Tous les mystères de Jésus sont la cause de notre salut. Parsa vie sainte et filiale sur terre, Jésus ramène à l'amour du Père la réalité humaine qui avait été déformée par le péché originel et par les péchés personnels successifs de tous les hommes. Il la réhabilite et la sauve du pouvoir du diable.
Cependant, ce n'est qu'avec son mystère pascal (sa passion et sa mort, sa résurrection et son ascension au Ciel aux côtés du Père) que cette réalité de la rédemption est définitivement établie. C'est pourquoi le mystère de notre salut est souvent attribué à la passion, la mort et la résurrection du Christ, à son mystère pascal. Mais n'oublions pas que c'est toute la vie du Christ, dans sa phase terrestre et dans sa phase glorieuse, qui – à proprement parler – nous sauve.
La passion et la mort du Christ
Le sens de la Croix. Du point de vue historique, notre Seigneur est mort parce qu'il a été condamné par les autorités du peuple juif qui l'ont remis au pouvoir romain en demandant qu'il soit mis à mort. La cause de cette condamnation a été sa déclaration faite devant le conseil suprême des Juifs (le Sanhédrin) comme quoi il était le Messie fils de Dieu, celui à qui Dieu avait donné le pouvoir de juger tous les hommes. Cette déclaration fut considérée comme un blasphème et le Sanhédrin en vint donc à décréter sa mort.
Il convient de noter que cette condamnation de Jésus s'inscrit dans la continuité de l'histoire du salut du peuple juif qui l'a précédée. À plusieurs reprises, Dieu a parlé au peuple d'Israël par l'intermédiaire de prophètes (cf. He 1, 1). Cependant, la parole de Dieu n'a pas toujours été bien accueillie par Israël. L'histoire d'Israël est une histoire de grands actes héroïques, mais aussi de grandes rébellions. À plusieurs reprises, le peuple a abandonné Dieu et oublié les lois saintes qu'il avait reçues de Lui. C'est pourquoi les prophètes ont souvent dû subir des injustices pour mener à bien la mission que Dieu leur avait confiée.
L'histoire de Jésus est le point culminant de l'histoire d'Israël, une histoire à vocation universelle. Lorsque la plénitude des temps est arrivée, Dieu a envoyé son Fils pour qu'en accomplissant les promesses faites à Israël, il établisse son Règne sur le monde. Mais seuls quelques-uns ont accepté le Christ et l'ont suivi ; les chefs du peuple l'ont rejeté et l'ont condamné à mort. Jamais les hommes n'avaient rejeté Dieu aussi directement au point de pouvoir Le maltraiter de toutes les manières possibles. Pourtant – et c'est là l'aspect le plus mystérieux de la Croix – Dieu n'a pas voulu protéger son Fils de la méchanceté humaine mais l'a remis entre les mains des pécheurs : « Dieu a permis les actes issus de leur aveuglement en vue d’accomplir son dessein de salut » (Catéchisme, no. 600). Et Jésus, suivant la volonté du Père, « a librement accepté sa passion et sa mort par amour de son Père et des hommes » (Catéchisme, no 609). Il s'est livré lui-même à cette passion et à cette mort injustes. Il a courageusement confessé son identité et sa relation avec le Père même s'il savait que cela ne serait pas accepté par ses ennemis. Il a été condamné à une mort humiliante et violente et a ainsi expérimenté dans sa chair et dans son âme l'injustice de ceux qui l'ont condamné. Bien plus encore, dans cette injustice qu'il a subie et qu'il a acceptée pour nous, étaient aussi contenues toutes les injustices et tous les péchés de l'humanité, car tout péché n'est rien d'autre que le rejet du projet de Dieu en Jésus-Christ, qui a atteint sa plus haute expression dans la condamnation de Jésus à une mort si cruelle. Comme l'affirme le Compendium du Catéchisme : « Tout pécheur individuel, c’est-à-dire tout homme, est réellement la cause et l’instrument des souffrances du Rédempteur » (no 117).
Jésus a donc accepté librement les souffrances physiques et morales imposées par l'injustice des pécheurs, et, en eux, de tous les péchés des hommes, de toute offense à Dieu. On peut dire, métaphoriquement, qu'il a "porté" nos péchés sur ses épaules. Mais pourquoi l'a-t-il fait ? La réponse donnée par l'Église, en utilisant différents langages mais avec un fond commun, est la suivante : Il l'a fait pour annuler ou effacer nos péchés dans la justice de son cœur.
Comment Jésus a-t-il annulé nos péchés ? Il les a enlevés en supportant ces souffrances qui étaient le fruit des péchés des hommes, en union obéissante et amoureuse avec son Dieu Père, avec un cœur plein de justice, et avec la charité de celui qui aime le pécheur, même si celui-ci ne le mérite pas, de celui qui cherche à pardonner les offenses par amour (cf.Lc 22,42 ; 23,34). Un exemple aidera peut-être à mieux comprendre. Parfois, dans la vie, des situations se présentent dans lesquelles une personne est offensée par une autre qu'elle aime. Dans l'environnement familial, il peut arriver, par exemple, qu'une personne âgée et handicapée soit de mauvaise humeur et fasse souffrir les soignants. Lorsqu'il y a un amour véritable, cette souffrance est acceptée avec charité et l'on continue à rechercher le bien de la personne qui offense. Les griefs disparaissent alors parce qu'ils n'ont pas de place dans un cœur juste et aimant. Jésus a fait quelque chose de similaire, bien qu'en vérité il soit allé beaucoup plus loin, car la personne âgée de l'exemple mérite peut-être l'affection de ceux qui s'occupent d’elle en raison des bonnes choses faites quand elle était plus jeune. Mais Jésus nous a aimés sans que nous le méritions, et il ne s'est pas sacrifié pour quelqu'un qu'il aimait pour une raison particulière, mais pour chaque personne, pour tous et chacun : « Il m'a aimé et s'est livré pour moi », dit saint Paul, qui avait vicieusement persécuté les chrétiens. Jésus a voulu offrir ces souffrances et sa mort au Père en notre nom afin que, sur la base de son amour, nous puissions toujours obtenir le pardon de nos offenses à Dieu : « par ses blessures, nous sommes guéris » (Is 53,5). Et Dieu le Père, qui a soutenu le sacrifice de Jésus par la puissance de l'Esprit Saint, s'est réjoui de l'amour qui était dans le cœur de son Fils. « Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Rom 5,20).
Ainsi, dans l'événement historique de la Croix, ce qui a été fondamental n'est pas l'acte injuste de ceux qui l'ont accusé et condamné, mais la réponse de Jésus, pleine de justice et de miséricorde face à cette situation. Réponse qui était, à son tour, un acte de la Trinité : « Il est d’abord un don de Dieu le Père lui-même : c’est le Père qui livre son Fils pour nous réconcilier avec Lui. Il est en même temps offrande du Fils de Dieu fait homme qui, librement et par amour, offre sa vie à son Père par l’Esprit Saint, pour réparer notre désobéissance » (Catéchisme, n. 614).
La Croix du Christ est, avant tout, la manifestation de l'amour généreux de la Trinité pour les hommes, d'un amour qui nous sauve. C'est l'essence même de son mystère.
Le fruit de la Croix. Il s'agit principalement de l'élimination du péché. Mais cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas pécher ou que tout péché est automatiquement pardonné sans aucun effort de notre part. Le mieux est peut-être d'expliquer cela par une métaphore. Si, lors d'une randonnée ou d'une promenade à la campagne, nous sommes mordus par un serpent venimeux, nous essayons immédiatement de trouver un antidote du poison. Le poison, comme le péché, a un effet destructeur sur son sujet. La fonction de l'antidote est de nous libérer de la destruction qui a lieu dans notre organisme, et il peut le faire parce qu'il contient en lui quelque chose qui neutralise le poison. La Croix est l'"antidote" du péché. Il y a en elle un amour qui est présent précisément en réaction à l'injustice, aux offenses, et cet amour sacrificiel qui jaillit du cœur du Christ, dans la désolation de la Croix, est l'élément capable de surmonter le péché, de le vaincre et de l'éliminer.
Nous sommes pécheurs, mais nous pouvons nous libérer du péché et de ses effets délétères en participant au mystère de la Croix, en désirant prendre cet "antidote" que le Christ a élaboré en lui-même, précisément en supportant l'expérience du mal que produit le péché, antidote qui nous est appliqué par les sacrements. Le Baptême nous incorpore au Christ et, ce faisant, efface nos péchés, la Confession sacramentelle nous purifie et nous obtient le pardon de Dieu, l'Eucharistie nous purifie et nous fortifie... Ainsi, le mystère de la Croix, présent dans les sacrements, nous conduit vers cette vie nouvelle sans fin dans laquelle tout mal et tout péché n'existeront plus, car ils ont été annulés par la Croix du Christ.
Il existe également d'autres fruits de la Croix. Devant un Crucifix, nous réalisons que la Croix n'est pas seulement un antidote du péché, mais qu'elle révèle aussi la puissance de l'amour. Jésus sur la Croix nous montre jusqu'où nous pouvons aller par amour pour Dieu et pour les hommes et nous indique ainsi la voie de l'épanouissement humain, car le sens de l'homme réside dans l'amour véritable de Dieu et des autres. Bien sûr, il n'est possible d'atteindre cette plénitude humaine que parce que Jésus nous fait participer à sa Résurrection et nous donne l'Esprit Saint. Mais nous y reviendrons plus loin.
Expressions bibliques et liturgiques
Nous venons d'expliciter la signification théologique de la Passion et de la Mort de Jésus. C'est naturellement ce qu'ont fait les premiers chrétiens qui ont utilisé les catégories et les concepts dont ils disposaient dans la culture religieuse de leur époque et que nous retrouvons dans le Nouveau Testament. La Passion et la Mort du Christ y sont comprises comme : A) un sacrifice d'alliance ; B) un sacrifice d'expiation, de propitiation et de réparation des péchés ; C) un acte de rédemption et de libération de l'humanité ; D) un acte qui nous justifie et nous réconcilie avec Dieu.
Examinons ces différentes manières de présenter le sens de la Passion et de la Mort du Christ que nous rencontrons souvent lorsque nous lisons l'Écriture ou participons à la Liturgie :
A) Jésus, en offrant sa vie à Dieu sur la Croix, a institué la Nouvelle Alliance, c'est-à-dire la forme nouvelle et définitive d'union de Dieu avec l'humanité qui avait été prophétisée par Isaïe (Is 42,6), Jérémie (Jé 31, 31-33) et Ezéchiel (Ez 37,26). C'est la nouvelle alliance du Christ avec l'Église dont nous faisons partie par le Baptême.
B) Le sacrifice du Christ sur la Croix a une valeur d'expiation, c'est-à-dire de nous laver et nous purifier du péché (Rm 3, 25 ; He 1, 3 ; 1 Jn 2,2 ; 4, 10). Elle a aussi une valeur de propitiation et de réparation pour le péché (Ibid.), car Jésus a manifesté au Père par son obéissance l'amour et la soumission que nous, les hommes, lui avions refusés par nos offenses. C'est ainsi qu'il a gagné le cœur du Père et qu'il a réparé ces offenses.
C) La Croix du Christ est un acte de rédemption et de libération de l'homme. Jésus a payé notre liberté au prix de son sang, c'est-à-dire par ses souffrances et sa mort, et nous a ainsi rachetés du péché (1 P 1,18) et libérés du pouvoir du diable. Toute personne qui commet un péché devient, d'une certaine manière, un serviteur du diable.
D) C'est surtout dans les lettres de saint Paul que nous lisons que le sang du Christ nous justifie, c'est-à-dire nous rend la justice que nous avons perdue en offensant Dieu et nous réconcilie ainsi avec Lui. La Croix, ainsi que la Résurrection du Christ, sont la cause de notre justification. Dieu est à nouveau présent dans notre âme, car l'Esprit Saint vient à nouveau habiter dans notre cœur.
La résurrection du Seigneur
« Il est descendu aux enfers ». Après avoir souffert et après sa mort, le corps du Christ a été enterré dans un tombeau neuf, non loin de l'endroit où il avait été crucifié. Son âme, par contre, est « descendue aux enfers », c'est-à-dire qu'elle a partagé l'état des justes qui étaient morts avant lui. Ils n'étaient pas encore entrés dans la gloire du ciel car ils attendaient la venue du Roi Messie, qui devait apporter leur salut définitif.
La sépulture de Jésus prouve qu'il est vraiment mort. Sa descente aux enfers a également eu un effet salvateur : elle a ouvert les portes du ciel aux justes qui attendaient le Christ afin qu'ils puissent participer au bonheur éternel en Dieu.
« Il est ressuscité des morts ». « Le troisième jour » (après sa mort), Jésus est ressuscité à une vie nouvelle. Son âme et son corps, pleinement transfigurés par la gloire de sa divine Personne, furent à nouveau unis. L'âme a repris possession du corps et la gloire de l'âme a été communiquée dans son intégralité au corps. Pour cette raison « la Résurrection du Christ n’est pas un retour à la vie terrestre. Son corps ressuscité est celui qui a été crucifié et qui porte les signes de sa Passion, mais il participe désormais de la vie divine avec les propriétés d’un corps glorieux » (Compendium, no 129).
L'événement de la Résurrection du Christ. Jésus est vraiment ressuscité. Les Apôtres n'ont pas pu se tromper ou inventer la Résurrection. Tout d'abord, si le tombeau du Christ n'avait pas été vide, ils n'auraient pas pu parler de la résurrection de Jésus ; de plus, si le Seigneur ne leur était pas apparu à plusieurs reprises et à de nombreux groupes de personnes, hommes et femmes, de nombreux disciples du Christ n'auraient pas été en mesure d'accepter sa Résurrection, comme ce fut le cas initialement de l'apôtre Thomas. Ils auraient encore moins été capables de donner leur vie pour un mensonge. Comme le dit saint Paul, si le Christ n'était pas ressuscité, alors lui, Paul, porterait un faux témoignage sur Dieu « en témoignant (…) qu’il a ressuscité le Christ, alors qu’il ne l’a pas ressuscité » (1 Co 15, 15). Mais Paul n'avait pas l'intention de faire une telle chose. Il était pleinement convaincu de la Résurrection de Jésus parce qu'il l'avait vu ressuscité. De la même manière, saint Pierre répond courageusement aux chefs d'Israël : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le suspendant au bois du supplice. (…) Nous sommes témoins de tout cela » (Actes 5, 29,30 & 32).
La signification théologique de la Résurrection. La résurrection du Christ forme une unité avec sa mort sur la Croix. De même que, par la passion et la mort de Jésus, Dieu a éliminé le péché et réconcilié le monde avec Lui, de même, par la résurrection de Jésus, Dieu a inauguré la vie nouvelle, la vie du monde à venir, et l'a rendue accessible aux hommes.
Toute la souffrance physique et spirituelle que Jésus a endurée sur la Croix est transformée par sa Résurrection en bonheur et en perfection, tant dans son corps que dans son âme. Tout en lui est rempli de la vie de Dieu, de son amour, de son bonheur, et c'est quelque chose qui durera toujours.
Mais ce n'est pas seulement pour Lui, c'est aussi pour nous. Par le don de l'Esprit Saint, le Seigneur nous fait participer à la vie nouvelle de sa Résurrection. Ici sur terre, Il nous comble déjà de sa grâce, la grâce du Christ qui fait de nous des enfants et des amis de Dieu ; et si nous sommes fidèles, à la fin de notre vie, Il nous communiquera aussi sa gloire, et nous atteindrons nous aussi la gloire de la Résurrection.
En ce sens, nous, les baptisés, « sommes passés de la mort à la vie », de l'éloignement de Dieu à la grâce de la justification et de la filiation divine. Nous sommes des enfants bien-aimés de Dieu par la puissance du mystère pascal du Christ, de sa mort et de sa résurrection. C'est dans le développement de cette vie d'enfant de Dieu que réside la plénitude de notre humanité.
L'ascension du Christ au Ciel. L'Ascension au Ciel marque la fin de la mission du Christ, de son envoi parmi nous dans la chair mortelle pour apporter le salut. Il était nécessaire que le Christ, après sa Résurrection, prolongeât un certain temps sa présence parmi ses disciples, afin de manifester sa vie nouvelle et d'achever leur formation. Cette présence prend fin le jour de l'Ascension. Cependant, bien que Jésus retourne au ciel avec le Père, il reste aussi parmi nous de diverses manières, et principalement de manière sacramentelle, à travers la Sainte Eucharistie.
Assis à la droite du Père, Jésus poursuit son ministère de Médiateur universel du salut. « Il est le Seigneur qui règne désormais avec son humanité dans la gloire éternelle de Fils de Dieu et qui sans cesse intercède en notre faveur auprès du Père. Il envoie son Esprit et nous donne l’espérance de le rejoindre un jour, là où il nous a préparé une place » (Compendium, no 132).
Gardons également à l'esprit que la glorification du Christ :
A) nous encourage à vivre les yeux fixés sur la gloire du Ciel : « recherchez les réalités d’en haut » (Col 3,1) ; elle nous rappelle que nous n'avons pas de cité permanente ici (He 13,14), et elle suscite en nous le désir de sanctifier les réalités humaines ;
B) nous pousse à vivre de foi car nous savons que nous sommes accompagnés par Jésus-Christ qui nous connaît et nous aime depuis le Ciel et qui nous donne constamment la grâce de son Esprit. Avec la force de Dieu, nous pouvons accomplir la tâche d'évangélisation qu'il nous a confiée : l'amener à toutes les âmes (cf. Mt 28,19) et le placer au sommet de toutes les activités humaines (cf. Jn 12,32) afin que son Royaume devienne une réalité (cf. 1 Co 15,25). De plus, Il nous accompagne toujours depuis le tabernacle.
La pertinence du mystère pascal dans la vie chrétienne
Comme nous l'avons dit, la Résurrection de Jésus n'est pas un simple retour à la vie antérieure, comme ce fut le cas pour Lazare, mais c'est quelque chose de complètement nouveau et différent. La Résurrection du Christ est le passage à une vie qui n'est plus soumise à la caducité du temps, mais une vie immergée dans l'éternité de Dieu. Et ce n'est pas quelque chose que Jésus a obtenu pour lui seul, mais pour nous pour qui il est mort et ressuscité.
Le mystère pascal a une résonance dans notre vie quotidienne. Dans la lettre aux Colossiens, saint Paul dit : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre » (Col 3, 1-2). A propos de ces paroles de saint Paul, le commentaire suivant est intéressant : « À première vue, en lisant ce texte, il pourrait sembler que l’Apôtre entend favoriser le mépris des réalités terrestres, en invitant alors à oublier ce monde de souffrances, d’injustices, de péchés, pour vivre à l’avance dans un paradis céleste. La pensée du « ciel » serait dans ce cas une sorte d’aliénation. Mais pour saisir le véritable sens de ces affirmations pauliniennes, il suffit de ne pas les séparer de leur contexte. L’Apôtre précise très bien ce qu’il entend par « les choses d’en haut », que le chrétien doit rechercher, et « les choses de la terre », dont il doit se garder. Voilà tout d’abord les « choses de la terre » qu’il faut éviter : « Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais, et cette soif de posséder, qui est une idolâtrie » (3,5-6). Mortifier en nous le désir insatiable de biens matériels, l’égoïsme, racine de tout péché » (Benoît XVI, Audience générale, 27 avril 2011).
Il s'agit donc de mettre à mort le "vieil homme" afin de revêtir le Christ et les bonnes choses qu'il a obtenues pour nous. Saint Paul lui-même explique ce que sont ces biens : « Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. (…). Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait » (Col 3, 12-14). On voit que la poursuite des biens du ciel n'est pas une fuite d'un présent qui ne serait qu'un obstacle pour atteindre la vie éternelle ; il s'agit plutôt de marcher avec panache dans le présent vers la vie éternelle.
Cela n'est possible que si nous actualisons fréquemment la vocation baptismale que nous avons reçue du Christ qui nous fait participer à sa vie et à sa grâce. Nous devons vivre de foi, avec confiance en Dieu et en sa providence, en attendant de Lui que nos œuvres portent de bons fruits, en favorisant la charité envers tous. Nous avons besoin de prier et de recourir fréquemment aux sources de grâce que sont les sacrements. Ainsi, ce qui était peut-être autrefois une vie d'esclave du péché, prisonnière peut-être de mille petits égoïsmes, devient une vie sainte, agréable à Dieu. Nous sommes transformés par la grâce qui fait de nous des saints et, en même temps, nous apportons aussi notre grain de sable à cette transformation du monde selon Dieu qui s'accomplira à la fin des temps. Mais déjà ici, par notre exemple et notre action de chrétiens, nous donnons à la cité terrestre un nouveau visage qui favorise la véritable humanité : solidarité, dignité humaine, paix et harmonie familiale, justice et promotion sociale, soin de l'environnement dans lequel nous vivons.
« Nous, chrétiens, en croyant fermement que la résurrection du Christ a renouvelé l’homme sans l’exclure du monde dans lequel il construit son histoire, nous devons être les témoins lumineux de cette vie nouvelle que la Pâque nous a apportée [...], La lumière de la résurrection du Christ doit pénétrer dans notre monde, doit parvenir comme message de vérité et de vie à tous les hommes à travers notre témoignage quotidien » (Benoît XVI, Audience générale, 27 avril 2011).
Bibliographie de base
- Catéchisme de l'Église catholique, n° 595-667
- St Jean Paul II, Je crois en Jésus-Christ. Catéchèse sur le Credo (II).
Bibliographie complémentaire
- Vicente Ferrer, Jésus-Christ, notre Sauveur, Laurier, 2005.
- Joseph Grifone,A la rencontre de Jésus-Christ, Laurier 2017.
- Bernard Legras,Jésus est-il vraiment ressuscité?, Téqui, 2015.