« Mon sacerdoce fut un nouveau don de Dieu. Je vais en parler sommairement. À Rome, j’adressai une lettre au Père pour lui dire que j’étais tout à fait disposé à recevoir l’ordination sacerdotale si le Seigneur me demandait de le faire. Je lui en parlais par la suite personnellement, dans un entretien. Après mon séjour à Rome, je passai deux ans à Pampelune, de 1969 au mois de juin 1972, pour parachever mon cursus en Théologie. J’étais toujours disposé à la prêtrise, et j’eus encore l’occasion d’en parler au Père, qui séjournait à Pampelune. Il m’a communiqué la date de mon ordination, cela me réjouit immensément.
Au bout de cet entretien, il me remit une image de la Très Sainte Trinité, au dos de laquelle il avait écrit cette prière qu’il affectionnait :
Mon Seigneur et mon Dieu :
Entre tes mains j’abandonne
Le passé, le présent et le futur
Le petit et le grand,
Peu ou prou
Le temporel et l’éternel.
Alors que moi je me préparais, en Espagne, à être ordonné prêtre, en 1972, Joaquin Alonso et Andew Byrne, proches collaborateurs du Père, arrivèrent au Japon. À l’époque la technologie japonaise était en avance par rapport à la technologie européenne. Nous leur avions offert un petit magnétoscope. Ils pourraient s’en servir à leur retour à Villa Tevere. Ils avaient enregistré au Japon des images : notre maison, les gens du pays, etc. Autant de souvenirs à visionner en famille. À l’époque, il s’agissait d’un procédé exceptionnel ! Le Père fut très touché et ému de voir les visages de tous ses enfants japonais.
Aussi, le 16 juin, écrivit-il : « Combien j’ai été touché par les nouvelles que m’ont rapporté Joaquin et Andrew. Dès leur arrivée nous avons pu vous voir tous ».
Et d’ajouter : « Que j’ai envie de m’envoler un de ces jours vers votre pays si cher et d’embrasser chacun de vous, mes enfants ! J’aimerais que Dieu notre Père m’accorde cette joie. Unissez-vous à mon action de grâces au Seigneur et à la Sainte Vierge pour l’ordination de Soichi. J’unis aussi mes prières aux vôtres, sûr qu’elles seront d’un secours efficace à tout votre apostolat ».
Je fus ordonné prêtre à Madrid, le 13 août 1972, à la Basilique Pontificale Saint-Michel, une église de style baroque située au cœur du vieux Madrid. J’ai dit ma première messe à Molinoviejo, maison de rencontres près de Ségovie, très liée à la vie du Père et aux débuts de l’Opus Dei. Santiago Escriva, le petit frère du Père, et Yoya, sa femme, furent mes parrain et marraine. L’abbé Hector Raynal prononça l’homélie de la messe et parmi les assistants il y avait Dave Sell. J’ai eu la joie d’y retrouver don José Luis Muzquiz qui m’a parlé des premiers pas au Japon.
Puis, je suis allé à Barcelone pour y célébrer une autre messe. Jaime Amores et Roser, sa femme, furent mon parrain et ma marraine à cette occasion-là. Ils ont huit enfants. Très généreux avec le Japon, ils m’ont offert trois belles statues pour l’oratoire d’Ashiya.
J’ai retrouvé le Père pour la dernière fois en août 1973, à Castell d’Urio, près du Lac de Côme, au nord de l’Italie. Il avait eu une grande réunion de catéchèse avec un bon groupe de personnes et à la fin, nous nous sommes entretenus en tête-à-tête. « Au Japon, vous travaillez beaucoup et bien, me dit-il en me parlant des nôtres, travaillez donc ainsi, toujours en présence du Seigneur ».
Nous ne devions jamais nous sentir tout seuls car son « cœur serait toujours très uni au nôtre ».