Depuis trente ans, une mémoire mariale est associée aux malades. « Le 11 février 2023, tournons notre regard vers le Sanctuaire de Lourdes comme vers une prophétie, une leçon confiée à l’Église au cœur de la modernité » (pape François, Message pour la Journée mondiale des malades, 10/01/2023). Ce lieu cosmopolite stimule l’espérance et l’offrande de la douleur.
Les malades sont « comme la prophétie d’une humanité où chacun est précieux et où personne n’est à exclure » (ibidem). Une prophétie : un message céleste de salut, que saint Jean-Paul II, fort de son expérience, avait désigné comme « l’Évangile de la souffrance » (La Douleur Salvifique, 11/02/1984 §26). Un message riche de miséricorde, de patience humble, de fraternité à toute épreuve.
Les malades sont « comme la prophétie d’une humanité où chacun est précieux et où personne n’est à exclure »
Le Sauveur de l’humanité montre de l’intérêt aussi pour la santé du corps, qui aide à servir Dieu et le prochain. « Une force sortait de lui et les guérissait tous » (Luc 6, 19). Jésus s’attaque au péché, mais aussi aux maladies psychiques et somatiques. La nouvelle création est déjà agissante par ses mains ; son pouvoir est au service de notre bonheur intégral.
Le Rédempteur a supporté fatigues, tortures, agonie : il a proclamé la béatitude de ceux qui souffrent (Matthieu 5, 4) et promis la récompense à ceux qui les aident (Matthieu 25, 36).
Devant une société inhumaine qui est prête à éliminer les souffrants, la foi nous propose le défi de la fraternité
Les chrétiens reconnaissent ainsi dans le malade le visage du Christ. Sa sollicitude divine est notre référence incontournable. Devant une société inhumaine qui est prête à éliminer les souffrants, la foi nous propose le défi de la fraternité : ne pas laisser seuls les malades, les handicapés, les mourants. Le message papal invite à le relever : « nous pouvons apprendre à marcher ensemble selon le style de Dieu, qui est proximité, compassion et tendresse » (pape François, ibidem).
La Mère du Sauveur veille pour soulager l’infirmité corporelle. Dès les premiers siècles elle était un recours sûr : « défense de notre santé ». L’hymne Acathiste (626) l’acclame : « Réjouis-toi, Guérison de mon corps ! ». Les icônes de La source de vie montrent Marie comme une fontaine bienfaisante. « Me voici devenue, pour les malades, le remède qui chasse tous les maux » (Jean de Damas, Sermon pour la Dormition 2 §17). À Cluny, Pierre le Vénérable (1156) consacrait à Marie, Santé des malades, une chapelle auprès de l’infirmerie. Les litanies de Lorette entérineraient le titre.
Ainsi l’implore le rituel de l’onction de malades. Le Missel romain lui confie « la santé de l’âme et du corps » (Messe de la Vierge Marie, « Santé des malades », Oraison), car « elle brille comme un signe de salut et d'espérance aux yeux des malades qui invoquent sa protection » (Idem, Préface). Elle offre aux souffrants l’adhésion filiale au Père miséricordieux et la ressemblance au Christ, porteur de nos peines et source de guérison.
« Je ne suis que poussière et cendre » (Genèse 18, 27), reconnaissait le patriarche. De son côté, le juste païen, éclairé par la grâce, obtempérait à l’inattendu : « Nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu. Et le malheur, pourquoi ne l’accepterions-nous pas aussi ? » (Job 2, 10). Le Serviteur par excellence a été « l’homme des douleurs », broyé par la souffrance (Isaïe 53, 3-5).
« Nous ne sommes jamais prêts pour la maladie. Et souvent non plus à admettre que nous avançons en âge. Nous craignons la vulnérabilité, que la culture envahissante du marché nous pousse à nier. Et ainsi le mal, quand il fait irruption et nous assaille, nous laisse à terre, assommés » (Pape François, ibidem). La maladie constitue une épreuve morale, à cause de la dégradation physique et la douleur ; l’image de soi s’affaiblit et le courage peut faillir. Le Seigneur le permet pour nous attacher davantage à sa Vie indestructible et à son projet de rédemption. Pour le chrétien, le handicap devient bénédiction ; pour ses proches, un stimulant de respect, de générosité et de charité, qui enrichit l’Église et le monde.
À vous qui êtes faibles, nous demandons de devenir une source de force pour l'Église et pour l'humanité.
« À vous qui êtes faibles, nous demandons de devenir une source de force pour l'Église et pour l'humanité. Dans le terrible combat entre les forces du bien et du mal, que votre souffrance unie à la Croix du Christ soit victorieuse ! » (Jean-Paul II, Lettre 1984 §31).