Aurélie à Jérusalem

Aurélie, mariée et mère de deux enfants, est membre de l’Opus Dei. Elle revient à Paris après trois années passées à Jérusalem.

Aurélie, vous avez vécu trois ans à Jérusalem. L’Opus Dei s’est installée dans ce pays en 1993.  Pouvez-vous nous parler des activités qui sont proposées dans ce pays et comment cela se passe-t-il ?

Le centre de l’Opus Dei est au nord-ouest de Jérusalem dans une partie où  la population est variée, musulmans, juifs et chrétiens se cotoîent mais vivent dans des rues différentes. Bethléem qui se trouve dans la banlieue de Jérusalem est très proche mais il est derrière le mur de séparation entre les territoires palestiniens et israéliens. Les chrétiens de Bethléem ont un accès très difficile à Jérusalem.

Au centre vivent quinze femmes qui viennent du monde entier. L’une d’elle est d’origine palestinienne. Toutes ont appris l’arabe et l’hébreu qui sont deux langues très difficiles.

Les activités organisées sont variées et adaptées au public. Ce sont les chrétiens arabes qui fréquentent le plus les activités spirituelles : récollection, cours de théologie. Mais Jérusalem attire aussi beaucoup d’étrangers. Il y a également des juifs qui s’intéressent à la foi chrétienne ou ont des liens d’amitié avec des membres de l’Opus Dei et qui participent à des cycles de philosophie ou des cours de cuisine. C’est une occasion unique d’avoir des activités communes entre palestiniens et israéliens en mettant de côté les tensions qui existent dans le pays.

Il y a aussi un petit appartement près de la Vieille Ville où sont regroupés les lieux saints afin d’être plus proche des quartiers  de Jérusalem Est où habitent de nombreux chrétiens. 

Votre vie à Jérusalem était inévitablement différente de celle que vous meniez à Paris. Comment avez-vous vécu votre vocation dans ces conditions ?

Ma vie était évidemment différente mais comportait aussi de nombreuses similitudes. La vocation à l’Opus Dei ne nécessite pas de circonstances particulières, elle s’adapte à toutes les situations et je dirai même qu’elle est une aide pour s’intégrer dans un nouveau milieu car elle ouvre aux autres.

Le fait de trouver un centre de l’Opus Dei à Jérusalem m’a aussi facilité  ces années d’expatriation et m’a encouragée à vivre ma vocation dans une société que je devais découvrir, dont je ne connaissais ni la culture, ni les mœurs et coutumes. J’ai eu la chance d’accoucher d’une de mes filles à Bethléem.

L’expérience à Jérusalem m’a permis de m’imprégner des lieux saints et de la vie du Christ de manière très incarnée. J’ai senti que l’expérience en Terre Sainte, dans une terre qui souffre avait quelque chose à  dire sur la passion du Christ dans le monde contemporain. D’ailleurs, le saint Père Benoit XVI s’est un peu exprimé en ces termes lors de son voyage en mai 2009, particulièrement lorsqu’il a célébré  la messe à Gethsémani. Cela a été un grand moment pour les chrétiens locaux qui se sont sentis compris et encouragés  à suivre le Christ ressuscité.

Quel a été l’apport pour vous de cette vie à l’étranger ?

J’ai ouvert mon horizon vers l’universalité de l’Eglise et j’ai pris conscience de certains apports essentiels du christianisme dans notre société comme le pardon, la valeur universelle de la vie, le souci du plus faible. De retour en France, je mesure aussi la chance que nous avons de vivre dans un pays en paix et je réalise que j’ai pris un certain recul sur la société de consommation.