Une Mère pour une Église

Pendant la semaine de prière pour l'unité des chrétiens, cet article nous présente la Sainte Vierge comme mère des membres du Christ. Le concile Vatican II lui confie l’union des chrétiens : « qu’ils soient enfin heureusement rassemblés dans la paix et la concorde en un seul Peuple de Dieu ».

La semaine pour l’unité des chrétiens se déroule à l’unisson de la poignante prière sacerdotale du Fils Unique : « Que tous soient un » (Jean 17, 22), selon l’union des Personnes divines. Les membres de l’Aîné sont remplis de l’Esprit et clament « Père ! » à l’unisson, en évitant les fausses notes. Une semaine intense de prière, pour obtenir un bien qui nous dépasse ; de pénitence, pour demander pardon devant les péchés de désunion ; de charité, pour respecter le bien des frères et leur rendre service en vérité.

La Sainte Vierge est mère des membres du Christ, « parce qu’elle a collaboré par la charité à la naissance des fidèles dans l’Église

Proche du Prêtre Souverain, Marie regarde aussi avec tendresse la multitude, parfois déchirée, de ses enfants. Le concile Vatican II lui confie l’union des chrétiens : « qu’ils soient enfin heureusement rassemblés dans la paix et la concorde en un seul Peuple de Dieu » (Lumen gentium §69). La Sainte Vierge est mère des membres du Christ, « parce qu’elle a collaboré par la charité à la naissance des fidèles dans l’Église : ceux-ci sont les membres du chef, tandis qu’elle est, dans la chair, la mère du chef » (saint Augustin, La sainte virginité 6, 6).

Marie est en même temps mère du Christ, le Fils unique de Dieu, et mère des membres de son Corps mystique. La maternité de Marie et son union intime à l’œuvre du Rédempteur, qui a culminé à l’heure de la croix, ont fait mûrir le fruit de sa maternité spirituelle.

Dans l’une des chapelles de Saint-Pierre au Vatican, est vénérée « La Mère de l’Église » : une ancienne fresque, qui se trouvait sur l’un des piliers de la basilique constantinienne et fut insérée dans un riche retable de Giacomo della Porta.

« Nous proclamons la très sainte Vierge Marie ‘Mère de l’Église’, de l’entier Peuple de Dieu, ainsi des fidèles que des pasteurs » (Paul VI) Une salve d’applaudissements répondit à l’annonce.

Plusieurs papes lui ont décerné ce titre de façon occasionnelle. Paul VI le fit de façon définitive à la fin de la 3e session du concile Vatican II : « Nous proclamons la très sainte Vierge Marie ‘Mère de l’Église’, de l’entier Peuple de Dieu, ainsi des fidèles que des pasteurs » (Discours, 21/11/1964). Une salve d’applaudissements répondit à l’annonce.

Peu après, il insérait cette conviction dans la profession de foi : « Nous croyons que la très sainte Mère de Dieu, nouvelle Ève, Mère de l'Église, continue au ciel son rôle maternel à l'égard des membres du Christ, en coopérant à la naissance et au développement de la vie divine dans les âmes des rachetés » (Credo du peuple de Dieu, 30/06/1968).

Jean-Paul II expliqua l’ampleur de la maternité mariale : Notre Dame a collaboré à l’incarnation, contribué au premier miracle, adhéré au sacrifice du Calvaire, rassemblé la prière de l’Église naissante. « Tous les disciples, comme l'apôtre Jean, accueillirent spirituellement dans leurs maisons cette Mère qui se trouve ainsi insérée dans l'histoire du salut et dans la mission de l'Église » (encyclique Le Rédempteur de l’homme §22).

Il inséra (1980) le titre Mater Ecclesiae dans les litanies de Lorette. L’année suivante, une mosaïque, inspirée dans l’icône ancienne, fut installée dans les palais du Vatican ; le 8 décembre le pape bénissait l’image, avec cette inscription et la devise Totus tuus, en action de grâce pour la vie sauve. Fille bien aimée, Marie est « l’aînée de la Rédemption, qui rend tout l’éclat de l’Église » (Messe, « La Vierge Marie, image et Mère de l’Église », 1986, oraison).

Marie et l’Église sont inséparables dans le projet du Sauveur et dans le cœur des chrétiens. « Ô Vierge Marie, Mère de l’Église, souviens-toi de tous tes enfants ; présente leurs prières à Dieu ; garde leur foi solide ; fortifie leur espérance ; augmente leur charité. Ô clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie » (Benoît XVI, discours 8/11//2009).

Marie et l’Église sont inséparables dans le projet du Sauveur et dans le cœur des chrétiens

Enfin, le pape François a instauré la mémoire obligatoire, pour le lundi qui suit la Pentecôte. « Cette célébration nous aidera à nous rappeler que la vie chrétienne, pour croître, doit être ancrée au mystère de la Croix, à l’oblation du Christ dans le banquet eucharistique et à la Vierge qui offre, Mère du Rédempteur et de tous les rachetés » (Congrégation pour le Culte, décret Laetitia plena, 11/03/2018).

La Mère de l’Église regarde encore l’humanité toute entière à sauver. « L'Église maintient avec la Mère de Dieu un lien qui, dans le mystère du salut, le passé, inclut le présent et l'avenir, et elle la vénère comme la Mère spirituelle de l'humanité et celle qui nous obtient la grâce » (Jean-Paul II, encyclique La Mère du Rédempteur, 1987 §47).

Abbé Fernandez