Fioretti avril 2019

Quelques messages du Pape François pendant le Carême ainsi que quelques extraits de l'exhortation "Christus vivit"

Il n’y a pas de “self made man” dans l’Église

Catéchèse du 24 avril 2019 :

« Le propre de l’homme d’être débiteur devant Dieu : de lui nous avons tout reçu, en termes de nature et de grâce. Notre vie a été non seulement désirée, mais aimée de Dieu : il n’y a vraiment pas de place pour la présomption lorsque nous joignons les mains pour prier. Il n’y a pas de “self made man” dans l’Église, d’hommes qui se soient faits tout seuls. Nous sommes tous redevables envers Dieu et envers de nombreuses personnes qui nous ont offert des conditions de vie favorables. Notre identité se construit à partir du bien reçu. Le premier, c’est la vie. Celui qui prie apprend à dire “merci”. Et nous, nous oublions souvent de dire “merci”, nous sommes égoïstes. […] Malgré tous nos efforts, il reste toujours devant Dieu une dette insolvable que nous ne pourrons jamais rembourser : il nous aime infiniment plus que nous ne l’aimons. Et alors, malgré tous nos efforts pour vivre selon les enseignements chrétiens, il y aura toujours quelque chose dont demander pardon dans notre vie. »

Le pardon de Dieu n’est pas une photocopie qui se répète à l’identique à chaque passage au confessionnal

Lors d’une cérémonie pénitentielle dans la basilique Saint-Pierre de Rome, le 29 mars 2019 :

« Combien de fois nous nous sentons seuls et perdons le fil de la vie. Combien de fois nous ne savons plus comment recommencer, oppressés par la difficulté de nous accepter. Nous avons besoin de recommencer, mais nous ne savons pas à partir d’où. Le chrétien naît du pardon qu’il reçoit au baptême. Et il renaît toujours de là : du pardon surprenant de Dieu, de sa miséricorde qui restaure. C’est seulement en tant que pardonnés que nous pouvons repartir rassurés, après avoir éprouvé la joie d’être aimés du Père jusqu’au bout. Des choses vraiment nouvelles en nous se produisent seulement à travers le pardon de Dieu. Réécoutons une phrase que le Seigneur nous a dite aujourd’hui à travers le prophète Isaïe : “Je fais une chose nouvelle” (Is 43, 19). Le pardon nous donne un nouveau départ, il fait de nous une créature nouvelle, il nous fait toucher du doigt la vie nouvelle. Le pardon de Dieu n’est pas une photocopie qui se répète à l’identique à chaque passage au confessionnal. Recevoir, par l’intermédiaire du prêtre, le pardon des péchés est une expérience toujours nouvelle, originale et inimitable. Elle nous fait passer du fait d’être seuls avec nos misères et nos accusateurs, comme la femme de l’Evangile, au fait d’être relevés et encouragés par le Seigneur qui nous fait repartir. »

La prière du perroquet, ça ne va pas

À Sainte-Marthe, le 4 avril 2019 :

« Quand nous prions, pensons que nous le faisons avec Jésus. […] Il existe de nombreux exemples de prière d’intercession dans la Bible, et il faut du courage pour prier ainsi, car nous sommes si souvent faibles. […] Dans l’histoire évangélique de la Cananéenne qui demande la guérison de sa fille, tourmentée par un démon, le Christ – au début – lui dit qu’il est envoyé seulement au peuple d’Israël, et qu’il n’est pas bon de jeter le pain des enfants aux petits chiens. La Cananéenne insiste en affirmant que même les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. Cette femme n’a pas peur et obtient ce qu’elle veut.

Rappelez-vous ces gens luttent avec le Seigneur pour qu’Il puisse donner la grâce.

Il faut du courage pour prier comme ça. Et nous sommes tièdes tant de fois. Quelqu’un nous dit : “Mais priez pour moi parce que j’ai ce problème”. “Oui, oui, je dis deux ‘Notre Père’, deux ‘Je vous salue Marie’, et ça ira”. Non : ça, c’est la prière du perroquet. La vraie prière, la voilà : avec le Seigneur. Et quand je dois intercéder, je dois le faire comme cela, avec courage.

Dans le langage courant, les gens, quand ils veulent arriver à quelque chose utilisent l’expression : “Je fais tout ce que je peux”. Dans la prière d’intercession, c’est également vrai ; avoir le courage de persévérer […] Et si les doutes nous assaillent – “Mais comment puis-je savoir que le Seigneur m’écoute ?” – il faut se rappeler que nous avons une assurance : Jésus, le grand intercesseur. »

Une Église qui ne permet pas qu’on l’interpelle, perd la jeunesse et devient un musée

Lettre aux jeunes du monde (Christus vivit), 2 avril 2019, n° 41 :

« Même s’il y a des jeunes qui se réjouissent de voir une Église se montrant humblement sûre de ses dons et de sa capacité de faire une critique loyale et fraternelle, d’autres jeunes réclament une Église qui écoute davantage, qui ne soit pas toujours à condamner le monde. Ils ne veulent pas voir une Église silencieuse et timide, ni toujours en guerre sur deux ou trois thèmes qui l’obsèdent. Pour être crédible face aux jeunes, elle a parfois besoin de retrouver l’humilité et d’écouter simplement, de reconnaître dans ce que disent les autres la présence d’une lumière qui l’aide à mieux découvrir l’Évangile. Une Église sur la défensive, qui n’a plus l’humilité, qui cesse d’écouter, qui ne permet pas qu’on l’interpelle, perd la jeunesse et devient un musée. Comment pourra-t-elle accueillir de cette manière les rêves de ces jeunes ? Bien qu’elle possède la vérité de l’Évangile, cela ne signifie pas qu’elle l’ait comprise pleinement; il lui faut au contraire toujours grandir dans la compréhension de ce trésor inépuisable »

Jeunes, ne soyez pas des voitures abandonnées

Lettre aux jeunes du monde (Christus vivit), 2 avril 2019

« Jeunes, ne renoncez pas au meilleur de votre jeunesse, ne regardez pas la vie à partir d’un balcon. Ne confondez pas le bonheur avec un divan et ne vivez pas toute votre vie derrière un écran. Ne devenez pas le triste spectacle d’un véhicule abandonné. […] Il vaut mieux que vous laissiez germer les rêves et que vous preniez des décisions. Prenez des risques, même si vous vous trompez. Ne survivez pas avec l’âme anesthésiée, et ne regardez pas le monde en touristes. Faites du bruit! Repoussez dehors les craintes qui vous paralysent, afin de ne pas être changés en jeunes momifiés. Vivez ! Donnez-vous à ce qu’il y a de mieux dans la vie! Ouvrez la porte de la cage et sortez pour voler! S’il vous plaît, ne prenez pas votre retraite avant l’heure! »

Une vie sans passion c’est comme la pasta sans sauce et sans sel

Dialogue avec les étudiants du collége Barbarigo à Rome, le 28 mars 2019 :

« Au jeune qui voudrait se préparer avec responsabilité et passion à affronter le lendemain, je conseillerais de ne pas perdre la passion. Les jeunes doivent être inquiets, ne pas “faire salon”, mais être en chemin, cherchant toujours quelque chose de plus, avec la mémoire des racines mais en regardant l’horizon, et passionnés. C’est triste de rencontrer des jeunes flétris, ceux qui mettent leur joie dans les choses superficielles de la vie et ne vont pas en profondeur, ne vont pas aux grandes questions. Passionnés : la vie se joue avec passion. […] Quand tu regardes une équipe de football, que font les joueurs ? Ils jouent avec passion, parce qu’ils veulent vaincre. Ainsi la passion dans la vie d’un jeune, c’est important. Une vie sans passion c’est comme la pasta sans sauce sans sel. Vous aimez ? Alors allez de l’avant avec passion. »

Nous ne sommes pas des champignons, nés tout seuls

Dialogue avec les élèves de l’Institut San Carlo de Milan, le 6 avril 2019 :

« Connaître ton identité, ton histoire, ton appartenance à un peuple. Nous ne sommes pas des champignons, nés tout seuls : nous sommes des personnes nées dans une famille, dans un peuple et très souvent la culture liquide nous fait oublier notre appartenance à un peuple. Une critique que je ferais, c’est le manque de patriotisme. Le patriotisme ne consiste pas seulement à chanter l’hymne national ou à rendre hommage au drapeau : le patriotisme, c’est le fait d’appartenir à une terre, à une histoire, à une culture… et c’est cela, l’identité. Identité signifie appartenance. On ne peut avoir d’identité sans appartenance. Si je veux savoir qui je suis, je dois me poser la question : -“À qui est-ce que j’appartiens ? ” »

Si le téléphone devient une drogue, la communication se réduit à de simples “contacts”

À des élèves du lycée Visconti à Rome, le 13 avril 2019 :

« N’ayez pas peur du silence, de rester seuls – pas toujours, non, parce que ça ne fait pas du bien – mais de prendre un peu de temps seuls, de vous ménager des espaces de silence. N’ayez pas peur du silence, d’écrire votre journal, par exemple, dans le silence. N’ayez pas peur de l’inconfort et de l’aridité que le silence peut comporter. “Ah, pas moi ; le silence m’ennuie !”. Au début peut-être, mais ensuite, au fur et à mesure que tu entres en toi-même, dans le silence, il ne t’ennuie plus. Libérez-vous de la dépendance au portable, s’il vous plaît ! Vous avez certainement entendu parler du drame des dépendances. […] Les dépendances au bruit : […] et tant d’autres dépendances. Mais celle du portable est très subtile. Le portable est d’une grande aide, c’est un grand progrès ; il doit être utilisé. […] Mais quand tu deviens esclave du portable, tu perds ta liberté. Le portable sert à communiquer […] Mais attention, il y a le risque que si le téléphone devient une drogue, la communication se réduise à de simples “contacts”. Mais la vie ce n’est pas “se contacter”, c’est communiquer ! […] Dans l’intériorité de la personne habite la vérité. Il faut la chercher. Cela vaut pour tout le monde, pour celui qui croit et pour celui qui ne croit pas. […] C’est seulement dans le silence intérieur que l’on peut entendre la voix de la conscience et la distinguer des voix de l’égoïsme et de l’hédonisme, qui sont des voix différentes. »