Voyage du Pape aux Etats-Unis : journée du 18 avril et programme du 19-20.

Salut au personnel de l'ONU

Après son entretien avec le Président du Conseil de sécurité, Benoît XVI a salué les hauts fonctionnaires et de personnel du siège de l'ONU, comparant les faibles dimensions de ce dernier à celles de l'Etat de la Cité du Vatican et à l'universalité des missions respectives. Ce parallèle, le Saint-Père l'a étendu en comparant les cartes géographiques peintes à la Renaissance dans les palais du Vatican et les oeuvres exposées dans les locaux de l'ONU. "On voit ici -a-t-il dit- des images montrant les effets de la guerre et de la misère, qui nous disent la nécessité d'agir pour un monde meilleur, d'autres la variété joyeuse de la culture humaine qu'expriment tant de peuples différents rassemblés sous l'aile de la communauté internationale".

Puis le Pape a exprimé la reconnaissance de l'Eglise à tous ceux qui collaborent au fonctionnement de l'ONU, "en particulier les nombreux civils et protecteurs de la paix...sacrifiés sur le terrain pour le bien des pays où ils servaient". Et puis "la multitude de personne qui consacrent leur vie à des missions pas assez reconnues, souvent accomplies dans des conditions difficiles". Le personnel de l'ONU, a poursuivi Benoît XVI, "est un modèle réduit du monde, un microcosme où chacun de vous apporte une pierre importante, tirée de son héritage culturel ou spirituel. Les idéaux ayant inspiré les fondateurs de l'organisation doivent toujours inspirer ses missions, dans le respect réciproque qui caractérise une famille épanouie".

Visite à la synagogue

A 17 h 15' locales, Benoît XVI s'est rendu à la synagogue de Park East, construite en 1889, qui est notamment un important centre d'éducation et d'assistance de la communauté juive de New-York. Son Rabbin, M.Arthur Schneider, qui est un survivant autrichien de l'Holocauste, est également Président de la Fondation Appeal of Conscience qui invite à faire de la Croix, du Croissant et de l'Etoile des symboles de paix, de tolérance et de respect. Exprimant sa profonde estime pour la communauté juive locale, le Pape a dit son émotion "à penser que Jésus enfant écoutait l'Ecriture dans un lieu semblable".

Remerciant le Rabbin de son accueil, le Saint-Père a dit savoir combien sa communauté contribuait à la vie de la ville, l'invitant à poursuivre la construction de liens d'amitié avec toutes les ethnies et religions présentes à New-York. Il a aussi renouvelé ses voeux pour la Pâque juive, assurant la communauté israélite de sa prière en ayant en mémoire le prodige opéré par Dieu dans la libération du peuple élu.

Témoigner des raisons de l'espérance

A 18 h locales, le Saint-Père a participé à une rencontre œcuménique en l’église St.Joseph de New-York, à laquelle étaient présents 250 représentants de 10 confessions chrétiennes. Au début de son discours, il a fait part de son intérêt pour "l’œuvre inestimable de tous ceux qui sont engagés dans l’œcuménisme" aux Etats-Unis: le National Council of Churches, le Christian Churches Together, le Catholic Bishops’s Secretariat for Ecumenical and Interreligious Affairs, et d’autres encore. La contribution apportée au mouvement oecuménique par les chrétiens des Etats-Unis -a-t-il dit- est connue dans le monde entier".  

Comme conséquence de la globalisation, a dit Benoît XVI, il existe "un sentiment croissant de relation et d'interdépendance entre les peuples, même quand, en raison des limites géographiques et culturelles, ils sont distants les uns des autres... Par ailleurs, on ne peut pas nier que les changements rapides qui se succèdent dans le monde présentent aussi quelques signes désagréables de fragmentation et de repli dans l'individualisme". Puis il a fait part de sa préoccupation pour "la diffusion de l’idéologie séculariste qui atteint et même repousse la vérité transcendante. La possibilité même d'une révélation divine, et donc de la foi chrétienne, est souvent remise en cause et débattue par des tendances de pensée très répandues dans les milieux universitaires, dans les médias et dans l'opinion publique. Pour ces raisons, un fidèle témoignage de l'Evangile est plus nécessaire que jamais. Il faut que les chrétiens donnent une raison de leur espérance avec clarté ".

"Souvent, les non-chrétiens, après avoir vu la fragmentation des communautés chrétiennes, sont, à juste titre, troublés par le message même de l'Evangile. Parfois les croyances et les comportements chrétiens sont modifiés à l'intérieur des communautés par ce que l’on appelle des "actions prophétiques", basées sur une herméneutique qui n’est pas toujours en accord avec l'Ecriture et la tradition. En conséquence, les communautés renoncent à agir comme un corps uni, et préfèrent agir, en revanche, selon le principe des "options locales". Benoît XVI a alors souligné que "face à ces difficultés, nous devons rappeler, tout d’abord, que l'unité de l'Eglise dérive de l'unité parfaite de la Trinité". Il a ensuite rappelé, en se référant aux apôtres, que "la dernière efficacité de leur prédication...dépendait de l'action de l'Esprit qui confirmait leur témoignage autorisé".

"Si la force du Kerigma -a-t-il poursuivi- n'a rien perdu de son dynamisme intérieur, nous devons nous demander si elle n'a pas perdu de sa force par une mise au point relativiste de la doctrine chrétienne similaire à celle que nous trouvons dans les idéologies sécularisées qui soutiennent que seule la science est "objective" et relèguent complètement la religion à la sphère subjective du sentiment de l'individu". Bien que "les découvertes scientifiques et ses réalisations à travers le génie humain offrent à l'humanité, sans aucun doute, de nouvelles possibilités d'améliorations, cela ne signifie pas que ce qui "peut être connu" doive se limiter à ce qui est vérifiable empiriquement, ni que la religion est confinée au règne changeant de "l’expérience personnelle".

"L'acceptation de cette ligne de pensée erronée -a ajouté le Saint-Père- porterait les chrétiens à croire que, dans la présentation de la foi chrétienne, il n'est pas nécessaire de souligner la vérité objective, parce qu'il n'y a qu’à suivre sa propre conscience et choisir la communauté qui correspond le mieux à ses goûts personnels. Le résultat en est une prolifération continuelle de communautés, qui, fréquemment, évitent les structures institutionnelles et minimisent l’importance du contenu doctrinal pour la vie chrétienne". Il a alors assuré aux représentants des différentes confessions chrétiennes que c’est "seulement" en restant fermes "dans un enseignement sûr que nous réussirons à répondre aux défis qui nous assaillent dans un monde changeant. C’est seulement ainsi que nous donnerons un témoignage ferme de la vérité de l'Evangile et de son enseignement moral. C'est le message que le monde espère entendre de nous".

Benoît XVI a ajouté que "comme les premiers chrétiens, nous avons la responsabilité de donner un témoignage transparent des "raisons de notre espérance", de façon à ce que les yeux de tous les hommes de bonne volonté s’ouvrent pour voir que Dieu a manifesté son visage et nous a permis d'accéder à sa vie divine à travers Jésus-Christ. Lui seul est notre espérance!". En conclusion de la rencontre il a demandé qu’elle "soit un exemple de l'importance de la prière dans le mouvement œcuménique; ainsi, sans prière, les structures, les institutions et les programmes œcuméniques seraient dépourvus de cœur et d’âme". 

 

Programme de samedi dimanche

En ce troisième anniversaire de son élection, Benoît XVI célèbre une messe à 9 h 15' locales (15 h 15' de Rome) en la cathédrale de New-York pour les prêtres, religieuses et religieux. Il se rendra plus tard, à 16 h, au séminaire St.Joseph, où il saluera d'abord un groupe de jeunes handicapés. Puis, sur le terrain de sport, le Pape rencontrera les séminaristes et d'autres jeunes. De retour à sa résidence pour dîner avec le personnel de la mission permanente du Saint-Siège près l'ONU.

Demain dimanche 20, dernier jour du voyage apostolique aux Etats-Unis, Benoît XVI se rendra à 9 h 30' locales à Ground Zero, le site des tours jumelles dont la destruction lors de l'attentat du 11 septembre 2001 causa la mort de 2.896 personnes. A 14 h 30', il célébrera une messe au Yankee Stadium, qui peut accueillir 60.000 personnes. Trois heures plus tard, le Saint-Père gagnera l'aéroport international John Fitzgerald Kennedy, où se déroulera à 20 h locales la cérémonie de congé. L'avion papal, qui devrait décoller à 20 h 30' (2 h 30' de lundi à Rome), est attendu à l'aéroport romain de Ciampino à 10 h 45' de lundi 21 avril.