Noël commémore la Naissance décisive. Jour de fécondité permanente, apothéose terrestre de la famille de Dieu. « Le Seigneur se rend familier à ceux qui le craignent » (Psaume 25,14).
Ces jours-ci se prêtent naturellement à penser au foyer de Jésus, à chanter sa douceur empreinte d’élégance. « Notre regard s’arrête sur la grotte de Bethléem, sur le foyer de Nazareth. Marie, Joseph, Jésus enfant, sont particulièrement présents au plus intime de notre cœur » (Saint Josémaria, Quand le Christ passe §22).
Les hymnes chrétiennes parcourent le train-train quotidien qui a entouré les prémices de l’Incarnation. « C’est là que Jésus enfant apprit le métier de Joseph. Près de Joseph vivait son épouse bien-aimée, heureuse de pouvoir l’aider et de lui offrir ses services » (Liturgie des Heures).
Un foyer, c’est le cas de le dire, chaleureux et paisible. « La lumière qui en rayonne est une lumière de miséricorde et de salut pour le monde entier, une lumière de vérité pour chaque homme, pour la famille humaine et pour chaque famille » (pape François, 28/12/2014). Dieu est amour, communion de personnes, comme en famille.
Noël nous insère dans la famille de Dieu.
Noël nous insère dans la famille de Dieu. Le Verbe éternel s’introduit en douceur dans la famille humaine, à travers le fécondité miraculeuse d’une mère et la sollicitude paternelle de son époux virginal. Tout en recevant la chaleur de ses parents, Jésus apporte un plus divin. La famille renaît.
Cette Sainte Famille a été le berceau de la rédemption.
Cette Sainte Famille a été le berceau de la rédemption. Joseph rend visible la providence de Dieu le Père. Le Verbe, fait chair par l’œuvre de l’Esprit, prépare le mystère pascal. La mère de Bethléem deviendra, au Calvaire, Mère de l’Église et, au Cénacle, implorera l’Esprit pour tous. Le foyer de Nazareth a abrité le noyau de l’Église, qui rassemble « les membres de la maisonnée de Dieu » (Éphésiens 2, 19), bénéficiaires de l’esprit d’adoption.
« (la famille) une communion de personnes, trace et image de la communion du Père et du Fils dans l’Esprit Saint »
Tous les baptisés sont forcément le fruit d’une famille humaine. La plupart d’entre eux fondent à leur tour, à partir du sacrement du mariage, une famille de fidèles : « une communion de personnes, trace et image de la communion du Père et du Fils dans l’Esprit Saint » (Catéchisme §2205). Une communion sainte, rassemblée par la Trinité ; la famille sanctifiée porte la trace divine des Personnes qui vibrent dans une même vie bienheureuse. La Sainte Famille en est le prototype.
Les artistes ont rendu visible ce lien. L’Italien Ludovico Mazzolino, représentant de l’école de Ferrare à la Renaissance, le fit dans une huile sur bois (La sainte Famille, vers 1525, au Louvre), soulignant la victoire de Jésus. Satan, selon les anciens Bestiaires, est comparé au singe, qui imite Dieu en vain. Le diable est un solitaire qui mine les liens de famille par la prétention de l’orgueil. La solidarité familiale est bâtie sur l’oubli de soi-même et l’affirmation de la bonté des autres.
L’œuvre de maturité du Sévillan Murillo (1680, Londres) ose le titre : Les deux Trinités. Dans une atmosphère lumineuse, cinq visages relient ciel et terre : le Verbe fait chair, debout sur piédestal, en est la charnière.
Marie et Joseph s’agenouillent devant le Fils Unique divin ; le Père éternel déploie un geste affectueux et le Saint-Esprit repose à demeure sur Jésus. Les anges glorifient la Trinité céleste et admirent son reflet sur terre.
Le mystère, longtemps caché, enfin se dévoile. La trinité de Nazareth, plus familière aux yeux humains, nous introduit dans la contemplation de la Trinité souveraine.