Un film pour apprendre à pardonner

Le film “There be dragons” va bientôt être à l’écran aux États-Unis. L’agence Zenit a interviewé Joachim Navarro-Valls, l’un des nombreux investisseurs de cette production, qui connaissait très bien saint Josémaria. Navarro-Valls constate que There be dragons parvient à déclencher la capacité de pardonner chez le spectateur.

Le film “There be dragons” va bientôt être à l’écran aux États-Unis. L’agence Zenit a interviewé Joachim Navarro-Valls, l’un des nombreux investisseurs de cette production, qui connaissait très bien saint Josémaria. Navarro-Valls constate que There be dragons parvient à déclencher la capacité de pardonner chez le spectateur.

L’ex porte-parole du Vatican analyse “There Be Dragons”

Par Jesús Colina

ZENIT.org | Le 6 mai prochain, There be dragons sera à l’écran aux Etats-Unis. Il s’agit d’une histoire d’amour et de pardon réalisée et dirigée par Roland Joffé, (The Mission, La déchirure, La cité de la joie) dont le fondateur de l’Opus Dei est l’un des principaux personnages.

Sa Sainteté Jean-Paul II, récemment proclamé bienheureux, avec Joachim Navarro-Valls

Dans l’entretien qu’il accorde à Zenit, Joachim Navarro-Valls, porte-parole de Jean-Paul II et de Benoît XVI de 1984 à 2006, explique les raisons pour lesquelles il a décidé d’investir dans ce film, avec plusieurs entreprises de télévision et une centaine d’autres investisseurs privés.

- Vous avez vécu durant plus de vingt ans près du nouveau bienheureux Jean-Paul II dont vous avez été le porte-parole et l’étroit collaborateur ainsi que 5 ans aux côtés de saint Josémaria Escriva, l’un des personnages de ce film. Ces deux saints, ont-ils des points communs ?

D’un pont de vue humain et psychologique, je dirais qu’ils avaient en commun un grand sens de l’humour qu’ils ont cultivé jusqu’au moment de leur mort. Ils avaient aussi la même capacité d’initiative. Ils allaient au-devant des besoins des autres et des nécessités de leur temps, sans être arrêtés par les problèmes ou les défis à relever à tout moment.

Au niveau spirituel, ils avaient tous les deux une forte conscience d’être dans les mains de Dieu et le désir d’accomplir sa volonté. Saint Josémaria se définissait lui-même comme « un fou » de l’amour de Dieu. Le bienheureux Jean-Paul II perdait la notion du temps dès qu’il était en prière devant un tabernacle.

Josémaria Escriva et Karol Wojtyla était aussi des personnes en chair et os, très dans leur temps. Quand nous avons connu un saint, quand notre propre vie a croisé la sienne, nous sommes tenus de modifier cette idée de la sainteté de l’art baroque, centrée surtout sur leurs moments extraordinaires. Cette idée manquait de réalisme, de consistance, de proportions. Ces deux saints montrent bien que la sainteté est rattachée à la réalité matérielle et à tout ce qui est humain. Je les ai vus partager les joies et les peines de ceux qui les entouraient, rire et s’émouvoir avec nous. Il me semble que le saint est toujours quelqu’un de réaliste, il a le réalisme consistant à voir les choses avec le regard de Dieu.

Josémaria Escriva et Karol Wojtyla nous font réaliser que les réalités humaines et concrètes de ce monde recèlent “quelque chose de divin” qui attend et que l’homme doit savoir découvrir. Toute activité, tout moment, a une transcendance divine. J’ajouterais aussi que tous les deux avaient certaines vues théologiques communes. L’intérêt pour la « théologie du laïcat » par exemple. À ce niveau-là, l’apport de Josémaria Escriva qui fonda l’Opus Dei en 1928 fut immense. Je pense qu’en procédant à sa canonisation, Jean-Paul II souhaitait aussi proclamer, de façon plus solennelle, cet idéal de la sainteté dans la vie ordinaire.

- Pourquoi avez-vous vous décidé de vous investir personnellement dans “There Be Dragons”?

Vous venez de rappeler que j’ai vécu près de deux saints. Je me sentais en quelque sorte consciemment responsable de transmettre ce vécu singulier et j’ai pensé que le cinéma pouvait bien en être l’instrument approprié.

Joaquín Navarro-Valls y Roland Joffé

En 2005, j’avais collaboré à la coproduction italo-américaine sur Karol Wojtyla, pilotée par Lux Vide à partir de l’Italie. Un peu plus tard, lorsque Roland Joffé et le producteur de “There Be Dragons” m’ont parlé de leur projet, j’en ai été très touché. J’ai décidé de faire un investissement. L’idée de Joffé m’a beaucoup intéressé. Ce réalisateur construit une histoire avec des vies parallèles, comme il l’avait fait dans The Mission ou dans La déchirure, dans laquelle Josémaria Escriva est un personnage principal. Il ne présente pas la vie d’un saint, mais la vie complexe de personnes sur lesquelles un prêtre saint a une influence déterminante. La trame de Joffé est tissée sur le sens du pardon qui a une portée éternelle dans toute histoire humaine.

- Que pensez-vous du résultat?

Je pense qu’il s’agit d’un film plein d’humanité, de force dramatique et de séduction. L’accueil que le public lui a réservé en Espagne, où il est toujours à l’écran depuis six semaines, confirme ma pensée. Je partage l’avis de beaucoup de gens : Roland Joffé a retrouvé ses meilleurs moments et a réalisé un film qui émeut et qui fait passer un bon moment.

Je crois qu’il s’agit d’une grande histoire de passions humaines que le pardon arrive à dénouer. En effet, le pardon est le noyau central du film : l’histoire d’un personnage ambigu, Manolo Torres (Wes Bentley) qui finit par résoudre le problème qu’il a avec son fils de façon émouvante est certes très importante. Mais ce qui est vraiment important est l’élan de vérité provoqué par ce film.

Sans s’en douter, Roland Joffé a déclenché une vague de gens poussés à pardonner. Les producteurs reçoivent tous les jours des messages de remerciement (dont certains sont sur internet), des personnes qui ayant vu ce film ont décidé de revenir chez elles après des années de séparation, de conjoints réconciliés, de parents et d’enfants qui s’acceptent de nouveau, d’autres qui reviennent à Dieu après une longue période de distancement. En tant qu’investisseur, je trouve que ces réactions sont largement gratifiantes, d’un prix incalculable, supérieur au retour financier.

- D’aucuns ont estimé que "There Be Dragons" est une réponse au “Da Vinci code”.

Durante la Premiere en Roma, 21/03/2011

Roland Joffé, réalisateur de ce film, et les producteurs ont dit à plusieurs reprises qu’ils n’avaient pas l’intention de répondre à qui que ce soit, entre autres parce qu’ils pensent que leur film est d’un autre niveau aussi bien artistique que purement distrayant : il est d’une grande beauté plastique, musicale et il y a des passions et des émotions qui laissent difficilement indifférent.

Ceci dit, bien qu’ils n’aient prétendu répondre à rien, je crois que “There be Dragons” est en fait une formidable réponse au Da Vinci Code parce qu’il exprime au cinéma la vérité sur des questions concernant le message chrétien et l’Église que l’histoire de Dan Brown avait falsifiés..J’aimerais que beaucoup d’adeptes du Da Vinci Code voient et profitent de « There be dragons » pour pouvoir se faire une idée plus complète et réelle sur ces sujets surnaturels : la grâce de Dieu et la sainteté à laquelle tout être humain peut aspirer. Je suis convaincu que Mr Brown lui-même appréciera cette histoire dès qu’il aura l’occasion d’aller la voir.

Robert (Dougray Scott) is a journalist who, on investigating the figure of Josemaria Escriva, discovers that his father, Manolo, with whom he has had no relationship for the past eight years, was a friend of Escrivá during his childhood.

Plus d'information: www.therebedragons.com