Saint Josémaria et le Vatican

La Revue Studia et Documenta a publié un article sur le premier séjour à Rome de saint Josémaria Escriva de Balaguer, en 1946, durant lequel il a eu l’occasion de s’entretenir avec Pie XII ce qui lui permit de réaliser un vœu très ancien : faire un pèlerinage à Rome, ‘videre Petrum’, pour voir le successeur de Saint Pierre.

Rencontres et démarches pendant son premier séjour à Rome, du 23 juin au 31 août 1946

Saint Josémaria à Roma.

Abstract: L’article est centré sur les personnes que saint Josémaria a contactées durant son premier voyage à Rome en 1946 et sur l’évolution des démarches faites pour l’approbation pontificale de l’Opus Dei et pour le faire connaître dans les milieux romains. L’audience avec Pie XII ainsi que les relations tissées partir de là avec Mgr Montini sont particulièrement importantes.

Lors de son premier séjour à Rome, saint Josémaria eut des contacts, intenses et au plus haut niveau, avec la Curie Romaine. Il eut surtout l’occasion de s’entretenir avec Pie XII ce qui lui permit de réaliser un vœu très ancien : faire un pèlerinage à Rome, videre Petrum, pour voir le successeur de Saint Pierre (1).

Durant ces deux longs mois, il fit des démarches et tissa des amitiés qui joueraient par la suite un rôle important dans l’histoire de l’Opus Dei. Il travailla pour accélérer l’approbation en tant qu’institution de droit pontifical dont l’Œuvre avait besoin et pour la faire connaître dans les milieux romains. L’objectif de notre travail est de faire une synthèse de ce séjour en centrant notre attention sur la prosopographie, c’est-à-dire sur les personnes que le Fondateur contacta durant ces mois-là. Nous laisserons de côté les détails de son voyage et de sa vie à Rome qui ont été déjà largement évoqués dans la bibliographie existante (2).

Nous n’allons pas non plus nous arrêter sur les détails juridico-canoniques concernant l’approbation pontificale de l’Opus Dei qui ont été aussi l’objet de travaux sérieux et qui demanderaient une étude supplémentaire (3).

Bénédiction autographe de Pie XII pour Saint Josémaria

Nos sources sont essentiellement le Journal tenu chez lui, qui était en même temps le Journal de la Procure de l’Opus Dei, (4) ainsi que la correspondance, les notes personnelles de mgr Escriva et celles de ceux qui l’entouraient à cette période-là. Le Journal est tenu par Salvador Canals (5), excepté certains jours où ce fut la charge de José Orlandis (6) et d’Alvaro del Portillo, entre autres. Les citations renvoient chaque fois à l’auteur du moment (7).

ANTÉCÉDENTS ET OBJECTIFS DU VOYAGE

Alvaro del Portillo, arrivé précédemment à Rome en février 1946, y faisait les démarches pertinentes pour avoir l’approbation pontificale de l’Œuvre. L’érection diocésaine obtenue en 1943 était insuffisante : « Elle n’exprimait pas à proprement parler la nature originelle de l’Opus Dei. Ne répondant pas non plus au caractère universel de l’Opus Dei, elle n’était par conséquent pas l’instrument adéquat pour son développement » (8). On souhaitait obtenir maintenant un régime interdiocésain de sorte que l’Œuvre puisse s’implanter dans le monde entier. Il y avait, depuis 1942, des membres de l’Opus Dei en Italie, et en février 1946, d’autres se sont installés au Portugal. À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, on préparait les débuts en Grande Bretagne, en Irlande et en France (9).

La volonté de mettre l’Œuvre sous la protection du Pape et de tisser une profonde communion affective et effective avec le successeur de Pierre tel que le Fondateur le souhaitait, était une raison supplémentaire de vouloir cette sanction pontificale(10).

C’étaient donc des raisons de poids qui justifiaient que l’on prétende avoir cette approbation dans les meilleurs délais. Mais il y avait encore un autre motif : « La contradiction des bons ne s’était pas éteinte. Bien au contraire, on courait le risque qu’elle ne se propageât ailleurs » (11).

On avait fait parvenir à Rome des accusations, voire des dénonciations,

contre l’Opus Dei, fruit d’une campagne calomnieuse que certains secteurs religieux et cléricaux avaient déclenchée en Espagne. Le Fondateur avait ainsi besoin « des éloges de l’Opus Dei et d’une reconnaissance expresse du Saint Siège de la droiture de son esprit et de son apostolat » (12), pour stopper ces attaques.

C’est ce que Alvaro del Portillo était en train de faire depuis son arrivée à Rome. La demande de l’Opus Dei, bien accueillie au départ, stagna cependant à un moment donné. Quelques semaines plus tard, le 3 avril 1946, Pie XII reçut del Portillo en Audience et son intervention débloqua l’affaire : le Pape demanda aux organes compétents d’examiner diligemment les documents présentés par l’Opus Dei. L’approbation se ferait en accord avec une nouvelle procédure simplifiée, encore en phase de préparation, dont s’occupait la Sacré Congrégation des Religieux, seul dicastère autorisé à accorder un régime universel et unitaire comme celui dont avait besoin l’Œuvre, indépendamment du fait que ses membres n’étaient pas des religieux (13).

Le 8 juin 1946, une commission de consultants de la congrégation donna son avis favorable à la concession du Decretum Laudis, après avoir examiné les statuts de l’Opus Dei. Ils proposèrent de le soumettre à la session plénière du congrès (Congresso pieno), dont faisaient partie les membres de la congrégation ainsi qu’une série de consultants techniques. Dès que ces statuts (dits constitutions à l’époque) seraient approuvés, on présenterait tout au Pape pour la concession du Decretum Laudis.

Alvaro del Portillo était convaincu que le Congresso pieno ne ferait pas obstacle. L’affaire du Decretum Laudis semblait bien tourner, mais il y avait un écueil plus difficile à surmonter : l’Opus Dei, comme il a été précisé, serait approuvé conformément aux normes générales des dites formes nouvelles. La préparation de ces normes (qui deviendraient par la suite la Const.Apost. Provida Mater Ecclesiæ) était confiée à Arcadio Larraona, sous-secrétaire de la congrégation, écrasé de travail. Une fois ce travail achevé, il le soumettrait à l’approbation du Congresso pieno de la Congrégation des Religieux et, par la suite, à l’approbation du pape qui comptait le promulguer en tant que motu propio (14). Ce n’était qu’après cela que l’on pourrait accorder le Decretum laudis à l’Opus Dei. Le travail avançait lentement étant donné la difficulté et la transcendance de l’affaire : il s’agissait de faire que des institutions de nature très différentes rentrent dans un même cadre et le sous-secrétaire examinait toutes ces questions très méticuleusement.

Del Portillo rencontrait Larraona pratiquement tous les jours, mais à un moment donné il réalisa qu’il ne pouvait pas en faire davantage : son insistance ne produisait aucun résultat. Le seul atout possible était l’intervention du Fondateur lui-même. Après avoir beaucoup réfléchi, Alvaro del Portillo décida de la lui demander(15).

Ce fut une décision difficile à prendre parce qu’il connaissait son piètre état de santé, mais il ne voyait pas d’autre issue que celle-là. Josémaria Escriva de Balaguer comprit tout de suite que ce voyage était nécessaire et après avoir eu l’avis favorable des membres du Conseil Général de l’Opus Dei, il l’entreprit, accompagné de José Orlandis (16). Après une traversée houleuse de Barcelone à Gènes, il arriva à la Ville Éternelle, le 23 juin 1946, à la tombée du jour. Alvaro del Portillo évoquait très bien ce moment-là :

Nous avions sous-loué quelques pièces dans un appartement au dernier étage de l’immeuble du n° 9 de la place de Città Leonina, avec une terrasse d’où l’on voyait la Basilique Saint-Pierre et le Palais pontifical. Lorsqu’il fut sur cette terrasse et qu’il perçut les pièces occupées par le Vicaire du Christ, le Père voulut y rester un moment pour s’y recueillir en prière, alors que les autres, fatigués par ce voyage si accidenté, se retiraient pour se reposer. Poussé par son amour du Pape et ému à l’idée d’être si près de son logement, le Père demeura sur cette terrasse toute la nuit, à prier, en faisant fi de la fatigue du voyage, de son manque de santé, de la soif terrible que sa maladie provoquait et des contre-temps de sa traversée en bateau (17).

Nous l’avons déjà signalé, l’urgence d’accélérer l’approbation pontificale de l’Opus Dei était l’objectif principal de ce voyage, mais non pas le seul. Bien évidemment, saint Josémaria souhaitait, si possible, rencontrer le Pape. L’amour qu’il vouait au Romain Pontife était grand, c’est bien connu, et il le montra durant sa première nuit de prière dans la Ville Éternelle. Il voulait aussi obtenir des indulgences et certains privilèges à caractère liturgique ou dévotionnel, non seulement pour leur valeur en soi, qu’il appréciait tant, mais aussi parce qu’ils seraient la preuve que le Saint-Siège reconnaissait implicitement la bonté de l’esprit de l’Opus Dei. Par ailleurs, il cherchait aussi à se procurer des reliques des martyrs romains, poussé par sa dévotion envers les premiers chrétiens et voulant renforcer dans l’Œuvre l’unité avec le Siège de Pierre, c’est-à- dire la romanité de l’Opus Dei. En 1946, l’Œuvre était suffisamment connue et appréciée par de nombreux évêques et ecclésiastiques espagnols, mais, comme étant une institution catholique aspirant à une diffusion universelle, le fondateur voulait la faire connaître à la Curie Romaine. Les contacts surgis au fil des démarches furent une bonne occasion pour expliquer la réalité nouvelle de l’Opus Dei à pas mal d’ecclésiastiques et à d’autres personnes.

Dès avant ce voyage, saint Josémaria avait décidé d’ouvrir un centre de l’Opus Dei à Rome et on y cherchait une maison appropriée. Son séjour dans la Ville Éternelle, nous aurons l’occasion de le voir, l’y encouragea encore davantage et l’aida à avancer aussi dans ce sens.

Nous verrons tout cela par la suite, au fur et à mesure que nous parlerons des personnes avec lesquelles Josémaria Escriva de Balaguer eut des contacts à Rome, à commencer par Pie XII et mgr Montini.

LE FONDATEUR DE L’OPUS DEI AVEC PIE XII ET MGR MONTINI

Saint Josémaria, nous l’avons évoqué, vouait un grand amour au Pape et avait entretenu, toute sa vie durant, le désir de le rencontrer. Il avait écrit en Chemin : «Catholique, Apostolique, Romain ! – J’apprécie que tu sois très romain. Que tu aies le désir de faire « ton pèlerinage « videre Petrum », pour voir Pierre » (18). Le voyage qui nous occupe était ainsi l’accomplissement de ce rêve : voir le Pape, être avec lui. Quelques jours après son arrivée, il reçut une bénédiction autographe de Pie XII : Alvaro del Portillo l’avait demandée auparavant à Giovanni Battista Montini, sachant combien le fondateur allait être touché par ce geste (19).

Voici le texte :

« Pour notre fils bien-aimé/ José Maria Escriva de Balaguer/ Fondateur de la Société Sacerdotale/ de la Sainte-Croix et de l’Opus Dei/ avec une Bénédiction spéciale/ 28 juin 1946/ Pius pp. XII». José Orlandis rapporta ainsi cela aux directeurs de l’Œuvre en Espagne : « La bénédiction est toute manuscrite par le Pape au dos d’une image à son effigie, scellée du sceau personnel de sa Sainteté […]. Ces bénédictions entièrement manuscrites, le pape ne les accorde à presque personne. Vous pouvez imaginer l’énorme joie du Père » (20).

Ce fut une grande consolation pour saint Josémaria : « J’ai un autographe du Saint-Père, écrivait-il, pour « le Fondateur de la Société Sacerdotale de la Sainte- Croix et de l’Opus Dei ». Quelle immense joie ! Je l’ai mille fois embrassé » (21).

Par ailleurs, sur une autre lettre, il reprenait : « Hier, on m’a apporté un autographe du Saint-Père où il parle de notre Opus Dei : il s’adresse à ce pécheur –il s’agit d’une bénédiction comme vous pouvez le voir- en tant que fondateur de l’Œuvre. Je l’ai mille fois embrassé. Priez pour ma future visite au Pape » (22).

Mais avant de parler de cette première audience de saint Josémaria avec Pie XII, il nous faut évoquer mgr Montini, qui permit que cela eût lieu.

Montini: «la première main amie » à Rome

Giovanni Battista Montini, futur pape Paul VI, était, depuis le 17 décembre 1937, le substitut de la Sécrétairerie d’État (sostituto per gli Affari

Ordinari). En 1946, il était considéré –avec Domenico Tardini, segretario per gli Affari Ecclesiastici Straordinari– comme le plus étroit collaborateur du Pape puisque la figure du cardinal secrétaire d’État n’existait pas encore (23).

Il connaissait l’Opus Dei de longue date. Le 15 janvier 1943, alors que José Orlandis et Salvador Canals attendaient que le pape les reçoive, mgr Montini s’approcha d’eux et s’entretint quelques instants avec eux. L’Opus Dei était connu à la Sécrétairerie d’État (24), mais c’était la première fois que ce jeune monseigneur avait un contact personnel avec des membres de cette institution. Quelques mois plus tard, le 17 juin, il s’entretint longuement avec Alvaro del Portillo et en 1945, il eut deux longues conversations avec Orlandis et Canals (25). Dans ces entretiens mgr Montini montra un intérêt croissant pour le phénomène pastoral de l’Opus Dei. Et ce qu’il dit à ces deux jeunes professeurs n’était pas un propos de circonstance : « L’Œuvre a une mission transcendentale pour laquelle le Seigneur l’a suscitée […] et elle est un véritable espoir pour l’Église » (26).

Les questions pointues qu’il posa lors du deuxième entretien en 1945 au sujet de la formation, de la vie de piété et des modes d’apostolat –surtout parmi les intellectuels- révèlent le regard de l’expert qu’était mgr Montini. Il connaissait, de première main, les besoins d’une pastorale de la culture et de l’apostolat laïc puisqu’il avait intensément travaillé à la FUCI (Federazione Universitaria Cattolica Italiana) (27).

On trouve dans la pensée de mgr Montini, voué à l’apostolat universitaire, des points de convergence avec une spiritualité comme celle de l’Opus Dei, qui conciliait la recherche d’une intense vie intérieure, sans piétisme, avec une solide formation doctrinale, avec l’amour des réalités terrestres et du travail que le laïc est appelé à sanctifier. L’autre trait commun était l’importance accordée à imprégner les intellectuels de cet esprit-là, étant donné l’influence qu’ils ont sur le reste de la société. Mgr Montini était convaincu du besoin de l’unité spirituelle de l’intellectuel catholique, sans compartiments étanches dans son âme, la foi d’un côté, la culture de l’autre, sans scinder la foi et la vie. Mgr Montini avait toujours eut cet idéal, ancré dans son histoire personnelle et familiale (28).

Orlandis résume ainsi cette deuxième conversation de 1945 : « Sans aucun doute, le Seigneur a conquis mgr Montini à l’Œuvre : c’est un saint et à Rome, il sera vraiment quelqu’un de providentiel » (29).

Alvaro del Portillo eut un entretien avec le substitut le 28 mars 1946 et un autre, le 12 juin. Ce dernier fut une longue audience au cours de laquelle, —d’après le récit écrit d’A.del Portillo lui-même—, Giovanni Battista Montini montre encore une fois « son enthousiasme pour l’Œuvre et son intérêt pour le déroulement des démarches du Decretum Laudis, qui « doit paraître tout de suite, dit-il, parce que toute la Hiérarchie nous regarde avec une réelle affection » » (30). Ce fut à cette occasion-là qu’Alvaro del Portillo lui demanda la bénédiction autographe du pape qui réjouirait profondément le fondateur. Dès que mgr Montini apprit l’arrivée à Rome de Josémaria Escriva de Balaguer, il manifesta son désir « se s’entretenir longuement avec le Père » (31).

L’audience fut fixée le 8 juillet. Alvaro del Portillo laissa une trace de cette rencontre dans un récit que nous aurions du mal à ne pas citer :

À 18h15, après avoir beaucoup prié pour cela, le Père part au Vatican. Je l’accompagne. Nous nous présentons et immédiatement mgr Montini vient nous accueillir. Il déborde d’affection. La conversation dure près de trois quarts d’heure. À certains moments, mgr Montini est vraiment touché, les larmes aux yeux. Il comprend tout parfaitement. Il nous offre ses services pour tout ce qui sera nécessaire : il nous demande de dresser la liste de ce que nous voulons et de la lui envoyer. Il avoue que c’est un jour de grande joie pour lui qui, bien entendu, n’a pratiquement que les souffrances de l’Église devant ses yeux : des persécutions, des scandales, des zones énormes du monde où on ne peut pas dire une seule Messe… De ce fait, il est si heureux aujourd’hui, avec tant de bonnes nouvelles et en constatant d’aussi grands désirs de servir et d’aimer l’Église.

Il ajoute qu’il a travaillé auparavant avec des universitaires mais sans jamais atteindre les fruits qu’il constate dans l’Œuvre.

Quand, à la fin, le Père lui demande sa bénédiction, il est tellement ému qu’il lui repond en le tutoyant : « C’est plutôt toi qui dois me la donner à moi ! »

- Il va demander l’audience avec le Saint Père. Avant de le quitter, il nous dit très souvent qu’il doit parler davantage avec le Père, avant son retour en Espagne. Le Père lui dit à trois ou quatre reprises qu’il s’adressait à lui en toute liberté et confiance, comme un fils : mgr Montini ajoutait toujours : « Non, plutôt comme un confrère ! » - Le Père en tire une très bonne impression et en est très content (32).

Bien longtemps après, en pensant sans doute à cet entretien, le fondateur de l’Opus Dei affirmait : « La première main amie que j’ai trouvée ici, à Rome, fut celle de monseigneur Montini ; les premiers propos affectueux pour l’Œuvre entendus à Rome, ce furent les siens » (33).

Le 20 août, Alvaro del Portillo le retrouva encore. Nous n’avons rien trouvé sur cet entretien dont nous ne connaissons pas le contenu. Nous savons que probablement, A. del Portillo demanda au substitut de la Secrétairerie d’État s’il était opportun de présenter une demande signée par lui —au nom de l’Opus Dei—, pour que le fondateur fût nommé protonotaire apostolique ad instar (34)

Le texte de la demande montre que cette dignité pontificale mettrait en exergue la sécularité du fondateur et des prêtres de l’Opus Dei. En effet, ce type de nomination honorifique n’était accordé qu’à des prêtres séculiers. En toute logique, ce raisonnement, lié aux démachers pour l’approbation pontificale, était étayé par les mérites de mgr Escriva de Balaguer au service de l’Église. La demande fut présentée à la Chancellerie des Brefs, le 21 août, avec l’avis favorable de la Sacrée Congrégation des Religieux (35).

A.del Portillo note bien, sur la copie de ce document que nous conservons dans l’AGP, que saint Josémaria n’était pas au courant de cette initiative et que par la suite, quelques mois plus tard, lorsqu’il fut nommé prélat domestique de Sa Sainteté, il essaya de refuser cette nomination (36).

Nous n’avons aucune nouvelle de ce qui se passa lors de la dernière audience de mgr Escriva avec mgr Montini, le 21 août. Sans doute, mgr Escriva prit congé de lui puisqu’il allait regagner bientôt l’Espagne (37).

L’accueil de Pie XII

Les bons offices du substitut permirent au fondateur de l’Opus Dei de rencontrer Pie XII le 16 juillet. L’audience eut lieu à midi moins le quart et rien n’a filtré de ce s’y passa puisque le fondateur n’en a laissé aucune trace.

Ce qu’en dit le Journal de Città Leonina est laconique: «À midi moins le quart, le Saint-Père reçoit le Père. Très contents ! Le P. Perez, S.J., speaker à Radio Vatican, dans une longue dépêche aux termes très élogieux, parle des activités du Père et du grand développement de l’Œuvre. L’Osservatore Romano, Le Quotidien et toute la presse d’Espagne reproduisent cette nouvelle » (38).

La dépêche avait été rédigée par A. del Portillo (39), mais le P.Perez la trouva trop succincte et en fit une plus longue (40).

À cette occasion-là, Pie XII eut le loisir de connaître personnellement le fondateur de l’Opus Dei dont il avait entendu parler. Nous savons que ce furent José Orlandis, déjà professeur titulaire, et Salvador Canals, doctorant, qui lui en avaient parlé lors de l’audience qu’il leur avait accordée le 15 janvier 1943 (41).

Le mathématicien Francisco Botella — un des plus anciens membres de l’Œuvre—, lui en avait aussi parlé, avec force détails, le 21 mai 1943. Ceci dit,

ce fut avec Alvaro del Portillo que le Saint-Père eut les entretiens les plus imporants.

Le Pape avait reçu, le 4 juin 1943, A. del Portillo, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, à l’époque, à l’occasion du voyage qu’il fit à Rome pour le nihil obstat à l’érection diocésaine de la Société Sacerdotale de la Sainte-Croix.

À cette occasion-là, del Portillo lui avait bien fait comprendre que la nature de l’ Œuvre n’était pas « une sorte d’Action Catholique », mais que ses membres vivaient dans un « don de soi total », une vocation particulière au service de l’Église, sans être des religieux. Par la suite, Alvaro del Portillo, déjà prêtre, fut reçu le 3 avril 1946, comme nous l’avons déjà évoqué.

«Le Saint-Père a montré toute son affection, lit-on dans le Journal écrit par Orlandis, il est très au courant de tout le développement de l’Œuvre et a promis de prier tous les jours pour le Père, en ajoutant qu’il n’a jamais cessé de le faire depuis qu’il y a trois ans, il s’y était engagé »(42).

Le 14 mai 1946, le saint-père avait accordé une autre audience à Florentino Perez Embid, historien. Même si, comme Florentino l’avoua par la suite, il s’embrouilla dans les réponses aux questions que le pape lui posa, il s’agit alors aussi d’une preuve supplémentaire de l’intérêt de Pie XIII qui tenait à en savoir davantage sur cette vie des membres de l’Opus Dei qui s’appuyait sur un engagement durable et profond alors que ses membres n’étaient pas des religieux (43).

Pie XII eut ainsi des nouvelles directes de la bouche de ces membres de l’Œuvre. Mis à part d’autres questions abordées lors de ces rencontres, en voici les points forts: les membres de l’Opus Dei que rencontra Pie XII étaient des professeurs titulaires, ou des enseignants, à l’université, à l’exception d’Alvaro del Portillo, ingénieur des Ponts-et-Chaussées. En tout état de cause, il s’agissait de personnes d’un fort niveau intellecutel, dont l’apostolat se déroulait en milieu universitaire. Un autre aspect important, sur lequel le Pape voulait être éclairé : les membres de l’Opus Dei vivaient un don de soi total, dans un engagement total alors qu’ils étaient des séculiers ne voulant pas être assimilés aux religieux.

Pío XII eut sûrement d’autres nouvelles indirectes, par mgr Montini qui avait reçu Alvaro del Portillo, Orlandis et Canals, et par Gaetano Cicognani, nonce en Espagne qui appréciait beaucoup mgr Escriva et l’Œuvre (44).

Giovanni Calleri, conseiller à la Nonciature de Madrid était ami du fondateur. Par ailleurs Manuel Fernadez-Conde qui était minutante à la Sécrétairerie d’État et dont nous aurons l’occasion d’en parler, était aussi un autre bon ami de l’Œuvre. Maximiliano Canal Gomez, dominicain, parla aussi de l’Opus Dei à Pie XII en 1944. Le souverain pontife dit alors a Canals qu’il bénissait de ses deux mains, le fondateur, les membres, les bienfaiteurs et les amis de l’Œuvre (45).

Pie XII notait bien que cette nouvelle institution réalisait non seulement un apostolat intéressant parmi les intellectuels— qui travaillaient dans des institutions laïques, de l’état ou d’initiative privée— mais qu’elle arrivait en faire des personnes totalement vouées à Dieu, en les dotant d’une intense vie de prière et d’une solide formation chrétienne. On imagine alors l’intérêt que ce phénomène déclencha aussi bien chez le Pape que chez mgr Montini, son bras droit, comme nous l’avons déjà précisé.

Dans ce sens, la confidence que Pie XII fit en 1946 à Aurelio M. Escarré, abbé coadjuteur de Montserrat, est révélatrice : « Lors de la dernière audience qu’il eut avec le Pape, après que celui-ci lui eût dénombré la série de faits amers que connaissait l’Église en ces années-là, il lui dit textuellement : « l’Opus Dei est l’une des petites consolations que j’ai dans mon pontificat » (46)

Tout compte fait, l’on réserva à l’Opus Dei un accueil très favorable au Saint-Siège. Après le voyage dont nous parlons, le fondateur écrivit : « Quand je vais au Vatican et que je vois combien et à quel point ils nous aiment, je bénis mille fois le Seigneur pour tout ce que nous avons souffert. Il est sûr et certain que cette croix-là nous a conduits à cette résurrection » ; et il ajoutait quelque chose que mgr Montini lui avait confiée : « D’ordinaire, le Pape ne reçoit que les nouvelles désagréables de ce qui se passe dans l’Église. Aussi, est-il profondément consolé par ce qu’il sait sur l’Opus Dei. Et mgr Montini d’ajouter : « Et moi aussi j’apprécie beaucoup connaître ces bonnes choses » (47).

À la fin de l’année 1946, après la seconde audience qu’il eut avec Pie XII, le fondateur écrivit au nonce en Espagne : « Le Saint-Père m’a reçu en audience privée : l’affection qu’il porte à notre Opus Dei est incroyable » (48).

Ceci ne veut pas dire que tout était doux au Vatican pour Josémaria Escriva.

Des faits désagréables et des déceptions étaient aussi au rendez-vous. Il assurait ainsi :

« C’est à Rome que j’ai perdu mon innocence » pour dire que le contact avec les hommes avait fait que son amour pour le Siège de Pierre soit moins humain, moins enthousiaste, mais plus solide (49) :

J’ai trouvé à Rome tant de bonnes gens, écrivait-il dans l’une de ces lettres, tant de saints prêtres, tant de prêtres illustres et cultivés : aussi, je ne saurais partager ce dicton qui me semble être un aphorisme gênant : Roma veduta, fede perduta. Je serais plutôt porté à le corriger en disant : Roma veduta, fede tuta [sic]. Mon amour de l’Église n’a fait que grandir. J’ai désormais un amour plus théologique de l’Église et du Pape, moins affectif, sans doute, mais plus fort, plus réel (50).

RELATIONS TISSÉES À L’OCCASION DE L’APPROBATION PONTIFICALE

En raison du travail essentiel qu’il était venu faire pour obtenir le Decretum laudis, Josémaria Escriva de Balaguer et ses collaborateurs eurent des contacts fréquents avec les membres de la Congrégation compétente dans ce domaine (51). Nous avons considéré que le seul organisme du Vatican en mesure de doter une institution d’un régime universel était bien la Sacrée Congrégation des Religieux (52).

Dépendre de cette congrégation n’était pas commode parce que les membres de l’Opus Dei n’étaient pas des religieux, qu’ils ne voulaient pas l’être, ni être confondus avec eux or c’est ce que ce rattachement promettait à la longue.

Le fondateur se trouvait en équilibre instable. D’un côté, il y était formidablement bien reçu, de l’autre, il comprenait que la place désignée n’était pas appropriée. Aussi, faut-il parler de deux personnages clé de cette congrégation concernant notre histoire : Arcadio Larraona et Siervo Goyeneche.

Goyeneche et Larraona: deux personnages parallèles

Siervo Goyeneche et Arcadio Maria Larraona avaient plusieurs points communs : ils étaient clarétiens tous les deux, professeurs et juristes, ils travaillaient à la Sacrée Congrégation des Religieux. Pratiquement du même âge, ils étaient tous les deux originaires de la Navarre. Ils étaient logés dans la même maison, celle de la curie générale des Clarétiens, 131, Via Giulia, à l’époque.

Tous les deux appréciaient l’Opus Dei dont la demande du nihil obstat pour l’érection diocésaine était arrivée sur leur bureau en 1943. Ils y avaient été très favorables (53).

Né à Miranda de Arga en 1886 (54), Goyeneche avait été professeur à la Faculté Romaine de Droit Canonique de Sant’Appolinare, installée par la suite près de la Basilique Saint-Jean-de-Latran et devenue de nos jours l’Université Pontificale Saint-Jean-de-Latran. Il s’était investi à fond dans la Sacrée Congrégation des Religieux où il était président de la commission pour la revision et l’approbation des constitutions des nouveaux instituts. Goyeneche était très attaché aux deux membres de l’Opus Dei qui se trouvaient à Rome depuis 1942 : José Orlandis et Salvador Canals. Il fut leur confesseur durant la guerre et Orlandis le décrivit ainsi : « C’est l’une des personnes les plus intelligentes et les meilleures que j’ai connues » (55).

Josémaria Escriva et Goyeneche se sont rencontrés à Madrid, en décembre 1945. Goyeneche appuyait la concession du Decretum Laudis mais il avait une opinion juridique différente de celle de Larraona (56).

En effet, le Pape penchait pour l’option de Larraona, mais Goyeneche n’était pas facile à convaincre. Aussi, les membres de l’Œuvre décidèrent-ils d’éviter toute polémique avec lui (57).

Arcadio María Larraona, né à Oteiza de la Solana en 1887, ordonné prêtre en 1911, s’installa peu de temps après à Rome pour faire du Droit Canonique et Civil à l’Apollinare où il obtint un doctorat dans chacune de ces disciplines. En 1916, alors qu’il était encore étudiant, il participa à l’élaboration du Code de Droit Canon avec Felipe Maroto, clarétien aussi et juriste de grande renommée. Larraona qui occupa des postes importants au Saint-Siège fut créé cardinal par la suite (58).

En 1946, lorsque del Portillo présenta sa demande pour l’obtention du Decretum Laudis, Larraona le prévint : l’affaire des nouvelles formes en avait pour longtemps. L’insistance d’Alvaro del Portillo et l’intérêt du Pape à accorder une approbation à l’Opus Dei poussèrent ce clarétien à s’investir à fond dans ce travail, mais il avançait lentement.

Goyeneche fut accueilli le 24 juin, premier jour de saint Josémaria à Rome, à l’appartement de Città Leonina (59). Larraona y alla l’après-midi. Voici ce qu’Orlandis, qui tenait le journal, nota sur cette visite : « Larraona est très impressionné et prêt à agir et à secouer le calme romain. Le Père lui manifeste qu’il aimerait avoir le Seigneur chez nous et Larraona lui dit qu’il fera tout son possible tout de suite » (60).

En effet, ce clarétien accéléra la cadence et obtint vite l’autorisation de réserver le Saint-Sacrement à la maison, comme Josémaria le lui avait demandé. Il accepta aussi de s’isoler en dehors de Rome durant quelques jours avec ceux de l’Œuvre pour se concentrer sur ce travail : du 13 au 15 juillet, ils s’installèrent à Fiuggi, station thermale connue (61).

Revenus à Rome, Alvaro del Portillo et Salvador Canals l’aidèrent à ranger des documents, à taper des copies à la machine, etc. Par ailleurs, ils l’accueillirent les après-midi à Città Leonina pour qu’il travaille dans le calme (62).

Canals note ceci dans le Journal : « Le P.Larraona avoue que sans notre aide il lui aurait fallu deux ans pour ce travail mais, que Dieu aidant, il sera fin prêt pour l’Assomption » (63).

Le 20 juillet la position des nouvelles formes était terminée et la session plénière du congrès put s’y pencher le 23 juillet, trois jours plus tard.

Ce furent de lourdes journées de travail pour saint Josémaria qui notait sur son ordo : « Il y a une infinité de choses que je ne consigne pas. On déploie tous les moyens pour le decretum » (64) ; « on n’arrête pas ; beaucoup de mouvement » (65) ; « beaucoup de visites et de paperasserie. Et beaucoup de providences de Dieu Notre Père » (66) ; « Nous regorgeons de doctrine canonique. Tous les jours des va-et-vient et des rendez-vous non consignés, etc. etc. Et des câlins du Seigneur » (67).

Le plein du congrès donna son accord, il ne restait plus qu’en réfèrer au Pape. Luigi Lavitrano, préfet de la congrégation, le ferait dans la première audience d’office (68).

Josémaria Escriva de Balaguer était très content, on pouvait en effet s’attendre à un dénouement heureux et tout proche :

Très contents de notre travail ici,—écrivait-il à ses enfants de Madrid deux jours plus tard—, mais il est indispensable d’arriver au bout ce qui semble très proche. Je crois que dans la deuxième semaine d’août Alvaro et moi nous pourrons rentrer, en ayant tout bouclé. Pacience donc et continuez de beaucoup prier pour notre travail (69).

On avait surmonté l’obstacle apparemment le plus dur et il ne restait qu’à préparer les documents nécessaires pour que la congrégation, en session plénière du congrès, accorde le Decretum Laudis à l’Opus Dei. La position pour cette seconde démarche était étayée de beaucoup de lettres commendatices de cardinaux et d’évêques appuyant cette approbation (70)

Dans l’intervalle, Larraona devait achever encore une relation explicative sur les nouvelles formes à présenter au Saint-Père. Il ne restait plus que l’entretien de Lavitrano avec le Pape qui était disposé à approuver le tout rapidement.

Luigi Lavitrano

Luigi Lavitrano (71) n’était préfet que depuis moins d’un an. Ce n’était pas un religieux ni un homme de Curie bien qu’il ait été consultant de quelques dicastères avant d’être nommé évêque dans un diocèse. En tant qu’évêque, il s’était fait remarquer pour son talent pastoral et son souci pour les démunis, aux diocèses de Campania et de Sicile. Archevêque de Palerme durant dix-sept ans, les habitants de cette ville évoquaient, avec reconnaissance, son travail humanitaire durant la Seconde Guerre Mondiale. Ceci étant, il n’était pas un technicien en questions juridiques mais plutôt un homme sensible à la réalité pastorale et aux circonstances religieuses et politiques, très délicates, que l’Italie traversait à l’époque. Dès qu’il apprit que Josémaria Escriva était à Rome, il tint à vite faire sa connaissance (72). L’entretien eut lieu le 22 juillet, à la veille de l’examen sur les nouvelles formes dans la session plénière du Congrès de la Congrégation. Lavitrano habitait Villa San Francesco, au quartier du Parioli. Salvador Canals résume ainsi cet entretien :

Le Père lui présente l’omaggio de l’Œuvre, ce dont le Cardinal est très reconnaissant. Alvaro, encouragé par le Père, lui parle des beaux fruits déjà récoltés, de l’important développement de l’Œuvre, et en passant, de la persécution que nous avons subie et, finalement, de la nécessité d’obtenir, au plus vite, le Decretum Laudis.

Le Cardinal écoute avec complaisance et semble très (contents) (content) de ses nouveaux sujets qui ne portent pas la soutane. Il nous dit que la première commission sur l’affaire générale des nouvelles formes se réunira demain et que, par la sutie, on pourra procèder à l’examen de nos Constitutions. Il ajoute qu’il ne les a pas encore vues et qu’il aimerait en recevoir un exemplaire. Le Père lui remet des exemplaires de ses publications et il prend congé de nous (73).

Comme nous l’avons dit, le résultat des deux séances du Congresso pieno sur les nouvelles formes, le 23 et le 25 juillet, fut positif. Restait en suspens la question du Decretum Laudis avec l’examen des constitutions. A.del Portillo et Canals rencontrèrent encore Lavitrano le 26 juillet :

L’après-midi Alvaro [del Portillo] et moi avons retrouvé le Cardinal Lavitrano à Villa San Francesco. Nous lui avons remis, et Alvaro la lui a commentée, une note très courte, en italien, sur la fin, le développement, le personnel et les activités de l’Œuvre. Le Cardinal nous écoute attentivement et pose quelques questions. Il nous bénit et son secrétaire dont nous sommes devenus très amis, nous dit lorsque nous partions que le Cardinal est très content et prêt à nous aider : « il m’a parlé de vous à plusieurs reprises » ajoute-t-il (74).

Tout semblait aller sur des roulettes et voilà que trois jours plus tard, le 29, on remit au Cardinal un exemplaire de la position que le Congrès allait examiner. Il y avait les constitutions avec d’autres documents et une copie de plus de soixante lettres d’évêques, recommandant le Decretum Laudis pour l’Opus Dei (75).

Le cardinal avait plusieurs jours devant lui pour étudier ces documents puisqu’on pensait que le congrès aurait lieu le 6 août, s’il n’y avait pas de problème (76).

Les membres de l’Opus Dei étaient très optimistes et pensaient que l’accord du Decretum Laudis coulait de source : tout le monde semblait être favorable. Or, le 3 août, après avoir passé quelques jours à Fiugi avec ceux de l’Œuvre, Larraona s’entretint avec Lavitrano, très réticent : il était plus opportun d’attendre quelques mois encore avant d’accorder cette approbation. On exprimait cela en latin : post aquas ! c’est-à-dire, après l’été, période où l’on partait en cure, pour se reposer dans un balnéaire (77).

De Angelis, prélat de la Curie très ami de Lavitrano et de ceux de l’Œuvre essaya de le convaincre, en vain. Le cardinal était décidé à tout reprendre post aquas, à l’automne. Canals note : « Au fur et à mesure que la date du Congrès approche, la peur de s’engager grandit chez le cardinal » (78).

Malgré tout, Lavitrano avait assuré « qu’il ferait tout son possible pour les satisfaire (79). Les membres de l’Opus Dei priaient beaucoup et travaillaient, « Et bien, si ça ne marche pas, concluait Canals, ça veut dire que ça ne convient pas ! C’est l’esprit que nous a transmis le Père » (80).

Le cardinal proposa un rendez-vous à Larraona et à A.del Portillo le 4 août. Tous les deux pensèrent l’avoir convaincu après cet entretien : « il semble que tout s’arrange » nota saint Josémaria sur son ordo (81).

Mais c’était une fausse impression : Lavitrano ne changea pas d’avis, comme il le fit comprendre quelques jours plus tard. « Le cardinal est très bien disposé, il vous apprécie beaucoup, —expliquait Larraona aux membres de l’Opus Dei—, croyez-moi, il semblait triste et soucieux d’avoir fait ce pas-là. Le cardinal lui a dit : je suis prêt à écrire une lettre d’éloges et à la signer de ma main, pour approuver leur but, leur travail et leur développement, mais concernant le décret, je préfère que ce soit « post aquas » (82).

Ce fut une déception que ceux de l’Œuvre encaissèrent avec esprit surnaturel. Le lendemain, 9 août, del Portillo et Canals allèrent voir le préfet (83) : « Le Cardinal [Lavitrano] arrive tout souriant et très affectueux : Alvaro lui dit que nous venons au nom du Père pour le remercier pour tout ce qu’il a fait pour nous. « Nous sommes très contents, ajoute Alvaro, avec la décision de Votre Excellence qui a la lumière du Seigneur pour savoir ce qu’il convient le plus de faire ». Le Cardinal apprécie beaucoup ces propos et s’intéresse ensuite à la santé du Père […]. L’entretien cordial est réellement plein d’affection. Avant la fin, il nous a dit que comme le decretum laudis n’a pas pu sortir, il allait nous accorder de très bon gré une lettre d’éloges, signée de sa main, en tant que préfet de la Congrégation « (84).

Après tout, cette lettre élogieuse était un résultat : elle permettait ainsi qu’on ne rentre pas en Espagne les mains vides, en donnant la fausse impression que le Saint-Siège n’avait pas voulu approuver l’Œuvre. Aussi bien Larraona que Lavitrano pensaient qu’en novembre ou décembre, « sans empressement » sans forcer les choses, le Decretum Laudis pourrait être prêt (85).

Le titre de cette lettre, datée du 13 août 1946 est Brevis Sane (86).

Voici le commentaire du fondateur à ce sujet : « Le Seigneur voulut que l’an dernier j’obtienne du Saint-Siège, à travers le vénérable Cardinal Lavitrano, un document que normalement on ne délivrait plus depuis plus d’un siècle : la Lettre ou le Décret de louange des fins. Ils ont sans doute compris qu’il fallait que nous ayons tout de suite quelque chose d’écrit, pour nous défendre : en effet, la raison principale de l’obtention d’une approbation de Rome, même si à ce moment-là elle n’était pas celle que nous aurions voulue, n’était autre que la réalité de nous voir si durement persécutés. Aussi, nous sentions-nous protégés pour défendre la vérité objective » (87)

Luca Ermenegildo Pasetto

Luca Ermenegildo Pasetto était le secrétaire de la Congrégation des Religieux (88). Après Larraona, Pasetto fut la personne de la Curie qui fréquenta le plus J.Escriva de Balaguer et les membres de l’Opus Dei durant cet été-là (89)

Le 25 juin, deux jours après l’arrivée de saint Josémaria à Rome, Alvaro del Portillo était allé le voir pour le remercier d’avoir autorisé si rapidement que l’on ait le Saint Sacrement à la maison, ce que saint Josémaria avait demandé à Larraona. C’était le fervent désir du fondateur qui pensait que l’Opus Dei n’était installé nulle part avant de n’avoir un tabernacle. Alvaro del Portillo, de la part de saint Josémaria, lui proposa de consacrer le premier calice pour cet oratoire. Pasetto le fit de très bon gré et ils fixèrent un rendez-vous le soir même, chez eux. Orlandis tenait alors le journal : « L’affection du Cardinal [Larraona] et celle de mgr Pasetto sont providentielles. En effet, ce dernier a la renommée d’être très sévère et comme il a été longtemps visiteur apostolique de multiples communautés de religieuses celles-ci se disent : « “Gesù nostro benedetto, liberaci di Monsignor Pasetto”. En revanche, il s’est mis en quatre pour nous » (90).

Pasetto était devenu célèbre après une visite faite à San Giovanni Rotondo en 1933, pour étudier l’affaire du père Pío de Pietrelcina. Pasetto, très bon capucin, était quelqu’un de perspicace et très expérimente : à cette occasion-là, il lui suffit d’une conversation avec le Padre Pio, pour comprendre qu’il se trouvait devant un religieux extrêmement humble et docile, un homme de prière et totalement voué à Dieu.

Pie XI, qui l’avait chargé de faire cette délicate recherche, changea d’avis sur le saint de Pietrelcina grâce au rapport de Pasetto, et mit un point final à l’injuste situation où ce prêtre se trouvait (91).

Probablement, Pasetto eut l’intuition que Josémaria Escriva était aussi un homme de Dieu. Il ne se doutait pas bien évidemment que le fondateur de l’Opus Dei et le Padre Pio seraient canonisés la même année, en 2002, devant une multitude de fidèles, place Saint-Pierre. Le fait est que, comme le rapporte Orlandis, ce 25 juin 1946 après-midi, il montra une affection hors du commun : « L’entretien avec Pasetto est très cordial. Il déborde d’affection, tout attendri, il fait même des câlins au Père. Il consacre le calice et dit au Père qu’il veut le revoir fréquemment, il l’invite à aller souvent chez lui, il nous aime beaucoup, pour tout dire, un débordement de tendresse et, pour finir, la fameuse bénédiction franciscaine » (92).

A. del Portillo le rencontra quelques jours plus tard à la congrégation et écrivit : « Mgr Pasetto m’a parlé avec beaucoup d’affection du Père, m’a demandé que le Père aille le voir » (93). Ils se retrouvèrent encore le 16 juillet et l’entretien fut tout aussi cordial (94).

RELATIONS AVEC LA PÉNITENCERIE APOSTOLIQUE ET LA TROISIÈME SECTION DE LA SECRÉTAIRERIE D’ÉTAT (BREFS APOSTOLIQUES)

Avant de partir à Rome, Alvaro del Portillo avait été chargé par le fondateur d’obtenir différentes indulgences pour l’Opus Dei. Saint Josémaria vénérait ces bienfaits spirituels qu’il offrait très souvent pour les âmes du Purgatoire, dont il était très dévot. Par ailleurs, le fait que le Saint-Siège attache des indulgences à une pratique de dévotion par exemple, suppose qu’il émet un avis positif même s’il n’a pas encore accordé son approbation formelle. Cela l’encourageait donc dans ce sens. En effet, obtenir des indulgences attachées à des pratiques de piété vécues par les membres de l’Opus Dei, à des aspects déterminés de son esprit — tels le travail et l’étude sanctifiés— ou à des moments particuliers de la vie des membres,étaient déjà teinté d’une appréciation très positive de l’institution.

Il faut se rappeler que saint Josémaria devait montrer dans certains milieux que le Saint-Siège voyait l’Opus Dei d’un bon œil car on avait répandu toute sorte de mensonges calomnieux et on disait, entre autres, qu’il y avait au Vatican un climat de méfiance vis-à-vis d’Escriva de Balaguer et des membres de l’Opus Dei.

Le 27 juillet, saint Josémaria écrivait à ceux de Madrid :

À la Sacrée Pénitencerie on nous a accordé beaucoup d’indulgences. Qui plus est, elles sont in perpetuum (alors que nous ne nous y attendions que pour sept ans) et au moyen d’un Bref. Nous sommes donc à la fête. La Croix a 500 jours chaque fois qu’elle sera embrassée ou regardée en disant une jaculatoire. Vous pouvez les gagner dès maintenant. Dans ce Bref, il nous est accordé une indulgence plénière les jours de fête du Seigneur et de la Vierge, le 2 octobre, le 14 février, en la fête de S.Joseph et lorsque nous faisons l’Admission, l’Oblation et la Fidélité, à l’Opus Dei et à la Société Sacerdotale de la Sainte-Croix.

Nous sommes pratiquement sûrs d’avoir le privilège de célébrer la Sainte Messe à minuit, du 31 décembre au 1er janvier, du 13 au 14 février et du 1er au 2 octobre(95).

Ces privilèges et ces concessions à caractère liturgique et attachés aux dévotions (96) répondaient à des nécessités pratiques ou à des désirs de cultiver la piété eucharistique (97) ; mais d’autres privilèges, sollicités par A.del Portillo, étaient une déférence envers le fondateur. Telle était la possibilité de procèder à certains actes et bénédictions. Avec ce qu’elles signifiaient en elles-mêmes, ces grâces accordées étaient une façon supplémentaire de montrer la bienveillance du Vatican vis-à-vis de Josémaria Escriva de Balaguer.

Serafino de Angelis

Serafino de Angelis était assistant à la Pénitencerie

Apostolique, à la section des Indulgences (98). Suite aux démarches d’Alvaro del Portillo, en tant que procureur général de l’Œuvre et de Salvador Canals, il devint leur ami. Il disait que A. del Portillo était « «un Procuratore in gamba», un procureur à la hauteur (99). Quand il apprit que saint Josémaria était arrivé à Rome, il voulut vite le rencontrer (100). Orlandis note qu’après avoir fait sa connaissance, de Angelis disait à qui voulait l’entendre « “il Procuratore è in gamba ma il Fondatore è in gambissima”» (le procureur est à la hauteur mais le fondateur est plus qu’à la hauteur » (101).

De Angelis leur communica début juillet que beaucoup de ces indulgences leur avaient été accordées. Orlandis parle avec joie des « 500 jours pour chaque travail professionnel ou libéral entrepris en disant une jaculatoire »(102).

C’était une façon, sans précédents sans doute, de bénir la sanctification du travail qui est le noyau de l’esprit de l’Opus Dei. De Angelis remit le 27 juillet le décret sous la forme d’un bref (103) intitulé Cum Societatis et daté du 28 juin 1946, fête du Sacré Cœur de Jésus (104).

Avec les indulgences attachéés aux liberalia opera, une indulgence plénière était accordée aux dates d’incorporation temporaire ou définitive à l’Opus Dei. Tout cela mettait en exergue la bonté de cette vocation. Par ailleurs, d’autres indulgences étaient accordées lors de certaines fêtes liées à la vie de l’Opus Dei.

Saint Josémaria fut certainement très satisfait lorsqu’il apprit que le Saint-Siège bénissait avec des indulgences, comme l’avait déjà fait auparavant l’évêque de Madrid, une petite dévotion qui avait été l’objet de grossières calomnies : la croix de bois que l’on trouve dans les oratoires des centres de l’Opus Dei qui rappelle à ses membres qu’ils doivent aimer le sacrifice caché et silencieux.

La narratio de ce bref comprenait aussi une série de louanges des fruits que l’institution et le fondateur avaient atteints « pour la gloire de Dieu et le bien des âmes » (105). C’était un document qui permettait de comprendre que le Saint-Siège bénissait le message du fondateur et qu’il n’était pas l’hérétique que d’aucuns stigmatisaient.

Par ailleurs de Angelis intercèda pour l’Opus Dei auprès de Lavitrano, son bon ami, dans les circonstances auxquelles nous avons fait référence.

Domenico Spada

Domenico Spada, de la Chancellerie des Brefs, ne rencontra pas saint Josémaria lors de ce premier séjour (106). Avec l’obtention du bref Cum Societatis qui réjouit profondément saint Josémaria, il fallait arriver à ce que la Chancellerie des Brefs le prépare, par ces chaudes journées de l’été.

Cette démarche, note Canals, « n’était pas garantie à cause de la grande quantité de travail qu’ils ont et du peu de personnel dont ils disposent ». Cela mit à l’épreuve la ténacité et la sympathie d’Alvaro del Portillo et de Salvador Canals.

Après des incidents amusants, nous sommes devenus, ici aussi, très amis du Chancelier, Son Excellence mgr. Spada » (10), et du second (d)’à bord « l’Avvocato Milani » (108). Ils ont promis de faire tout leur possible pour que tout soit prêt dans quinze ou vingt jours. Avant de partir, Alvaro, avec le feu vert de mgr Spada, corrige certains points formels du décret que le Père n’aurait pas aimés. Nous prenons congé en pensant les revoir et leur apporter des petits souvenirs d’Espagne (109).

On rencontra fréquemment Spada durant le mois d’août pour l’encourager à finir ce travail. Ce fut fait, in extremis, le dernier jour du séjour à Rome du fondateur de l’Opus Dei qui eut la joie de pouvoir partir avec le Bref Cum Societatis. (110).

RELATIONS À L’OCCASION DE LA RECHERCHE D’UN SIÈGE À ROME

Avec les démarches liées à l’approbation pontificale, saint Josémaria consacra ses premières journées à Rome à installer un petit oratoire dans l’appartement de Città Leonina (111). Le lendemain de son arrivée, il demanda donc l’autorisation de réserver le Saint Sacrement dans leur Tabernacle et cela lui fut accordé très vite. Le fondateur était préssé d’avoir le Seigneur chez lui parce que, disait-il, il pensait « lui casser les oreilles », c'est-à-dire prier intensément pour les intentions qui l’avaient amené à Rome.

Pour cette installation on avait besoin de meubles et d’autres objets que l’on acheta ou que l’on fit venir d’Espagne (112). Finalement, au bout de plusieurs jours de courses et de travaux, José Orlandis écrivit le 3 juillet : «Nous avons dès aujourd’hui le Seigneur chez nous. Après avoir tout terminé hier, le Père l’a réservé ce matin : notre premier Tabernacle à Rome ! C’est-à-dire, notre première vraie maison à Rome » (113).

Ce qui caractérisa ce premier séjour romain de saint Josémaria ce fut le manque d’argent, ce qui, disons-le tout de suite, fut une situation assez courante durant ces annéés-là.

Les achats pour l’installation de la maison et de l’oratoire, la location d’une voiture indispensable pour les nombreuses démarches et rendez-vous quotidiens et d’autres frais concernant le travail réalisé, épuisèrent vite les petites ressources dont ils disposaient. Ils survècurent en demandant à leurs amis de Rome de leur prêter de l’argent et avec la petite somme que Salvador Canals avait réussi à épargner (114).

Avec toutes ces démarches et les travaux dont nous avons parlé, ils se consacrèrent aussi à chercher une maison pour s’installer définitivement à Rome. L’appartement de Città Leonina était très petit et saint Josémaria voulait avoir une maison suffisamment grande pour le siège de l’Opus Dei. On trouve déjà une trace de ce vœu très ancien dans ses notes Intimes de 1931 : « Je rêve de la fondation à Rome, — quand l’O.de D. sera bien en route—, d’une Maison qui soit comme le cerveau de l’organisation » (115).

Avant que le fondateur n’arrivât à la Ville Éternelle, ceux qui s’y trouvaient cherchaient déjà cette maison. Le problème était non seulement de trouver quelque chose d’approprié mais de pouvoir l’acheter alors qu’on n’avait pas d’argent. « Je suis nâvré de ne pas pouvoir vous envoyer le nécessaire pour acheter une maison là-bas! » (116), disait saint Josémaria, en Espagne, à ses enfants. Peu de jours après son arrivée à Rome, il demandait aux membres de l’Opus Dei en Espagne de lui envoyer du personnel et les affaires nécessaires pour l’installation d’un siège définitif (117), surtout les pesetas nécessaires :

« Ricardo, il faut préparer six-cent mille pesetas, de toute urgence aussi. Ici, avec notre gros souci financier, tout semble une folie. Cependant, il est indispensable d’acquérir une maison ici » (119).

Durant ces journées-là, saint Josémaria parcouru Rome à la recherche du lieu approprié (120). Il visita le quartier du Parioli (121), mais ne trouva pas l’actuelle Villa Tevere qu’ils ne localiseraient que quelques mois plus tard.

Avec l’immeuble approprié, il fallait un certificat du Vicariat de Rome pour être autorisés à l’acheter afin d’installer à Rome la Procure Générale de l’Œuvre et avoir un oratoire semi-public. La démarche ne semblait pas évidente étant donné la renommée de Francesco Marchetti Selvaggiani, cardinal vicaire de Rome (112).

Umberto Dionisi et Luigi Traglia

Le 24 août, Alvaro del Portillo et Salvador Canals se rendirent au vicariat avec une lettre de recommandation de Larraona, afin d’y déposer la demande correspondante.

En août et, qui plus est, un samedi, le Palais du Lantran était pratiquement désert. Par hasard, ils y trouvèrent un prêtre qui leur dit que Traglia, leur vice-gérant, était absent. Il serait là lundi.

Il nous demande de lui confier notre dossier, il en parlera au Vice-gérant qui est son grand ami, mais il nous prévient que vu le caractère spécial du Cardinal Vicaire, la chose ne va pas être évidente.

Nous avons passé un moment à bavarder avec ce monseigneur, Don Umberto Dionisi. Alvaro lui parle un peu de l’Œuvre et il comprend bien les choses (123)

Il était recteur de la Basilique Santa-Cecilia, dans le quartier populaire du Transtevere (124).

Pendant la guerre il avait fait partie de tous ceux nombreux prêtres et religieux qui sauvèrent la vie de milliers de juifs et de réfugiés persécutés par les nazis et par la Républque de Salo, en les cachant, les nourrissant, en leur procurant de faux documents, en les défendant au risque de leur vie (125).

Dionisi leur facilita grandement la tâche : dans un temps record, il leur obtint lundi le certificat tant souhaité. Saint Josémaria qui, comme la fois précédente, les avait attendus dans la voiture, en fut très touché : c’était un pas de plus dans cet enracinement à Rome dont il rêvait (126).

Pour le remercier, ils l’invitèrent à déjeuner quelques jours plus tard. Canals note que « le repas avec D.Umberto est fort intéressant et plein d’affection pour nous et pour l’Œuvre. Il fait désormais partie aussi de ces amis providentiels, sur qui nous pourrons compter pour tout ce qui concerne le Vicariat où il a du poids » (127). C’est ce bon prêtre qui fit aussi les démarches pour la remise d’une série de reliques, dont un lignum crucis, entre autres (128).

Concernant la maison et l’oratoire, Dionisi avait intércède auprès du vice-gérant de Rome, Luigi Traglia, futur cardinal vicaire de la Ville (129).

Del Portillo et Canals l’avaient rencontré ce week-end-là car, par hasard, ils avaient appris qu’il serait samedi 24 au siège des Clarétiens, Via Giulia. Déterminés à tout entreprendre, ils ont décidé de s’y présenter pour le connaître et lui parler de la démarche en cours. Tragila fut prêt à les aider, et ce fut le cas deux jours après.

D’AUTRES PERSONNALITÉS DE LA CURIE

Ainsi, durant les semaines passées à Rome, saint Josémaria, avec l’aide de A. del Portillo et de Canals, rencontra beaucoup d’autres ecclésiastiques de la Curie. Nous évoquons ici les contacts les plus significatifs.

Trois cardinaux: Tedeschini, Ruffini et Micara

L’un des objectifs de ce voyage était de se faire connaître dans les milieux de la Curie : expliquer la nature de l’Œuvre, demander quelque fois une aide pour faire avancer les démarches, se faire des amis pouvant faciliter les choses ou se débarrasser d’ennemis éventuels. Orlandis et Canals et surtout Alvaro del Portillo avaient profité de leurs séjours à Rome pour cultiver ces contacts avec des personnalités diverses, dont certaines connaissaient déjà l’Opus Dei de longue date. Federico Tedeschini (130), ancien nonce en Espagne, en faisait partie. Saint Josémaria le rencontra à Rome, très accueillant, il fut prêt à l’aider en parlant directement au Saint-Père pour appuyer la demande de l’Opus Dei (131). Il appréciait beaucoup l’Œuvre dont il deviendrait cardinal protecteur quelques années plus tard. Saint Josémaria rencontra aussi Ernesto Ruffini, archevêque de Palerme (132) qui avait connu l’Œuvre lorsqu’il était secrétaire de la Congrégation des Séminaires et des Universités, grâce aux explications d’Alvaro del Portillo. En vue de la demande d’approbation de l’Opus Dei en 1946, il avait écrit une lettre commendatice très favorable et demandé, en retour, que l’Œuvre commence le plus vite possible son travail à Palerme. À cette occasion-là, il redemanda à ce que l’Opus Dei s’installe au plus tôt dans son diocèse (133). Saint Josémaria salua aussi un jour, en passant, Clemente Micara, Cardinal archevêque de Velletri (134).

Le Préfet de la Bibliothèque Vaticane

Saint Josémaria fréquenta aussi Anselmo María Albareda, un bénédictin, moine de Montserrat, préfet de la Bibliothèque Vaticane, devenu cardinal par la suite (135). Orlandis en parlait ainsi « c’était un homme intelligent au regard vif et pénétrant et qui portait toujours impeccablement son habit de bénédictin » (136). Leur premier entretien fut très cordial, comme le dit Canals : « Le Père et Alvaro rencontrent le P.Albareda, toujours aussi affectueux » (137)

Ils eurent l’occasion de se revoir quatre fois de plus durant ces mois-là (138).

À la Secrétairerie d’État : Manuel Fernández-Conde

Nous avons déjà parlé de mgr Montini, substitud, en évoquant les personnes rencontrées à la Secrétairerie d’État.

Saint Josémaria ne rencontra vraisemblablement pas cet été-là Domenico Tardini (139), secrétaire de la Sacra Congregazione degli Affari Straordinari, qui était le collaborateur le plus direct de Pie XII avec mgr Montini. Tardini eut beaucoup de contacts avec saint Josémaria à partir de 1947, date en dehors de la chronologie de cette étude. Il devint cardinal protecteur de l’Œuvre du 24 mai 1960 à son décès une année plus tard.

Manuel FernándezConde (140) était son principal ami à la Secrétairerie d’État. Il avait rencontré le fondateur de l’Opus Dei à Madrid en 1942, dans un dîner au centre de Lagasca, avec mgr Calleri de la nonciature et d’autres ecclésiastiques. Ils se retrouvèrent encore plusieurs fois à Madrid en 1944 et 1945. Depuis 1943, il avait eu des contacts fréquents avec José Orlandis et Salvador Canals. Il était le seul Espagnol de la Secrétairerie ce qui en faisait un membre illustre de la communauté espagnole à Rome. Son amitié avec saint Josémaria fut renforcée durant ces semaines-là. Ils se rencontrèrent très souvent tous les deux (141).

Trois amis de Montini : Ernesto Camagni, Sergio Pignedoli et Giovanni Fallani

Mgr Montini suggéra à trois de ses amis de rencontrer saint Josémaria et Fernández-Conde se chargea de les lui présenter.

Ernesto Camagni (142), ami et collaborateur du futur Paul VI et minutante de la Seconde Section, en faisait partie. Camagni, très content de ce premier contact, rencontra le Père quelques semaines plus tard (143).

Sergio Pignedoli, très ami aussi de mgr Montini, lui confia « combien il avait été enthousiasmé de son entretien avec le Père » 144.

Pignedoli, dirigeant d’Action Catholique, devenu cardinal par la suite (145), montre combien cet entretien le frappa pour toujours sur un article long et affectueux publié à la mort de saint Josémaria (146).

Giovanni Fallani, assistant à la Seconde Section, aumônier universitaire à La Sapienza et directeur de la revue Ecclesia, lui fut aussi présenté. C’était quelqu’un de très cultivé, très versé en littérature et en Art et qui devint archevêque par la suite. Alvaro del Portillo rapporte que mgr Montini lui avait conseillé « de nous proposer, ou plutôt de nous demander de collaborer dans sa revue » (148). C’est dans ce sens que Fallani fut en contact avec eux et que quelques jours plus tard, il fit visiter la Cité Universitaire à saint Josémaria, Alvaro del Portillo et Salvador Canals (149).

À la fin du séjour de saint Josémaria à Rome, il les retrouva de nouveau et à ce moment-là, Fallani leur dit que mgr Montini lui avait encore rappelé l’affaire « de la traduction de Chemin » (150). Il est vraisemblable que, connaissant ses qualités littéraires, mgr Montini lui ait parlé de l’opportunité de traduire cet ouvrage qu’il possédait depuis 1943 et qu’il appréciait beaucoup (151).

AMITIÉS ANCIENNES ET NOUVELLES À ROME

Saint Josémaria fit en sorte de rencontrer aussi ses vieux amis à Rome, comme le clarétien Juan Postius qu’il avait connu dans les années 20 et qui était procureur général et postulateur des Clarétiens (152) ou bien Josefa Segovia, directrice générale de l’Institution Thérésienne et proche collaboratrice de saint Pierre Poveda avec laquelle saint Josémaria était resté très en contact depuis les temps de la Guerre Civile (153). Il fréquenta aussi des ecclésiastiques et des laïcs dont pas mal d’entre eux étaient des relations des membres de l’Œuvre vivant à Rome.

Ecclésiastiques espagnols à Rome

Saint Josémaria rencontra plusieurs ecclésiastiques espagnols résidant à Rome. Carlos Calaf, en faisait partie. Il était le directeur spirituel du Collège Espagnol et maître des requêtes des évêques des diocèses espagnols, ainsi que postulateur des causes de béatification (154). Il avait huit ans de moins que Josémaria qu’il avait rencontré à Saragosse et revu souvent dans les années 40 à Madrid (155). Il contacta aussi Teofilo Ayuso Marazuela, bibliste connu (156) ainsi Jaime Flores Martin, recteur du Collège Espagnol, et futur évêque de Barbastro qui l’appréciait beaucoup (157). Unzalu (158) le reçut de même. Cela faisait seize ans qu’il travaillait à l’Agence Fides dont il fut précisément nommé sous-directeur en 1946 (159).

Diplomates, journalistes et autres amis

Les membres de l’Opus Dei résidant à Rome avaient un contact assidu avec les diplomates espagnols, depuis la période de la Seconde Guerre Mondiale.

José Orlandis consigne dans ses mémoires combien fut importante l’activité de ces fonctionnaires, toujours prêts à accueillir cordialement leurs compatriotes en tous leurs besoins. Quand ils apprirent que le fondateur était à Rome, ils s’empressèrent de lui offrir leurs services. L’ambassadeur près le Quirinal était José Antonio de Sangroniz que saint Josémaria rencontra trois fois au moins (160). Il eut aussi un entretien avec Juan Teixidor Sanchez (161), ministre chargé des affaires près le Saint-Siège. D’autres diplomates s’entretinrent aussi avec lui : Ramon Sedo, secrétaire à l’Ambassade près le Saint-Siège (162) ; Manuel Sanchez, chancelier de l’Ambassade près le Quirinal (163) et Luis Gonzalez Alonso, journaliste, agrégé de presse de l’Ambassade près le Quirinal (164). Parmi toutes ces personnes, Mario Ponce de Leon s’attacha plus particulièrement à lui durant ces mois-là. Orlandis en parlait ainsi : « Encore jeune, très cultivé, d’une générosité splendide, d’une sensibilité presque excessive », qui avait les portes de son Consulat toujours ouvertes pour aider les Espagnols à Rome (165). Ils déjeunaient ou dînaient ensemble toutes les semaines, tantôt chez Ponce de Léon, tantôt à Città Leonina. Son amitié et ses services furent inestimables.

Les correspondants de presse espagnols faisaient aussi partie des contacts de saint Josémaria. Julian Cortés Cavanillas, du quotidien ABC, arrivé à Rome l’année précédente pour y demeurer durant de longues années en tant que correspondant, connaissait saint Josémaria depuis 1927-58 puisqu’il avait été son étudiant à l’Académie Cicuendez (166). Cet été-là, ils se sont retrouvés pour bien discuter à différentes reprises. Juan Ramon Masoliver, correspondat du quotidien La Vanguardia à Rome fut invité avec d’autres personnes chez saint Josémaria, à Città Léonina (167). Parmi les amis non espagnols, il y avait Alfi Gawronski, fils de la propriétaire de l’appartement de Città Leonina qui habitait aussi cet immeuble-là. Madame Gawronski qui avait épousé un diplomate polonais, était la sœur de Giorgio Frassati (168), désormais bienheureux. Alfi était un jeune étudiant qui assistait tous les jours à la Messe chez eux et qui leur vouait toute sa confiance.

Vladimir (Vlado) Vince, croate de nationalité, est à considérer à part. Il demanda à être admis à l’Opus Dei durant son séjour à Rome, comme José Orlandis nous le dit très longuement dans ses mémoires (169). Naturellement, saint Josémaria avait grande envie de le rencontrer puisqu’ils lui en avaient beaucoup parlé dans leurs lettres. Lorsque Vince arriva chez eux le lendemain de l’arrivée de saint Josémaria, il l’accueillit très chaleureusement et l’invita à être le servant de sa première Messe à Rome. Ils se sont retrouvés très souvent. Dans une lettre d’Orlandis aux membres de l’Œuvre à Rome en Espagne où il leur raconte les avatars de son voyage avec le Fondateur, il écrivait : « Vlado, vous aurez l’occasion de le constater, est formidable et le Père attend beaucoup de choses de lui. Il dit qu’il sera un vrai saint et qu’il ouvrira les chemins de l’Europe Orientale » (170).

RENCONTRES AVEC QUELQUES RELIGIEUX

Contacts avec les Jésuites : Severiano Azcona

Josémaria Escriva de Balaguer chercha aussi à Rome à améliorer ses relations avec les Jésusites. Nous savons combien l’attitude de certains d’entre eux en Espagne avait créé de sérieux problèmes à l’Opus Dei au début des années quarante à cause de malentendus et de jalousies : une véritable « contradiction des bons » comme disait saint Josémaria en reprenant l’expression de sainte Thérèse de Jésus (171).

Certes, ces problèmes étaient moins forts au point de vue intensité, mais les séquelles subsistaient et le fondateur de l’Opus Dei souhaitait arriver à une clarification avec les supérieurs de la Compagnie. Pour ce faire, il parla à deux reprises avec Séveriano Azcona, assistant général d’Espagne (172). A.del Portillo s’était entretenu avec lui quelques semaines auparavant et à cette occasion-là, ils se penchèrent à fond sur les relations entre la Compagnie et l’Opus Dei. Alvaro del Portillo en avait informé saint Josémaria qui lui répondit ceci avant de partir à Rome : « Votre contact avec les Pères Jésuites, pour lesquels je prie tous les jours, me semble très bien » (173).

Nous n’allons pas nous arrêter à évoquer ces entretiens d’Azcona et Josémaria Escriva de Balaguer mais seulement dire qu’ils furent cordiaux et éclairants. L’assistant général assura lors du premier qu’il écrirait aux provinciaux d’Espagne pour qu’ils mettent un terme aux incompréhensions contre l’Opus Dei (174). Ils se retrouvèrent une seconde fois cet été-la (175).

Durant ces années-là, c’était le jésuite Enrique Perez Garcia, de Radio Vatican (176) qui était le plus en rapport avec les membres de l’Œuvre. Bon ami de Canals et Orlandis, il entrenait de bons rapports avec eux (177). De ce fait, il tint à rencontrer saint Josémaria lorsqu’il apprit qu’il était arrivé à Rome : il s’empressa de lui apporter la bénédiction autographe du Saint-Père qui réjouit si profondément le fondateur de l’Opus Dei (178). Comme ses supérieurs le lui avaient recommandé, il garda un contact très aimable (179) avec eux durant ce séjour.

Voici ce qu’en écrivit Salvador Canals dans le Journal le 21 juillet

Le Père Perez, S.J. déjeune aujourd’hui chez nous, il est au mieux avec nous. Il semble qu’à la Curie, où presque tous sont déjà désabusés et prêts à rectifier, on lui a demandé d’être extrêmement aimable. Tout n’est que services proposés et phrases aimables : des facilités pour que le Père dise sa messe dans les appartements de Saint Ignace, proposition faite au Père de lui faire visiter les jardins du Vatican et même les fouilles de la crypte vaticana (180).

Les Dominicains nous donnent leur « Lettre de Fraternité ». Maximiliano Canal, décédé quelques mois avant l’arrivée de saint Josémaria (181) était, parmi les Dominicains, l’ami le plus important à Rome. Il avait rendu un service important à l’Œuvre en en parlant à Pie XII en termes élogieux. Saint Josémaria tint à se recueillir devant sa tombe (182). Le père Manuel Montoto, amie de longue date, vicaire général de l’Ordre des Prêcheurs, rencontra saint Josémaria à plusieurs reprises à ce moment-là (183). Le P. Montoto était à l’origine de la Lettre de Fraternité que les Dominicains octroyèrent à l’Opus Dei, signée par le P.Gillet, maître général qui reçut aussi Saint Josémaria, venu pour le remercier pour ce document si significatif (184). Dans ses mémoires de la guerre à Rome, Orlandis parle d’un troisième dominicain qu’il fréquenta en ami : Manuel Suarez (185), recteur de l’Angelicum qui devint maître général de l’Ordre le 21 septembre 1946 pour succéder au P. Gillet (186). Josémaria Escriva eut l’occasion de le rencontrer avec le P. Aniceto Fernandez, nommé cette année-là membre pour l’Espagne et vicaire du maître général. En 1962, il devint maître général (187).

DANS LA ROME DES MARTYRS ET DES SAINTS

Reliques et martyrs

Avant l’arrivée du fondateur à Rome, on avait fait des démarches pour obtenir un bon nombre de reliques auxquelles il était très attaché, surtout lorsqu’elles étaient des premiers chrétiens : «Très content avec tant de reliques — écrivit-il à Rome lorsqu’il apprit que cela était possible— : surtout s’il s’agit vraiment des corps des martyrs » (188).

Après plusieurs démarches infructueuses, A.del Portillo écrivit au fondateur qu’il y avait une possibilité d’avoir ces corps à « Forli », au nord de l’Italie, près de l’Adriatique où un couvent gardait 200 corps de martyrs et où l’évêque et ceux du couvent sont nos très bons amis» (189).

Le 14 août 1946, Salvador Canals se déplaça à Forli avec Siervo Goyeneche (190) et après un voyage hasardeux, il revint le 23 avec les corps de saint Simphère et sainte Mercurienne : « Salvador arrive avec les deux martyrs. Laus Deo ! » note saint Josémaria (191). Ce ne fut pas un cadeau personnel du Pape et ils ne venaient pas des catacombes romaines comme il a été écrit quelque part ailleurs (192).

On se procura d’autres reliques au couvent des Dominicains de Monte Mario (193) et un lignum crucis obtenu par Dionisi (194)

Parcours romains divers

On comprend bien que saint Josémaria ait voulu visiter des lieux précis de la Ville Éternelle, surtout ceux qui sont le plus liés à l’histoire de l’Église. Nous avons trouvé des références dans les documents consultés. Il y en a peu sans doute parce que seuls les plus importants étaient consignés. Nous pensons quand même que c’est plutôt parce que dans ce premier séjour, saint Josémaria ne tenait pas à parcourir Rome sauf en cas de besoin explicite. De plus, l’été 1946 fut des plus chauds (195) et l’état de santé du fondateur de l’Opus Dei n’était pas bon du tout.

Évidemment, sa première visite fut consacrée à la Basilique Saint-Pierre, à deux pas de chez lui. Mais il ne s’y rendit pas le premier jour qu’il consacra à travailler sur le dossier qui l’avait amené à Rome. Il n’y alla que deux jours plus tard. José Orlandis qui l’accompagna considère que ce retard fut une manifestation de l’esprit de mortification de saint Josémaria (196).

Le 4 juillet, il dit sa Messe aux Catacombes de Saint Calixte : « Cela faisait déjà plusieurs jours que le Père voulait s’y rendre, écrit Orlandis dans le Journal […] Il a dit la Messe à la crypte des Papes et Alvaro à celle de Ste. Cécile » (197). Puis ils ont visité les Catacombes de Saint Sébastien (198). Le 3 août, il a dit sa Messe dans la cellule de Saint Joseph de Calasanz qu’il aimait bien (199).

Il l’a dite aussi dans les appartements de saint Ignace, le 12 août (200).

Peu avant son retour en Espagne, il pria devant les reliques de saint Philippe Néri (201). Il visita aussi le cimetière des Capucins —qui ne lui plut vraisemblablement pas du tout vu le commentaire d’Alvaro del Portillo repris dans le Journal—, et le Musée des Âmes dont Josémaria était très dévot (202). Avec le P.Perez, S.J. il parcourut les jardins du Vatican (203). Dans les environs de Rome, il se promena en voiture avec tel ou tel ecclésiastique ami, lorsque les travaux à la Curie étaient dans l’impasse, à Ostie (204), à Castelgandolfo (205), à Tivoli (206) et à Albano (207). Lors de son second séjour à Fiuggi avec le P.Larraona, ils visitèrent Anagni et Alatri (208).

CONCLUSIONS

Concernant la question juridique, saint Josémaria n’arriva pas à obtenir cet été-là le Decretum Laudis— entreprise presque imposssible— mais il réussit à rentrer en Espagne plein d’espoir et avec plusieurs documents pouvant lui servir à se défendre vis-à-vis d’éventuelles attaques et calomnies. C’était d’ailleurs la raison de son empressement à obtenir cette approbation. Il eut une lettre d’éloges pour l’Opus Dei, très positive en l’état, ainsi que des indulgences et des privilèges qui ratifiaient combien l’Église appréciait la vie des membres de l’Opus Dei et celle de son fondateur. Et il jeta les bases pour que l’approbation mette en exergue la sécularité de l’Œuvre, dès qu’elle serait accordée. Cela eut lieu le 24 février 1947, quelques semaines après la promulgation de la Const. apost. Provida Mater Ecclesia, le 2 février 1947. Saint Josémaria laissait de bons amis à Rome et un vaste réseau de relations qui faciliteraient par la suite les démarches à la Curie et le développement à venir du travail apostolique. Il fit aussi les premiers pas pour installer à Rome le siège central de l’Opus Dei où il établirait sa demeure à partir de 1947.

Ce fut le premier contact de saint Josémaria avec la ville de Rome dont il fut toujours amoureux. Et surtout, il fut en mesure de réaliser son plus grand vœu : être avec le successeur de Pierre, le Pape, qu’il aimait tant, et se recueillir dans les lieux les plus vénérés de la Ville Éternelle.

Luis Cano. Secrétaire et membre ordinaire de l’Institut Historique Saint-Josémaria Escriva. Licencié en Droit et Docteur en Theologie. Avec l’Opus Dei et son fondateur, son domaine de recherche se centre sur l’histoire de la spiritualité contemporaine — la dévotion au Sacré-Cœur et au Christ Roi, surtout— et sur l’étude du magistère pontifical dans les premières décennies du XXème siècle. Il a publié, entre autres, le livre “Reinaré en España”. La mentalidad católica a la llegada de la Segunda República,

Madrid, Encuentro, 2009.

e-mail: lucano@isje.itLuIS CaNo

Légende des photos

L’audience du fondateur de l’Opus Dei avec Pie XII eut lieu le 16 juillet 1946. C’était la première fois que saint Josémaria se trouva devant le pape auquel il vouait une profonde dévotion filiale. Aussi, cette rencontre, avec l’accueil affectueux de Pie XII, le réjouirent-ils profondément. Préalablement, le Souverain Pontife lui avait fait parvenir cette bénédiction autographe qui le toucha profondément aussi.

Saint Josémaria et Alvaro del Portillo avec Manuel Montoto, vicaire général de l’Ordre des Prêcheurs et Sérafino de Angelis, assistant de la Pénitencierie Apostolique à la section des Indulgences. La photo fut prise le 30 juin 1946, quelques jours après l’arrivée du fondateur de l’Opus Dei à Rome.

Aussi bien Montoto qu’Angelis furent une aide précieuse à ce moment-là.

Durant l’un des entretiens de Josémaria Escriva de Balaguer avec Arcadio Maria Larraona, à la petite terrasse de l’appartement de Città Léonina. Photo prise en juin 1946, le jour n’est pas précisé. Il s’agit probablement de leur première rencontre, le 24 juin. Cet entretien impressionna vivement Larraona qui se mit à travailler d’arrache pied cet été-là pour obtenir l’approbation pontificale de l’Opus Dei.

Notes :

(1) Cf. Josémaria Escriva de Balaguer, Chemin, n. 520.

(2) Cf. Andrés Vázquez de Prada, Le fondateur de l’Opus Dei. Vie de Josémaria Escriva de Balaguer, Tome III Madrid, Rialp, 2003, p. 9-56 (à partir d’ici AVP, III); José Orlandis, Mis recuerdos, Madrid, Rialp, 1995, p. 113-149. Sobre la llegada de san Josemaría a Italia, cf. aussi l’article de José Orlandis, La prima Messa del fondatore dell’Opus Dei in Italia. Relazione di una ricerca, SetD 1 (2007), p. 245-256. D’autres nouvelles importantes sur les précédents et le contexte de cette recherche dans Josep-Ignasi Saranyana, Ante Pío XII y Mons. Montini. Audiencias a miembros del Opus Dei, dans les journaux de José Orlandis (1942-1945), SetD 5 (2011), p. 311-343. Il y a aussi des informations utiles dans José Orlandis, Memorias de Roma en guerra (1942-1945), Madrid, Rialp, 1992.

(3) Cf. Amadeo de Fuenmayor– Valentín Gómez-Iglesias – José Luis Illanes, Itinéraire juridique de l’Opus Dei. Histoire et défense d’un charisme, Pamplona, Eunsa, 1989, p. 145-192.

(4) La représentation près le Saint-Siège. Alvaro del Portillo était le procureur général.

(5) Salvador Canals Navarrete, né à Valencia le 3 décembre 1920, il séjourna à Rome pour y préparer une thèse doctorale en Droit. Ordonné prêtre en 1948, Docteur en Droit Civil et en Droit Canon, il fut juge synodal au diocèse de Rome, consultant et membre de différentes congrégations et entités pontificales, prélat auditeur de la Rote Romaine. Il publia de nombreux travaux sur des sujets concernant la spiritualité, les droits et les devoirs de laïcs dans l’Église, la configuration juridique des instituts séculiers, des sujets concernant les prêtres et les médias. Il décéda à Rome le 24 mai 1975.

(6) José Orlandis Rovira, né à Palma de Mallorca en 1918. Professeur titulaire de la chaire d’Histoire du Droit à l’Université de Murcie, en juin l942, il séjourna à Rome pour avoir des contacts directs avec l’école italienne des historiens du Droit et préparer en même temps un doctorat en Droit Canon à l’Institut Utriusque Iuris de l’Athénée du Latran. Il rentra en Espagne en novembre 1945 pour occuper la chaire d’Histoire du Droit de l’Université de Saragosse. Ordonné prêtre en 1949, il ne quitta pas son poste et travailla durant de longues années à l’Université de Navarre. Il fait partie des historiens les plus renommés en Espagne. Décédé le 24 décembre 2010. Sur sa trajectoire académique cf. Josep-Ignasi Saranyana – Eloy Tejero (coords.), Hispania Christiana. Estudios en honor del Prof. Dr. José Orlandis Rovira en su setenta aniversario, Pamplona, Eunsa, 1988.

(7) Il s’agit d’un seul cahier que l’on peut trouver dans les archives AGP, L.1.1, 07-03-15. Nous le citons en tant que Journal, simplement, avec la date et l’auteur de chaque note que nous avons identifié avec ces sigles : SC= Salvador Canals, JO = José Orlandis ; AP= Alvaro del Portillo. Observation : le 9 juillet il est dit dans ce Journal qu’à partir de là on ne prendrait note sur ses pages que des démarches de la Procure. Or en réalité on ne tint pas un Journal différent pour consigner les faits quotidiens qui furent toujours décrits, plus sobrement sans doute, dans le même cahier. Même si d’après ce qu’il dit le 18 juillet, Canals avoue qu’il écrit ce Journal avec du retard, comme il se sert de ses souvenirs et des notes que saint Josémaria écrivait ponctuellement sur son ordo, il s’agit quand même d’une source généralement assez précise, excepté quelque petite lacune ou inexactitude.

(8) AVP, III, p. 16.

(9) Cf. Fuenmayor– Gómez-Iglesias – Illanes, Itinéraire El itinerario, p. 146.

(10) Cf. ibid., p. 146.

(11) Ibid., p. 16.

(12) Ibid., p. 150.

(13) « D’après le Code de 1917, les institutions au régime universel et unitaire dépendaient de la Sacrée Congrégation des Religieux et devaient avoir la configuration juridique des Religions (c. 487-672) ou des Sociétés d’hommes ou de femmes en vie commune sans vœux (c. 673-681). Toute autre association différente dépendait de la Sacrée Congrégation du Concile. Ces Associations séculières de fidèles avaient un caractère local, —même si elles pouvaient s’unir en confédérations et unions—, aux effets de la communication d’indulgences et de privilèges, de grâces spirituelles et de directives ascétiques (c. 720-725), cependant, au point de vue juridique, elles ne pouvaient pas jouir d’un régime universel et unitaire ». Fuenmayor– Gómez-Iglesias – Illanes, Itinéraire, p. 148.

(14) Cf. ibid., p. 167.

(15) «Il Larraona] aimerait bien tout finir avant les vacances, mais le fait est qu’il laisse tomber ce travail pour d’autres et que moi je me suis déjà presque épuise à la tâche […]. La seule façon d’en venir à bout ce serait un voyage de Mariano ». Lettre d’Alvaro del Portillo à saint Josémaria, le 10 juin 1946, AGP, B.1.3. Mariano, c’est bien connu, était le surnom de saint Josémaria dans sa correspondance avec des personnes de l’Œuvre.

(16) Voir le récit détaillé du voyage dans Orlandis, Mis recuerdos, p. 105-149.

(17) Alvaro del Portillo, Entretien sur le Fondateur de l’Opus Dei, Madrid, Rialp, 1995, p. 13. Saint Josémaria en avait parlé lui-même : « Imaginez avec quelle confiance j’ai prié pour le Pape en cette première nuit romaine, sur la terrasse, en contemplant les fenêtres des appartements pontificaux ». Lettre de saint Josémaria, 7 octobre 1950, citée AVP, III, p. 40.

(18) Escrivá de Balaguer, Chemin, n. 520.

(19) Cf. AVP, III, p. 29.

(20) Lettre de José Orlandis, 30 juin 1946, AGP, A.2, 0049-01-01.

(21) Lettre de saint Josémaria, 30 juin 1946, AGP, A.3-4, 0259-01.

(22) Lettre de saint Josémaria, Carta de san Josemaría, 30 juin 1946, AGP, A.3-4, 0259-01. L’autographe est reproduit en Appendice.

(23) À la mort de Luigi Maglione, en 1944, Pie XII laissa vacant le poste de Secrétaire d’État.

(24) Manuel Fernandez Conde, seule assistant espagnol à la Secrétairerie d’État, avait rencontré J.Escriva en 1942. Par ailleurs, ceux de l’Œuvre avaient de bons rapports avec la nonciature à Madrid qui avait, à coup sûr, informé Rome à plusieurs reprises depuis 1941 à propos des accusations dont l’Opus Dei avait été l’objet en Espagne (cf.Andrés Vázquez de Prada, Le fondateur de l’Opus Dei, vie de Josémaria Escriva de Balaguer, Tome II, Madrid, Rialp, 2002, p. 537 (AVP, II à partir d’ici).

(25) Tout est bien précisé dans Saranyana, Ante Pío XII, p. 311-343.

(26) Ibid., document n. 5, p. 329-330.

(27) Il fut l’assistant national de la FUCI de 1925 à 1933. Sur cette période, cf.Andrea Tornielli, Paolo VI. L’audacia di un Papa, Milano, Mondadori, 2009, p. 91-111.

(28) A. Tornelli écrit : « La Fuci montiniana vuole preparare giovani che siano in grado di guardare al mondo esterno non come minaccia ma come realtà che attende di essere amata e illuminata dall’annuncio cristiano», p. 91. Mgr Montini dit dans une lettre de 1932 qu’il faut «riconoscere che ogni realtà delle cose umane nasconde una presenza divina, che bisogna riconoscere, adorare, promuovere», p. 92. Et dans une autre lettre : «Noi ignoriamo spesso questo mondo che ci circonda, che cammina a fianco ma contro la nostra fede e la nostra concezione della vita; noi lo ignoriamo perché non lo amiamo come si deve: e non lo amiamo perché semplicemente non amiamo», p. 92; dans la revue Studium: «Gli Assistenti devono ben seguire la formazione del pensiero dei propri amici e allievi, perché è uno dei principii fondamentali del nostro programma tendere all’unità spirituale del giovane: non scompartimenti stagni separati nell’anima, cultura da una parte, e fede dall’altra; scuola da un lato, chiesa dall’altro. La dottrina, come la vita, è unica», p. 93.

(29) Saranyana, Ante Pío XII, document n. 10, p. 334-337.

(30) AVP, III, p. 29; il cite une lettre d’Alvaro del Portillo du 12 juin 1946.

(31) Journal, 6 juillet 1946 (tenu par AP).

(32) Journal, 8 juillet 1946 (tenu par AP).

(33) Propos de saint Josémaria recueillis en Crónica, juillet 1963, p. 47, AGP, Biblioteca, P01. «Les premiers mots affectueux que j’entendis à Rome, en 1946, ce furent ceux de Mgr Montini, à l’époque ». Entretiens avec Mgr. Escrivá de Balaguer, n. 46.

(34) «Alvaro, avec l’accord de mgr Montini, présente à la Congrégation des Religieux et au Secrétariat des Brefs une demande qu’il signe en tant que Secrétaire Général et au nom de tous les membres de l’Œuvre, en sollicitant pour le Père un pronotariat apostolique. Cette sollicitation était appuyée par Mgr Pasetto et accompagnée du « curriculum vitæ » de saint Josémaria présenté au Vatican.

(35) Dans AGP on garde une copie de cette sollicitation. Il est dit que bien que l’Institut dépende de la Sacrée Congrégation des Religieux, «è di grande interesse per l’efficacia del nostro apostolato che i sacerdoti dell’Opera non appariscano come religiosi, ma che si rassomiglino esternamente, in quanto sia possibile, ai sacerdoti secolari»; et plus loin on ajoute que la nomination en tant que protonotaire apostolique ad instar «verrà a favorire straordinariamente il nostro modo di vivere, innanzi al mondo, come sacerdoti secolari». Copie dans AGP, L, 0004-03-29. Sur cette copie, A.del Portillo écrivit de sa main : «Copie du docto présenté le 21 août à la Chancellerie des Brefs (Milani), avec l’accord de mgr Montini que j’ai vu hier, 19 août, et celui de la Congrégation des religieux. Le Père ne sait rien de tout cela » (ces derniers mots sont écrits avec une encre de couleur différente, ce qui laisse supposer qu’ils ont été écrits par la suite. Concernant la date de l’entretien avec Montini, il y a un lapsus d’Alvaro del Portillo, puisque le Journal nous fait savoir que le 19 il avait essayé de le voir sans y arriver à cause des nombreuses occupations de Montini. Aussi, l’entretien eut-il lieu le 20 et non pas le 19. AGP, A.2, 0031, 04, 01.

(36) Cf. AVP, III, p. 88-89.

(37) La donnée de cette visite n’est que sur l’ordo de saint Josémaria, le 21. Cf. Ordo de saint Josémaria (ESJEB à partir d’ici), 21 août 1946, AGP, A.3, 0180-12-01.

(38) Journal, 16 juillet 1946 (tenu par SC).

(39) Note d’Alvaro del Portillo, 16 juillet 1946, AGP, A.2, 0049-01-01.

(40) Elle disait ceci: « Le St.Père a reçu aujourd’hui, en audience spéciale, le révérendissime José Maria Escriva de Balaguer, prêtre du diocèse de Madrid et fondateur de la Société sacerdotale de la Ste Croix et de l’Opus Dei. Don José Maria Escriva est une personnalité très connue en Espagne pour ses publications ascétiques et scientifiques et surtout pour son inlassable et efficace travail sacerdotal dans le monde intellectuel. La Société sacerdotale de la Ste Croix et l’Opus Dei, sa fondation, n’est qu’une seule institution depuis dix-huit ans qui vise à promouvoir la pratique des vertus chrétiennes, voire même de la perfection évangélique, dans les hautes sphères intellectuelles, appelées de par leur nature, à avoir une influence décisive dans le fonctionnement de la société. Le développement atteint en si peu de temps permet de percevoir l’efficacité de l’Institution. Sa Sainteté a eu des paroles pleines d’affection pour la Société sacerdotale de la Sainte Croix et l’Opus Dei et pour D.José Maria Escriva, et a paternellement béni aussi bien cette Institution apostolique que son Fondateur ». Message transmis par RadioVatican, le 16 juillet 1946, à 22 h, ondes 48,47 50,26 ms., AGP, A.2, 0049-01-01. Pratiquement toute la presse diffusa la note de l’agence EFE où on soulignait que le Pape « a [avait] eu des paroles très élogieuses pour cette institution ». AGP, A.1, 0017-02-01.

(41) Le professeur Albareda avait aussi été reçu mais il n’évoqua pas son appartenance à l’Opus Dei. Concernant toutes les audiences de Pie XII accordées aux membres de l’Opus Dei jusqu’en 1945, cf. Saranyana, Ante Pío XII.

(42) Journal, 3 avril 1946 (tenu par JO).

(43) Recit de Florentino Pérez Embid, 14 mai1946, AGP, L.1.1, 0016-02-12.

(44) Mgr Montini le révéla à saint Josémaria dans l’audience qu’il lui accorda le 12 novembre 1946 : « [il me dit] que le Nonce de Madrid était très proche de nous, qu’il l’informait admirablement ».AGP, A.3, 0319-07-04.

(45) Cf. Saranyana, Ante Pío XII, note 2.

(46) Cela se trouve dans une note signée par Pedro Casciaro le 4 juin 1946 qui évoque la visite que l’abbé de Montserrat avait faite la veille au fondateur de l’Opus Dei. Dei. AGP, A.5, 0235-03-11.

(47) Récit de saint Josémaria, 12 novembre 1946, AGP, A.3, 0319-07-04.

(48) Et d’ajouter : « Je sais bien — et nous ne l’oublierons jamais— qu’une bonne part de cette affection est le fruit de ce que Monsieur le Nonce a écrit dans ses rapports. Le Bon Dieu le lui revaudra ! ». Lettre de saint Josémaria à Gaetano Cicognani, 16 décembre 1946, AGP, A.3-4, 0259-01.

(49) On connaît bien son chagrin quand il apprit que quelqu’un avait divulgué sa confidence sur la première nuit en prière à Rome : « Je fus si naïf que j’en parlai à quelqu’un, un vieux Prélat de la Curie, et je sais qu’il raconta tout à d’autres et que beaucoup se moquèrent de moi. Sur le moment, cette médisance me fit souffrir ; ensuite, elle fit naître dans mon cœur un amour au Romain Pontife, moins espagnol, — cet amour surgit de l’enthousiasme— mais beaucoup plus ferme, parce qu’il naît de la réflexion : plus théologique et, partant, plus profond. Depuis lors j’ai l’habitude de dire qu’à Rome j’ai perdu mon inocence et cette anecdote a été très profitable à mon âme ». Lettre, 7 octobre 1950, n. 19, cit. dans AVP, III, p. 140, note 120.

(50) Lettre du 8 décembre 1949, n. 10, cit. dans AVP, III, p. 99, note 5.

(51) Alvaro del Portillo et Salvador Canals y allaient tous les jours au point d’écrire : « Nous sommes déjà devenus amis de presque tous les monseigneurs » (Journal, 26 juillet 1946, tenu par SC), parmi lesquels il cite Enrico Agostini, Valerio Donati, Giuseppe Mancini, assistants de la congrégation et Antonio Iannone, protocoliste. Ils ont aussi eu l’occasion de parler de l’Œuvre avec quelques consultants, tels que les capucins Lazzaro d’Arbonne –qui avait occupé de hauts postes dans son ordre et qui comprit très bien la nature de l’Opus Dei— et Agatangelo da Langasco –qui était alors Procureur Général des Capucins– qui connaissait l’Œuvre et l’appréciait beaucoup. Cf. Journal, 20 juillet 1946 (tenu par SC).

(52) Cf. note 13.

(53) Cf. Fuenmayor– Gómez-Iglesias – Illanes, Itinéraire, p. 123-124.

(54) Décédé à Rome en 1964.

(55) Lettre de José Orlandis à Alvaro del Portillo, 20 février 1943, AGP, L.1, 0015-02-08.

(56) Concernant l’approbation de l’Opus Dei, Goyeneche soutenait qu’il ne fallait pas recourir aux nouvelles formes puisque l’Opus Dei, inclus alors dans la Société Sacerdotale de la Sainte-Croix, pouvait être approuvé dans le cadre du titre XVII du Code de Droit Canonique, qui, —avec une interprétation très large— était en mesure d’accueillir des figures nouvelles. Cette question est largement expliquée dans la monographie déjà amplement citée et à laquelle nous renvoyons : De Fuenmayor– Gómez-Iglesias – Illanes, Itinéraire, p. 151 et suivantes.

(57) Cf. Journal, 29 juillet 1946 (tenu par SC)

(58) Il fut nommé secrétaire de la congrégation en 1949. En 1959, il fut créé cardinal par Jean XXIII. Grand Pénitencier et préfet de la Sacrée Congrégation des Rites de 1962 à 1968. En 1962, il fut consacré évêque et reçut le pallium archiépiscopal. Il mourut le 7 mai 1973. Cf. Basilio Frisón, Cardinal Larraona, Madrid, Instituto Teológico de Vida Religiosa, 1979, où l’on trouve aussi des détails des rapports de Larraona et Goyeneche avec le fondateur de l’Opus Dei. Sur les rapports de quelques clarétiens avec saint Josémaria, Tomas Luis Pujadas, C.M.F, dans son livre El Padre Postius: un hombre para la Iglesia, Barcelona, Claret, 1981, p. 326-329, donne d’autres informations — dont plusieurs sont inexactes ou demandent à être historiquement étayées.

(59) Journal, 24 juin 1946 (tenu par JO).

(60) Journal, 24 juin 1946 (tenu par JO)

(61) ESJEB, 13-15 juillet 1946.

(62) Journal, 17 juillet 1946 (tenu par SC).

(63) Journal, 18 juillet 1946, (tenu par SC).

(64) ESJEB, 1-2 juillet1946.

(65) ESJEB, 6-7 juillet 1946.

(66) ESJEB, 11-13 juillet1946.

(67) ESJEB, 18-22 juillet1946.

(68) Journal, 25 juillet 1946 (tenu par SC).

(69) Lettre de saint Josémaria, 27 juillet 1946, AGP, A.3-4, 0259-01.

(70) Cf. Journal, 27 juillet 1946 (tenu par SC).

(71) Luigi Lavitrano naquit à Forio, dans l’île d’ Ischia (Italie), le 7 mars 1984. Sa famille était très pauvre. Grâce à l’aide de religieux et de prêtres, il fit ses études au Collège Léonien de Rome et en 1897 il fut Licencié en Théologie. Lauréat de Utroque Iure et diplômé en Alta letteratura à l’Université de Sant’Apollinare. Ordonné prêtre le 26 mars 1898, il fut professeur et recteur du Collège Léonien. En 1914, il fut nommé évêque de Cava et Sarno et en 1924, archevêque de Benevento. En 1928, il fut désigné archevêque de Palerme. En 1929, il fut créé cardinal avec Eugène Pacelli, futur Pie XII. En 1945, il fut appelé à Rome pour être préfet de la Sacrée Congrégation des Religieux. Il mourut à Castelgandolfo le 2 août 1950.

(72) Cf. Journal, 25 juin 1946 (tenu par JO).

(73) Journal, 22 juillet 1946 (tenue par SC)

(74) Journal, 26 juin 1946 (tenu par SC)

(75) Cf. Journal, 27 juillet 1946 (tenu par SC)

(76) Cf. Journal, 29 juillet 1946 (tenu par SC).

(77) Canals rapporte ainsi une conversation avec le secrétaire de Lavitrano : « Le Cardinal — dit-il— est très content de vous. Mais comme il vous a vus un peu pressés, il a été un peu effrayé et a préféré tout reporter post acquas : il m’a dit —continue le secrétaire— que tout sera achevé pour le mois de novembre ». Journal, 10 août 1946 (tenu par SC).

(78) Journal, 8 août 1946 (tenu par SC).

(79) Journal, 8août 1946 (tenu par SC). Pacelli et Lavitrano avaient coïncidé à l’Apollinare puisqu’ils ont fréquenté ce centre les mêmes années.

(80) Journal, 3 août 1946 (tenu par SC).

(81) ESJEB, 4 août 1946.

(82) Journal, 8 août 1946 (tenu par SC).

(83) Cf. ESJEB, 9 août1946.

(84) Journal, 10 août 1946 (tenu par SC)

(85) Cf. Journal, 8 août 1946 (tenu par SC).

(86) Texte dans Fuenmayor– Gómez-Iglesias – Illanes, Itinéraire, appendice documentaire n. 21, p. 532.

(87) Lettre, 29 décembre 1947/14 février 1966, n. 167, cit. dans Fuenmayor– GómezIglesias – Illanes, Itinéraire, p. 162, note 45.

(88) Né le 17 septembre 1871 à Padoue, il intégra l’Ordre des Frères Mineurs Capucins et fut ordonné prêtre le 10 août 1896, nommé évêque titulaire de Geras en 1921 et secrétaire de la Congrégation de 1936 à 1950, puis archevêque titulaire d’Iconium en 1937. Il décéda le 22 janvier 1954.

(89) Ils l’accompagnaient très fréquement chez lui en voiture, Via Sardegna 40, près de la Via Veneto. En effet, il habitait assez loin de la congrégation, sise au Palais Saint-Calixte, dans le Transtevere.

(90) Journal, 25 juin 1946 (tenu par JO).

(91) Cf.Yves Chiron, Padre Pio, una strada di misericordia, Milano, Paoline, 1997, p. 219-221.

(92) Journal, 25 juin 1946 (tenu par JO).

(93) Journal, 6 juillet 1946 (tenu par AP).

(94) Cf. Journal, 16 juillet 1946 (tenu par SC)

(95) Lettre de saint Josémaria, 27 juillet 1946,AGP, A.3-4, 0259-01.

(96) Par exemple, une autorisation à saint Josémaria pour dire la Messe du Jeudi Saint (3 mai 1946) ; la possibilité accordée aux prêtres de l’Œuvre de dire le Rosaire au lieu de l’Office Divin « lorsque pour des raisons de voyage, de travail apostolique cela serait opportun de le faire, etc. » Lettre de saint Josémaria à Alvaro del Portillo, 23 mai 1946, AGP, A.3-4, 258-05; privilèges personnels à saint Josémaria pour bénir des chapelets, des crucifix, pour diverses bénédictions, ériger des Chemin de Croix, etc. (15 juin 1946) ; permettre aux membres laïcs de laver les purificatoires, les corporaux (4 juillet 1946) : cette autorisation du Saint-Siège réjouit profondément saint Josémaria. Cf. Lettre de saint Josémaria à José María Hernández Garnica, 8 juillet 1946, AGP, A.3-4, 259-01.

(97) « Mgr Pasetto nous accorde le privilège d’avoir la faculté de célébrer dans nos oratoires la messe de minuit dans les vigiles des jours suivants : Invention et Exaltation de la Sainte-Croix, Saint Joseph, Anges Gardiens, 1er janvier et 14 février. Comme d’habitude il nous a gâtés […]. Il a dit que l’autorisation était sans taxes, c’est-à-dire sans que nous n’ayons à verser la moindre lire ». Journal, 19 août 1946 (tenu par SC). Le document est daté du 17 août 1946.

(98) Né à Terranova di Sibari (Calabre), le 7 janvier 1877, ordonné prêtre en 1912. Il commença à travailler à la Curie Romaine en 1919. Consultant de plusieurs congrégations. Il dirigea durant trente ans, en qualité de substitut, la section des Indulgences de la Sacrée Pénitencierie Apostolique dont il fut nommé secrétaire. Il décéda à Rome le 25 janvier 1963.

(99) Journal, 27 juin 1946 (tenu par JO. In gamba : très doué, très compétent.

(100) Cf. ESJEB, 28 juin 1946.

(101) Journal, 30 juin 1946 (tenu par JO).

(102) Journal, 5 juillet 1946 (tenu par JO).

(103) « On nous accorde, sous forme de bref, un tas d’indulgences, parmi lesquelles celles concernant le travail professionnel ont créé un précédent ». Journal, 27 juillet 1946 (tenu par SC).

(104) Cf.De Fuenmayor – Gómez-Iglesias – Illanes, Itinéraire, Appendice documentaire n.19, p. 529-531.

(105) Ibid.

(106) Né à Borgo Durbecco de Faenza en 1872. Décécé en 1949.

(107) En réalité, Spada n’était pas évêque : il était le chancelier des Brefs Apostoliques.

(108) Il s’agit de Avv. Comm. Oreste Milani-Valerio, assistant de la Troisième Section.

(109) Journal, 27 juilett 1946 (tenu par SC)

(110) Cf. Journal, 30 août 1946 (tenu par SC).

(111) « Une pièce de notre appartement, la meilleure et la plus grande, est devenue notre oratoire : elle est provisoire, pour quelques mois seulement, cependant elle sera agréable et digne ». Lettre de José Orlandis, 30 juin 1946, AGP, A.2, 0049-01-01.

(112) Cf. Lettre de saint Josémaria, 27 juillet 1946, AGP, A.3-4, 259-01.

(113) Journal, 3 juillet 1946 (tenu par JO). Orlandis écrit cela parce que saint Josémaria comptait le nombre de maisons de l’Opus Dei par tabernacles, de sorte qu’on ne considérait pas comme un vrai centre la maison où le Saint Sacrement n’était pas encore présent.

(114) Cf. Journal, 23 juillet 1946 et 11 août 1946 (tenu par SC).

(115) Escriva de Balaguer, Notes Intimes, n. 220, du 10 août1931, cit. en AVP, II,

p. 346.

(116) Lettre de saint Josémaria à Alvaro del Portillo, 16 mai 1946, AGP, A.3-4, 258-05.

(117) Cf. lettre de saint Josémaria, 30 juin 1946, AGP, A.3-4, 259-01.

(118) Il fait allusion à Ricardo Fernandez Vallespin, administrateur de l’Opus Dei qui faisait partie des membres les plus anciens de l’Œuvre puisqu’il avait demandé son admission en 1933. Né au Ferrol (Espagne), le 23 septembre 1910, il était architecte. Il fut ordonné prêtre en 1949. Saint Josémaria l’envoya en Argentine et en Uruguay pour les débuts du travail apostolique de l’Opus Dei. Il revint à Madrid où il décéda le 28 juillet 1988.

(119) Lettre de saint Josémaria, 30 juin 1946, AGP, A.3-4, 259-01.

(120) Cf. Journal, 5 juillet 1946 (tenu par JO).

(121) Cf. Journal, 7 juillet 1946 (tenu par AP).

(122) Né le 1er octobre 1871. Vicaire de Rome depuis 1931 et jusqu’en 1951 : il travailla toute sa vie durant à la Curie de Rome. Décédé le 13 janvier 1951. Il avait le même âge que Pie XII qu’il tutoyait dans une relation très confiante, il avait une très forte personnalité et une renommée de sévérité : Pie XI l’avait choisi pour mettre de l’ordre dans le Diocèse de Rome. Aussi, Dionisi les prévint-il : « À cause du caractère très spécial du cardinal Vicaire, la chose n’est pas facile ». Journal, 24 août 1946 (tenu par SC). Et le lendemain, avec la fraîcheur de son style jeune, Canals écrivait : « L’os du Cardinal Vicaire est toujours en suspens et il est assez dur à ronger ».

(123) Journal, 24 août 1946 (écrit par SC).

(124) Il était aussi l’archiviste de l’Ufficio I et II du Vicariat.

(125) À un moment donné il tint tête à une patrouille allemande qui allait arrêter une famille juive en les menaçant de les dénoncer au Vatican. Les soldats reculèrent en maugréant et en mitraillant les fenêtres de chez eux, mais la famille put s’en tirer. Sur son activité humanitaire et caritative, reposant sur de fortes doses de courage, cf. Antonio Gaspari, Nascosti in convento: incredibili storie di ebrei salvati dalla deportazione, Italia 1943-45, Milano, Àncora, 1999, p. 47-49.

(126) « Nous allons tout droit au bureau de mgr Dionisi — écrit Canals sur le Journal de ce jour— et il nous dit qu’il a parlé au Vice-gérant et qu’il a une très bonne impression. Il nous accompagne dans l’anti-chambre de mgr Traglia : il y a une queue très longue de gens. Au bout d’une heure, nous attendons toujours. Alvaro descend dire au Père quel est l’état de la situation. Au bout d’un moment, arrive Mgr Dionisi qui nous fait un clin d’œil : il entre et interrompt le Vice-gérant et au bout d’un moment, il sort avec les preces avec le fameux tampon : “pro gratia iuxta preces”. Deo gratias! Nous partons avec lui dans son bureau et nous tapons nous-mêmes à la machine le rescript. Une fois terminé, Don Umberto le porte de nouveau au Vice- gérant pour qu’il le signe. Nous le remercions et avant de partir nous saluons et remercions aussi le Vice-gérant. Nous dévalons les escaliers et nous annonçons cela au Père qui est très content lorsqu’il voit le rescript ». Journal, 26 août 1946 (tenu par SC).

(127) Journal, 28 août 1946 (tenu par SC).

(128) Cf. Journal, 29 août 1946 (tenu par SC).

(129) Né le 3 avril 1895 à Albano Laziale, mort à Rome le 22 novembre 1977. Le vice- gérant était un archevêque tenant lieu d’évêque auxiliaire ou vicaire général pour le diocèse de Rome. Traglia fut cardinal vicaire de Rome entre 1965 et 1968 d’où il partit pour occuper le poste de chancelier de la Chancellerie Apostolique, jusqu’en 1973.

(130) Tedeschini était alors le préfet de la Fabbrica de Saint-Pierre et archiprêtre de la Basilique Vaticane. Né à Antrodoco (Rieti) le 12 octobre 1873, il fit ses études à l’Université de Sant’Apollinare, une Licence de Philosophie et de Théologie et la licence de Droit Canon et Civil et de Littérature. Ordonné prêtre en 1896, il commença son travail de minutante à la Secrétairerie d’État en 1900. En 1908, il fut nommé chancelier des Brefs Apostoliques. Avec Benoît XV, il fut substitut de la Sécrétairerie d’État, où, pendant la Première Guerre Mondiale, il travailla au bureau des prisonniers de guerre. En 1921, il fut nommé Nonce à Madrid et en 1933, cardinal in pectore. À son retour en Italie, il fut l’archiprêtre de la Basilique Vaticane, préfet à la Sacrée Congrégation de la Fabbrica Saint-Pierre et dataire de sa Sainteté. Il décéda à Rome le 2 novembre 1960.

(131) « Don Federico est très affectueux. L’audience est longue et quand midi a sonné, il s’est levé pour dire l’Angélus et a voulu que ce soit le Père qui le dirige. Il a promis de parler demain même au Saint-Père lors de l’Audience qu’il va avoir avec lui ». Journal du 1er juillet 1946 (tenu par JO).

(132) Né à San Benedetto Po (Mantoue) le 19 janvier 1888. Après avoir travaillé de longues années comme professeur et dans divers postes de la Curie— parmi lesquels celui de secrétaire de la Sacrée Congrégation des Séminaires et Universités— il fut recteur du Latran. En 1945, il fut nommé archevêque de Palerme et en 1946, créé cardinal. Il décéda à Palerme le 11 juin 1967.

(133) « Le Père dit que le projet est de faire venir maintenant à Rome, pour la rentrée prochaine, douze ou quatorze, qui se fassent à l’ambiance et apprennent correctement l’italien, etc. et que l’an prochain, quelques uns iraient à Palerme. Le Cardinal demande que nous y allions le plus vite possible : « À Palerme aussi on peut apprendre l’italien » ». Journal, 6 juillet 1946 (tenu par AP).

(134) Cf. Journal, 29 août 1946 (tenu par SC).

(135) Joaquin Anselmo Maria Albareda y Ramoneda, né à Barcelone, le 16 février 1892. Moine bénédictin, était préfet de la Bibliothèque Vaticane depuis 1936. Jean XXIII le créa cardinal en mars 1962. Il mourut à Barcelone le 19 juillet 1966.

(136) Orlandis, Memorias de Roma, p. 43. Alcide Gasperi était son secrétaire durant la guerre.

(137) Journal, 19 juillet 1946 (tenu par SC).

(138) Cf. Journal, 20 juillet et 12 et 14 août 1946 (tenu par SC)

(139) Né à Rome le 29 février 1888. Il était, depuis 1937, le secrétaire de la Sacrée Congregazione degli Affari Ecclesiastici Straordinari. En 1958, il fut nommé secrétaire d’État, crée cardinal et consacré évêque. Il mourut le 30 juillet 1961.

(140) Manuel Fernández-Conde y García del Rebollar né à Puertollano (Cidudad Real) le 8 septembre 1909. Encore séminariste, il fut envoyé au Collège Espagnol de Rome en 1927 pour son doctorat en Droit Canonique et en Philosophie et pour une licence en Théologie, à l’Université Grégorienne. Le 17 mars 1934, il fut ordonné prêtre. Après avoir quitté le Collège Espagnol Saint-Joseph, en 1939, il fut choisi pour travailler à la Secrétairerie d’État et fit une année d’études à l’Académie Pontificale Ecclésiastique et puis à l’Académie des Nobles Ecclésiastiques. Il demeura à la Secrétairerie d’État pendant vingt ans, jusqu’en 1959 où Jean XXIII le nomma evêque de Cordoue. Il fut ordonné évêque par Tardini. Il mourut le 3 mars 1970.

(141) Les documents de cet été-là consignent neuf rencontres : des déjeuners, des entretiens, des promenades, avec plusieurs communications téléphoniques. On devine qu’il était parmi ceux qui avaient une grande confiance avec ceux de l’Œuvre à Rome.

(142) Né le 18 août 1900, à Seveso (Italie). Ordonné evêque en 1964 par Paul VI, son ancien chef à la Seconde Section, qui le nomma Chancelier des Brefs Apostoliques, Troisième Section de la Secrétairerie d’État. Il mourut en 1966.

(143) Le 5 juillet et le 22 août 1946 ; cf. Journal, 5 juillet 1946 (tenu par JO) ; ESJEB, 22 août1946.

(144) Journal, 9 juillet 1946 (tenu par AP).

(145) Né à Felina di Reggio Emilia (Italie) le 4 juin 1910. Crée cardinal au consistoire du 5 mars 1973. Quand il rencontra saint Josémaria, il était vice-assistant général à la présidence de l’Action Catholique et avait derrière lui une vaste expérience apostolique avec les universitaires de l’Université catholique de Milan. En 1951, il fut consacré evêque et envoyé comme Nonce en Bolivie et puis à Caracas. Mgr Montini le prit avec lui en tant qu’évêque auxiliaire de Milan, en 1955. Il fut délégué apostolique au Nigeria et nonce au Canada. En 1967, il fut appelé à Propaganda Fidei, en tant que secrétaire. Par la suite il dirigea le secrétariat pour les non chrétiens. Il mourut le 15 juin 1980.

(146) Il s’agit d’un article de huit pages où il décrivait la spiritualité du fondateur de l’Opus Dei. Même si leur relation n’avait pas été très importante en ces années-là, Pignedoli écrivait : «Avevo chiara la coscienza di conoscerlo da sempre e di amarlo da sempre, da quando cioè lo avevo incontrato, prima degli anni cinquanta. Che importa se, dopo quell’incontro, non lo vidi molte volte e lo vidi solo per circostanze occasionali? Egli era già nella mia anima: come autentico sacerdote: uomo che vede e che aiuta gli altri a vedere. E sempre con cuore giovane, come se la strada che portava a Dio fosse sempre all’inizio sotto la luce dell’alba. Perciò, io lo sento vicino come uno di famiglia». Sergio Pignedoli, Mons. Escrivá de Balaguer, un’esemplarità spirituale, «Il Veltro, Rivista della Civiltà italiana», Roma, XIX (1975), 3-4, pp. 52-59.

(147) Né à Rome le 15 novembre 1910. Il y étudia la Théologie et après avoir été ordonné prêtre en 1933, il fit des études de Lettres à Naples. En plus son activité sacerdotale— et son travail comme assitant à la Secrétairerie d’État— il publia plusieurs études et monographies de littérature et d’art et fut à l’origine de la médiation entre les artistes contemporains et l’Église. En 1963, il fut nommé président de la Commission pour la tutelle des monuments historiques et artistiques du Saint-Siège et en 1964, ordonné evêque par Paul VI. Il mourut le 23 juillet 1985.

(148) Journal, 9 juillet 1946 (tenu par AP)

(149) Journal, 11 juillet 1946 (tenu par SC)

(150) Cf. Journal, 29 août 1946 (tenu par SC).

(151) Cf. Saranyana, Ante Pío XII.

(152) Cf. ESJEB, 5 juillet1946. Juan Postius qui était déjà assez malade à l’époque, dut renoncer à ces charges peu de temps après.

(153) Cf. Journal, 25 juin 1946 (tenu par JO).

(154) Carlos Calaf Rovira, directeur du Collège Espagnol (1943-1949) et maître des requêtes de 1933-1951). Il était prêtre ouvrier diocèsain. Né à Tortosa (Espagne), le 11 juin 1910, il mourut le 6 septembre 2001 (Données du Collège Espagnol Pontifical Saint-Joseph, à Rome).

(155) Il fit un bref témoignage écrit sur saint Josémaria d’où ont été tirés ses détails : cf. témoignage de Carlos Calaf, AGP, A.5, 1429-01-10.

(156) Né en 1906 ; décédé en 1962.

(157) Recteur de 1942 à 1957. Nommé evêque de Barbastro le 24 février 1960. Cf. Journal, 28 juin 1946 (tenu par JO) ; Journal, 9 juillet 1946 (tenu par AP) ; Témoignage de Carlos Calaf, AGP, A.5, 1429-01-10.

(158) Cf. Journal, 25 et 30 août 1946 (tenu par SC).

(159) Il arriva à Rome en 1930 pour s’occuper de la rédaction espagnole de l’Agence Fides. Né à Olaeta (Alava) en 1901, il mourut à Madrid en 1970. Il occupa plusieurs postes à l’archidiocèse de Valence où avait emménagé en 1947.

(160) Cf. Journal, 27 et 29 Juin 1946 (tenu par JO ; Journal, 28 août 1946 (tenu par SC).

(161) Cf. Journal, 27 juin 1946 (tenu par JO ; Journal, 29 juillet 1946 (tenu par SC) ; ESJB, 30 août 1946.

(162) Cf. Journal, 1er juillet 1946 (tenu par JO ; Journal, 20 et 29 juillet 1946 (tenu par SC).

(163) Cf. Journal, 7 août 1946 (tenu par SC).

(164) Cf. Jounral, 20 et 29 juillet 1946 (tenu par SC).

(165) Orlandis, Memorias de Roma, p. 48.

(166) Cf. Ibid., p. 50. Julian Cortés Cavanillas, né à Madrid en 1908, était alors un étudiant auditeur libre en Droit, raison pour laquelle il s’inscrivit à l’Académie où J.Escriva faisait des cours de Droit Romain et Canonique. Il faisait en même temps des études à l’École de Journalisme de El Debate. Il décéda à Madrid en 1991.

(167) Cf. Journal, 7 août 1946 (tenu par SC). Masoliver (1910-1997) fut un critique connu de littéraire et d’art, traducteur, il collabora longtemps avec La Vanguardia. Lié aux intellectuels et aux artistes du 20ème siècle, il connaissait Dali, Buñuel, Joyce et Erza Pound. Il mena lontemps en Italie une vie d’aventures et romanesque.

(168) Cf. Orlandis, Mis recuerdos, p. 139.

(169) Cf. ibid., p. 77-96.

(170) Lettre de José Orlandis, 30 juin 1946, AGP, A.2, 0049-01-01.

(171) Vazquez de Prada en parle longuement : cf. AVP, II, p. 463-553.

(172) Il fut nommé vicaire général de la Compagnie de Jésus en mai 1957. Né à Pampelune, en 1884, il intégra la Compagnie en 1903. Provincial de la Province de Castille de 1925 à 1934, il fut nommé par le père général au poste d’assitant de toutes les provinces d’Espagne, résidant à Rome. Par la suite il visita l’Espagne en tant que visiteur général de tous les Jésuites de la Péninsule.

(173) Lettre de saint Josémaria à Alvaro del Portillo, 23 mai 1946, AGP, A.3-4, 0258-05.

(174) « Ce matin, le Père et Alvaro sont allés chez le P.Azcona, S.J., Assistant Général d’Espagne. Le Père est rentré content et dit qu’ils sont prêts à rectifier. Le P.Azcona lui a assuré qu’il écrirait dans ce sens aux provinciaux d’Espagne», Journal, 24, juillet 1946 (tenu par SC).

(175) Cf. Journal, 7 août 1946 (tenu par SC).

(176) Il fut, pendant plus de trente ans, la voix espagnole de Radio Vatican. Avant la Seconde Guerre mondiale il était speaker puis il fut directeur de programmes et collaborateur de la rédaction jusque dans les années soixante. Cf. Fernando Bea, Qui Radio vaticana : mezzo secolo della radio del papa, [Città del Vaticano], Edizioni Radio vaticana, 1981.

(177) Cf. Orlandis, Memorias de Roma, p. 47.

(178) Cf. Journal, 29 juin 1946 (tenu par JO).

(179) Cf. Journal, 28 juillet 1946 (tenu par SC)

(180) Journal, 21 juillet 1946 (tenu par SC).

(181) Sur les circonstances de son décès, cf.Orlandis, Memorias de Roma, p. 106-107.

(182) Cf. ESJEB, 12 de julio de 1946.

(183) Ils se sont retrouvés neuf fois en deux mois : Journal, 30 juin et 1er et 5 juillet 1946 (tenu par JO) ; ESJEB, 10, 12 et 26 juillet1946; Journal, 15 et 27 août 1946 (tenu par SC) ; ESJEB, 31 août 1946.

(184) La lettre est datée du 3 juin 1946. AGP, L.4-3-14. Martín Estanislao Gillet fut maître général depuis 1929 jusqu’en septembre 1946.

(185) Orlandis, Memorias de Roma, p. 46. Né à Herias (Asturies) le 5 novembre 1895. Il entra chez les Dominicains en 1914.

(186) Il occupa ce poste jusqu’au 28 juin 1954, où il mourut dans un accident de voiture.

(187) Cf. Journal, 30 juin 1946 (tenu par JO).

(188) Lettre de saint Josémaria à Alvaro del Portillo, 13 juin 1946, AGP, A.3-4, 259-01.

(189) Lettres d’Alvaro del Portillo à saint Josémaria, le 17 mai et le 8 juin 1946, AGP, B.1.3. L’évêque de Forli était alors Giuseppe Rolla (1877-1950) qui fit un vaste travail humanitaire durant la guerre et l’après guerre, en cette ville de la Romagne sauvagement bombardée par les Alliés puisqu’elle était connue de tous comme étant la « ville du Duce ». Les châsses avec les corps des martyrs arrivèrent par valise diplomatique grâce à la gentillesse de l’ambassadeur Sangroniz. Cf. Journal, 28 août 1946 (tenue par SC).

(190) Cf. Journal, 14 août 1946 (tenu par SC)

(191) ESJEB, 23 août 1946.

(192) Cf. Pilar Urbano, El hombre de Villa Tevere. Josemaría Escrivá, puertas adentro, Barcelona, Planeta, 2008, p. 34. Cette donnée est aussi tronquée dans AVP, III, p. 55, alors que dans la note de pied de page, l’origine est bien précisée.

(193) Cf. ESJEB, 24 août 1946.

(194) Cf. Journal, 29 août 1946 (tenu par SC).

(195) On fait souvent allusion « la chaleur romaine écrasante qui a dépassé largement cette année les seuils précédents » dans Journal, 2 août 1946 (tenu par SC).

(196) Cf. Orlandis, Mis recuerdos, p. 145.

(197) Journal, 4 juillet 1946 (tenu par JO).

(198) Cf. Journal, 4 juillet 1946 (tenu par JO).

(199) « Alvaro et moi, avons dit la Messe dans la cellule de Saint Joseph de Calazanz ». ESJEB, 3 août 1946.

(200) « Il dit sa Messe dans les appartements de Saint Ignace ».ESJEB, 12 août 1946.

(201) « Nous nous sommes recueillis devant les reliques de Saint Philippe Néri ».ESJEB, 28 août 1946.

(202) Cf. Journal, 9 juillet 1946 (tenu par AP. Le Musée des Âmes Bénies du Purgatoire est une petite exposition à la sacristie de l’Église du Sacré-Cœur du Suffrage, près du Tibre, dans le quartier Prati.

(203) Cf. Journal, 28 juillet 1946 (tenu par SC).

(204) Cf. ESJEB, 13 août 1946.

(205) Cf. Journal, 14 août 1946 (tenu par SC).

(206) Diario, 16 août 1946 (tenu par SC).

(207) Cf. ESJEB, 17 août 1946.

(208) Le 30 juillet, lors du deuxième séjour à Fiuggi, du 29 juillet au 2 août 1946.