du pape Wojtyla, il dut renoncer aux projets légitimes qu’il avait faits. J’aimerais attirer votre attention sur le premier de ces renoncements, sans lequel rien de ce qui eut lieu par la suite n’eût été possible.

Jeune étudiant, Karol Wojtyla, passionné et très doué pour le théâtre, la littérature, la poésie, a tout quitté lorsque le Seigneur le sollicita pour suivre sa vocation au sacerdoce. Qui aurait pu alors imaginer la transcendance de ce renoncement, apparemment petit? Et cependant ce fut de ce premier « oui » déterminé, de ce don entier au Seigneur, que découlèrent par la suite tant de biens pour d’innombrables personnes dans le monde entier.

L’Évangile de la Messe d’aujourd’hui est plein d’actualité. Le Seigneur demanda trois fois à Pierre : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? [3] Et Pierre lui répondit sincèrement, tout en étant meurtri par le souvenir de ses reniements précédents : Oui, Seigneur, Tu sais que je t’aime [4] .

Pour confier à Pierre la charge de paître ses brebis et ses agneaux, Jésus lui dit : Suis-moi [5] !

Pierre suivit le Seigneur et l’imita jusqu’à mourir lui aussi sur une croix, en cette ville de Rome.

Jean-Paul II vécut toujours dans la mouvance de ce don total. « Dans la première période de son pontificat, —disait le Cardinal Ratzinger dans l’homélie que j’ai citée—le Saint-Père, encore jeune et plein de force, allait, sous la conduite du Christ, jusqu’aux confins du monde. Mais ensuite il est entré de plus en plus dans la communion aux souffrances du Christ, il a compris toujours mieux la vérité de ces paroles : « C’est un autre qui te mettra ta ceinture... ». Et vraiment, dans cette communion avec le Seigneur souffrant, il a annoncé infatigablement et avec une intensité renouvelée l’Évangile, le mystère de l’amour qui va jusqu’au bout (cf. Jn 13,1 ) [6] .

3. Les événements de ces jours-ci doivent laisser une profonde trace en nos âmes. Dès que vous serez revenus à la vie quotidienne, je vous conseille de les méditer dans votre prière personnelle et de tâcher de voir ce que le Seigneur vous demande personnellement et concrètement : plus d’attachement à prier, à sanctifier le travail, à veiller sur la famille, plus de zèle apostolique dans vos relations avec vos amis et vos connaissances.

Nous entamons le mois de mai, spécialement voué à Marie. C’est d’Elle que notre bien - aimé Jean-Paul II apprit à aimer Jésus jusqu’à la folie de la croix. C’est précisément au pied de la Croix qu’Il comprit que les paroles de Jésus – voici ta Mère — s’adressaient directement à lui et que, comme saint Jean, il accueillit la Sainte Vierge chez lui, au plus profond de son être [7] .

J’aimerais ajouter que j’ai toujours été impressionné par les coïncidences d’amour de Dieu que l’on trouve dans la vie du bienheureux Jean-Paul II et dans celle de saint Josémaria. Ils se sont tous les deux livrés totalement au Seigneur en ayant recours à l’intercession de la Sainte Vierge. Conscients tous les deux de la petitesse de la créature, ils ont été très dévots de la Divine Miséricorde : ils disaient tous les deux avec une grande piété les prières de cette dévotion pour invoquer Dieu le Père Miséricordieux. Je vous suggère de vous réfugier dans les mains du Seigneur, en abandonnant votre vie et vos actions en Dieu, notre Père du Ciel.

Confions aussi ces résolutions à Sainte Marie. Puisque nous sommes faibles, nous pouvons ce mois-ci lui faire l’offrande de nos oraisons jaculatoires, de notre travail bien fait, de nos petites mortifications.

Ce seront, disait saint Josémaria à Mexico, aux pieds de Notre-Dame-de-Guadalupe, de petites roses, celles de la vie ordinaire ; des roses courantes mais pleines du parfum du sacrifice et de l’amour [8] . Nous parviendrons ainsi à être totus tuus , comme l’assurait Jean-Paul II. Ainsi soit-il.

[1] Psaume responsorial Ps 95 [96], 1.3.

[2] Saint Josémaria, Chemin , n. 755.

[3] Évangile ( Jn 21, 16).

[4] Ibidem. [5] Jn 21, 21

[6] Cardinal Joseph Ratzinger, Homélie en la Messe des funérailles de Jean-Paul II, le 8 avril 2005.

[7] Cfr. Jn 19, 27.

[8] Saint Josémaria, Prière personnelle à Notre Dame de Guadalupe, le 20 mai 1970.