Le Saint-Esprit
Dans les Saintes Écritures, l'Esprit Saint est appelé par divers noms : Don, Seigneur, Esprit de Dieu, Esprit de Vérité, Paraclet, – entre autres. Chacun de ces mots nous dit quelque chose sur la Troisième Personne de la Sainte Trinité. Il est "Don", parce que le Père et le Fils nous le donnent : l'Esprit est venu habiter dans nos cœurs (Gal 4,6), Il est venu pour rester avec nous pour toujours. De plus, de Lui proviennent toutes les grâces et tous les dons, le plus grand étant la vie éternelle avec les autres Personnes divines. En Lui, nous avons accès au Père par le Fils.
L'Esprit est "Seigneur" et "Esprit de Dieu" : dans l'Écriture Sainte, ce sont des noms attribués à Dieu seul, parce qu'il est Dieu avec le Père et le Fils. Il est l'"Esprit de Vérité" parce qu'il nous enseigne tout ce que le Christ nous a révélé, parce qu'Il guide et maintient l'Église dans la vérité. Il est l'"autre" Paraclet (Consolateur, Avocat) promis par le Christ qui est le premier Paraclet. Le texte grec dit "un autre" Paraclet et non un Paraclet "distinct" pour souligner la communion et la continuité entre le Christ et l'Esprit.
Dans le Symbole de Nicée-Constantinople, nous prions : « Je crois en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; Il procède du Père et du Fils ; avec le Père et le Fils, Il reçoit même adoration et même gloire ; Il a parlé par les prophètes ». Dans cette phrase, les Pères du Concile de Constantinople (381) ont voulu mettre certaines des expressions bibliques par lesquelles l'Esprit était nommé. Par "qui donne la vie", ils entendaient le don de la vie divine de Dieu à l'homme. Parce qu'Il est Seigneur et qu’Il donne la vie, Il est Dieu et reçoit la même adoration que les deux autres Personnes divines et la reçoit avec Elles. À la fin de la phrase, ils ont voulu rappeler la mission de l'Esprit : Il a parlé par les prophètes. Les prophètes sont ceux qui ont parlé au nom de Dieu, mus par l'Esprit. L'œuvre révélatrice de l'Esprit dans les prophéties de l'Ancien Testament trouve sa plénitude dans le mystère de Jésus-Christ, le Verbe définitif de Dieu.
« Ils sont nombreux [les symboles par lesquels l'Esprit Saint est représenté] : l’eau vive qui jaillit du cœur transpercé du Christ et abreuve les baptisés ; l’onction avec l’huile, qui est le signe sacramentel de la Confirmation ; le feu qui transforme ce qu’il touche ; la nuée, obscure ou lumineuse, où se révèle la gloire divine ; l’imposition des mains par laquelle l’Esprit est donné ; la colombe qui descend sur le Christ et demeure sur lui au moment de son baptême »[1].
L'envoi du Saint-Esprit
La Troisième Personne de la Sainte Trinité coopère avec le Père et le Fils dès le début du dessein de notre salut et jusqu'à sa consommation, mais dans les "derniers temps" – inaugurés par l'Incarnation rédemptrice du Fils – l'Esprit a été révélé et nous a été donné, Il a été reconnu et accepté comme une Personne[2]. Par l'action de l'Esprit, le Fils de Dieu a pris chair dans le sein de la Vierge Marie. Depuis son Incarnation, le Fils de Dieu est consacré Messie dans son humanité, par l’onction de l’Esprit (Lc 1,35). Jésus-Christ révèle l’Esprit dans son enseignement, accomplissant la promesse faite aux Pères (Lc 4,18 et s.), et il le communique à l’Église naissante en soufflant sur les Apôtres après la Résurrection[3]. À la Pentecôte, l'Esprit a été envoyé pour demeurer désormais dans l'Église, Corps mystique du Christ, en la vivifiant et la guidant par ses dons et sa présence. Il est en elle comme Il l'a été dans le Verbe incarné. C'est aussi pourquoi on dit que l'Église est le Temple du Saint-Esprit.
Le jour de la Pentecôte, l'Esprit est descendu sur les Apôtres et les premiers disciples, manifestant par des signes extérieurs la vivification de l'Église fondée par le Christ. La mission du Christ et de l’Esprit devient la mission de l’Église, envoyée pour annoncer et pour répandre le mystère de la communion trinitaire[4]. L'Esprit fait entrer le monde dans les "derniers temps", le temps de l'Église.
L'animation de l'Église par l'Esprit Saint garantit que tout ce que le Christ a dit et enseigné du temps où il vivait sur terre jusqu'à son Ascension, reste toujours vivant et sans être perdu ; en outre, par la célébration-administration des sacrements, l'Esprit sanctifie les fidèles et l'Église, de sorte qu'elle continue à conduire les âmes à Dieu.
« Pourquoi les missions du Fils et de l’Esprit sont-elles inséparables ? – interroge le Compendium –. Dans la Trinité indivisible, le Fils et l’Esprit sont distincts, mais inséparables. En effet, du commencement à la fin des temps, quand le Père envoie son Fils, Il envoie aussi son Esprit, qui nous unit au Christ par la foi, afin que nous puissions, comme fils adoptifs, appeler Dieu "Père" (Rm 8,15). L’Esprit est invisible, mais nous le connaissons par son action, lorsqu’Il nous révèle le Verbe et qu’Il agit dans l’Église »[5].
« La venue solennelle de l'Esprit, le jour de la Pentecôte, ne fut pas un événement isolé. Il n'y a pratiquement aucune page des Actes des Apôtres qui ne parle de Lui et de l'action par laquelle Il guide, dirige et anime la vie et les œuvres de la communauté chrétienne primitive. (…) Cette réalité profonde que le texte de la Sainte Écriture nous fait connaître n'est pas un souvenir du passé, un âge d'or de l'Église qui appartiendrait désormais à l'histoire. C'est aussi, par-delà les misères et les péchés de chacun d'entre nous, la réalité de l'Église d'aujourd'hui et de l'Église de tous les temps »[6].
Son action dans l'Église
Le Saint-Esprit agit toujours avec le Christ, à partir du Christ, et conforme les chrétiens au Christ. Son action se réalise dans l'Église à travers les sacrements. En eux, le Christ communique son Esprit aux membres de son Corps, et leur offre la grâce de Dieu, qui porte les fruits de la vie nouvelle, selon l'Esprit. L'Esprit Saint agit aussi en donnant des grâces particulières à certains chrétiens pour le bien de toute l'Église, et Il est le Maître, rappelant à tous les chrétiens ce que le Christ a révélé (Jn 14,25 et s.). Le Christ et l'Esprit sont "les deux mains de Dieu", les deux missions d'où est issue l'Église (Saint Irénée de Lyon).
« L’Esprit édifie, anime et sanctifie l’Église. Esprit d’amour, Il restaure chez les baptisés la ressemblance divine perdue à cause du péché et Il les fait vivre dans le Christ de la Vie même de la Sainte Trinité. Il les envoie témoigner de la Vérité du Christ et Il les établit dans leurs fonctions réciproques, afin que tous portent"le fruit de l’Esprit" (Ga 5,22) »[7].
Lorsque nous disons dans le Credo : « Je crois au Saint-Esprit ; à la Sainte Église Catholique », nous affirmons que nous croyons en l'Esprit Saint qui agit dans l'Église, la sanctifiant, la construisant à la mesure du Christ, l'encourageant à accomplir la mission qui lui est confiée. Si l'expression littérale en langue vernaculaire semble affirmer que l'acte de foi est dirigé vers l'Église, ce n'est pas le cas en langue latine. L'acte de foi est dirigé vers Dieu et non vers les œuvres de Dieu. L'Église est une œuvre de Dieu, et dans le credo, nous affirmons croire qu'elle est une œuvre de Dieu[8].
Nous disons souvent que l'Esprit Saint est comme l'âme de l'Église parce qu'Il remplit en elle certaines des fonctions que l'âme remplit dans le corps : Il la vivifie, la pousse à la mission, l'unifie dans l'amour. Mais la relation de l'Esprit Saint avec l'Église n'est pas la même que celle entre l'âme et le corps humain qui forment une seule personne. C'est pourquoi nous ne disons pas que l'Église est la personnification de l'Esprit ou une incarnation de l'Esprit.
L'action de l'Esprit Saint dans l'Église se concrétise également par son influence continue sur les âmes de tous les chrétiens. En effet, en plus de son action dans les sacrements, l'Esprit nous fait grandir dans le Christ, jusqu'à ce que nous ayons la stature de l'homme parfait. Il est le maître intérieur qui parle au cœur de l'homme, qui lui révèle les mystères de Dieu, qui lui fait discerner ce qui est agréable à Dieu, sa Volonté divine et aimante pour chacun de nous. L'Esprit nous apprend à nous tourner vers Dieu, à Lui parler (Rm 8,26), et nous aide à tout évaluer avec le sens de la foi.
Ce don de l'Esprit nous aide à percevoir les choses, les événements, les personnes, les mouvements intérieurs de l'âme, en les évaluant selon qu'ils nous rapprochent de Dieu ou nous en détournent. Il nous aide également à découvrir comment nous pouvons les orienter vers la plénitude à laquelle ils sont appelés, nous aidant ainsi à collaborer à la construction du royaume de Dieu.
L'action de l'Esprit Saint dans l'Église est donc très variée : Il agit dans la hiérarchie, dans les sacrements, à travers les dons non sacramentels et dans le cœur de chaque chrétien, jusque dans les recoins les plus intimes du corps ecclésial. Et elle a pour but d'unir tous les hommes au Christ et, par-là, d'unir l'humanité et d'amener la création à la plénitude à laquelle Dieu l'avait destinée (Rm 8, 19-22). Considérant la mission du Christ et de l'Esprit – si intimement unie à la mission de l'Église et agissant dans celle-ci – nous n'avons pas l'habitude de dire que l'Église la remplace ou la complète mais plutôt qu’elle prolonge la mission du Christ et rend présentes les deux missions divines.
Compte tenu de tout ce qui a été dit, l'Église est le "Temple de l'Esprit Saint", parce qu'Il vit dans le corps de l'Église et l'édifie dans la charité avec la Parole de Dieu, les sacrements, les vertus et les charismes[9]. Comme le véritable Temple de l'Esprit Saint était le Christ (Jn 2,19-22), cette image souligne également que chaque chrétien est Église et Temple de l'Esprit Saint. Les charismes sont des dons que l'Esprit confère à chaque personne pour le bien de l'humanité, pour les besoins du monde et particulièrement pour la construction de l'Église. C'est aux pasteurs de discerner et d'évaluer les charismes (1 Th 5,20-22)[10].
Bibliographie de base
- Catéchisme de l'Église Catholique, n° 683-701
- ID., n° 731-741
- Compendium du Catéchisme de l'Église Catholique, 136-146
- Saint Jean Paul II, Catéchèse sur l'Esprit Saint (août-décembre 1989).
- Jacques Philippe, À l’école de l’Esprit Saint, Laurier, 1995.
[1] Compendium du Catéchisme de l'Église catholique, no 139, ci-après Compendium.
[2] Catéchisme de l'Église catholique, no 686, ci-après Catéchisme.
[3] Compendium, 143.
[4] Compendium, 144.
[5] Compendium, 137.
[6] Saint Josémaria Escriva, Le Christ passe, nos 127 et 128.
[7] Compendium, 145.
[8] Cf. Catéchisme, 750.
[9]« Quand tu invoques Dieu le Père, souviens-toi que c'est l'Esprit qui, en remuant ton âme, t'a donné cette prière. Si l'Esprit Saint n'était pas présent, il n'y aurait pas de parole de sagesse ou de connaissance dans l'Église, car il est écrit : " À celui-ci est donnée, par l’Esprit, une parole de sagesse " (1 Cor 12, 8) …. Si le Saint-Esprit n'était pas présent, l'Église n'existerait pas. Mais si l'Église existe, il est certain que l'Esprit Saint ne manque pas ». Saint Jean Chrysostome, Sermones panegyrici in solemnitates D. N. Iesu Christi, hom. 1, De Sancta Pentecostes, nos 3-4 (PG 50,457).
[10]Compendium, 160.