Les "deux Trinités"

La famille sanctifiée porte la trace divine des Personnes qui vibrent dans une même vie bienheureuse. La Sainte Famille en est le prototype.

Les « deux Trinités »

Ludovico Mazzolino, huile sur bois (La sainte Famille, vers 1525, au Louvre)

Le Fils ressuscité révèle le Père et livre l'Esprit. La Trinité fait partager sa communion aux hommes. « Ce sont surtout les missions divines de l'Incarnation du Fils et du don du Saint-Esprit qui manifestent les propriétés des personnes divines » (Catéchisme §258). L'histoire du salut porte la signature amoureuse de la Trinité : le Père nous donne son Fils unique (Jean 3, 16) ; ensuite, « comme un fruit de la Croix, l'Esprit Saint se répand sur l'humanité » (saint Josémaria, Quand le Christ passe §96).

La Sainte Famille a été le berceau de la rédemption. Joseph rend visible la providence de Dieu le Père. Le Verbe, fait chair par l'œuvre de l'Esprit, prépare en silence le mystère pascal. La mère de Bethléem deviendra, au Calvaire, Mère de l'Église et, au Cénacle, implorera l'Esprit pour tous. Le foyer de Nazareth a abrité le noyau germinal de l'Église, qui rassemble « les membres de la maisonnée de Dieu » (Éphésiens 2, 19), bénéficiaires de l'esprit d'adoption.

Tous les baptisés sont forcément le fruit d'une famille humaine. La plupart d'entre eux fondent à leur tour, à partir du sacrement du mariage, une famille de fidèles : « une communion de personnes, trace et image de la communion du Père et du Fils dans l'Esprit Saint » (Catéchisme §2205). Une communion sainte, rassemblée par la Trinité ; la famille sanctifiée porte la trace divine des Personnes qui vibrent dans une même vie bienheureuse. La Sainte Famille en est le prototype.

La trinité de Nazareth, plus familière aux yeux humains, nous introduit dans la contemplation de la Trinité souveraine.

Bartolomé Murillo (1680, National Gallery, Londres) "Les deux Trinités"

Les artistes chrétiens ont essayé, depuis la Renaissance, de rendre visible ce lien mystérieux. Ludovico Mazzolino le fit dans une petite huile sur bois (La sainte Famille, vers 1525, au Louvre), soulignant la victoire de Jésus. Satan, selon les anciens Bestiaires, est comparé au singe, qui imite Dieu en vain. Plus célèbre est l'œuvre de maturité du Sévillan Bartolomé Murillo (1680, National Gallery, Londres). La toile ose le titre : Les deux Trinités. Dans une atmosphère lumineuse, cinq visages relient ciel et terre : le Verbe fait chair, debout sur piédestal, en est la charnière. Marie et Joseph s'agenouillent devant le Fils Unique divin ; le Père éternel déploie un geste affectueux et le Saint-Esprit repose à demeure sur Jésus. Les anges glorifient la Trinité céleste et admirent son reflet sur terre.

Le mystère, longtemps caché, enfin se dévoile. La trinité de Nazareth, plus familière aux yeux humains, nous introduit dans la contemplation de la Trinité souveraine.

Abbé Antoine Fernandez