Pouvez-vous nous présenter votre trajectoire en quelques mots ?
Je m’appelle Alexandre, je suis d’origine française, géorgienne et russe. J’ai grandi à Paris où j’ai fait des études de droit et suis devenu avocat. C’est à cette époque que j’ai découvert les écrits de Saint Josémaria et ma vocation dans l’Opus Dei. À 25 ans, je suis ensuite parti en Finlande où j’ai passé 18 ans. Là-bas je suis devenu enseignant et c’est alors que j’ai commencé à formaliser la théorie du leadership vertueux. Je suis ensuite parti en Russie où je vis désormais depuis 15 ans.
Dans votre premier livre, Le leadership vertueux, vous dites que vous devez pratiquement chaque page à Saint Josémaria… Pourquoi ?
Parce que c’est lui le premier qui m’a fait découvrir cette idée des vertus humaines que l’on pouvait vivre de manière très concrète dans la vie ordinaire. J’avais déjà entendu parler des vertus théologales – Foi, Espérance et Charité – mais des vertus humaines jamais. Or cette idée que les vertus humaines, mises en pratique quotidiennement, pouvaient changer une vie m’a ouvert des horizons insoupçonnés, à titre personnel bien sûr dans un premier temps et plus largement 15 ans plus tard avec la conceptualisation de cette théorie du leadership vertueux.
Justement, qu’est-ce qui vous a amené à formaliser cette théorie ?
Lorsque j’enseignais l’histoire européenne à Helsinki, je me suis rendu compte que mes étudiants étaient fascinés par les fondateurs de l’Union européenne et posaient énormément de questions d’ordre anthropologique pour comprendre ces grandes figures. C’est ainsi, en dialoguant avec eux, que j’ai commencé à réfléchir au leadership et à entrevoir que ce dernier n’était pas une question de tempérament ni de valeur mais bien de vertu. Deux vertus en particulier – la magnanimité et l’humilité, que j’avais d’ailleurs découvert avec Saint Josémaria – me sont alors apparues comme spécifiques du leader. J’ai alors mené une étude approfondie de ces concepts et les ai mis en perspective avec des exemples concrets, ce qui m’a permis d’aboutir à une anthropologie orientée action : le leadership vertueux.
Comment un cours pour vos étudiants est-il devenu, en l’espace de quelques années, une théorie reconnue et mise en application partout à travers le monde ?
Les choses sont allées très vite. J’ai débord publié un premier livre en 2007, Le leadership vertueux, qui a été traduit dans plus de 20 langues. Preuve que cette anthropologie fondée sur la pratique de la vertu pouvait parler à tous – et ce, malgré un dernier chapitre consacré au vertus surnaturelles, que je tenais à intégrer par honnêteté intellectuelle pour rappeler que toute cette démarche se fonde sur une spiritualité chrétienne. J’ai ensuite écrit plusieurs livres - Créés pour la grandeur (2012), Du tempérament au caractère (2018), Cœur libre (2019) et Coaché par Jeanne d’Arc (2020) - pour expliciter davantage certains aspects de cette approche et la rendre opératoire. Assez naturellement, des personnes de différents endroits du monde, désireuses de se faire les ambassadrices de cette théorie dans leur pays, ont commencé à me contacter. Et c’est ainsi que sont nés sur les 5 continents les Instituts du Leadership vertueux.
Concrètement, comment s’organisent et que proposent ces Instituts ?
Ces Instituts sont portés par des équipes locales de consultants très impliqués qui proposent différents types d’activités : des masters class dispensées soit par moi soit par un formateur professionnel pour se familiariser avec la théorie du leadership vertueux, des master mind pour s’approprier en groupe cette approche et commencer à la mettre en pratique, et du coaching individuel pour ceux qui le souhaitent. En termes de publics, nous touchons soit des jeunes professionnels souhaitant approfondir cette dimension du leadership, soit des entreprises qui nous font intervenir dans le cadre de séminaires avec leurs collaborateurs. Je sais que dans certains pays l’approche a été déclinée pour les lycéens. Mais là, ce n’est plus moi qui ai la main. Ce sont des initiatives « filles », des sortes de spin off que je vois naître avec curiosité.
Vous appelez donc de vos vœux une nouvelle génération de leaders vertueux !
Oui, car je suis convaincu que la crise de nos sociétés est une crise de la magnanimité ! Le monde a plus que jamais besoin de personnes qui rêvent grand et qui sachent se mettre au service. Grandeur et service ! Nous avons aujourd’hui la chance d’avoir une jeunesse impressionnante, qui a du cœur et de la volonté, mais qui pour se lancer dans l’action a besoin d’une vision, d’un horizon, d’une méthode. C’est pour eux que j’ai passé ma vie, inspiré par Saint Josémaria, à essayer de rendre attractive la pratique des vertus humaines.