Mai : le mois de la Vierge Marie

Nazareth, le Golgotha et au Cénacle : trois moments privilégiés dans la vie de la Sainte Vierge, à méditer.

« Mois de mai, mois béni » 1, splendeur d'une nature épanouie ! Permettons à Marie de piquer de nouvelles fleurs notre vie intérieure. Et quoiqu'en cette saison, l'arrière-fond de notre dévotion soit bucolique, notre ambition, elle, est pratique : coopérer, avec Notre Dame, au dessein du Salut. Dans cette optique, saint Jean-Paul II 2 nous invite à méditer trois moments privilégiés de son existence :

Á Nazareth, loin de la décourager, la conscience de ses limites la pousse à épouser la volonté divine : Voici la servante du Seigneur ! Toi, mon Dieu, Tu sais ce que tu veux, tu sais ce que tu fais, tu réclames mon concours … Serai-je assez « folle » pour le refuser ? Non. Me voici ! Pour le reste, on verra bien ! Á la grâce de Dieu ! Humilité de Marie qui s'intéresse, moins à ce qu'elle est ou à ce qu'elle n'est pas, qu'à ce que Dieu souhaite qu'elle soit ; qui réoriente son existence pour la mettre au diapason du message ; qui sait découvrir un « plus », même dans la croix que, déjà, elle entrevoit. Ainsi va sa vie : humilité et confiance, seconde nature de sa personnalité, tissée d'un colloque et d'une interaction constants…

… au point qu'au Golgotha, c'est l'adversité elle-même qui stimule son espérance ! Celle-ci est si « chevillée » à son être que la Vierge attend de Dieu bien davantage que ce que, dans leur atrocité, les circonstances semblent implorer : non pas un adoucissement du sort de Jésus, ni la fidélité de ses apôtres, mais l'accomplissement de tout ce qui lui a été dit de la part du Seigneur :

- Il est le Fils du Très Haut 3: il ne peut mourir ; il ne peut que ressusciter.

- Son règne n'aura pas de fin 4 : le Messie va donc réaliser la rédemption du genre humain.

C'est pourquoi, lorsqu'en désignant Jean, le Christ lui dit : Voici ton fils 5, son espérance s'affermit : Marie ouvre généreusement son âme pour envisager avec Dieu l'après-Calvaire, et elle nous adopte comme ses enfants. Á notre tour à présent de nous montrer forts, face aux difficultés extérieures ; de persévérer, sans nous décourager, en dépit d'une apparente aridité ; de témoigner de notre foi, même si l'horizon parait obscurci par la puissance du mal.

Au Cénacle, elle est, par son exemple, matrice de l'Église naissante, mère féconde parce qu'elle cherche à saisir comment agit Dieu, comment le seconder ; en définitive parce qu'elle est priante : attitude qui marque les apôtres, comme celle du Seigneur quelques mois plus tôt. Là, ils lui demandent : Apprends-nous à prier 6; ici, ils sont assidus à la prière, avec Marie, mère de Jésus 7.

Chercher avec toi dans nos vies, les pas de Dieu, Vierge Marie ! Telle est, en ce mois, notre requête: que, par une dévotion concrète, nous soyons à elle, comme elle est à Dieu. Alors, nous partagerons ces élans qui palpitent dans son cœur immaculé : recueillement habituel, disponibilité aimante, ferme résolution. Et, à l'instar du bâton de Joseph 8, notre activité courante - point d'appui de notre marche vers le ciel - se couvrira de fleurs : celles de notre association généreuse, à travers Elle, à l'œuvre de la Rédemption. « Sachons avoir chaque jour à son égard des attentions d'enfants — petites choses, manifestations de délicatesse — qui deviendront de grandes réalités, en fait, de sainteté personnelle et d'apostolat, c'est-à-dire le désir ardent de contribuer sans relâche au salut que le Christ est venu apporter au monde » 9.

Patrick Pégourier

1 Rosemonde Gérard, Femme de lettres et poétesse. Épouse d'Edmond Rostand.

2 Cf. lettre encycl. La Bienheureuse Vierge Marie dans la vie de l'Église en marche, 25.IIII.1987, n°s 39-40.

3 Lc 1, 32.

4 Lc 1, 33.

5 Jn 19, 26.

6 Lc 11, 1.

7 Ac 1, 14.