Vivre chez soi...Loin de chez soi !

« Ces femmes ont pour mission de nous faire connaître Dieu, de parler du Christ. Et elles prêchent par l’exemple. Je me trouve terriblement chanceuse. »

Laissant derrière elle son pays en guerre, Alice Locong arrive à Montréal à 18 ans. La jeune bouddhiste vietnamienne veut devenir pharmacienne. Par un concours de circonstances, elle frappe à la porte de la toute première résidence de l’Opus Dei pour étudiantes. Elle y vivra de septembre 1959 à juin 1962.

Alice

« Je garde de merveilleux souvenirs de Montboisé », raconte aujourd’hui la retraitée. « J’avais une toute petite chambre privée. L’abbé Martin venait célébrer la messe le matin, puis on s’en allait à l’université. Quand on revenait, le souper nous attendait. En l’espace de six mois, j’ai pris 10 livres! »

« Au plus fort, nous étions 21 résidentes, en plus des femmes de l’Opus Dei. On mangeait toutes ensemble, on partageait beaucoup. Après le souper, on se réunissait au salon pour jaser. Laura jouait de la guitare et Denyse chantait. On se reposait, on s’amusait, avant d’aller étudier. J’allais aussi à des activités de formation spirituelle. Je ne suis pas catholique, mais j’aime beaucoup les grands principes du catholicisme. »

« Et puis les responsables étaient tellement fines! Elles étaient intelligentes, instruites, sympathiques et toujours prêtes à rendre service, pleines d’énergie. Ça m’intriguait. On aurait dit qu’elles étaient motivées par quelque chose… »

« Elles voulaient nous faciliter l’étude. Les repas et le ménage étaient faits, le lavage aussi. J’étais en paix : je pouvais partager mes problèmes, mes rêves, et me concentrer sur mes études. J’avais des amies. Ça me donnait beaucoup de sécurité. »

Dans la liberté, devenir des leaders

Le temps a passé et plus de 400 étudiantes du cégep et de l’université sont passées par Montboisé (devenue Fonteneige), attirées par l’ambiance familiale qui y règne comme dans les résidences de Québec, d’Ottawa, de Toronto.

Toujours dans le respect de la liberté religieuse et de la liberté personnelle de chacune, l’objectif des responsables n’a pas changé : faciliter les circonstances qui vont permettre à ces jeunes femmes de différentes religions, pratiquantes ou non, de s’épanouir, de bien étudier. Et de devenir des leaders dans leurs domaines : des personnes droites, honnêtes, professionnelles, pro-actives, bien préparées à relever des défis dans le monde d’aujourd’hui, y compris auprès des plus démunis. Un accompagnement spirituel est offert à celles qui le désirent.

Denyse

Cette atmosphère de liberté a aussi beaucoup intrigué Denyse Larrivée, une étudiante de Trois-Pistoles qui cherchait un appartement à Montréal. Elle raconte : « J’ai trouvé là des femmes possédant une connaissance poussée du catholicisme. Des femmes super-modernes. Elles étaient comme nous : elles aimaient rire, chanter, danser. C’était un christianisme très agréable. Comment concilier catholicisme et cette façon de vivre? Je n’avais jamais vu ça et ça m’attirait. »

Tant et si bien que Denyse deviendra la première numéraire canadienne de l’Opus Dei, précédée par Annie Sioui (agrégée) et suivie de Gabrielle Soucy et Des-Neiges Dupré (numéraires), et bien d’autres. Ces femmes venaient de découvrir leur vocation à l’Opus Dei, un phénomène nouveau dans l’Église catholique. Cette vocation se décline de différentes manières (comme numéraire, surnuméraire ou agrégée) selon l’appel de Dieu aux femmes et aux hommes d’aujourd’hui : comme célibataire, comme personne mariée, comme prêtre, mais toujours pour chercher la sainteté dans la vie ordinaire et pour évangéliser le monde à la suite du Christ. Voilà précisément ce qu’a expérimenté Des Neiges : « En vivant à Montboisé, j’ai compris ce que c’était qu’aimer. Et j’ai trouvé ma vocation : partager l’amour. »

Gaby et Laly
Des-Neiges

Mettre Dieu au cœur du monde

Laly Martin, pionnière de l’Opus Dei au Canada, explique : « Quand Dieu appelle quelqu’un, ça se passe intérieurement, par l’intermédiaire d’un événement ou d’une personne. L’esprit de l’Oeuvre c’est que les laïcs vivent près de Dieu, en mettant Dieu au cœur de leur vie familiale et professionnelle. »

Alice l’a compris plus tard : « Ces femmes ont pour mission de nous faire connaître Dieu, de parler du Christ. Et elles prêchent par l’exemple. Je me trouve terriblement chanceuse. Je n’ai rien fait pour mériter ça. Ça m’a été donné. Dans la vie, on planifie beaucoup de choses. Mais le meilleur, ce n’est pas ce qu’on planifie, c’est ce qui nous est donné. »