Saint Josémaria et Dora del Hoyo

En janvier 1944, la résidence d'étudiants La Moncloa, à Madrid, avait des problèmes d'organisation . Cent jeunes étudiants et des services de base en cuisine,buanderie, entretien des locaux qui ne tournaient pas. Tout allait mal à cause d'un manque d'organisation et de personnel préparé. Demain, je m'en vais, se dit alors Dora en arrivant et en constatant tout cela. //C’est le , que s’ouvrira à Rome le procès de la cause de béatification de Dora del Hoyo qui sut faire de son travail aux tâches du fo

Dora del Hoyo. 1947

Dora del Hoyo et Saint Josémaria

En février 1944, les travaux étaient achevés et les maçons avaient quitté la maison. Vers la même époque également,on quitta l’appartement de la rue Núñez de Balboa, à Madrid,ce qui permit de concentrer l’attention sur les autres centres.

Le Père restait attentif à l’évolution et aux progrès de l’administration. Il demandait parfois à ses filles de réduire l’allure, pour éviter de dangereux emballements, car « le mieux est l’ennemi du bien », comme le dit la sagesse populaire51. À d’autres moments, il devait au contraire les secouer, pour éviter qu’elles ne s’endorment sur leurs lauriers. Tout ce qui concernait la cuisine était pour lui de première importance, car un mauvais fonctionnement de la cuisine aurait eu des répercussions défavorables sur l’apostolat et sur l’économie de toute la résidence52.

Il fallut plusieurs années d’efforts pour atteindre un niveau acceptable dans les services d’administration. Cela était dû, en grande partie, au manque de moyens adéquats et de l’expérience requise. Il était évident que le personnel de maison qui avait été recruté n’avait généralement aucune préparation et qu’il fallait lui inculquer les rudiments des tâches ménagères. Pour faire de ce personnel une équipe efficace, il fallait une longue expérience, et une bonne connaissance du métier, et il aurait mieux valu aussi que les employées soient guidées par des principes moraux élevés.

L’apostolat des apostolats, en un mot, comportait une grande lacune : on avait besoin de femmes qui se consacrent corps et âmes, et avec professionnalisme, au travail spécifique d’administrer les centres de l’Opus Dei.

Près de quatre années s’écoulèrent, jusqu’à ce que certaines des employées fassent de ce travail domestique le milieu professionnel de leur sanctification.

Résidents de la Résidence Moncloa, dite Colegio Mayor

Arrivée de Dora del Hoyo à La Moncloa

Cette heureuse période connut ses débuts à l’époque des « catastrophes ». L’année avait commencé depuis peu, et il y avait alors une centaine d’étudiants, lorsqu’un groupe d’employées, venues du Pays Basque, rentrèrent déçues chez elles. Josémaria se rendit aussitôt chez la Mère générale du Service domestique pour qu’elle le tire d’embarras53.

Comme elle était absente, il s’adressa à Mère Carmen Barrasa, qui promit de lui envoyer de l’aide, le plus vite possible54.

Fort heureusement, la religieuse venait d’apprendre que Dora, employée de maison chez le duc de Nájera, était disponible à ce moment. C’était réellement une femme exceptionnelle et Mère Barrasa était vraiment disposée à rendre service à Josémaria. Elle parla à Dora et insista tant et si bien que, même si elle ne parvint pas à la convaincre, elle obtint qu’elle aille, au moins quelques jours, à la résidence de la Moncloa.

Sous le regard un peu surpris d’Encarnita, elle arriva avec deux valises, vêtue d’une jolie robe. Après avoir annoncé qu’elle venait de la part de Mère Barrasa, elle fit brièvement mention de son expérience professionnelle. Elle avait 29 ans, elle s’appelait Dora del Hoyo, née à Riaño, province de Léon, et elle avait servi dans différentes maisons. Le dernier emploi,qu’elle (l’)avait occupé, c’était chez le duc et la duchesse de Nájera. Elle omit d’ajouter qu’elle n’était venue que pour complaire à Mère Barrasa, et qu’elle comptait retourner bientôt chez les Nájera.

Demain je m’en vais

Lorsque Dora parcourut les locaux de l’administration, elle se rendit compte, sans avoir besoin d’autres explications, de la quantité de travail et du manque de main d’œuvre qu’il y avait là. La nouvelle venue prenait en pitié ces jeunes femmes, confrontées à des employées inexpérimentées, et avec du travail par-dessus la tête. Le salaire était un peu juste, les chambres étaient, comme il était courant à cette époque, des dortoirs, et tout ce qu’il y avait à faire était multiplié par cent : le linge à laver, les repas à préparer ou à servir. Et tout cela en échange de quoi ?

Résidents de la Résidence Moncloa. Lors d'une réunion, le Père dessine un petit canard sur le plâtre d'un résident . Madrid 1972

Ce qui dut la retenir, inconsciemment, ce fut l’exemple silencieux des administratrices, qui travaillaient de toutes leurs forces, avec joie et élégance, et qui de plus ne devaient pas gagner grand-chose et ne devaient pas s’amuser beaucoup à servir tous ces étudiants inconnus. Et ce qui décida Dora, c’est sa générosité, son bon cœur. L’été, au temps des récoltes, elle demandait congé pour retourner au village, donner un coup de main à sa famille pour les travaux des champs, lorsque ses employeurs partaient en vacances56.

Elle alla se changer, et ce fut sa première épreuve du feu. Elle était habituée aux uniformes seyants des servantes de maisons riches et aristocratiques, nets, amidonnés, bordés de dentelle, et elle dut éprouver une étrange impression en passant une blouse qui ne lui allait vraiment pas.

« C’est bon, aujourd’hui, je reste encore et je fais tout ce que je peux pour aider, mais demain je m’en vais57 », pensait Dora. Le dimanche arrivait et elle allait voir Mère Barrasa pour lui dire qu’elle abandonnait son emploi. Mais la bonne religieuse devinait ses intentions, et savait à merveille l’esquiver. C’est ainsi que Dora reportait d’une semaine sur l’autre le moment de tout laisser tomber.

Des chemises très à la mode

Dora del Hoyo et Asunción. Rome 1959

Un point d’honneur professionnel, devant le manque de formation qu’elle constatait, l’obligeait à retarder son départ définitif de la résidence. Dora, au fond, était un cadeau de Dieu, comme le disait Encarnita, stupéfaite devant tant de connaissances et de vertus domestiques : « Dora avait un cœur d’or et elle travaillait divinement : c’était une virtuose du repassage, du nettoyage et de la couture ; elle faisait le ménage à la perfection ; elle servait à table sans la moindre erreur ; elle s’y connaissait en cuisine. Son comportement était respectueux et naturel et elle savait enseigner le travail aux autres employées avec autorité, mais en y joignant une grande délicatesse. Elle avait, c’est vrai, son caractère, mais elle savait se maîtriser. La première semaine, nous avons décidé de nous charger du linge. Dora a proposé d’amidonner les plastrons de toutes les chemises blanches, ce qui, à l’époque, était à la mode. Même sans table à repasser, elle avait organisé le travail en profitant du temps libre, un moment dans l’après-midi, un moment le soir, et en utilisant les tables de la salle à manger et le dessus de la cuisinière. Elle montra comment s’y prendre aux autres employées, qui ne savaient pas le faire, et son idée eut un énorme succès auprès des résidents. Elle s’était tellement attachée à notre maison qu’elle décida d’attendre la fin de l’année universitaire pour s’en aller.»

Un choix définitif

Aussitôt que le service fut réorganisé et qu’il fonctionna sans problèmes majeurs, le Père, qui leur rendait visite chaque semaine, encouragea ses filles à aider les employées dans leur vie spirituelle, espérant que Dieu, dans sa grande bonté, concéderait à certaines d’entre elles la possibilité de poursuivre cette tâche professionnelle, en étant désormais des fidèles de l’Œuvre. « Dès cet instant, rapporte Encarnita, la vocation de Dora occupa bien des heures dans nos prières et notre travail ; notre Père priait pour elle depuis plus longtemps encore.59 »

Lorsque la résidence d’Abando fut créée à Bilbao, en 1945, deux volontaires la prirent en charge, Dora del Hoyo et Concha Andrés. Le 18 mars 1946, elles écrivirent au Père pour lui demander de faire partie de l’Opus Dei. Il les reçut dès le lendemain, jour de la saint Joseph et il annonça que « ces deux lettres avaient été le plus beau des cadeaux qu’il ait jamais reçus pour le jour de sa fête».

Rome

Dora del Hoyo, Rome 2003

Saint Josémaria l’invita à s’installer à Rome où elle y arriva le 27 décembre 1946. Elle y vécut jusqu’à la fin de ses jours. De là, elle collabora, par son exemple et (avec) son approche amicale, à former spirituellement des jeunes du monde entier. C’est ainsi qu’elle contribua à l’expansion du travail apostolique de l’Opus Dei.

Immédiatement après son décès le 10 janver 2004, la renommée d’une sainteté solide dont elle jouissait commença à se manifester clairement. À partir de cette date des centaines de récits et de lettres, envoyés spontanément par des fidèles de la Prélature et par beaucoup d’autres personnes, ont été utilisées pour étayer largement l’étude de sa vie chrétienne exemplaire.

Dora del Hoyo dans l’Opus Dei

Mgr Xavier Echevarria a dit très récemment que “Dora a eu une grande importance pour l’Opus Dei par sa fidélité et par son travail parfaitement acheve, paré de son humilité à faire et à disparaître. Aussi a-t-elle été d’une grande efficacité jusqu’à la fin de sa vie.

Elle n’a jamais cherché la moindre gloire, la moindre considération personnelle et elle a livré toute sa vie, à cent pour cent. Ce fut une femme de foi. C’était la première Numéraire Auxiliaire et elle eut confiance en ce que Dieu lui demandait à travers Saint Josémaria.

Elle vivait une espérance qui la conduisait à savoir que l’Opus Dei prendrait de l’expansion et arriverait à être ce que nous contemplons aujourd’hui. Et tout cela, grâce à son amour de Dieu, si grand qu’il l’empêchait d’être tournée sur elle-même: elle tournait autour du Seigneur et des autres”.

Lire davantage dans : Vazquez de Prada, tomo II, chap. XIV, 3

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