Une médecine plus humaine

Dans une interview accordée au journal Catalunya Cristiana, Yannick Vincendeau, directeur du Centre Hospitalier Monkolé, parle de l’aide médicale apportée à toute une population déshéritée, dans les zones périphériques de Kinshasa.

« Le monkolé est un arbre de la forêt vierge qui change de couleur, du vert au rouge et au jaune. Nous avons voulu donner ce nom à notre centre parce qu’il est le symbole de notre défi : nous devons nous dépasser, bouger, tout faire avec le sourire. » Yannick Vincendeau, directeur du centre hospitalier Monkolé qui a ouvert ses portes dans la banlieue de Kinshasa, explique comment cette œuvre collective de l’Opus Dei apporte une aide médicale à une population démunie. 

«Au départ, les médecins soignaient les maladies en rapport avec le paludisme... mais nous avons compris qu’ il fallait porter notre attention sur la mère et l’enfant. Il s’agissait d’offrir des services au tarif le plus bas. Les mamans ont vu la qualité des soins apportés et nous ont demandé de créer une maternité, parce que il n’y en avait pas. Un médecin et deux infirmières ont ainsi pratiqué les premiers accouchements.

En 1997, nous avons lancé le Centre de protection de la mère et de l’enfant : une maternité de 26 lits. Les accouchements se sont succédé à un bon rythme et dès le départ on a vu l’urgence de pratiquer des césariennes. L’an dernier, nous en avons pratiqué deux par semaine, dont la moitié n’ont pas été payées. »

« Ce sont les enfants des familles les plus pauvres qui tombent malades, précise Yannick, et qui arrivent à l’hôpital lorsqu’on ne peut souvent plus rien faire pour eux. Nous devons alors dépenser beaucoup d’argent pour les sauver : 200 euros par jour. Tous les ans, nous recherchons 70.000 euros de dons. »

70% des patients vit en dessous du seuil de pauvreté pour un taux de chômage est de 80%. « Lorsque les gens apprennent que la consultation, les analyses et les médicaments sont à leur portée, ils courent nous voir ! » La population sent bien que ce centre est à eux, à tel point qu’elle l’a protégé lors des pillages auxquels l’armée, mal payée et mécontente, s’est livrée à Kinshasa.

Education et formation

C’est du projet « Santé scolaire » dont Monkolé est le plus fier. Deux équipes constituées d’un médecin et de deux infirmières font le tour des écoles, examinent les élèves, offrent une formation aux maîtres pour leur apprendre à améliorer l’hygiène et donnent des cours d’éducation sanitaire aux enfants. « Un élève sur trois est malade et il faut lui venir en aide », précise Yannick.

La formation est prioritaire au Centre Hospitalier Monkolé. C’est la raison pour laquelle une école d’infirmières a été ouverte en 1997. Ces étudiantes sont en stage d’application soit à Monkolé soit dans une douzaine d’hôpitaux de la ville, publics ou privés. Tous les ans il y a une nouvelle promotion de 50 infirmières. Un centre de formation continue a été également créé pour les médecins. Des séminaires, des conférences ont été mis sur pied et ont permis aux étudiants congolais en dernière année de médecine de bénéficier de cours impartis par des professeurs d’université et des spécialistes congolais, européens ou américains.

Yannick est conscient de l’ampleur des besoins. Il insiste sur le fait que l’une des priorités est le sida. « Avec le secours du fonds mondial de lutte anti-sida, contre le paludisme et la tuberculose, nous avons pu avoir des médicaments et les prescrire gratuitement. Le soin aux malades du sida est notre grand défi pour les années à venir. Grâce au fonds mondial, nous avons pu aménager un bâtiment pour nos bureaux, les consultations et un hôpital de jour avec 6 lits réservés à ce type de patients. »

A Monkole, on pratique une médecine où le patient est au centre des soins. « A partir d’une expérience privée, sans esprit lucratif, précise nous arrivons à avoir un hôpital de service public. Nous ne faisons jamais de discriminations sur la tribu, l’origine sociale ou économique, ni la langue. À Monkolé on ne fait aucune différence, aussi petite soit elle. »

Ces soins personnalisés et attentifs sont le résultat d’un engagement du personnel du centre. « Je vous assure, dit Yannick, que  le travail au quotidien est réalisé par un personnel bien formé et très engagé auprès des patients. C’est notre objectif prioritaire. Aussi bien les médecins que les infirmières, les agents ou les femmes de salle, tous sont engagés à améliorer le sort des malades. »

Grâce à ses méthodes, à son personnel et à sa façon de comprendre la médecine, en 15 ans, le Centre Monkolé est devenu un point de référence. Yannick Vincendeau tient à développer encore plus le travail commencé. Il souligne aussi que depuis 1997, ils n’ont pas pu agrandir leur espace. Ils ont actuellement 40 lits à l’hôpital et ils veulent atteindre 135 lits dans un nouvel immeuble, avec un bloc opératoire complet et tous les services de consultation, de laboratoire, d’hôpital de jour, d’urgences...

« Ce centre est une grande espérance. Les difficultés de la vie sont nombreuses, mais le dévouement de nos équipes et la reconnaissance des patients sont bien plus importants. Vous pouvez, vous aussi, nous aider financièrement, mais aussi en priant pour que ce pays réussisse à vivre dans la paix. C’est mon espoir avoué. »

Quelques données de Monkolé  Activités médicales en 2005

-         39.742 consultations ambulatoires

-         4044 patients hospitalisés

-         235 opérations en grosse chirurgie

-         485 accouchements

-         3841 examens radiologiques

-         1816 écographies

-         93 trithérapie VIH/SIDA

-         121 transfusions