Quarante jours après Noël, « le Messager désiré de l’Alliance » (Malachie 3, 1) rejoint le temple. La Cité sainte, fiancée fidèle, jubile : « Sion, toi qui attends le Seigneur, orne ta demeure nuptiale » (Pierre Abélard, Hymne pour la Purification). À son tour, Notre Dame, la mariée royale, porte l’Offrande du sacrifice qui renouvellera l’Alliance. L’huile La Vierge entre les vierges, peinte par Gérard David pour les carmélites de Bruges (1509, au Musée de Beaux-Arts de Rouen), montre une grappe, partagée par Mère et Fils : un signe du sacrifice, du « vin nouveau qui réjouit les vierges » (Zacharie 9, 17).
« Il n’est pas possible de séparer la pureté, qui est amour, de l’essence de notre foi, qui est charité, sursaut d’amour sans cesse renouvelé pour Dieu » (saint Josémaria)
L’amour rédempteur soutient la fidélité de ceux qui ont reçu, comme la Vierge souveraine, le don de l’amour sans division. « Il n’est pas possible de séparer la pureté, qui est amour, de l’essence de notre foi, qui est charité, sursaut d’amour sans cesse renouvelé pour Dieu » (saint Josémaria, Amis de Dieu §186). La chasteté, dans les différents états de vie, rend plus visible l’image du Christ, de l’Église et du Royaume définitif des cieux. Sainteté et virginité s’embrassent dans le cœur féminin de Marie, clé de voûte de la Cité céleste.
La sainteté de Marie, trésor de charité envers Dieu et le prochain, est associée à sa virginité, le don de soi exclusif en vue de l’Incarnation du Verbe. Notre Dame réunit les deux prérogatives à un degré « éminent et singulier » (Concile Vatican II, Lumen Gentium §63). La plénitude de grâce de Marie est une donnée imprescriptible de foi ; de plus, sa virginité, prémices de la Nouvelle Alliance, est professée dans les anciens Symboles. La Liturgie l’atteste : sainte parce que, parmi les élus, elle a été « la seule à être rehaussée en dessous de Dieu » (saint Pierre Damien, Hymne pour l’Assomption) ; vierge, car « on n’y a jamais trouvé de précédent, ni à l’avenir aura-t-elle de pareille » (Caelius Sedulius, Chant pascal 2, 69). Si la sainteté de Notre Dame est honorée par plusieurs festivités, sa virginité est davantage mise en valeur, entre autres, dans la Présentation du Seigneur (Saint Siège, La piété populaire §122).
Le célibat et la virginité sont placés sous la protection de la Mère Vierge.
Jean-Paul II institua le 2 février (fête de la Présentation du Seigneur) comme Journée de la vie consacrée, afin de promouvoir ce charisme. « La Vierge Marie qui porte Jésus au temple et l'offre au Seigneur exprime l'attitude de l'Église qui continue d'offrir ses fils et ses filles au Père et les associe à l'unique oblation du Christ » (Message, 6/01/1997). Le célibat et la virginité sont placés sous la protection de la Mère Vierge.
« nous sommes épris de l’Amour : le Seigneur ne nous veut pas secs, raides, semblables à de la matière inerte. Il nous veut tout imprégnés de sa tendresse ! » (Saint Josémaria)
Marie est vierge par la grâce et par sa réponse ; son rôle maternel fait d’elle la référence pour toutes les vocations. Sa prestance intacte gouverne de près le cheminement ardu des célibataires qui édifient le Royaume. Au moyen âge, une antienne l’acclame avec ce superlatif délicat : « Ô vierge des vierges ! » et une séquence l’honore comme Virginum regina, anticipant les invocations de Lorette. Les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique (Bruxelles) conservent une toile anonyme flamande :La Vierge parmi les vierges (vers 1490) : d’aucunes entourent la Mère couronnée et son Fils ; le tout évoque les noces spirituelles. Laïques ou consacrées, toutes dignes de l’Époux divin, elles forment le cortège de la Bien-aimée (Psaume 45, 15). « Nous, les chrétiens, nous sommes épris de l’Amour : le Seigneur ne nous veut pas secs, raides, semblables à de la matière inerte. Il nous veut tout imprégnés de sa tendresse ! » (Saint Josémaria, Amis de Dieu §183).
La virginité et le célibat sont une réponse passionnée au don de l’amour divin
La virginité et le célibat sont une réponse passionnée au don de l’amour divin ; un témoignage fiable et vivant, dans un monde affaibli par l’égoïsme.
« Que cette joie de la fécondité spirituelle anime votre existence (pape François, Discours 29/11/2013). Les difficultés viennent aussi du cœur : « Ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile » (2 Corinthiens 4, 7). Le diable apprête les appâts mortifères. L’évasion vers la solitude appauvrit l’affectivité ; l’arrogance qui se croit au-dessus du bien et mal facilite aussi ces déchéances charnelles, que l’on paye trop cher. C’est l’orgueil le premier danger, qui empêche l’amour gratuit. « Sans charité, la pureté reste inféconde, et ses eaux stériles transforment les âmes en un bourbier, en un marécage immonde qui exhale des miasmes d’orgueil » (saint Josémaria, Chemin §119).
La Reine des vierges ne règne que sur les humbles qui se donnent. Tout repli ruine le don du cœur. Sans crainte, le chrétien appelé au célibat ou à la virginité, implore, lutte et répare. Il hait l’infidélité, qui autodétruit. Il évite la dispersion, le vagabondage des sens. Il aime Dieu et le prochain en vérité, intensément.