L’Alliance dévoilée

Frappant le corps du Crucifié, le soldat « avec sa lance lui ouvrit le côté » et fit jaillir les signes de la rédemption. Le voile du Temple se déchire, la nouvelle alliance est scellée.

Enluminure syrienne : Evangéliaire de Rabula, an 586, Bibliothèque Laurentine de Florence.

Cloué sur la croix, mais revêtu d’une tunique sans manches, le Christ est représenté à la fois comme prêtre et victime. Deux actions se superposent sur lui : une canne approche le vinaigre, une lance le blesse. Les plus anciennes enluminures orientales ont rapproché, non sans intention, les deux gestes : le vin acidulé, sur la gauche, symbolise l’alliance périmée, qui a condamné le Messie ; le coup sanglant, au côté droit, fait ressortir le vin salutaire de l’alliance éternelle.

A la mort du Sauveur, le voile imposant du temple s’est déchiré. Un signe de la caducité du culte mosaïque ainsi que de la révélation plénière du Fils : par lui nous sommes accueillis par le Père des miséricordes, dans sa vie éternelle.

La lance frappa, tandis que « le voile du temple se déchira » (Matthieu 27, 51). Une alliance nouvelle est scellée. « Nous avons là une voie nouvelle et vivante, qu’il a inaugurée à travers le voile de son humanité » (Hébreux 10, 20). Le chrétien y trouve l’accès à l’intimité avec le Père par le don de l’Esprit. « Nous avons besoin d’entrer dans le sanctuaire de la gloire par la chair du Christ, qui fut le voile de la divinité » (St Thomas, Commentaire aux Hébreux 10, lecture 2).

« La Croix du Christ est le sacrement suprême de la miséricorde divine » (St Léon le Grand, Sermon 56 §1). Sur le bois, sa soif et son Cœur deviennent emblèmes de la nouvelle alliance : « un amour ‘viscéral’, qui vient du cœur comme un sentiment profond » (Pape François, Le Visage de la Miséricorde §6).

Frappant le corps du Crucifié, le soldat « avec sa lance lui ouvrit le côté » (Jean 19, 34) et fit jaillir les signes de la rédemption. « L’évangéliste note avec soin ‘il ouvrit’, car il dégagea une porte pour la vie, d’où jaillirent les sacrements de l’Église » (St Augustin, Traités sur Jean 120 §2). La transfixion du Prêtre Souverain est l'épiphanie de sa sainteté et de la compassion trinitaire. Nous croyons, aimons et espérons dans ce Cœur assoiffé. « La blessure visible dévoile la blessure invisible de son amour » (St Bonaventure, La Vigne mystique 3, 10).

Enluminure byzantine : Psautier de Khloudov, 9e siècle, Musée historique de Moscou.

L'Autel du ciel envoie son message de foi confiante. La source vitale est désormais ouverte : « Approchez votre bouche de ce canal sacré, afin d'y puiser les eaux qui s'épanchent des fontaines du Sauveur » (St Bonaventure, L’Arbre de la vie §30).

Dans le sacrifice eucharistique, le voile de ce Temple vivant « se déchire chaque jour » (Origène, Commentaire sur Matthieu 27), pour montrer le chemin de vie et d’amour (Benoît XVI, Dieu est Amour §12).

La contrition après nos fautes conduit vers ce Cœur compatissant. « Il aimait plus qu’il ne souffrait... Et après sa mort il consentit qu’une lance ouvrît une autre plaie, pour que toi et moi trouvions refuge contre son Cœur très aimant » (St Josémaria, Chemin de Croix 12, 3).

Abbé Fernandez

Auteur : Abbé Fernandez// photo : Golden Shrimp-Shutterstock.com