2 novembre 1948 : Xavier Echevarria, prélat de l’Opus Dei, rencontre don Josémaria

Cette rencontre eut lieu à Madrid. J’assistai à une réunion avec d’autres membres de l’Œuvre. Il nous a parlé de la fidélité à notre vocation qui ferait de notre vie un apostolat continuel.

- Xavi ! s’écria-t-il pour lui dire tout doucement, dès qu’il se trouva près de lui : - Je ne suis pas bien ! Ce furent les derniers mots de saint Josémaria sur terre, à midi, le 26 juin 1975, à Rome.

Xavier Echevarria qui vivait à ses côtés depuis vingt-cinq ans, venait de les recueillir. Membre de l’Opus Dei depuis 1948, saint Josémaria en avait fait son secrétaire particulier en 1952. En 1956, en accord avec les statuts de l’Opus Dei, il devint l’un des deux prêtres qui devaient toujours être près du président général (du prélat à partir de 1982) pour lui prêter main forte et l’aider dans sa vie et son travail.

Cette rencontre eut lieu le 2 novembre 1948, au centre de l’Opus Dei de la rue Diego de Leon, à Madrid. J’assistai à une réunion avec d’autres membres de l’Œuvre. Il nous a parlé de la fidélité à notre vocation qui ferait de notre vie un apostolat continuel. Puis, mgr Escriva de Balaguer qui devait se rendre à Molinoviejo, centre de rencontres en travaux, à quelques km de Madrid, nous a demandé à deux autres amis et à moi, si nous avions le temps d’aller avec lui. Il a chanté durant tout le trajet et nous a fait comprendre qu’il fallait être contents d’être enfants de Dieu et d’avoir reçu l’appel à l’Opus Dei, pour servir l’Église et les âmes. Il soulignait avec fermeté que nous devions orienter vers Dieu toutes nos tâches et nos occupations humaines. Il prenait l’exemple des chansons que nous venions d’entendre, tout surpris par son naturel, sa joie et son enthousiasme. Il ajoutait qu’il se servait des paroles de ces chants pour parler avec le Seigneur et avec la Sainte Vierge.

J’ai eu mal au cœur pendant le voyage et il a fallu s’arrêter pour nettoyer la voiture et mes vêtements. Mon complet était tout à fait souillé et il m’a aidé, sans le moindre dégoût. Voyant combien j’étais gêné, il a ôté toute importance à l’événement, et m’a entouré très affectueusement. Dès que nous avons repris la voiture, il a demandé qu’on baisse la vitre pour que j’aie de l’air, alors que le froid pouvait l’incommoder.

Chemin faisant, avant mon malaise, il avait plaisanté en voyant au loin de petites bicoques toutes délabrées. Il nous faisait croire que c’était le centre de Molinoviejo. Nos têtes déçues l’amusaient. Mais non, ce n’est pas ça, nous n’y sommes pas encore ! Mais après l’incident, il n’eut d’yeux que pour moi. Ça va ? Ne t’en fais pas, nous arrivons bientôt. Ce n’est rien. En arrivant, on nettoiera ta veste, tu prendras quelque chose pour ton estomac et tu t’en remettras vite.

Son naturel si paternel et si maternel me toucha profondément. Il me parlait comme si nous nous connaissions de longue date.

- Par la suite, lorsque vous avez commencé à travailler aux côtes de mgr Escriva de Balaguer…

J’étais tout jeune lorsqu’il m’a nommé son secrétaire. Mes placards, mes tiroirs, tu peux les ouvrir et les fermer en toute liberté. Tu peux jeter un coup d’œil sur tout ce que j’ai. Ce fut pour moi une preuve de confiance imméritée, eu égard à l’importance surnaturelle du fondateur de l’Opus Dei.

En 1956, il m’a désigné comme son Custos (son Gardien) pour veiller sur tous les aspects matériels le concernant, j’ai constaté qu’il disait vrai : il vivait comme dans une maison de verre, ses proches savaient tout sur lui, dès son lever à son coucher, on savait toujours où il se trouvait, à l’oratoire, au travail, à la salle à manger, l’heure à laquelle il sortait, avec qui il était. Ceci montre combien il aimait l’ordre et tenait à ce qu’on puisse le localiser immédiatement si on avait besoin de lui.

Lorsque, dans les années cinquante, j’ai commencé à travailler avec lui, j’ai réalisé que j’étais près d’un être plein de qualités humaines. Il était aimable, affable, affectueux, attirant, serviable, toujours aux soins des autres, percevant les besoins et les soucis de tous. J’étais devant un bon maître qui savait encourager et corriger, devant un supérieur qui mettait ses collaborateurs en confiance et surtout devant un prêtre et un père, voué entièrement au service de Dieu et des âmes, plongé dans une intense oraison et ce, dans son travail, jour après jour, minute après minute.

Tiré de : Memoria del beato Josemaría Escrivá, Echevarria Xavier et Bernal Salvador, 1° édition, Rialp, Madrid, 2000.