Mon voyage vers la foi déjoue les projets des hommes qui ne sont pas souvent ceux de Dieu. Mon père musulman et ma mère catholique se sont mariés à l’église et papa a continué de pratiquer sa religion, comme il en avait convenu avec maman qui, elle, a gardé sa foi. Nous sommes cinq frères et sœurs et je suis la plus jeune.
Baptisés dès leur jeune âge, mes frères et sœurs ont aussi reçu les autres sacrements, avec le consentement de papa. Or quand je suis née, il s’est dit que j’attendrais l’âge adulte pour choisir moi-même d’être musulmane ou catholique. Maman n’était pas d’accord, mais mon père ne céda en rien. Ceci dit, papa permettait que j’accompagne maman à l’église tout en m’empêchant d’aller au catéchisme avant d’avoir choisi moi-même.
Le Credo
J’allais donc à la Messe tous les dimanches. J’aimais la musique, les chants à l’église et le Credo me touchait profondément. Je ne comprenais pas ce qui s’y disait mais j’aimais les mots de cette récitation. Un dimanche, je suis arrivée en avance à l’église pour prendre note des paroles de ce chant et pouvoir ainsi le chanter quand je voudrais. Par la suite, quelques années plus tard, je compris que cet épisode avait été providentiel dans ma vie. Tous les ans je me demandais si c’était la bonne occasion de dire à mon père que le moment était arrivé, mais pensant que pour lui l’âge adulte était 18 ans, j’ai donc attendu.
J’avais 16 ans, quand papa est tombé malade. J’étais pensionnaire dans une école assez loin de la maison et je n’ai pas réalisé à quel point c’était grave. Hospitalisé, une semaine plus tard, il est rentré chez nous, tout est allé très vite et il est décédé.
C’était mon choix
J’ai appris par la suite que lorsque papa était encore à l’hôpital, maman était allée le voir avec une bonne amie qui avait beaucoup prié pour que je sois baptisée. Elles lui ont demandé s’il était d’accord pour mon baptême et il leur a répondu que c’était un choix que je devais faire moi-même.
J’ignorais tout cela, moi qui étais très peinée de ne pas avoir eu l’occasion de lui en parler directement. Le jour des obsèques, j’en ai parlé à l’une de mes sœurs qui m’a rassurée : en effet, c’était à moi de prendre cette décision, elle était sûre que papa l’aurait respectée.
J’ai tout de suite dit à maman que je souhaitais avoir des cours de catéchisme le plus vite possible et que j’avais l’occasion de le faire à l’école.
Ce fut rapide. En effet, mes camarades attendaient de recevoir les sacrements depuis un an et le curé de la paroisse allait venir de très loin pour les administrer à tous ceux qui s’y étaient préparés.
J’étais prête et le jour de la cérémonie j’ai promis au bon Dieu de suivre des cours de doctrine après le baptême. Tout se déroula à merveille et je pus tenir ma promesse.
Ceci dit, Dieu avait des projets pour moi. Je les découvris à mesure que ma vie chrétienne croissait. En effet, après mon baptême, quand je connus l’Opus Dei, je me dis : Quel meilleur chemin pour approfondir ma foi ? Trois années plus tard, je compris que Dieu m’appelait à faire partie de l’Opus Dei.
Je n’ai jamais arrêté de lui rendre grâces pour le cadeau de ma foi et de ma vocation.