« Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre et de la mort, une lumière s’est levée. » (Mt 4, 16). Reprenant les mots du prophète Isaïe, saint Mathieu place sous le signe de la lumière le début de l’activité apostolique du Seigneur en Galilée, terre de transition entre Israël et le monde païen. Jésus, comme l’avait prophétisé le vieillard Siméon lorsqu’il prit l’Enfant dans ses bras, est « lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d’Israël ton peuple. » (Lc 2, 32). Parlant de lui-même, le Seigneur dira : « Je suis la lumière du monde » (Jn 8, 12). À la lumière de la foi, à la lumière qu’Il est Lui-même, la réalité prend sa véritable profondeur, la vie trouve son sens. Sans elle, il semble finalement que « tout devient confus, qu’il est impossible de distinguer le bien du mal, de distinguer la route qui conduit à destination de celle qui nous fait tourner en rond, sans aucune direction. »[1]
Nombreuses sont les personnes qui cherchent Dieu, parfois sans le savoir. Elles cherchent leur bonheur qu’elles ne peuvent trouver qu’en Dieu parce que leur cœur est fait par Lui et pour Lui. « Vous êtes déjà dans leur cœur, -écrit saint Augustin-, dans le cœur de ceux qui se confessent à Vous, se jettent dans vos bras et pleurent dans votre sein, après tant de rudes chemins parcourus (…) car c’est Vous, Seigneur, et non pas un homme de chair et de sang, c’est Vous, Seigneur, Vous leur Créateur, qui les créez une seconde fois et les consolez. » [2] Cependant, il y a aussi ceux qui espèrent trouver le bonheur ailleurs, comme si le Dieu des chrétiens s’opposait à leur soif de bonheur. En réalité, c’est Lui qu’ils cherchent : ils ne s’opposent « qu’à l’ombre de Jésus-Christ, car le Christ, ils ne le connaissent pas, ils n’ont pas vu la beauté de son visage et ne savent rien de sa merveilleuse doctrine. » [3]
NOMBREUSES SONT LES PERSONNES QUI PARFOIS,
SANS LE SAVOIR, CHERCHENT DIEU : LEUR CŒUR
EST FAIT PAR LUI ET POUR LUI.
« Crois-tu au Fils de l’Homme ? » -demande Jésus à l’aveugle de naissance, qui vient de retrouver la vue-,-« Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » (Jn 9, 35). Partout dans le monde il existe des hommes et des femmes qui, au plus profond de l’indifférence ou de l’hostilité qu’ils peuvent manifester vis-à-vis de la foi, attendent quelqu’un qui leur indiquera où est Dieu, où est celui qui peut ouvrir leurs yeux à la lumière et étancher leur soif. Saint Irénée décrit bien leur situation lorsqu’il dit à propos d’Abraham : « Tandis qu’il cheminait de par le monde obéissant à l’ardent désir de son cœur, et se demandait où était Dieu, il commença à perdre courage et était sur le point de renoncer à sa recherche, lorsque Dieu eut pitié de celui qui, tout seul, le cherchait en silence. »[4]Nous, chrétiens, devons aller vers chacun d’eux avec la conviction humble et sereine que nous avons trouvé Celui qu’ils cherchent (cf. Jn 1,45 ; Ac 17,23) même si nous constatons si souvent que nous ne le connaissons pas encore tout à fait. À nous tous, chrétiens, le Seigneur nous dit : « vous êtes la lumière du monde » (Mt 5,14) ; « donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mt 14,16)
Levain dans cette pâte
L’Évangile « est une réponse qui atteint l’être humain au plus profond de lui-même. C’est la vérité qui ne se démode pas parce qu’elle est capable de pénétrer là où rien d’autre ne peut parvenir»[5] parce qu’elle parvient à « éclairer toute l’existence de l’homme » [6] à la différence des savoirs humains, qui ne parviennent qu’à éclaircir quelques dimensions de la vie. Cependant, cette lumière qui « brille dans les ténèbres » (Jn 1,5) rencontre fréquemment la froideur d’un monde qui n’accepte que la réalité de ce que l’on peut voir et toucher, de ce qui se laisse voir à la lumière de la science ou du consensus social. En raison d’une inertie culturelle qui remonte à plusieurs siècles, la foi est perçue parfois comme « un saut dans le vide que nous faisons par manque de lumière, poussés par un sentiment aveugle ; ou comme une lumière subjective, capable peut-être de réchauffer le cœur, d’apporter une consolation privée, mais que l’on ne peut pas proposer aux autres. »[7].
Cependant, il y a là également des raisons d’être optimiste. Il y a déjà quelques années, Benoit XVI constatait que la science a commencé à prendre conscience de ses limites : « de nombreux scientifiques disent aujourd’hui que tout doit venir de quelque part, que nous devons nous poser encore une fois cette question.Cela conduit à développer une nouvelle compréhension du fait religieux, non comme un phénomène de nature mythologique, archaïque, mais à partir de la connexion intérieure du Logos »[8] : peu à peu on s’éloigne de l’idée, trop simpliste, que croire en Dieu est un recours pour masquer ce que nous ne savons pas. S’amorce alors une conception de la foi comme un regard le mieux capable de rendre compte du sens du monde, de l’histoire, de l’homme et en même temps de sa complexité et de son mystère[9].
L’ÉVANGILE « EST UNE RÉPONSE QUI ATTEINT L’ÊTRE HUMAIN AU PLUS PROFOND DE LUI-MÊME. C’EST LA VÉRITÉ QUI NE SE DÉMODE PAS PARCE QU’ELLE EST CAPABLE DE PÉNÉTRER LÀ OÙ RIEN D’AUTRE NE PEUT PARVENIR. » (PAPE FRANÇOIS)
Ces nouvelles perspectives portent en elles un défi pour la théologie, la catéchèse et, en définitive, l’apostolat personnel : « la religiosité doit se régénérer à nouveau dans ce grand contexte et trouver ainsi de nouvelles formes d’expression et de compréhension. Les hommes d’aujourd’hui ne comprennent plus, sans une explication, que le sang du Christ sur la croix est expiation pour leurs péchés (…) ; il s’agit de formules qu’il faut traduire et capter à nouveau »[10]. En effet, la tâche de la théologie ne consiste pas seulement à approfondir les différents aspects de la foi, mais aussi à rapprocher chaque génération de l’Évangile. La théologie et la catéchèse ne doivent pas« contemporaniser », au sens d’adapter la foi aux myopies de chaque époque, mais elles sont appelées à rendre le Christ contemporain : à accueillir les bouleversements, le langage et les défis de chaque époque, non comme un moindre mal, mais comme la matière et le milieu dans lesquels Dieu attend que nous fabriquions un pain savoureux, un pain pour nous nourrir tous. (Cf. Mt 14,16). « Nous avons été invités à être le levain dans cette pâte concrète. Certes, il peut y avoir des "farines" meilleures, mais le Seigneur nous a invités à faire lever la pâte ici et maintenant, avec les défis qui se présentent à nous. Non en étant sur la défensive, non poussés par nos peurs, mais les mains à la charrue, en cherchant à faire croitre le grain si souvent semé au milieu de l’ivraie. »[11]
L’attention à la sensibilité du présent ne vient pas de l’extérieur pour s’ajouter à la fidélité de l’Évangile, mais en est une partie essentielle. Pour protéger la foi, pour la vivre en plénitude, et pour aller dans le monde entier proclamer la Bonne Nouvelle (Cf. Mc 16, 15) il devient nécessaire de la recevoir à nouveau aujourd’hui, de la comprendre et d’amener les autres à la comprendre telle qu’elle est véritablement : un don de Dieu qui change nos vies, qui les remplit de lumière. « Certains traversent la vie comme un tunnel ; ils ne s’expliquent ni la splendeur, ni la certitude, ni la chaleur du soleil de la foi »[12]. L’effort qui est fait pour montrer cette lumière et cette chaleur de la foi est plein d’une sollicitude sincère pour prendre en charge les interrogations et les doutes de nos contemporains, sans les considérer à l’avance comme des stupidités ou des complications. Ainsi on se met dans de meilleures conditions pour trouver, selon le cas, les mots qui conviennent. Il y a des personnes, écrivait saint Josémaria, « qui ignorent tout de Dieu….parce qu’on ne leur en a pas parlé en termes compréhensibles »[13]. Quand quelqu’un ne comprend pas, il se peut que ce soit parce que celui qui lui parle n’a pas compris non plus ce qu’il explique, ou qu’il n’a pas pris en compte ses interrogations, et il parle, sans le vouloir peut-être, de manière abstraite et indifférente. En même temps, il est bonde se souvenir que « nous ne pourrons jamais rendre les enseignements de l’Église comme quelque chose de facilement compréhensible et d’heureusement apprécié par tous. La foi conserve toujours un aspect de croix (…). Il y a des choses qui se comprennent et s’apprécient seulement à partir de cette adhésion qui est sœur de l’amour, au-delà de la clarté avec laquelle on peut en saisir les raisons et les arguments »[14].
Les catholiques se voient parfois critiqués et considérés comme des gens aux vues étriquées, pour la simple raison qu’ils ne se plient pas à certains postulats reconnus bons par le monde. Cependant, s’ils ne se laissent pas gagner par la peur ou le ressentiment d’être blâmés, s’ils essaient de découvrir l’angoisse ou la blessure que trahit une réponse irritée, s’ils ne se lassent pas de chercher de nouvelles façons de rendre compte de leur vision du monde, ils seront alors reconnus, chacun à son niveau, comme des personnes « ayant une largeur de vues (…), une attention vigilante aux orientations de la science et de la pensée (…), une attitude positive et ouverte à la transformation actuelle des structures sociales et des formes de vie » [15].
LE LANGAGE QUI TOUCHE N’EST PAS NÉCESSAIREMENT CELUI D’UN GRAND ORATEUR, MAIS CELUI DE QUELQU’UN QUI PARLE À SA MANIÈRE, AVEC SES MOTS, DE SON EXPÉRIENCE DE LA FOI.
La série d’articles qui débute avec celui-ci a pour but de montrer comment la foi répond aux aspirations les plus profondes du cœur de l’homme du XXI siècle, comment le Christ, selon l’enseignement du Concile Vatican II, « manifeste pleinement l’homme à lui-même »[16]. On y sera attentif aux difficultés que rencontrent beaucoup de personnes –même des chrétiens ayant reçu une bonne formation- pour comprendre le sens de certains aspects de la foi, et pour les expliquer à d’autres dont la foi s’est attiédie, ou qui voudraient s’en rapprocher. Ces articles s’adressent donc à un vaste public : croyants, hésitants et non croyants avec une ouverture d’esprit, latente peut-être, à la foi.Les différentes questions seront abordées sans prétendre à l’exhaustivité, en essayant de faciliter l’accès, de tracer de nouveaux chemins vers des points qui peuvent être moins clairs aujourd’hui : en montrant enfin comment la foi éclaire la réalité et comment on peut vivre sa vie à cette lumière. Par exemple, quel sens apporte à ma vie le fait que Jésus soit ressuscité ?, ou que Dieu soit en Trois personnes ? Dans quel sens la foi en la Création change-t-elle ma vision de la réalité ? Si l’au-delà n’est pas un lieu physique, comment penser qu’il soit aussi réel que le sol sur lequel je marche?
Là où est ta synthèse
Celui qui regarde à la télévision un match de tennis n’améliore pas pour autant sa forme physique ou sa technique : ce n’est qu’en jouant sur le court qu’entrent en jeu la technique, le style, le coup. De la même manière, la formation doctrinale ne se limite pas à l’accumulation de connaissances et d’arguments. Nous pouvons tirer un grand bénéfice de ce que nous lisons ou étudions, mais il ne suffit pas de retenir : il faut élaborer notre propre compréhension des choses, les faire nôtres. « Étudier la théologie, non comme une routine ou pour se remplir la mémoire, mais de façon vitale, contribue grandement à ce que les vérités de la foi deviennent connaturelles à notre intelligence ; peu à peu nous apprenons à penser dans la foi et à partir de la foi. C’est la seule façon d’arriver à un discernement équilibré des multiples questions, souvent complexes, qui surgissent dans notre activité professionnelle et au sein de la société en général » [17].
La charité, l’amour fraternel, qui nous fait voir un frère en chaque homme, est sans doute le témoignage le plus authentique et le plus lumineux de la foi : « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jn 13, 35). Quand une personne se sait aimée en vérité, sans réserves, elle devine l’Amour de celui qui « nous aima le premier » (1 Jn 4, 19), un amour qui n’est pas de ce monde parce qu’il est au dessus de tant de choses –erreurs, antipathie, timidité, méconnaissance- qui conduisent tant de gens en ce monde à s’ignorer ou à se mépriser. « Dieu, c’est avec le cœur qu’on peut le voir: la seule raison ne suffit pas. »[18] : si la charité, qui parle au cœur, rend Dieu visible, le manque de charité dissimule sa présence dans le monde et ôte sa légitimité à l’évangélisateur ; il fait de lui un faux prophète (Cf. Mt 7, 15). Cependant, l’authenticité que l’on attend aujourd’hui d’un chrétien ne se limite pas au témoignage de la charité : elle se réfère aussi, en grande partie, à la façon personnelle et naturelle dont il parle de Dieu. Si l’on a l’habitude d’examiner et d’analyser sa propre foi, si ce dialogue intérieur nourrit notre prière et si l’on s’en nourrit, lorsqu’on parlera de Dieu on ne transmettra pas seulement des notions théologiques ou doctrinales : on parlera de son expérience, celle de quelqu’un qui vit avec Lui et de Lui. Saint Augustin disait : « Celui qui n’entend pas la Parole de Dieu à l’intérieur de lui-même, perd son temps à la prêcher à l’extérieur »[19]. Écouter la parole de Dieu, c’est la laisser modeler notre façon de penser, de parler, de vivre ; la laisser éclairer nos activités, nos centres d’intérêt, nos rencontres ; qu’elle devienne, finalement, nôtre.
LES IDÉES DES AUTRES PEUVENT BEAUCOUP NOUS AIDER, MAIS IL NE SUFFIT PAS DE LES ACCUMULER SI NOUS VOULONS PARLER CŒUR À CŒUR.
« Là où se trouve ta synthèse, là se trouve ton cœur », écrit le Pape, en paraphrasant une phrase du Seigneur (Cfr. Mt 9, 21) « La différence entre faire la lumière sur la synthèse et faire la lumière sur des idées décousues entre elles, est la même qu’il y a entre l’ennui et l’ardeur du cœur »[20]. Le langage qui touche n’est pas nécessairement celui d’un grand orateur, mais celui de quelqu’un qui parle à sa manière, avec ses mots, de son expérience de la foi. C'est pourquoi la formation doctrinale n'est pas appelée à rester dans un secteur de nos connaissances, isolée de tout le reste, mais à dialoguer avec tout ce que nous vivons et tout ce que nous sommes, de sorte que, même si la formation prend autant de formes que de personnes, on puisse reconnaître le même Esprit en toutes.
Nous le voyons bien chez les saints, qui nous parlent de Dieu de mille manières, et c’est ce qui se passe aussi chez tant de saints ignorés. Si chaque époque, aujourd’hui plus encore peut-être, a ses Babels, cacophonie de voix divergentes ou discordantes (Cfr. Gn 11, 1-9), la pluralité des langues de l’Esprit Saint continue à s’étendre en une "nouvelle Pentecôte"[21] là où il y a des chrétiens qui l’écoutent, parce que « si l’Esprit Saint ne donne pas intérieurement l’intelligence, l’homme travaille en vain (…) : si l’Esprit Saint n’accompagne pas le cœur de celui qui entend, la parole du docteur sera inutile » [22].
Essaie de boire à ta propre source
On a dit que la culture est ce qui reste quand on a tout oublié : en fait, c’est ce qui grandit en cultivant la terre de notre âme. « Notre formation ne finit jamais »[23], aimait dire saint Josémaria ; il faut travailler toute sa vie, et le faire avec l’ esprit évangélique et évangélisateur de l’agriculteur (Cf. Mt 13,3-43). Cultiver la terre est un travail patient et persévérant, mais qui donne beaucoup de satisfactions, quand apparaissent les premiers bourgeons, et quand arrivent les fruits. Joint au dialogue avec Dieu dans la prière, et à la disposition à converser avec les autres, cette culture facilite beaucoup la réflexion personnelle, par laquelle on acquiert une parole propre, authentique, ouverte. Dans ce dialogue intérieur, il faut labourer, semer, irriguer : donner forme aux idées, chercher les mots, même si parfois ne sortent que des balbutiements. Les idées des autres peuvent beaucoup nous aider, mais il ne suffit pas de les accumuler si nous voulons parler cœur à cœur.
Il ne s’agit donc pas d’avoir seulement des connaissances, selon une notion purement quantitative du savoir, mais d’acquérir un regard pénétrant et passionné sur la réalité dans toute son ampleur, c'est-à-dire par rapport aux autres et par rapport à Dieu. Comprendre la foi est la tâche de chacun, à sa manière, qu’il soit professeur d’Université, ouvrier, assistante sociale, auditeur. Cette tâche intransférable ne s’ajoute pas au désir de connaitre la foi, mais lui donne forme : c’est une attitude qui consiste à essayer de faire sien ce que l’on entend, non seulement dans les actes, mais aussi dans les idées et le langage. « Je suis un homme de ce temps si je vis sincèrement ma foi dans la culture d’aujourd’hui, comme une personne qui vit avec les médias d’aujourd’hui, avec les échanges, avec les réalités de l’économie, avec tout cela, si je prends au sérieux cette expérience et que je cherche à personnaliser en moi cette réalité.C’est ainsi que nous sommes sur le chemin pour nous faire comprendre des autres. Saint Bernard de Clairvaux a dit à son disciple le Pape Eugène, dans son livre de réflexion : considère que tu bois à ta propre source, c'est-à-dire à ta propre humanité. Si tu es sincère avec toi-même et que tu commences à voir à partir de toi ce qu’est la foi, par ton expérience humaine, buvant à ton propre puits, comme dit saint Bernard, tu peux dire aux autres ce qu’il faut dire. »[24]
BIEN QUE LE CHRÉTIEN AIT LA RESPONSABILITÉ DE DÉFENDRE LA FOI, SON ESPRIT EN PROFONDEUR N'EST PAS CELUI DE QUELQU’UN QUI RÉCUPÈRE UN ESPACE PERDU, MAIS CELUI QUI SAIT QU’IL PARTICIPE À UNE CONQUÊTE PACIFIQUE.
Celui qui se conduit ainsi tire profit de toutes les conversations, ne recule pas face aux objections, mais les accepte comme des défis pour mieux comprendre sa propre foi, pour prendre conscience de la manière de penser des autres, pour discerner avec eux leurs troubles. Celui qui vit ainsi écoute beaucoup, apprend de tous et de chacun ; il conçoit le dialogue, moins comme une lutte pour affermir des positions et réfuter des arguments, que comme un ballet, auquel tout peut contribuer à éclairer la réalité, même si ce n’est pas toujours en suivant une ligne droite. « Un dialogue est beaucoup plus que la communication d’une vérité. Il se réalise par le goût de parler et par le bien concret qui se communique entre ceux qui s’aiment au moyen des paroles. C’est un bien qui ne consiste pas en des choses, mais dans les personnes elles-mêmes qui se donnent mutuellement dans le dialogue. »[25]
Bien que le chrétien ait la responsabilité de défendre la foi, son esprit en profondeur n’est pas celui de quelqu’un qui récupère un espace perdu, mais celui qui sait qu’il participe à une conquête pacifique. Nous savons où est le bonheur que cherche notre cœur et celui des hommes et des femmes. Et nous le cherchons avec eux : « mon cœur me redit ta parole: « Cherche sa face » (Ps 27, 8). Quelle paix nous donne cette certitude, pour dialoguer avec les autres, comme des frères qui cherchent celui que je cherche, qui partagent avec moi beaucoup plus qu’ils ne croient ; pour grandir avec eux, en sachant que le moment venu, ils auront la lumière : nos amis découvriront « ubi vera sunt gaudia », où se trouve la vraie joie [26], et nous la redécouvrirons avec eux.
D’après Carlos Ayxela
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Lectures pour approfondir le sujet
Voici une liste non exhaustive, de livres, articles et documents au sujet de la façon de parler de la foi aujourd’hui. Au début sont indiqués quelques textes du Magistère récent et d’autres organismes de l’Église, suivis de textes de divers auteurs. Dans les prochains articles de cette série, nous indiquerons également des textes spécifiques aux thèmes choisis.
I. Magistère
- François, Ex.Ap. Evangelii gaudium, 24-XI-2013, chapitre 3, " L’annonce de l’Évangile ".
- François, Catéchèse pour l’Année de la Foi, de mars à décembre 2013 (disponibles sur vatican.vavatican.va)
- Benoit XVI, Catéchèse pour l’Année de la Foi, (octobre 2012-février 2013, disponibles sur vatican.va ; p.ex. "Comment parler de Dieu ?", 28-XI-2012 (lire) ; "Le désir de Dieu", 7-XI-2012 (lire).
- Saint Jean-Paul II, Catéchèse sur le Credo (mars 1985-novembre 1997, disponibles sur vatican.va)
- Bienheureux Paul VI, Ex. Ap. Evangelii Nuntiandi, 8-XII-1975 (lire).
- Catéchisme de l’Église Catholique et Compendium du Catéchisme de l'Église Catholique.
- Conseil Pontifical pour la Culture : Où est ton Dieu ? La foi chrétienne face à l’incroyance religieuse (lire)
- Conseil Pontifical pour la Culture : La via pulchritudinis, chemin d’évangélisation et de dialogueLa via pulchritudinis, chemin d’évangélisation et de dialogue
II. Autres
- Balendreier, J. La fe explicada hoy, Rialp, 2016 (The Faith Explained Today : Popular Edition).
- Barron, R.Catolicismo : un viaje al corazón de la fe, Doubleday, 2013 ; disponible aussi en dvd (Catholicism : a journey to the Heart of the Faith).
- Biffi, G. Corso inusuale di catechesi (3 vol.) Elledici, 2006.
- Burggaff, J. "la transmisión de la fe en la sociedad postmoderna", dans Burggraff, J. La transmisión de la fe en la sociedad postmoderna y otros escritos, Eunsa, 2015 (disponible en espagnol sur opusdei.org)
- Chaput, Ch. Strangers in a Strange Land. Living the Catholic Faith in a Post-Christian World, Henry Holt, 2017.
- Dolan, T.-Allen J. A people of Hope. The Challenges facing the Catholic Church and the Faith that can save it.
- Hadjadj, F. L'aubaine d'être né en ce temps. Ed. de l'Emmanuel, octobre 2015.
- Hadjadj, F. Comment parler de Dieu aujourd’hui? Anti-manuel d’ évangélisation. Ed. Salvator, septembre 2012.
- Hahn, S. Evangelizing Catholics.
- Hahn, S. Introduction to Catholicism for Adults.
- Ivereigh, A.-Lopez, K.J. How to Defend the Faith without Raising your Voice.
- Saint Josémaria, " Soyez des amis sincères et vous réaliserez un apostolat et un dialogue féconds", ABC, 17-V-1992 (lire version espagnole)
- Knox, R. The Creed in Slow Motion.
- Lewis, C.S.Mere Christianity.
- Mora, J.M. " 10 clés pour communiquer la foi " (lire la version espagnole)
- Ratzinger, J. Dieu et le monde : croire et vivre à notre époque, Galaxia Gutenberg, 2002 (Gott und die Welt. Glauben und Leben in unserer Zeit).
- Ratzinger, J. "La nouvelle évangélisation", Conférence au Congrès des Catéchistes et Professeurs de Religion, Rome 10-XII-2000 (lire)
- Trese, L.J.La foi expliquée (Tome 1, 2, 3) Ed. Le Laurier, novembre 2009.
[1] François, Enc. Lumen Fidei (29-VI-2013), 3.
[2] Saint Augustin,Confessions V.2.2.
[3] Saint Josémaria, Quand le Christ passe, 179.
[4] Saint Irénée de Lyon, Démonstration de la prédication apostolique, 24 (Sources chrétiennes 406,117)
[5] François, Ex. Ap. Evangelii gaudium (24-XI-2013), 265
[6] François, Lumen Fidei, 4.
[7] François, Lumen Fidei, 3.
[8] Benoit XVI, Lumière du monde.
[9] Cf. Benoit XVI, Discours à l’Université de Ratisbonne, 12-IX-2006.
[10] Benoit XVI, Lumière du monde.
[11] François, Homélie, 2-II-2017.
[12] Saint Josémaria, Chemin, 575.
[13] Saint Josemaria, Sillon, 941.
[14] François, Evangelii gaudium,42
[15] Sillon,428.
[16] Concile Vatican II, Const. Gaudium et Spes (7-XII-1965), 22.
[17] Javier Echevarria, Lettre pastorale à l’occasion de l’année de la foi (29-XI-2012), 35.
[18] Joseph Ratzinger, Jésus de Nazareth. Du baptême à la Transfiguration.
[19] Saint Augustin, Sermon 179, 1.1.
[20] François, Evangelii gaudium, 143.
[21] Sillon, 213. Cf. Ac 2, 1-13.
[22] Saint Thomas d’Aquin, Super Evangelium S. Ioannis, 14.6.
[23] Saint Josémaria, notes d’une réunion familiale, 18-VI-1972 ( cité dans J. Echevarria, Lettre sur la nouvelle évangélisation, 2-X-2011).
[24] Benoit XVI, Discours, 26-II-2009 (Cf. Saint Bernard, De consideratione libri quinque ad Eugenium tertium, II.3.6. [PL 182, 745).
[25] François, Evangelii gaudium, 142.
[26] Missel Romain, XXI dimanche du temps ordinaire, collecte.