L’expérience de la douleur et de la souffrance

La souffrance éprouvée par saint Josémaria dans le cadre de sa propre famille fut une façon pratique d’atteindre la maturité que d’autres n’ont qu’au bout de longues années.

La souffrance éprouvée par saint Josémaria dans le cadre de sa propre famille fut une façon pratique d’atteindre la maturité que d’autres n’ont qu’au bout de longues années.

La douleur est l’une des expériences les plus communes de la vie cependant elle nous surprend toujours et nous demande continuellement d’apprendre à nous adapter aux circonstances nouvelles. Personne ne peut s’estimer compétent en matière de douleur. Celle-ci a toujours des nuances originales que ce soit dans sa façon de se manifester, en ses causes et dans les différentes réactions qu’elle provoque. Nous pouvons profondément souffrir pour des motifs et des raisons toujours qui nous surprennent toujours. Le saint-père Jean-Paul II a écrit : « La souffrance humaine inspire la compassion, elle inspire également le respect et, à sa manière, elle intimide. Car elle porte en elle la grandeur d’un mystère spécifique […] car l’homme, dans sa souffrance, reste un mystère inaccessible » 1.

La spécificité principale de la douleur humaine vient de la question existentielle qu’elle pose. « Au cœur de toute souffrance éprouvée par l’homme, et aussi à la base du monde entier des souffrances, apparaît inévitablement la question pourquoi ? C’est une question sur la cause, la raison ; c’est en même temps une question sur le but (pour quoi ?) » 2. En effet, dès qu’il veut comprendre le sens de la douleur, l’être humain se pose la question du sens de son existence personnelle et essaie de saisir la portée et le sens de sa liberté. « Suis-je en mesure de rejeter la douleur ? Puis-je m’en écarter, l’éliminer ? En fait, c’est bien la douleur qui donne à la vie un sens éphémère » 3.

Cette expérience humaine nous encourage à chercher l’aide des autres et à leur apporter notre secours, le cas échéant. L’expérience de la douleur nous apprend à veiller sur les autres 4. La douleur fait la différence entre quelqu’un de mûr et d’équilibré, capable de faire face aux obstacles et aux situations difficiles et quelqu’un qui se laisse aller et noyer par ses émotions et sensations.

La douleur et l’amour sont interactifs

« N’oublie pas que la douleur est la pierre de touche de l’amour » 5.

Cette affirmation percutante et profonde de saint Josémaria Escriva est à rapprocher des réactions diverses face à la douleur. Il y a un rapport entre la façon dont chacun vit la douleur et sa façon d’aimer. En effet, on n’accepte la douleur que lorsqu’on réalise que c’est l’amour qui lui donne un sens. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut arriver à s’écrier : « Bénie soit la douleur. — Aimée soit la douleur. — Sanctifiée soit la douleur… Glorifiée soit la douleur ! » 6. Pour saint Josémaria, le mystère de la douleur est toujours la pierre de touche qui devient l’occasion de trouver face à face ce Dieu qui se fit Homme afin de nous apprendre à vivre en tant qu’hommes. En choisissant l’Incarnation, Jésus-Christ voulut éprouver toute la souffrance humaine possible afin de nous apprendre que l’amour peut surmonter tout type de douleur. C’est ce que saint Josémaria exprime en ce point de Chemin : « C’est tout un programme que l’apôtre Paul nous trace pour que nous nous mettions, avec profit, à l’école de la douleur : spe gaudentes, joyeux par l’espérance, in tribulatione patientes, endurants dans l’épreuve, orationi instantes, constants dans la prière » 7.

La douleur est le point de rencontre de la joie pleine d’espérance et du besoin de la prière. Le chrétien accepte la douleur dans l’espérance d’une joie future. Il est totalement conscient de ses limites et compte sur l’aide demandée à Dieu dans la prière. Il sait qu’il n’est pas capable de faire face tout seul aux difficultés mais il n’a pas l’attitude pessimiste de celui qui pense que la souffrance est la dernière étape inévitable du chemin de la vie. « Si tu sais que ces souffrances — physiques ou morales — sont purification et mérite, bénis-les » 8.

La souffrance est un carrefour, un lieu de passage : elle n’est jamais l’étape finale. De ce fait, la prière est un moment important pour retrouver le sens de la souffrance qui, avec la grâce de Dieu, devient une joie 9. L’effet cathartique de la prière est une réalité puisque chaque fois que l’homme prie, il éprouve la miséricorde de Dieu qui partage ses soucis et dont il reçoit un signe d’Amour presque tangible:« Mon Dieu, apprends-moi à aimer! — Mon Dieu, apprends-moi à prier! » 10.

Le rapport douleur-amour est très fort. Ceux qui aiment et qui « sont forgés au creuset de la souffrance » y trouvent la joie 11. « L’Amour est également la source la plus riche du sens de la souffrance » 12. Saint Josémaria disait souvent : « Je te veux heureux sur terre. — Tu ne le seras pas, si tu ne te délivres pas de cette peur de la souffrance. Car, tant que nous « cheminons », c’est précisément dans la souffrance que réside le bonheur » 13. Il est vrai que la souffrance est la voie vers le bonheur, vers la fin ultime de l’homme. Mais il peut se faire que l’expérience de la douleur plonge quelqu’un dans le désarroi de sa souffrance. Il s’agit alors non plus accepter ou rejeter la douleur, mais d’apprendre à considérer la souffrance comme faisant partie de notre existence et du plan de Dieu pour chacun de nous.

« La souffrance est aussi une épreuve où l’homme montre sa grandeur morale, sa maturité spirituelle » 14. Fort heureusement, c’est avec sa liberté et sa rationalité que l’homme peut faire face aux événements douloureux. Pour y arriver, il doit atteindre un niveau plus élevé de maturité personnelle qui demande des efforts actifs et qu’on ne peut jamais considérer comme définitivement acquis. Il faut faire appel à toutes les ressources spirituelles et adopter une attitude pertinente. Comme le dit Viktor Frankl, notre capacité d’endurance fait partie de notre éducation personnelle, elle est une phase importante de notre croissance intérieure et de notre auto-organisation 15.

Aujourd’hui, l’incapacité à faire face à la douleur et à la souffrance physique ou morale, vient justement d’un manque de « culture de la souffrance ». Les parents ont peur de mettre leurs enfants devant le sacrifice et de ce fait, ils sont tentés de tout leur donner, tout de suite. Ils pensent qu’ils ont tout leur temps devant eux pour souffrir en espérant bien que cela ne se produise pas 16. Or il est difficilement concevable que quelqu’un puisse tenir bon sous la pression imprévue d’une douleur intense si auparavant il n’a pas été quelque peu éprouvé. Il sera normalement plus touché par les crises nerveuses et les dépressions.

La souffrance que saint Josémaria vécut dans sa famille lui permit d’atteindre pratiquement la maturité que d’autres n’ont que longtemps après. Sa biographie est exemplaire dans ce sens. Enfant, il fut gravement malade ; confronté à la mort de trois de ses sœurs, il vit son père souffrir des conséquences d’une crise financière ; il dut quitter sa ville pour aller ailleurs et changer de vie. Il souffrit après au séminaire et cette souffrance rattachée à de nombreuses heures de prière devant le Saint-Sacrement, fut à l’origine de sa maturité spirituelle. Les multiples épreuves internes et externes, voire la persécution subie lors de la fondation de l’Opus Dei, que le Seigneur permit qu’il endurât lui demandèrent une grande dose d’esprit de sacrifice. Il fut touché par le diabète, maladie qui l’épuisa de longues années durant. Dans un certain sens, nous pouvons dire que rien ne lui fut épargné. Saint Josémaria fut toujours en mesure de comprendre la souffrance et la douleur d’autrui grâce à son expérience personnelle et non pas seulement à une connaissance théorique. Il affronta la souffrance dans la foi, avec courage et avec une grande patience humaine et surnaturelle.

Les malades sont un trésor

« Les témoins de la Croix et de la Résurrection du Christ ont transmis à l’Église et à l’humanité un Évangile spécifique de la souffrance. Le Rédempteur lui-même a écrit cet Évangile avant tout par sa propre souffrance assumée par amour, afin que l’homme ‘ne périsse pas mais ait la vie éternelle’. Sa souffrance, avec la parole vivante de son enseignement, est devenue une source abondante pour tous les hommes qui ont pris part aux souffrances de Jésus dans la première génération de ceux qui ont été ses disciples et qui ont proclamé leur foi en lui, puis dans les générations qui se sont succédé au cours des siècles » 17.

Le saint-père Jean-Paul II croit que ceux qui souffrent sont des protagonistes privilégiés de l’Évangile de la Douleur que le Christ lui-même commença à écrire avec sa propre souffrance. Toute personne qui souffre fait vivre cet Évangile avec sa douleur personnelle. Il s’agit d’un Évangile vivant que nous ne finirons jamais d’écrire et qui nous permet vraiment de reconnaître Dieu lui-même chez tous ceux qui souffrent. Lorsqu’il nous parle du Jugement Dernier, notre Seigneur nous dit bien : « Alors le Roi dira à ceux de droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car […] j’étais malade et vous m’avez visité […] Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir malade et de venir te voir ? […] Et le Roi leur répondra : ‘en vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » 18.

Saint Josémaria était conscient de l’identification du Christ aux malades et il voulut toujours transmettre cette affection pour eux à ceux qui l’entouraient. Il a constamment répété qu’il aimait Dieu et les autres d’un même cœur. Il savait comment aimer les autres à travers Dieu et ceux-ci l’approchaient à leur tour de plus en plus de Lui.

Les malades avaient une place spéciale dans son cœur parce qu’il voyait en eux l’image du Christ qui souffre. C’est la raison pour laquelle chacun l’attirait mystérieusement et très fort vers la corédemption. Dans la prière, il se voyait lui-même comme un Apôtre fuyard et voulait réparer pour sa fuite devant la Croix. Pour réparer pour ces déserteurs qui avaient tant fait souffrir Jésus, il voulait que les malades soient aimés comme une mère aime tendrement son fils et tenait à ce qu’ils ne soient jamais seuls. « Comme d’habitude, dès qu’un de mes enfants est malade je dis à ceux qui sont près de lui de veiller sur lui de telle sorte qu’il ne regrette jamais les soins de sa maman qui est loin. Il faut alors être comme une mère pour cet enfant, l’entourer comme sa mère le ferait ». Et d’ajouter par ailleurs « nous sommes pauvres et cependant nous ne devons pas lésiner dans le soin de nos malades. S’il le fallait, nous déroberions un petit coin de ciel pour eux et le Seigneur ne nous en voudrait pas » 19.

« Enfant. — Malade. — N’éprouvez-vous pas la tentation d’écrire ces mots avec des majuscules ? Pour une âme éprise, les enfants, les malades, c’est Lui » 20.

Les malades sont notre trésor, disait-il souvent, puisque lorsqu’ils pratiquent cette ascèse souriante, à laquelle saint Josémaria tenait tant, les malades peuvent transformer leur souffrance en prière. Ils sont un trésor pour nous puisqu’en prenant soin d’eux, nous mettons en pratique la charité et nous enrichissons à notre tour en les entourant de notre mieux. La maladie est un trésor pour l’Église car tout malade prend part à la Passion de notre Seigneur sur la Croix 21. Celui qui est gravement malade et près d’aller retrouver personnellement Dieu avance vers Lui dans sa souffrance. Cette rencontre le purifie profondément, elle est un instant de paix.

« Cet homme se meurt. Il n’y a plus rien à faire... » C’était il y a bien des années, dans un hôpital de Madrid. Après s’être confessé, tandis que le prêtre lui donnait son crucifix à baiser, ce gitan s’exclamait à grands cris, sans qu’on parvînt à le faire taire :

— Avec cette bouche pourrie, je ne peux pas embrasser le Seigneur !

— Mais puisque tu vas l’étreindre et l’embrasser très fort, tout de suite, au Ciel !

[...] Quelle terriblement belle façon de montrer sa contrition, n’est-ce pas? » 22.

Cet épisode de la vie du fondateur de l’Opus Dei en dit long sur son attitude devant la mort et la souffrance. La valeur purificatrice de la souffrance de ce gitan a atteint un niveau infini et, avec la grâce du sacrement de pénitence, il ne craint plus la mort. Celle-ci devient, au contraire, l’occasion tant attendu par celui qui espère : pouvoir contempler Dieu face à face, non pas comme un Juge, mais comme un Père aimant qui nous attend pour nous serrer dans ses bras.

Professionnels tous les jours confrontés à la douleur et à la souffrance

Il n’est pas facile d’être confronté tous les jours à la souffrance des gens et de toujours s’intéresser à eux, à leurs soucis à leur tristesse. On court le risque de traiter la douleur de façon anonyme pour essayer ainsi de soulager fallacieusement l’environnement quotidien des professionnels de la santé.

Il y a des infirmières très compétentes qui ne sont plus touchées par la souffrance. Au lieu de voir le patient comme un être humain, dans le cadre global de la personne, elles sont centrées sur ce qu’il faut faire pour répondre aux nécessités cliniques du patient. Les médecins courent aussi le risque de considérer les patients de façon pragmatique et de limiter leur travail au diagnostique et aux options thérapeutiques.

Et, hormis le contact avec le malade pour le diagnostique et le traitement à suivre, les médecins sont invisibles, plongés dans des activités administratives, tout pris par leurs cours, les échanges avec leurs collègues et leurs congrès.

Ce que le fondateur de l’Opus Dei dit à un chirurgien orthopédiste est très significatif. Ce médecin lui avait demandé comment éviter la routine dans son métier : « Vit en présence de Dieu, comme tu le fais sans doute déjà. Je suis allé hier visiter un malade que j’aime de tout mon cœur de père et j’ai réalisé que votre labeur de médecins est un grand travail sacerdotal. Et n’en tire pas une fierté quelconque puisque tout le monde a une âme sacerdotale. Vous devez mettre votre âme sacerdotale à l’ouvrage. Lorsque tu te laves les mains, que tu enfiles ta blouse blanche, tes gants, pense à Dieu et au sacerdoce royal dont parle saint Pierre. Ce n’est qu’ainsi que tu éviteras la routine dans ton travail et feras du bien aux corps et aux âmes » 23.

Le travail des médecins et des infirmières est la reprise ininterrompue et cachée de ce que notre Seigneur fit toute sa vie durant. Ses miracles en parlent : les aveugles recouvraient la vue ; les muets parlaient ; les sourds entendaient ; les boiteux marchaient. Il guérit des épileptiques, des lépreux, il a même ressuscité des morts. Un médecin qui lit l’Évangile ne peut pas ne pas percevoir la compassion profonde de Jésus lorsqu’il s’approchait des malades et qu’il prenait l’initiative d’aller au devant pour être attentif à leurs demandes. Cependant, le Seigneur soumettait tout à une condition : la foi, une foi humaine et surnaturelle en Lui.

L’Évangile nous parle de ce père qui lui demande pourquoi les apôtres n’avaient pas pu guérir son fils. Jésus lui répond que c’est à cause de leur manque de foi 24. Aujourd’hui les médecins oublient fréquemment qu’il est essentiel d’établir un rapport confiant avec leurs patients. Ceux-ci sont alors encouragés à faire davantage confiance aux médicaments qu’à la personne qui les leur prescrit. Une bureaucratisation déplacée dans le milieu médical peut en effet détruire le rapport médecin-patient et le réduire à un simple échange d’informations et de prescriptions, où les statistiques remplacent la communication personnelle.

Saint Josémaria rappelait aux médecins combien leur rapport personnel avec le patient est unique et les encourageait à éviter la routine dans leur travail. Il les poussait à identifier leur cœur au cœur de Dieu. Ce n’était pas du sentimentalisme pour lui, mais la conviction que l’on ne peut pas exercer la médecine comme un tout autre métier, même si c’est l’amour de la science qui y conduit.

À un moment donné, des infirmières lui ont demandé comment améliorer leur travail. Il leur dit : « Nous avons besoin de nombreuses infirmières chrétiennes. Votre travail est un sacerdoce, bien plus important que le travail d’un médecin. J’ai bien dit plus important parce que vous avez la délicatesse, la proximité, le contact avec le patient. Je pense qu’être infirmière, est une authentique vocation chrétienne à parachever par une préparation scientifique à la hauteur et par une immense délicatesse » 25.

Ce raisonnement fut complété à un autre moment : « Que Dieu vous bénisse ! Pensez que vous entourez de vos soins la Sainte Famille de Nazareth et que le malade c’est Jésus […] Ou bien dites-vous que c’est sa Mère. Entourez-les d’amour, de soins, de délicatesse. Faites en sorte qu’ils ne manquent de rien, tout spécialement d’une aide spirituelle[…] Je prie pour vous parce que je pense au bien ou au mal que vous pouvez faire. Vous pouvez franchement parler de son état à quelqu’un qui est bien préparé spirituellement. Et si ce n’était pas le cas, vous devriez profiter de toutes les occasions pour l’encourager à recourir à la confession pour recevoir la communion. Il arrive toujours un moment où le malade veut bien qu’on lui dise qu’il part au Ciel. J’ai en tête moi-même de très beaux exemples » 26.

Saint Josémaria a très souvent parlé de la dimension sacerdotale de ce travail : « L’idée, bien connue de la plupart d’entre vous, selon laquelle les médecins doivent agir comme de bons confesseurs mais dans le domaine matériel, m’impressionne toujours. En effet, ils doivent non seulement se soucier de l’état physique du patient mais aussi de son âme » 27.

Le prestige professionnel, une façon de rendre gloire à dieu

Saint Josémaria appliquait bien à la profession médicale cet appel universel à la sainteté. Si nous cherchons la sainteté dans le travail, nous devons le réaliser à la perfection, avec une compétence professionnelle. « Nous ne saurions pardonner à celui qui peut être savant de ne pas le devenir» 28. « La sainteté est faite d’héroïsme. — Par conséquent, dans le travail, il nous est demandé l’héroïsme de bien “ achever ” les tâches qui nous reviennent, jour après jour, y compris lorsque ce sont les mêmes occupations qui se répètent. Autrement, il n’est pas vrai que nous cherchions à être saints! » 29.

Saint Josémaria parlait fréquemment aussi de l’âme sacerdotale dont le médecin a besoin. « Tu assures que tu comprends petit à petit ce qu’est l’“ âme sacerdotale ”… Ne te fâche pas si je te réponds que les faits montrent que tu ne le comprends qu’en théorie. — Il t’arrive chaque jour la même chose : à la tombée de la nuit, lors de ton examen de conscience, il n’y a que désirs et résolutions ; le matin et l’après-midi, pendant ton travail, il n’y a qu’obstacles et excuses. Est-ce donc ainsi que tu vis le “ sacerdoce saint, pour offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ ” ? » 30.

Intelligence et sainteté vont de pair et saint Josémaria le comprit aisément : « Si tu dois servir Dieu par ton intelligence, étudier est pour toi une obligation grave » 31et d’ajouter aussi « à l’exercice habituel de ta profession, ajoute un motif surnaturel et tu auras sanctifié le travail » 32.

S’adressant toujours aux médecins, saint Josémaria renchérissait : « Imitez le Christ, ainsi vous serez plus fins, plus chrétiens chaque jour et non seulement plus instruits que le meilleur des spécialistes, mais plus ressemblants aux disciples du Christ »33.

Saint Josémaria invitait infirmières et médecins à comparer leur travail à celui du prêtre. Leur métier devient une mission sacrée, de par la proximité avec ceux qui souffrent et qui sont des images du Christ en Croix. L’attachement de saint Josémaria aux malades évoque l’amour de compassion de Jésus pour les malades durant sa vie sur terre. C’est la raison pour laquelle, saint Josémaria parlait clairement du besoin de vivre la vocation de médecin ou d’infirmière avec un dévouement professionnel : une préparation scientifique doublée des soins aimants d’une mère et d’une espérance humaine et surnaturelle. […]

Il est difficile de réaliser ce qu’est la maladie si on n’en a pas éprouvé le poids, au moins une fois dans la vie et si on n’a pas connu la tentation de la colère ou du refus. Saint Josémaria est en mesure de parler si clairement et avec tant de charité de la souffrance et de la douleur parce qu’il en a été éprouvé durant sa vie. Il a pu côtoyer la souffrance et la douleur parce qu’il croyait en l’amour de Dieu. Il avait confiance en Dieu, une confiance d’enfant. Et c’est cela qu’il transmettait dans sa prédication. Ses actes étaient aussi parlants que ses paroles. Tous ceux qui confieront leur souffrance ou leur peine à saint Josémaria apprendront à confier leur souffrance à Dieu […]

1. JEAN-PAUL II, Lettre apostolique, Salvifici doloris, n° 4.

2. Ibidem, n° 9.

3. C.S.LEWIS, Diario di un dolore, Milano 1990, page 40.

4. Cf. Forge, n° 987.

5. Chemin, n° 439.

6. Ibidem, 208.

7. Ibidem, n° 209.

8. Ibidem, n° 219.

9. Cf. Salvifici doloris, n° 18.

10. Forge, n° 66.

11. Cf. Forge, n° 816.

12. Salvifici doloris, n° 13.

13. Chemin, n° 217.

14. Cf. Salvifici doloris, n° 14.

15. Cf. V.FRANKL, Homo Patiens, Brezzo di Bodero 1979, p. 98.

16. Cf. A.MACINTYRE, Tras la virtud, Barcelona 1987, pages 34-35.

17. Salvifici doloris, n° 25.

18. Mt. 25, 34-41.

19. Cf. G.HERRANZ, "Sin miedo a la vida y sin miedo a la muerte. Palabras de mgr Josemaría Escrivá de Balaguer y Albás a médicos y enfermos", dans Aa.Vv., En memoria de mgr Josemaría Escrivá de Balaguer, cit., p. 164.

20.Chemin, n° 419.

21. Cf. P.URBANO, El hombre de Villa Tevere, Barcelona 1994, p. 235.

22. Chemin de Croix, 3èmestation, n° 3

23. Cf. G.HERRANZ, o.c., pages 158-159

24. Cf. Mt 18, 14-20.

25. Cf. G.HERRANZ, o.c., p.159

26. Cf. Ibidem, p. 161.

27. Cf. Ibidem, p. l59.

28. Chemin, n° 332.

29. Sillon, n° 529.

30. Sillon, n° 499.

31. Chemin, n° 336.

32. Chemin, n° 359.

33. Cf. G.HERRANZ, o.c. p. 160.

Atti del Congresso internazionale "La grandezza della vita quotidiana", Vol. IXThe Solidarity of the Children of God , EDUSC, 2002.