Le Pain de la Femme

La fête du Corpus Christi est aussi une fête mariale, comme nous le suggère cet article. « Par sa vie tout entière, Marie est une femme eucharistique. L'Église est appelée à l'imiter également dans son rapport avec ce Mystère très saint ».

La solennité du Corps et du Sang du Rédempteur éveille et émerveille. La liturgie, avec ses harmonies, invite à une louange sans borne. Le magistère récent a multiplié ses réflexions ainsi que des mesures pratiques. La nouvelle évangélisation ne saurait  oublier « l’Évangile » de l’Eucharistie confié à l’Église Mère.

Dans le Saint Sacrement, la Sainte Trinité est à l’œuvre chez nous. L’Eucharistie anime l’Église, « donne forme à l'existence chrétienne » (Benoît XVI, Le Sacrement de la Charité §70), rend sa dignité à la créature humaine, promeut « une nouvelle manière de vivre le temps, les relations, le travail, la vie et la mort » (idem §73). Le culte spirituel de la Nouvelle Alliance, rendu visible dans les rites, est d’abord « une vivante offrande à Dieu, par la transformation spirituelle à l’image du Christ » (Catéchisme de l'Église Catholique §1109). Le Rédempteur libère et compte sur notre collaboration libre pour le salut de tous. Pensées et sentiments, paroles et actes peuvent se renouveler grâce à cette «manne impérissable» (saint Josémaria, Quand le Christ passe §152).

Par sa vie tout entière, Marie est une femme eucharistique

L’Eucharistie est le Pain destinée à l’Épouse, aux enfants, aux pauvres, aux pèlerins en chemin vers la Patrie. Notre Dame, coopératrice majeure du salut, est inséparable de l’Eucharistie : « Par sa vie tout entière, Marie est une femme eucharistique. L'Église est appelée à l'imiter également dans son rapport avec ce Mystère très saint » (saint Jean-Paul II, L’Église vit de l’Eucharistie §53).

L’amen du communiant fait écho à celui de Marie.

Dans les églises orientales, la porte royale de l’iconostase, qui s’ouvre vers l’autel, montre une icône de l’Annonciation : les deux mystères forment un binôme éloquent. À l’annonce de Gabriel, l’Esprit inspire l’Amen résolu de Notre Dame et donne chair au Verbe éternel ; sous la bénédiction du même Esprit, le Christ consacre le pain et le vin. C’est encore l’Esprit qui transmet le ministère sacerdotal dans l’Église et qui inspire à chaque fidèle le désir de la Communion. L’amen du communiant fait écho à celui de Marie.

Au temple de Jérusalem, la Mère adhère de bonne heure à la perspective du sacrifice : « Se préparant jour après jour au Calvaire, Marie vit une sorte d’Eucharistie anticipée, une communion spirituelle de désir et d’offrande » (idem §56). Dans la Visitation, elle rend perceptible, comme un Tabernacle rayonnant, la présence du Sauveur auprès d’Élisabeth et même de Jean. Dans le Magnificat, dans une véritable « attitude eucharistique, elle loue le Père pour Jésus, mais elle le loue aussi en Jésus et avec Jésus » (idem §58). L’Eucharistie peut faire de toute notre vie un Magnificat filial.

Jésus a souvent vu sa Mère pétrir le pain domestique, peut-être aussi à la veille du mystère lumineux de la Dernière Cène.

Jésus a souvent vu sa Mère pétrir le pain domestique, peut-être aussi à la veille du mystère lumineux de la Dernière Cène. À Cana, la suggestion de Marie avait agi comme l’épiclèse du premier miracle. Notre Dame a participé à la « fraction du pain », à partir de la Pentecôte, avec les apôtres. Mentionnée dans toutes les prières eucharistiques, elle est aussi vénérée comme Notre Dame du Saint Sacrement.

Avec ses mains virginales elle tisse ou répare la « robe nuptiale » indispensable pour communier dignement (Catéchisme §1385). Familière du ciel, elle nous sert le pain des anges, « qui renferme toute délice et adapté à tous les goûts » (Sagesse 16, 20), qui « est la vie des pauvres » (Siracide 34, 25).

Notre Dame est une formidable alliée de l’Eucharistie, qui fortifie la charité, purifie le cœur et consolide la persévérance. Pour les Journées Mondiales de la Jeunesse au Panama (2019), un sculpteur local modela un ostensoir suggestif : la Mère offre « le Fruit béni de ses entrailles ».

Abbé Fernandez - Photo : Lukas Langrock