Déclaration commune du Patriarche de Constantinople et du Pape

Après la divine liturgie célébrée en la cathédrale du Phanar, le Saint-Père et le Patriarche œcuménique ont signé une déclaration commune.

La déclaration évoque d'abord avec gratitude les rencontres de leurs prédécesseurs, « qui ont montré au monde l'urgence de l'unité et qui ont tracé des sentiers sûrs pour y parvenir, dans le dialogue, la prière et la vie ecclésiale quotidienne ».

« Comme Pasteurs, écrivent-ils, nous avons tout d'abord réfléchi à la mission d'annoncer l'Évangile dans le monde d'aujourd'hui. Cette mission, allez donc, de toutes les nations faites des disciples, est aujourd'hui plus que jamais actuelle et nécessaire, même dans les pays traditionnellement chrétiens. De plus, nous ne pouvons pas ignorer la montée de la sécularisation, du relativisme, voire du nihilisme, surtout dans le monde occidental. Tout cela exige une annonce renouvelée et puissante de l'Evangile, adaptée aux cultures de notre temps. Nos traditions représentent pour nous un patrimoine qui doit être partagé, proposé et actualisé continuellement. C'est pourquoi nous devons renforcer les collaborations et notre témoignage commun devant toutes les nations ».

Ayant « évalué positivement le chemin vers la formation de l'Union européenne », les co-signataires indiquent que « les acteurs de cette grande initiative ne manqueront pas de prendre en considération tous les aspects qui touchent à la personne humaine et à ses droits inaliénables, surtout la liberté religieuse, témoin et garante du respect de toute autre liberté. Dans chaque initiative d'unification, les minorités doivent être protégées, avec leurs traditions culturelles et leurs spécificités religieuses».

Puis le Pape et la Patriarche reconnaissent les difficultés auxquelles sont confrontés les chrétiens dans certaines régions du monde, « en particulier la pauvreté, les guerres et le terrorisme, mais également les diverses formes d'exploitation des pauvres, des émigrés, des femmes et des enfants. Nous sommes appelés à entreprendre ensemble une action en faveur du respect des droits de l'homme, de tout être humain, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, du développement économique, social et culturel ».

« Nos traditions théologiques et éthiques – lit-on encore – peuvent offrir une base solide de prédication et d'action communes. Nous voulons avant tout affirmer que tuer des innocents au nom de Dieu est une offense envers Lui et envers la dignité humaine. Nous devons tous nous engager pour un service renouvelé de l'homme et pour la défense de la vie humaine, de toute vie humaine ».

Bartholomé Ier, patriarche de Constantinople

Le Patriarche et le Pape affirment alors avoir « profondément à cœur la paix au Moyen-Orient, où notre Seigneur a vécu, a souffert, est mort et est ressuscité, et où vit, depuis tant de siècles, une multitude de frères chrétiens. Nous désirons ardemment que soit rétablie la paix sur cette terre, que se renforce la coexistence cordiale entre ses diverses populations, entre les Eglises et entre les différentes religions qui s'y trouvent. Pour cela, nous encourageons l'établissement de rapports plus étroits entre les chrétiens et d'un dialogue interreligieux authentique et loyal, en vue de lutter contre toute forme de violence et de discrimination ».

« Actuellement, devant les grands dangers concernant l'environnement naturel, nous voulons exprimer notre souci face aux conséquences négatives pour l'humanité et pour la création toute entière qui peuvent résulter d'un progrès économique et technologique qui ne reconnaît pas ses limites. En tant que chefs religieux, nous considérons comme un de nos devoirs d'encourager et de soutenir tous les efforts qui sont faits pour protéger la création de Dieu et pour laisser aux générations futures une terre dans laquelle elles pourront vivre ».

VIS