L’Apôtre, qui se voyait sans détours comme « le premier des pécheurs » (1 Timothée 1, 15), était bien conscient de la richesse de compassion offerte par le Seigneur : il m'a « jugé digne de confiance en me prenant à son service » (1 Timothée 1, 12).
En méditant sur son passé, enfin guéri par la miséricorde divine, il évoque avec émotion ses égarements : « Autrefois je persécutais à outrance l'Église de Dieu et je m'acharnais contre elle » (Galates 1, 13). Il gardait vivant lecontraste entre son passé méprisable et la révélation inattendue de Jésus vivant : « Il m'est aussi apparu, à moi l'avorton » (1 Corinthiens 15, 8).
Il n’hésite pas à dévoiler ses sentiments à ses frères. « Je suis le plus petit des apôtres, moi qui ne suis pas digne d'être appelé apôtre parce que j'ai persécuté l'Église de Dieu » (1 Corinthiens 15, 9). Sans excuses, il avoue : « Moi, qui étais auparavant blasphémateur, persécuteur et violent » (1 Timothée 1, 13). Paul converti est un bon exemple pour la conversion jubilaire : nous manifestons aussi non fautes devant le tribunal de réconciliation. Le pape adresse « l’appel à la conversion avec plus d’insistance à ceux qui se trouvent éloignés de la grâce de Dieu en raison de leur conduite de vie » (ibidem §19).
Le jubilé, à la lumière de cette conversion, inspire confiance pour nous mêmes et pour les autres
À la lumière de ces faits, Paul peut mieux cerner la générosité du Sauveur. L’épisode de conversion configure toute sa vie : « Ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu » (1 Corinthiens 15, 10). En pensant à ses frères, il se reconnaît privilégié par la surabondance de la grâce : « S'il m'a été fait miséricorde, c'est afin qu'en moi, le premier, Christ Jésus démontrât toute sa générosité, comme exemple pour ceux qui allaient croire en lui, en vue d'une vie éternelle » (1 Timothée 1, 13).
Comme autrefois Pierre, Paul montre la fécondité de la grâce. Deux exemples de conversion et persévérance. « Courage ! Tu en es capable. — Ne vois-tu pas ce que la grâce de Dieu a fait de ce Pierre somnolent, renégat et lâche…, de ce Paul persécuteur, haineux et obstiné ? » (Saint Josémaria, Chemin §483). Une splendide toile du Parisien Laurent de La Hyre fut offerte, par la générosité des corporations des métiers, à la cathédrale Notre-Dame pour le 1er mai de 1637 : La Conversion de Saint Paul. La gestuelle baroque montre le vif dialogue entre le Rédempteur et le persécuteur surpris. La haine de Paul se heurte à la tendresse du Christ, qui sort vainqueur de la rencontre.
L’appel inattendu de Paul éclaire la charité à déployer quand nous rencontrons des frères séparés, des âmes égarées. Nous n’avons le droit de mépriser personne.
Le jubilé, à la lumière de cette conversion, inspire confiance pour nous mêmes et pour les autres. Le pape nous le rappelle : « Ne tombons pas dans le cynisme destructeur. Ouvrons nos yeux pour voir les misères du monde, les blessures de tant de frères et sœurs privés de dignité, et sentons-nous appelés à entendre leur cri qui appelle à l’aide » (ibidem §15). L’appel inattendu de Paul éclaire la charité à déployer quand nous rencontrons des frères séparés, des âmes égarées. Nous n’avons le droit de mépriser personne. « C’est vrai qu’il fut pécheur. — Mais ne porte pas sur lui ce jugement irrévocable. — Aie le cœur miséricordieux, et n’oublie pas qu’il peut encore devenir un saint Augustin, alors que toi tu restes un médiocre » (Saint Josémaria, Chemin §675).
Abbé Antoine Fernandez