Les fioretti du pape François

Nous poursuivons la publication d'extraits de propos tenus par le pape devant divers publics.

L’amour du Christ est comme un “GPS spirituel”

Homélie d’une messe le 29 novembre 2017, à Rangoun (Birmanie) :

« Je vous encourage à continuer de partager avec les autres la sagesse sans prix que vous avez reçue, l’amour de Dieu qui jaillit du cœur de Jésus. Jésus veut donner cette sagesse en abondance. Certainement, il récompensera vos efforts de semer des graines de guérison et de réconciliation dans vos familles, vos communautés et dans la société plus vaste de cette nation. Ne nous a-t-il pas dit que sa sagesse est irrésistible (cf. Lc 21, 15) ? Son message de pardon et de miséricorde utilise une logique que tous ne voudront pas comprendre, et qui rencontrera des obstacles. Cependant son amour, révélé sur la croix est, en dernière analyse, inéluctable. Il est comme un “GPS spirituel”; qui nous guide infailliblement vers la vie intime de Dieu et le cœur de notre prochain. »

Une église ne doit pas être un supermarché

À Sainte-Marthe, le 24 novembre 2017 :

« Jésus est tout particulièrement présent chez les malades, chez ceux qui souffrent, chez ceux qui ont faim, chez ceux qui sont en prison […] Sais-je protéger ce temple ? Ai-je le souci du temple, en offrant mon service ? Est-ce que j’essaye de vêtir, de consoler ceux qui en ont besoin ? Saint Jean Chrysostome faisait des reproches à ceux qui faisaient beaucoup d’offrandes destinées à décorer le temple physique, tout en ne se préoccupant pas de ceux qui étaient dans le besoin […] Souvent, nous entrons dans le temple avec tristesse […] et nous ne savons pas si nous sommes dans la maison de Dieu ou dans un supermarché. On y fait du commerce, on y voit aussi la liste des prix pour les sacrements. Il y manque une chose : la gratuité. Or Dieu nous a sauvés gratuitement, il ne nous a rien fait payer.Les églises doivent être des églises de service, des églises gratuites […] L’Esprit-Saint habite en nous. Mais que se passe-t-il dans mon cœur ? […] Purifions notre temple intérieur, soyons attentifs à ce qui se passe dans notre temple à nous […] D’abord le service, ensuite les ornementations »

Les pauvres sont nos passeports pour le paradis

Homélie à Saint-Pierre, le 19 novembre 2017 :

« Dans les pauvres, se manifeste la présence de Jésus, qui de riche s’est fait pauvre (cf. 2 Co 8, 9). Pour cela, en eux, dans leur faiblesse, il y a une “force salvatrice”. Et si aux yeux du monde, ils ont peu de valeur, ce sont eux qui nous ouvrent le chemin du ciel, ils sont nos “passeports pour le paradis ”. Pour nous c’est un devoir évangélique de prendre soin d’eux, qui sont notre véritable richesse, et de le faire non seulement en donnant du pain, mais aussi en rompant avec eux le pain de la Parole, dont ils sont les destinataires les plus naturels. Aimer le pauvre signifie lutter contre toutes les pauvretés, spirituelles et matérielles.

Et cela nous fera du bien : s’approcher de celui qui est plus pauvre que nous touchera notre vie. Cela nous rappellera ce qui compte vraiment : aimer Dieu et le prochain. Cela seulement dure toujours, tout le reste passe ; donc ce que nous investissons dans l’amour demeure, le reste s’évanouit. »

Pensons-nous que la prière consiste à parler à Dieu comme le font les perroquets ?

Audience générale du 15 novembre 2017 :

« Dans notre relation au Seigneur, dans la prière [..] nous laissons-nous surprendre ou pensons-nous que la prière consiste à parler à Dieu comme le font les perroquets ? Non, il s’agit de faire confiance et d’ouvrir son cœur pour se laisser étonner. Nous laissons-nous surprendre par Dieu qui est toujours le Dieu des surprises ? Parce que la rencontre avec le Seigneur est toujours une rencontre vivante, ce n’est pas une rencontre de musée. C’est une rencontre vivante et nous allons à la messe, et pas au musée. Nous allons à une rencontre vivante avec le Seigneur. »

La messe n’est pas un spectacle

Audience générale du 22 novembre 2017

"Les martyrs ont donné leur vie justement du fait de la certitude de la victoire du Christ sur la mort. Ce n’est qu’en expérimentant ce pouvoir du Christ, le pouvoir de son amour que nous sommes vraiment libres de nous donner sans crainte. Voilà ce qu’est la messe : entrer dans cette passion, cette mort, cette résurrection, cette ascension de Jésus ; quand nous allons à la messe, c’est comme si nous nous rendions au calvaire, c’est la même chose. Alors pensez-y : si au moment de la messe nous allons au calvaire – imaginons – et que nous savons que cet homme qui est là, c’est Jésus. Nous permettrons-nous de discuter, de prendre des photos, de nous donner en spectacle ? Les martyrs ont donné leur vie justement du fait de cette certitude de la victoire du Christ sur la mort. Ce n’est qu’en expérimentant ce pouvoir du Christ, le pouvoir de son amour, que nous sommes vraiment libres de nous donner sans crainte. Voilà ce qu’est la messe : entrer dans cette passion, cette mort, cette résurrection, cette ascension de Jésus ; Non ! Car c’est Jésus ! Évidemment que nous serons en silence, dans la peine et aussi dans la joie d’être sauvés. Quand nous entrons dans une église pour célébrer la messe, pensons à cela : nous arrivons au calvaire, là où Jésus a donné sa vie pour nous. Et alors tout disparaîtra : le spectacle, les bavardages, les commentaires et toutes ces petites choses qui nous éloignent de ce moment si beau qu’est la messe, le triomphe de Jésus.

Je pense qu’il apparaît maintenant plus clairement comment la Pâque est présente et à l’œuvre à chaque fois que nous célébrons la messe, autrement dit ce qu’est le sens de ce mémorial. La participation à l’Eucharistie nous fait entrer dans le mystère pascal du Christ, nous permettant de passer avec lui de la mort à la vie, c’est-à-dire ici au calvaire. La messe, c’est revivre le calvaire, ce n’est pas un spectacle.

Non ! Car c’est Jésus ! Évidemment que nous serons en silence, dans la peine et aussi dans la joie d’être sauvés."

Il y a un smog de la corruption dans la société

À Sainte Marthe, le 10 novembre 2017
« Nous parlons du smog que cause la pollution, mais il y a aussi un smog de la corruption dans la société. Prions pour les corrompus : les pauvres, qu’ils trouvent la sortie de la prison dans laquelle ils ont voulu entrer. […]. Quand ils font les "cordées" de la corruption ils sont puissants, jusqu’à arriver aussi à des attitudes mafieuses. […] Ce n’est pas une fable, ce n’est pas une histoire que nous devons chercher dans les livres d’histoire antique : nous la trouvons tous les jours sur les journaux, tous les jours. Ceci arrive aussi aujourd’hui, surtout avec ceux qui ont la responsabilité d’administrer les biens du peuple, pas leurs biens propres, parce que celui-ci était l’administrateur des biens des autres, et non des siens. Pour affronter des gens corrompus, il ne faut donc pas être naïf, il faut réfléchir et prier pour recevoir la ’grâce de la ruse chrétienne’ ».

Le billet d’entrée, c’est être malade, c’est être pauvre, c’est être pécheur
Á Sainte-Marthe, le 7 novembre 2017

« L’initiative de Dieu est toujours gratuite. Mais pour aller à ce banquet que doit-on payer ? … Ainsi ils te laisseront entrer, c’est le billet d’entrée : être nécessiteux dans le corps et dans l’âme. »

La gratuité divine « n’a pas de limites », Dieu « reçoit tout le monde […] ‘Mais celui qui a dépensé tout l’argent, qui a dilapidé l’héritage, avec ses vices, avec ses péchés, tu lui fais fête ? Et moi qui suis un catholique, pratiquant, qui vais à la messe tous les dimanches, qui accomplis les choses, à moi rien ?’. Celui (qui dit cela) ne comprend pas la gratuité du salut, il pense que le salut est le fruit du ‘moi je paie et toi tu me sauves’. Je paie avec ceci, avec cela…[…] Non, le salut est gratuit ! Et si tu n’entres pas dans cette dynamique de la gratuité, tu ne comprends rien. Le salut est un don de Dieu auquel on répond par un autre don, le don de mon cœur. »