Rémi, l'homme à tout faire

Rémi est numéraire de l'Opus Dei. Le célibat apostolique qu'il vit lui permet d'être disponible pour s'occuper d'une résidence d'étudiants et d'un club de jeunes, et de plein d'autres choses encore...

Rémi, vous êtes professeur de technologie. Vous habitez Strasbourg. Vous êtes membre célibataire de l’Opus Dei. Vous avez donné votre vie à Dieu. Pouvez vous expliquer pourquoi un tel don et comment cela se concrétise-t-il ?

Mon don à Dieu est une réponse à un appel que j’ai ressenti il y a déjà plus de 20 ans alors que j’étais encore étudiant ; il se concrétise par mon effort de plaire à Dieu au quotidien, dans tout ce que je fais, dans ma vie professionnelle, dans ma vie familiale, dans ma vie associative et sociale, etc. C’est la découverte de la simplicité de la relation à Dieu qui m’a conquis quand j’avais 21 ans, et j’essaye depuis lors d’en témoigner autour de moi. L’esprit de l’Opus Dei est à la fois très riche et très simple : trouver Dieu dans l’ordinaire du quotidien et le fréquenter ; je consacre une grande partie de mon temps libre à me faire l’écho de ce message.

Ces mots de saint Josémaria écrits dans "Chemin" [1] m’ont particulièrement frappé, quand je croyais qu’il y avait d’un côté la foi, la prière et de l’autre les multiples occupations et soucis de la vie… Non, Dieu s’intéresse à tout ce qui nous intéresse ! En réalisant cela, j’ai appris à vivre en sa présence, à lui parler et à faire des efforts pour les autres en les offrant au Seigneur.

Au cours de votre journée, vous avez l’habitude de prier et de parler au Seigneur. Pouvez-vous nous parler de votre intimité avec le Christ ?

Je m’efforce de vivre en sa présence, de penser à Lui, de Le remercier, de Lui demander pardon – pour mes fautes et celles des autres – et ainsi de Le « consoler », de Lui dire que j’aimerais mieux faire, de Lui demander de l’aide – des grâces – pour beaucoup de personnes qui m’entourent, etc. Au début cela peut paraître difficile, mais c’est une question d’entraînement, de même que l’on utilise parfois des pense-bêtes. Et puis, cet effort devient de plus en plus réduit, car c’est aussi une question d’amour : quand on aime très fort une personne (son conjoint ou ses enfants par exemple), on pense très facilement à elle, et on aimerait lui parler si elle se trouvait à nos côtés ; hé bien avec Dieu, avec le Christ, c’est pareil et même pire puisque Lui est toujours présent à nos côtés, bien disposé à nous écouter. Ma journée est aussi parsemée de moments particuliers que je Lui consacre, ou plutôt qu’Il me consacre : ce sont des rendez-vous ! En particulier, la messe, la prière du matin, la prière à sa mère Marie – le chapelet- la prière du soir… L’essentiel dans ma vie est d’aimer Dieu par-dessus tout : ça vaut la peine de prendre le temps de prier, notre bonheur aussi en dépend. Cela aide aussi à prendre le recul nécessaire sur les évènements et à voir les choses le plus possible telles qu’elles sont dans la réalité, en fait telles que Dieu les voit.

Votre vie ressemble extérieurement à celle de beaucoup d’autres jeunes hommes professeurs. Elle comporte aussi inévitablement des particularités liées à votre vocation. Pouvez-vous nous les décrire et nous expliquer comment vous les vivez ?

Oui, comme tout professeur qui aime son métier, je soigne mes enseignements, ma pédagogie, les relations avec les élèves notamment. De par ma vocation, je suis particulièrement exigeant envers moi-même : pour se sanctifier, il ne suffit pas de prier et d’être aimable, il faut aussi travailler du mieux possible, et mon travail consiste à enseigner et à éduquer. J’essaye aussi de voir le Christ dans mes élèves : chacun, quelque soit ses qualités et ses défauts, est aimé de Lui, plus que tout l’univers. Chaque âme est un trésor qui n’a pas de prix ; cela m’aide à respecter profondément l’élève, à exiger aussi de lui non seulement dans son travail mais aussi dans son comportement et particulièrement dans le respect d’autrui dont il fait preuve. Tout en enseignant la technologie, j’essaie aussi d’amuser mes élèves : c’est une technique pédagogique mais c’est aussi une preuve de l’intérêt que je leur porte ; on apprend plus volontiers quand on a le sourire, et la bonne entente dans la classe est favorisée par la bonne humeur. Oui, c’est vraiment important d’aller parfois jusqu’à faire le clown pour faire passer un bon moment à un élève qui a peut-être à ce moment là de sérieuses préoccupations.

Vous voyez, je ne dis rien de très compliqué : tout cela est à la portée de tout chrétien, mais la vocation qui m’encourage et me conforte dans ma tache éducative, me pousse aussi à apprendre toujours plus à me dépasser au service des autres. Et je le ressens comme une nécessité : mon patron ce n’est pas qu’un ministre, c’est surtout le Seigneur !

Vous êtes responsable, sur votre temps libre, d’un club de jeunes. Quel est le projet de votre club et comment le mettez-vous en pratique ?

Le projet de notre club de jeunes est d’aider les parents dans leur tâche éducative, en travaillant à une formation pour faire grandir les jeunes : les activités sont conçues en ce sens. Au club, les enfants font du sport, des maquettes variées, des jeux et des sorties... mais pourtant ce n’est pas un club de football ou de tennis, ni un centre spécialisé dans le modélisme. Ils étudient et nous les aidons dans leur travail scolaire, mais ce n’est pas une école. Nous cherchons simplement à développer chez eux les vertus humaines et chrétiennes à travers des occupations saines et courantes pour des garçons de ces âges.

La formation passe non seulement par des enseignements ou un moment de prière, ou encore par une conversation personnelle avec chacun, mais aussi par toutes les autres activités : nous vivons ensemble quelques heures d’une après-midi, et nous nous efforçons de transmettre les vertus humaines et chrétiennes aussi sur le terrain de sport, dans l’atelier… par exemple en étant exigeant sur la bonne entente entre eux, sur le soin apporté à la fabrication d’une maquette, sur le rangement des outils à leurs places, sur l’occasion de se faire des amis, etc. La découverte que l’on peut tout offrir à Dieu - ses efforts de convivialité, de service, d’application dans le travail, de concentration dans l’étude… - constitue souvent la base de grands progrès dans l’évolution de la personnalité.

Quels sont le rôle et l’apport de l’Opus Dei dans ce club ?

L’Opus Dei est responsable de la formation spirituelle : l’aumônier, un animateur et moi-même sommes membres de l’œuvre ; d’autres adultes ou jeunes nous aident pour des tâches plus matérielles. Le message de l’Opus Dei est la possibilité de rechercher la sainteté dans toutes les activités honnêtes du quotidien : il s’adresse donc à tous ! Il s’adresse donc aussi à ces jeunes qui fréquentent le club et à leurs familles. Evidemment, chacun le reçoit à sa manière et peut alors librement le mettre en pratique : certains viendront profiter des temps de formation spirituelle proposés pour les plus grands ou les adultes, assister à une retraite, avoir un entretien spirituel avec l’aumônier, etc. L’esprit de l’Opus Dei – la recherche de la sainteté au milieu du monde – est un trésor que nous ne pouvons garder pour nous ! Nous essayons de l’incarner le mieux possible et de le faire passer à travers notre exemple.

[1] Il faut se convaincre que Dieu est continuellement près de nous. — Nous vivons comme si le Seigneur était loin, là-haut, où brillent les étoiles, et nous ne voyons pas qu'Il est aussi toujours à nos côtés.

Et Il est là, comme un Père aimant — Il aime chacun de nous plus que toutes les mères du monde ne peuvent aimer leurs enfants — Il nous aide, nous inspire, nous bénit... et nous pardonne. (…) Il faut nous en pénétrer, nous en saturer : le Seigneur, qui est à la fois près de nous et dans les cieux, est un Père et vraiment un Père pour nous. (J. ESCRIVÁ DE BALAGUER Chemin, n. 267).