Commentaire d’Évangile: La Trinité

Évangile du Dimanche de la Très Sainte Trinité (Cycle A) et son commentaire

Photo: Olivier Miche, on Unsplash

Évangile (Jn 3,16-18)

Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.

Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.

Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.


Commentaire

Dans l’intimité du dialogue avec Nicodème, Jésus dévoile les profondeurs de l’amour divin. “Dieu a tant aimé le monde”, avoue-t-il, au départ.

Le monde, l’univers entier, était bon en sortant des mains de Dieu, comme en témoigne le livre de la Genèse qui dit: “et Dieu vit qu’il était bon ” (Gn 1,10), en ponctuant tout ce que le Seigneur créait, jour après jour.

Or ce monde qui était bon fut blessé par le péché de l’homme. Toutefois, Dieu ne l’abandonne pas et maintient toujours son amour, plus fort que le péché. Un amour qui va jusqu’à l’extrême ; “Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a livré son Fils Unique” (v. 16).

Vers la moitié du troisième siècle, Saint Cyprien, Père de l’Église, nous invite à considérer que “les bienfaits du bon Dieu, que, la bonté généreuse de Dieu le Père et du Christ a toujours accordés et accordera toujours pour notre salut, sont très nombreux et très grands.

En effet, pour nous préserver et nous accorder une vie nouvelle, le Père envoya son Fils afin de nous racheter. Ce Fils envoyé, voulut aussi être appelé Fils de l’homme, et pour faire de nous des enfants de Dieu, il s’humilia pour élever le peuple qui gisait à terre, il fut blessé pour soigner nos blessures, se fit esclave pour nous guider vers la liberté, nous qui étions des esclaves. Il accepta de mourir afin de pouvoir offrir l’immortalité aux mortels.”[1]

Dieu le Père nous livra “son Fils Unique ” (v. 16), dit Jésus. Le Père est donateur de tout. Tout d’abord, depuis toute éternité, il donne tout à son Fils, tel que Jésus lui-même le reconnaît dans sa prière au Père, lors de la dernière Cène ; “Tout ce qui est à moi, est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi ” (Jn 17,10). Le Père et le Fils partagent une nature divine identique.

Or, dans le temps, Dieu le Père donne aussi tout au monde lorsqu’il livre son Fils Unique, par amour.

Benoît XVI explique que “le terme ‘unique’ renvoie, d’un côté au Prologue [de l’Évangile de Jean], où le Logos est dit « le fils « l’unique » - monogenes theos -(Jn 1, 18). Mais d’autre part, il rappelle aussi Abraham qui n’a pas refusé à Dieu son fils ; le fils « unique » (Gn 22,2.12). Le ‘don’ du Père se parachève dans l’amour du Fils ‘jusqu’au bout’, (cf. Jn 13,1), c'est-à-dire jusqu’à la croix”[2].

Le don de Dieu qu’est son Fils Unique ne fut pas accordé à un groupe de gens élus et sélectionnés, mais destiné “au monde”. De ce fait, il a une portée universelle. Le monde entier qui avait besoin de salut, a été racheté par Lui, à fin “qu’il ne se perde pas mais obtienne la vie éternelle ” (v. 16).

Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé” (v. 17). Jésus, le Fils de Dieu fait homme, nous fait considérer saint Josémaria, “ne vient pas nous condamner, nous reprocher notre indigence ou notre mesquinerie : il vient nous sauver, nous pardonner, nous excuser, nous apporter la paix et la joie. Si nous reconnaissons cette merveilleuse relation du Seigneur avec ses enfants, notre cœur changera nécessairement et nous réaliserons que, devant nos yeux, s’ouvre un panorama absolument nouveau, plein de relief, de profondeur et de lumière ”[3]

Et saint Josémaria d’ajouter : “Si Dieu nous a créés, s’il nous a rachetés, s’il nous aime jusqu’à livrer son Fils unique pour nous, s’il nous attend, - chaque jour ! - comme le père de la parabole attendait son enfant prodigue, comment ne désirerait-il pas que nous le fréquentions amoureusement ? Ce qui serait étrange, ce serait de ne pas parler à Dieu, de s’écarter de lui, de l’oublier, d’agir en tournant le dos aux appels ininterrompus de la grâce.”[4]


[1] Saint Cyprien, De opere el eleemosynis, 1 (PL 4,601-603)

[2] Joseph Ratzinger - Benoît XVI, Jésus de Nazaret. I. Du Baptême à la Transfiguration, Flammarion, Paris, 2007, p. 372.

[3] Saint Josémaria, Quand le Christ passe, n. 165.

[4] Saint Josémaria, Amis de Dieu, n. 251.

Francisco Varo