Entretien avec Philippe Legrand, publié le 27/07/2016 dans Paris Match
Monseigneur, comment vous sentez-vous au lendemain de cette nouvelle tragédie et devant ce terrorisme qui frappe l’Eglise ?
Monseigneur de Rochebrune : Je me sens endeuillé et bouleversé. J’ai perdu un frère dans le sacerdoce. Vous savez, entre prêtres, nous vivons une fraternité très forte, qui prend sa source dans le don de Dieu que nous avons reçu. Cela rend peut-être la douleur plus aiguë. Je ne peux par ailleurs m’empêcher de me poser cette question : comment est-il possible que des hommes puissent commettre des actes aussi barbares contre un homme de Dieu, âgé et sans défense. Et puis, après le temps de la prière, vient celui de la réflexion : que puis-je dire aux catholiques et aux hommes de bonne volonté pour les encourager à faire de ce monde un lieu de paix et d’amour ?
Vous-même qui portez les habits de clergyman êtes-vous plus inquiet ? Allez-vous changer votre façon de vivre ?
Dans mon ministère, je suis amené à accompagner les personnes dans les grands moments de leur vie : depuis la naissance, jusqu’à la mort. Je suis donc régulièrement appelé à parler du sens de la vie, et à réfléchir dessus. Je rappelle aux gens que notre destinée est dans le Ciel, où Dieu notre Père nous attend. La question de ma propre mort se pose donc inévitablement. Quant à l’éventualité d’une mort violente par haine de l’Église ou du Christ, elle est évidemment à envisager pour nous, les prêtres. Grâce à Dieu, la vie de prière me permet d’échapper à l’inquiétude. Je n’ai donc aucune intention de changer ma façon de vivre et de m’habiller. Plus que jamais, il me semble nécessaire que nous, les prêtres, l’on puisse nous reconnaître dans la rue, et nous solliciter pour venir en aide à ceux qui en éprouvent le besoin.
Que faut-il faire pour que la société retrouve la paix ?
Il me semble que chacun doit prendre ses responsabilités. Les parents doivent réfléchir aux valeurs qu’ils transmettent à leurs enfants. De même que les politiques et les enseignants doivent veiller à ce qui est de leur ressort. Il incombe par ailleurs aux religions de s’interroger sur les textes et sur les représentants qui sont les leurs. L’Église catholique doit elle aussi continuer son travail prophétique et missionnaire. J’ai toujours été frappé par cette considération du fondateur de l’Opus Dei, saint Josémaria, qui disait : « ces crises mondiales sont des crises de saints ». Je suis convaincu que les hommes de bonne volonté peuvent recevoir ce message et faire dans leur vie les changements nécessaires pour s’engager résolument sur le chemin de la bienveillance et de la spiritualité.
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