Lorsque l'enfant doit faire le choix de ses études, de son avenir professionnel, le premier réflexe des parents est sans doute d'intervenir, de l'influencer, pour son bien. Les parents sont en droit de lui suggérer une série d'options qui, à leur avis et d'après leur expérience, sont les meilleures pour lui.
Chaque situation est différente : l'enfant veut, soit choisir une voie totalement différente de celle des parents, soit totalement identique. Il peut aussi se faire qu’il n’ait aucune idée de ce qu’il veut faire.
En général, imposer ses propres projets à son enfant risque d’avoir des conséquences négatives, puisqu'il est ainsi obligé de suivre une voie contraire à celle qu'il aurait voulue. Les parents sont appelés à soutenir leurs enfants dans le choix de son avenir après l'école,à les conseiller, mais sans oublier leur liberté. Le défi éducatif est d'en parler avec l'enfant, de comprendre son intérêt, de prendre en considération le bon côté de sa proposition, d'essayer d’analyser avec lui la meilleur solution.
On peut aimer l'autre avec ses défauts tout en n'aimant pas les défauts eux-mêmes. C'est la raison pour laquelle l'amour nous pousse à désirer le bien de la personne pour qu’elle puisse être heureuse, en donnant le meilleur d'elle-même. Aussi, la personne qui aime demandera-t-elle à l'autre de lutter contre ses défauts et souhaitera ardemment l'aider à se corriger. C'est la clé pour comprendre qu'il est possible de respecter la liberté des enfants tout en les aidant à orienter leurs choix dans la bonne direction.
Voici quelques questions qui peuvent vous aider à exploiter cette vidéo, avec vos amis, à l'école ou en paroisse.
Questions pour le dialogue :
- Est-ce que je connais les aspirations professionnelles de mes enfants? Est-ce que je montre concrètement à mes enfants que je les appuie dans le choix de leurs études, de leur carrière, même si j'aurais voulu qu'ils fassent autrement? Est-ce que je réalise que l'avis des parents sur une orientation professionnelle peut peser énormément sur le choix de leur enfant? Est-ce que j'arrive à faire la différenceentre le rêve de mon enfant et celui que nous projetons sur lui, en tant que parents ?
- Est-ce que je m'intéresse discrètement à l'avenir scolaire et professionnel de mes enfants, sans leur mettre la pression sur une option plutôt qu'une autre? Est-ce que je me soucie sincèrement des passions de mes enfants (sports, passe-temps, amitiés, séries télévisées...), y compris quand elles sont différentes des miennes? Est-ce que nous discutons entre conjoints surleurs aspirations ? Quand un enfant me demande conseil sur son avenir professionnel, suis-je en mesure delui faire comprendre que la décision finale dans ce domaine ne dépend que de lui, que ses parents se chargent de l'aider à faire le bon choix, de l'accompagner et de discuter avec lui sur ce qu'il est, sur ses talents, pour que cela pèse positivement sur le choix d'un métier?
- Quelles sont les valeurs que nous transmettons à nos enfants sur le sens de leur travail scolaire, sur leur avenir professionnel et la réalisation de leurs talents personnels?
- Évitons-nous à tout prix la comparaison malvenue avec les avec des enfants plus âgés d'autres familles, soit dans un sens désobligeant ("si vous faites ce choix, vous finirez comme un tel, attention"), soit dans un sens positif ("vous devriez faire comme un tel qui a si bien réussi ! "). Tâchons-nous de comprendre en profondeur le rêve et les raisons qui animent nos enfants ?
- Quelle confiance ai-je dans les choix de mon enfant, écoute-t-il mes conseils. Chez nous, quel est le niveau de confiance entre nous et nos enfants ?
Propositions pour l’action
- Assurez-vous que vous partagez avec votre conjoint les mêmes idées sur la liberté de vos enfants quant au choix de leurs études et de leur métier.
- Évitez de vous appesantir sur les études de votre enfant.
- Quand vous aborderez ce sujet et celui du choix d'un métier, trouvez la façon de leur expliquer que la responsabilité de leur avenir dépend, en grande mesure, d'eux-mêmes et qu'ils peuvent compter sur vous.
- Écoutez attentivement leurs raisons du choix d'une voie déterminée. Dans ce contexte, soyez prudents à l'heure de leur donner votre avis sur le choix que vous auriez fait à sa place.
- Si votre enfant hésite, faites qu'il raisonne pour qu’il saisisse que c'est à lui de faire ce choix et non pas aux parents.
- Les enfants sont attentifs au dialogue ouvert avec leurs parents. S'il y a des aspects de ce choix que vous ne partagez pas, abordez-les délicatement à un autre moment, si besoin.
Méditer avec la Sainte Écriture et avec le Catéchisme de l’Église Catholique
- La liberté s’exerce dans les rapports entre les êtres humains. Chaque personne humaine, créée à l’image de Dieu, a le droit naturel d’être reconnue comme un être libre et responsable. Tous doivent à chacun ce devoir du respect. Le droit à l’exercice de la liberté est une exigence inséparable de la dignité de la personne humaine, notamment en matière morale et religieuse. Ce droit doit être civilement reconnu et protégé dans les limites du bien commun et de l’ordre public. Catéchisme de l’Église Catholique, 1738.
- Les relations au sein de la famille entraînent une affinité de sentiments, d’affections et d’intérêts, qui provient surtout du mutuel respect des personnes. La famille est une communauté privilégiée appelée à réaliser " une mise en commun des pensées entre les époux et aussi une attentive coopération des parents dans l’éducation des enfants Catéchisme de l’Église Catholique, 2206.
- En devenant adultes, les enfants ont le devoir et le droit de choisir leur profession et leur état de vie. Ils assumeront ces nouvelles responsabilités dans la relation confiante à leurs parents dont ils demanderont et recevront volontiers les avis et les conseils. Les parents veilleront à ne contraindre leurs enfants ni dans le choix d’une profession, ni dans celui d’un conjoint. Ce devoir de réserve ne leur interdit pas, bien au contraire, de les aider par des avis judicieux, particulièrement lorsque ceux-ci envisagent de fonder un foyer. Catéchisme de l’Église Catholique, 2230.
- « David dit à Salomon son fils : ‘Sois fort et courageux ! À l’œuvre ! Ne crains point et ne t’effraie point ; car Yahweh Dieu, mon Dieu, sera avec toi ; il ne te délaissera pas et ne t’abandonnera pas, jusqu’à l’achèvement de tout l’ouvrage pour le service de la maison de Yahweh.’»1 Chroniques 28, 20.
- « Il l’a rempli de l’esprit de Dieu, de sagesse, d’intelligence et de savoir pour toutes sortes d’ouvrages, pour faire des inventions, pour travailler l’or, l’argent et l’airain, pour graver les pierres à enchâsser, pour tailler le bois et exécuter toutes sortes d’ouvrages d’art. » Exode 35, 31-33.
Méditer avec le pape François
Les parents de Jésus vont au temple pour témoigner que leur fils appartient à Dieu et qu’ils sont les gardiens de sa vie et non pas ses propriétaires. Et cela nous fait réfléchir. Tous les parents sont gardiens de la vie de leurs enfants, non les propriétaires, et ils doivent les aider à grandir, à mûrir. Angélus, 31-12-2017.
Les enfants, pour leur part, ne doivent pas avoir peur de l’engagement de construire un monde nouveau: il est bon pour eux de désirer que celui-ci soit meilleur que celui qu’ils ont reçu! Mais cela doit se faire sans arrogance, sans présomption. Il faut savoir reconnaître la valeur des enfants et rendre toujours hommage aux parents. Audience Générale, 11-02-2015.
Méditer avec saint Josémaria
- « D’autre part, les parents doivent s’efforcer aussi de conserver un cœur jeune pour qu’il leur soit plus facile d’accueillir avec sympathie les aspirations nobles et même les extravagances de leurs enfants. La vie change et il se peut que bien de nouvelles choses ne nous plaisent pas –il est même possible qu’elles ne soient pas objectivement meilleures que les précédentes- mais elle n’en sont pas mauvaises pour autant : ce sont simplement d’autres modes de vie, sans plus. Dans pas mal de cas, les conflits surgissent parce qu’on donne de l’importance à des choses insignifiantes, qu’on peut surmonter avec un peu de recul et d’humour. » Entretiens, 100.
- « Le conseil ne supprime pas la liberté, il donne des éléments pour juger, ce qui élargit les possibilités de choix et fait que la décision n’est pas déterminée par des facteurs irrationnels. Après avoir écouté le point de vue des autres et tout bien pesé, le moment vient où il faut choisir ; et alors personne n’a le droit de violenter la liberté. Les parents doivent résister à la tentation de se réaliser indûment eux-mêmes dans leurs enfants –de les modeler selon leurs propres préférences-, ils ont à respecter les inclinations et les aptitudes que Dieu donne à chacun. » Entretiens, 104.
Texte pour poursuivre la réflexion : "Protagonistes de notre vie" : Quand on cherche à comprendre le pourquoi de nos réactions spontanées, plutôt que de se dire “je suis comme ça” il faudrait très souvent admettre “ je me suis construit comme ça”. Éditorial sur la forge du caractère dans la vie du chrétien. |