Autres podcast du prélat de l’Opus Dei sur les œuvres de miséricorde
1. Introduction: les Œuvres de miséricorde (1.12.2015)
2. Visiter et prendre soin des malades (1.1.2016)
3. Donner à manger à celui qui a faim, à boire à celui qui a soif (1.2.2016)
4. Vêtir celui qui est nu, visiter les prisonniers (1.3.2016)
5. Accueillir les étrangers (1.4.2016)
6. Ensevelir les morts (1.5.2016)
7. Instruire l’ignorant, donner un bon conseil à celui qui doute (1.6.2016)
8. Corriger celui qui se trompe (1.7.2016)9. Pardonner les offenses (1.8.2016)
10. Consoler les affligés (1.9.2016)
Tout au long de cette année, nous cherchons à ce que la miséricorde de Dieu laisse une trace dans notre vie intérieure et se reflète dans nos œuvres. Comme le disait Saint Josémaria, la bonté de Dieu se manifeste dans la vie ordinaire. Soit nous trouvons Dieu dans la vie courante, soit nous ne Le trouverons jamais. De ce fait, les relations avec les autres sur notre lieu de travail, chez nous, en famille, nous offrent l’occasion de nous identifier à Lui et de nous servir du levier de son amour pour élever le monde à Dieu. C’est dans ce sens que nous devons examiner la façon dont nous vivons l’œuvre de miséricorde que nous allons considérer ce mois-ci : supporter et aimer patiemment les défauts du prochain.
Amour et souffrance sont deux réalités que l’on peut difficilement séparer. Qui n’a pas souffert par amour à cause de son conjoint, de son enfant, de son ami ? Il se pourrait parfois que la singularité de cet assemblage soit un mystère pour nous. Cela dit, sur la Croix, Jésus nous montre que ce fut le chemin que Dieu lui-même parcourut. Puisque le Seigneur en sait davantage, tournons notre regard vers la Croix quand nous serons confrontés à ce mystère, dans la vie courante, et elle deviendra source de paix.
Le fondateur de l’Opus Dei nous conseillait de porter un crucifix dans la poche, ou de le placer sur notre bureau, près de la photo de nos êtres chers. Aussi, notre baiser, les paroles adressées au Crucifié, nous permettront plus facilement d’accepter les contrariétés de la journée, d’affronter nos défaites sans nous décourager ou de passer par-dessus les heurts inévitables avec les autres. Saint Josémaria ajoutait qu’il ne fallait pas supporter le prochain, mais l’aimer pour faire un bout de chemin ensemble sur sa route quotidienne.
Perdre la peur de la Croix, l’aimer, l’étreindre sans crainte quand elle se montre dans les situations ordinaires, ou de façon plus extraordinaire. Notre cœur deviendra plus grand pour y accueillir les autres lorsqu’ils en ont le plus besoin. Nous nous préparerons ainsi à paraître devant ce Dieu qui nous comprend et nous attend au Ciel, prêt à déverser son amour infini, à pleines mains, sur notre pauvre âme.
Saint Paul décrivait ainsi les caractéristiques d’un amour purifié: “L’amour est patient, plein de bonté. L’amour n’est point envieux, ni vaniteux, ni orgueilleux. Il n’est ni rudesse, ni égoïsme, il ne se fâche pas facilement, il ne tient pas rancune… »
Chers amis, si nous tenons sérieusement au bien des autres, nous comprendrons qu’il n’y a pas lieu d’être pressé, ni de critiquer, ni de s’impatienter devant la faiblesse de notre frère. Cela dit, si nous voulons couler notre prochain dans notre moule, et que ses défauts persistants, toujours les mêmes, nous agacent, n’est-il pas vrai que le bon Dieu a eu, et a toujours, plus de patience avec nous ?
Alors que, durant sa transfiguration, le Seigneur jouissait de son Père et du Saint-Esprit, les neuf disciples qui l’attendaient au pied de la montagne, tâchaient, en vain, de guérir un garçon lunatique. Leur manque de foi les empêchait de soulager ce jeune qui se jetait dans l’eau et le feu pour se faire du mal. Jésus-Christ, informé de leur échec, réagit et l’on perçoit ce désenchantement où l’on reconnaît peut-être notre propre déception ou notre distance face aux défauts des autres. « Jusqu’à quand vais-je demeurer parmi vous ? s’écria le Rédempteur. Jusqu’à quand devrai-je vous supporter ? »
Cependant, puisque Jésus était venu sur la Terre pour racheter les hommes, il guérit le jeune homme et, dans sa grande patience envers tous, il montra à ses disciples l’origine de leur échec : « Si vous aviez la foi, leur dit-il (…) rien ne vous serait impossible ». Le profond amour que le Seigneur a pour les hommes, pour toi, pour moi, est bien la force qui le pousse à nous racheter, à nous offrir son pardon, encore et toujours, à voir en nous la dignité d’enfants de Dieu, qu’Il nous a gagnée, et qui est masquée sous la couche de nos misères.
À l’image de Jésus, ne reculons pas devant les défauts du prochain et, sans nous prendre pour des victimes, comprenons qu’il ne s’agit pas de «le supporter » mais bien de l’accueillir humblement.
Voyons les autres, non pas avec nos yeux, mais avec la bonté du regard de Dieu pour eux et pour nous. Si nous avons la critique intérieure facile, si nous pensons que nous sommes incapables de supporter plus longtemps le caractère de telle ou telle personne soignons davantage notre examen de conscience personnel. Qui ne se connaît pas bien, qui ne cherche pas l’humilité, tend à l’intransigeance envers autrui.Aussi, écrit Saint Augustin « mieux vaut un pécheur humble qu’un ‘juste’ orgueilleux »
Je pense à saint Josémaria qui, quelques minutes avant d’aller se reposer, à la fin de la journée, se recueillait devant le Tabernacle pour faire le bilan de sa journée. Ces instants devant le Seigneur l’aidaient à penser aux occasions qu’il avait eues de se donner davantage aux autres, il demandait pardon à Dieu et implorait son aide pour mieux faire le lendemain. Seul celui qui connaît sa propre faiblesse et s’est un petit peu moqué de sa petitesse, découvre combien il a besoin de Dieu et de la compréhension de ses frères.
Seule une âme patiente et humble, consciente de ses défauts, est en mesure d’être ouverte à celui qui a besoin de temps en temps d’un coup de main, d’un conseil approprié, ou d’un sourire compréhensif sincère. En revanche, l’affrontement, les propos empreints de cynisme ou de dépit n’arrangent rien.
Saint Josémaria s’adressait ainsi aux couples : “Tâchez d’être toujours jeunes, gardez-vous entièrement l’un pour l’autre, essayez de tellement vous aimer que vous aimiez les défauts de votre conjoint s’ils ne sont pas une offense à Dieu ». Aimer les défauts du conjoint, d’une amie, d’un ami, est le fait d’un amour mature. Ceci ne veut pas dire qu’il faille accepter stoïquement les défauts d’autrui. En effet, nous souhaitons le bien de l’autre. De ce fait, nous tâchons de l’aider à se débarrasser de ses fautes, de son caractère colérique ou apathique, de son désordre, de sa sensualité, de sa paresse ou de son activisme, son manque de ponctualité, de ses gaspillages, etc.
Ces imperfections sont des croix que chacun de nous traîne depuis des années, de façon permanente, si ça se trouve. N’ajoutons donc pas un poids supplémentaire à la croix que chacun supporte : la patience avec le prochain sera pour beaucoup le Cyrénéen qui le soulage dans sa lutte quotidienne et qui l’aide à s’identifier au Christ qui avance vers le Calvaire et qui porte sa Croix pour nous.
Demandons à la Sainte Vierge de nous apprendre à être patients. Elle sut accueillir les apôtres qui avaient abandonné son Fils et Elle entoura maternellement l’Église à ses tout débuts. Soyons-en sûrs :Marie marche avec nous, pour nous aider à imprégner les relations entre les hommes de compréhension miséricordieuse.