À Torreciudad, sanctuaire de la Vierge, construit sous l’encouragement de saint Josémaria, il y a un vieux chemin que parcouraient les anciens pèlerins pour se rendre à la Chapelle, balisé désormais par quatorze de scènes représentant les « Douleurs et les Joies de saint Joseph».
Ce sont des céramiques dites « azulejos » qui recueillent les principales scènes de la vie du saint patriarche et de la Sainte Famille. En suivant une tradition ancienne, l’Église prépare la fête de Saint-Joseph, en réservant au saint patriarche les sept dimanches qui précédent le 19 mars, en souvenir des joies et des douleurs de la vie de saint Joseph.
Scènes représentant les « Douleurs et les Joies de saint Joseph»
L’artiste Palmira Laguens nous parle de ces œuvres :
Lorsque j’ai accepté la commande de réaliser en céramique la série des Douleurs et des Joies de saint Joseph, avec la sélection des textes de la Sainte Écriture que chaque scène devait représenter, j’ai tout d’abord concentré mon attention sur les personnages principaux : l’Enfant Jésus, Sainte Marie et saint Joseph. Il s’agissait de scènes qui s’étaient échelonnées dans le temps.
J’ai donc tâché de reprendre ce que j’avais directement entendu des lèvres de saint Josémaria Escriva de Balaguer et de revoir ses écrits, où sa dévotion et son attachement au saint patriarche sont si évidents. J’étais convaincue qu’ils allaient être une source d’inspiration me permettant d’illustrer les textes de la Sainte Écriture. Je n’ai pas été déçue car j’y ai trouvé les traits essentiels de saint Joseph.
« Je ne suis pas d’accord avec l’iconographie classique qui représente saint Joseph comme un vieillard, même si elle s’explique par l’excellente intention de mettre en valeur la virginité perpétuelle de Marie. Moi, je me l’imagine jeune, fort, avec quelques années de plus que la Vierge peut-être, mais dans la plénitude de l’âge et des forces humaines. Nous savons, par contre, qu’il n’était pas riche: c’était un travailleur comme des milliers d’autres hommes du monde entier. Il exerçait l’humble métier que Dieu avait choisi pour Lui-même, lorsqu’Il prit notre chair et voulut vivre pendant trente ans comme l’un d’entre nous. La forte personnalité humaine de Joseph se détache des récits évangéliques: il n’apparaît jamais comme un homme timide ou craintif devant la vie; il sait au contraire faire face aux problèmes, sortir des situations difficiles et assumer avec responsabilité et initiative les tâches qui lui sont confiées. » (Quand le Christ passe, n° 40)
Tout compte fait, il s’agissait d’un homme jeune dans la plénitude de l’âge, actif et travailleur, artisan de son métier et à qui l’on confia le Fils de Dieu fait homme, né de Marie, la Mère de Dieu. Sa simplicité de cœur et la profondeur de ses sentiments, la joie et la souffrance rattachées à sa mission extraordinaire éclairaient sur son visage et, totalement identifié à la Volonté de Dieu, il mettait tout son coeur à veiller sur la Sainte Famille.
Par ailleurs, il fallait aussi graver dans ces scènes que l’Enfant, Marie et Joseph n’étaient pas des figures isolées, accidentellement rassemblées par des événements, mais qu’ils étaient une famille, la Sainte Famille, modèle pour le peuple chrétien. Ils étaient donc étroitement unis par des liens de don et d’amour qui sont devenus de plus en plus solides tout au long de leur vie dure et des événements pénibles que recueille traditionnellement la dévotion populaire des Douleurs et des Joies de saint Joseph. Qui plus est, c’est à l’occasion de ces difficultés que leur don et leur amour étaient plus éclatants. Tout cela devait être un exemple pour les familles chrétiennes :
J’aime imaginer les foyers chrétiens, lumineux et joyeux, comme le fut celui de la Sainte Famille. Le message de la Nativité résonne de toute sa force: Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Que la paix du Christ triomphe dans vos cœurs, écrit l’apôtre. La paix de nous savoir aimés de Dieu notre Père, incorporés au Christ, protégés par la sainte Vierge Marie, protégés par saint Joseph. Voilà la grande lumière qui illumine nos vies et qui, au milieu de nos difficultés et de nos misères personnelles, nous pousse à aller de l’avant avec courage. Chaque foyer chrétien devrait être un havre de sérénité où l’on perçoit, au-delà des petites contradictions quotidiennes, une affection vraie et sincère, une profonde tranquillité, fruit d’une foi réelle et vécue. (Quand le Christ passe, n° 22)
Après avoir attentivement observé ces personnages, il m’était plus facile de me livrer à composition des scènes, en me plongeant dans les passages de l’Évangile.
J’ai utilisé la même technique que pour les céramiques représentant les Mystères du Rosaire : des émaux aux couleur de base avec un glacis pour les nuances et la composition des tons, en faisant en sorte que les tracées du dessin soient tout à fait couvertes par la superposition des émaux afin d’éviter les infiltrations de l’humidité.