Les années d’enfance de la très sainte Vierge Marie son restées silencieuses, à l’image de son humilité. La Sainte Écriture ne nous en parle pas. Cependant, les chrétiens ont désiré connaître sa vie avec plus de détails, et cela était une aspiration légitime. Et comme les Évangiles passaient sous silence la vie de la Vierge Marie jusqu’à l’Annonciation, la piété populaire, en s’inspirant de plusieurs passages de l’Ancien et du Nouveau Testament, a rapidement élaboré quelques récits simples que l’on retrouve ensuite dans l’art, la poésie, et dans la spiritualité chrétienne.
L’un de ces épisodes, peut-être le plus représentatif, est la Présentation de la Vierge Marie. L’enfant est offert à Dieu par ses parents, Joachim et Anne, dans le Temple de Jérusalem, là même où une autre Anne, mère du prophète Samuel, avait offert son fils pour le service de Dieu, ce même temple où des années plus tard, Marie et Joseph se rendraient pour y apporter l’Enfant Jésus nouveau-né, pour le présenter au Seigneur.
En toute rigueur, il n’y a pas de récit de ces années de la Vierge Marie, nous n’avons que ce que la Tradition nous a transmis. Le premier texte écrit qui fait référence à cet épisode – et de celui-ci dépendent les nombreux témoignages postérieurs – est le Protoévangile de Jacques, un écrit apocryphe du 2e siècle. Apocryphe signifie qu’il n’appartient pas au canons des livres inspirés par le Seigneur. Mais cela n’exclue pas que quelques-uns de ses récits ne contiennent pas des éléments de vérité. En effet, une fois dépouillé des détails légendaires, l’Église a inclut cet épisode dans la liturgie. Tout d’abord, à Jérusalem, où l’on a consacré en 543 la basilique Sainte Marie la Neuve en souvenir de sa Présentation ; au XIV siècle, la fête est passée à l’Occident, où sa commémoration liturgique a été fixée au 21 novembre.
Marie entre au Temple. Toute sa beauté et sa grâce – elle est toute belle dans son âme et dans son corps – sont pour le Seigneur. Voilà quel est le contenu théologique de la fête de la Présentation de Marie. En ce sens, la liturgie lui applique quelques phrases des livres sacrés : J'ai exercé le ministère devant lui dans le saint tabernacle, et ainsi j'ai eu une demeure fixe en Sion. De même, il m'a fait reposer dans la cité bien-aimée, et dans Jérusalem est le siège de mon empire. J'ai poussé mes racines dans le peuple glorifié, dans la portion du Seigneur, dans son héritage. (Ben Sirac le sage, 24, 10-12)
Marie a continué à vivre normalement avec Joachim et Anne, de même que Jésus a continué à vivre avec ses parents lorsqu’il fut présenté au Temple. Là où Marie se trouvait – assujettie à ses parents, jusqu’à devenir une femme – là était la pleine de grâce, avec son cœur disposé à servir entièrement Dieu et les hommes, par amour de Dieu.
La Vierge a grandi devant Dieu et devant les hommes. Personne n’a remarqué quoi que ce soit d’extraordinaire dans son comportement, memê si, très certainement, elle impressionnait ces proches, car la sainteté ne passe pas inaperçue. Elle était une jeune femme souriante, travailleuse, toujours recueillie, et tout le monde était heureux d’être à ses cotés. Dans ces moments de prière, elle qui connaissait bien les écritures, elle relisait une fois et une autre les prophéties qui annonçaient l’avènement du Sauveur. Elle les faisait vie de sa vie, l’objet de sa méditation, un sujet de conversation. De cette richesse intérieure devait jaillir le magnificat, cette hymne splendide qu’elle prononça en écoutant sa cousine Élisabeth.
Tout dans la Vierge Marie est orientée vers la Très sainte Humanité du Christ, le vrai temple de Dieu. La fête de sa présentation exprime cette appartenance exclusive de notre Dame à Dieu, le don total de son âme et de son corps au mystère du Salut, le mystère de la proximité de Dieu avec sa créature.
Je me suis élevée comme le cèdre sur le Liban, et comme le cyprès sur la montagne d'Hermon. Je me suis élevée comme le palmier sur les rivages, et comme les rosiers à Jéricho; comme un bel olivier dans la plaine, et je me suis élevée comme un platane. (Ben Sirac le sage, 24, 13-14) Sainte Marie a permis qu’autour d’elle fleurisse l’amour de Dieu. Elle y est parvenue sans se faire remarquer, parce que ces œuvres étaient des choses de tous les jours, des petites choses pleines d’amour.
J.A. Loarte