Celui qui sait être fort n'est pas mû par la hâte de recueillir le fruit de sa vertu; il est patient. La force nous amène à savourer cette vertu humaine et divine qu'est la patience. Grâce à votre patience, vous possédez votre âme (Lc 21, 19). La possession de l'âme appartient à la patience qui, en effet, est l'origine et la gardienne de toutes les vertus. Nous possédons notre âme par la patience parce que, en apprenant à nous dominer, nous commençons à posséder ce que nous sommes. Et c'est cette patience qui nous stimule à être compréhensifs envers autrui, convaincus de ce que les âmes, comme le bon vin, s'améliorent avec le temps.
Forts et patients: sereins. Mais non pas avec la sérénité de celui qui, pour assurer sa tranquillité personnelle, se désintéresse de ses frères ou de la grande tâche, qui incombe à tous, de répandre à profusion le bien à travers le monde entier. Sereins parce que le pardon existe toujours, parce que tout a une solution, sauf la mort — et, pour les fils de Dieu, la mort est vie. Sereins, ne serait-ce que pour pouvoir agir de façon intelligente: celui qui conserve son calme est à même de penser, de peser le pour et le contre, d'examiner avec sagesse les conséquences des actions projetées. Et ensuite, calmement, il intervient avec décision. (Amis de Dieu, 78-79)