Gagnant-gagnant! (Partie 2)

Quand la pandémie de COVID-19 a frappé en 2020, la vie de millions de personnes a soudainement basculé. Dont celle de Katerina, de Montréal. Elle raconte...

Partie 2

Suivi et nouvelles initiatives

En 2018, on m'a demandé d'étendre l'éducation de la foi à tous les adultes de la paroisse. J'ai organisé des C.A.F.É.s (Enrichissement de la foi des adultes catholiques) mensuels avec des intervenants. Les thèmes variaient de l’éducation à la sexualité, des soins de fin de vie, à la prière, à l’évolution, au bonheur, à la messe, la Nouvelle Évangélisation de Jean-Paul II, l’exhortation Gaudete et Exsultate du Pape François, etc.

Quelques années auparavant (2014), de nombreux paroissiens avaient assisté à une première conférence « Parish Vitality » (Vitalité paroissiale) organisée par l'Archidiocèse de Montréal et avaient commencé à s'impliquer avec enthousiasme au niveau de la paroisse. À cette époque, j'étais présidente du conseil de pastorale paroissiale. Nous avons créé de nouvelles initiatives, amélioré celles qui existaient déjà et organisé de nombreux événements pour développer la communauté. Et nous nous sommes assurés d’avoir des célébrations liturgiques belles et dignes, comme il convient au culte. En tant que membre du comité de liturgie, je suis devenue administratrice de la page Facebook réalisant l'importance des médias sociaux.

L’hôpital de campagne. Nos blessures.

Mon travail dans la paroisse m’a définitivement élargi le cœur. Le pape François parle de l'Église comme d'un hôpital de campagne et mes nombreux contacts m'ont aidée à voir mes blessures de plus près. C'est un défi, par exemple, de parler de la joie d'être fille de Dieu et de l'amour du Père pour nous avec quelqu'un qui ne jouit pas d’une bonne relation avec son père. Ou encore, de faire valoir la beauté du sacrement de mariage à une personne qui vit un échec conjugal. Ou bien de faire valoir la beauté de la Messe à quelqu'un qui ne croit pas à la Présence réelle.

Katerina et son mari

Et puis, j'ai réalisé que les cours de catéchisme et les conférences présentaient des avantages mais aussi leurs limites. Ils ne pouvaient pas remplacer les amitiés personnelles. Mon travail en paroisse m'a aidée à voir mes propres blessures et mes limites. Don Bosco le disait : « Il ne suffit pas d'aimer les jeunes, il faut qu'ils sachent qu'ils sont aimés ». C’était exactement ma crainte : que même si j'aimais mes co-paroissiens et priais pour eux, je ne leur montrais pas suffisamment à quel point je me souciais d'eux - à cause de ma timidité, d'un manque de communication ou de compréhension, ou simplement d'un manque d'attention individuelle.

Mon engagement m’a permis d’approfondir certaines amitiés et m'a ouverte à d’autres. Ma paroisse est devenue pour moi non seulement un lieu où je participe à la messe, mais aussi un lieu où j'aime me retrouver avec les autres. Je crois que cela m'a amenée à penser plus à eux, à être plus universelle dans mes prières : je prie plus pour ceux qui m’entourent, pour notre pasteur, nos évêques et pour le pape. Et j'ai acquis une meilleure compréhension de ma foi.

Je dirais même que mon implication m'a fait voir mes défauts et mes limites sous un jour nouveau, et m’a fait grandir dans certaines vertus : gagnant-gagnant! Par exemple, c'est une chose de méditer sur la charité et c'en est une autre de la vivre avec des personnes d'horizons différents. Bien sûr, méditer sur la charité devant le tabernacle est la première étape nécessaire. Mais la vivre est définitivement une leçon d'humilité pour moi en raison de mes limites. J’ai appris au moins autant que j’ai donné…

Si j’écris tout cela au passé, c’est qu’en mars 2020 tout a été mis en veilleuse avec la pandémie. Très vite, nous avons réalisé à quel point les sacrements, et aussi nos amis, nous manquaient. J'espère que ce temps d'épreuve nous fera tous grandir. Je le crois.

Avant de terminer…

Permettez-moi de terminer avec une anecdote. J'ai récemment rencontré deux femmes qui, de leur propre initiative, s’étaient portées volontaires pour nettoyer la chapelle d'adoration à la fin de chaque journée. Je les ai remerciées pour leur important travail. L'une d'elle me dit tout bas, tout en souriant : « Nous le faisons pour Lui ». Voilà l'essence du travail, en paroisse comme ailleurs : que nous donnions des cours, échangions avec les autres paroissiens ou lavions la vaisselle après un repas, nous le faisons pour Lui, par amour, et nous en retirons autant sinon plus : somme toute, c’est gagnant-gagnant!