« La Croix du Christ est le sacrement suprême de la miséricorde divine » (Léon le Grand, Sermon 56§1). Son Cœur transpercé devient emblème de la nouvelle alliance : « un amour ‘viscéral’, qui vient du cœur comme un sentiment profond, naturel » (Pape François, Le Visage de la Miséricorde §6).
La transfixion du Prêtre Souverain est une épiphanie de la sainteté de Jésus et de l’abîme de la compassion trinitaire. Nous croyons, aimons et espérons dans ce Cœur assoiffé. Bien qu’indolore, « la blessure visible dévoile la blessure invisible de son amour » (saint Bonaventure, La Vigne mystique 3, 10).
Depuis l’ancienne enluminure syrienne (évangéliaire de Rabula, 586), jusqu’à la fresque de Fra Angelico (Couvent de Saint-Marc, Florence, 1440) ou l’imagerie sévillane, ce coup de lance a ému les croyants.
A Saint-Pierre du Vatican, le monumental saint Longinus du Bernin (1638) scrute le maître autel.
Le soldat frappa le corps de Jésus crucifié : « avec sa lance il lui ouvrit le côté » (Jean 19, 34), faisant jaillir les signes de la rédemption. « L’évangéliste note avec soin ‘il ouvrit’, car il dégagea une porte pour la vie, d’où jaillirent les sacrements de l’Église » (saint Augustin, Traités sur Jean 120 §2). Une invitation à franchir cette Porte d’indulgence et de pardon.
« Il aimait plus qu’il ne souffrait... Et après sa mort il consentit qu’une lance ouvrît une autre plaie, pour que toi et moi trouvions refuge contre son Cœur très aimant » (saint Josémaria, Chemin de Croix 12, 3).
En transperçant la poitrine, la lance frappa le cœur, tandis que « le voile du temple se déchira » (Matthieu 27, 51). Une alliance nouvelle est scellée. Les apôtres ont perçu ce lien : « Nous avons là une voie nouvelle et vivante, qu’il a inaugurée à travers le voile de son humanité » (Hébreux 10, 20). Le chrétien y trouve l’accès à l’intimité avec le Père par le don de l’Esprit. « Nous avons besoin d’entrer dans le sanctuaire de la gloire par la chair du Christ, qui fut le voile de la divinité » (saint Thomas, Commentaire aux Hébreux 10, lecture 2).
Le voile de ce Temple vivant « se déchire chaque jour » (Origène, Commentaire sur Matthieu 27). Gage de la miséricorde illimitée et permanente, il attire tout regard (Zacharie 12, 10), provoquant la conversion. « À partir de ce regard, le chrétien trouve le chemin de sa vie et de son amour » (Benoît XVI, Dieu est Amour §12). La contrition après nos fautes, petites ou grandes, conduit vers ce Cœur compatissant. « Il aimait plus qu’il ne souffrait... Et après sa mort il consentit qu’une lance ouvrît une autre plaie, pour que toi et moi trouvions refuge contre son Cœur très aimant » (saint Josémaria, Chemin de Croix 12, 3).
La basilique du Sacré-Cœur de Bourg-en-Bresse est décorée, entre autres, par un vitrail qui représente la transfixion (Mauméjean, 1942). La source de vie est désormais ouverte : « Approchez votre bouche de ce canal sacré, afin d'y puiser les eaux qui s'épanchent des fontaines du Sauveur » (saint Bonaventure, L’Arbre de la vie §30)
Abbé Antoine Fernandez