Ordination de 30 nouveaux diacres issus de 11 pays différents: "une manifestation de foi"

Homélie de Mgr Xavier Echevarría, prélat de l’Opus Dei, prononcée à l'occasion de l'ordination diaconale de fidèles de la prélature Rome, basilique Saint-Eugène, 9 novembre 2013

Les 30 diacres, avant la prostration

Très chers ordinants diacres,

Chers frères et sœurs,

1. L’Année de la foi, proclamée par Benoît XVI, touche à sa fin. Le pape François va la clôturer solennellement en la solennité du Christ Roi de l’Univers. Cette circonstance met en relief un aspect particulier de cette ordination diaconale de trente fidèles de l’Opus Dei.

En effet, nous participons aujourd’hui à une grande manifestation de foi. Chacun de ces hommes, après avoir librement répondu à l’appel du Seigneur, est sur le point de devenir un ministre du Christ, un serviteur de tous. Leur élection est tout aussi divine que celle de Jérémie, dont nous avons entendu le récit à la première lecture : Avant de te former dans le sein de ta mère, je te connaissais, et avant que tu ne sortes de ses flancs, je t’ai consacré, je t’ai établi prophète des nations (Jr 1, 5).

Mes chers enfants, vous avez répondu à l’appel qui vous a été adressé personnellement: Adsum!, Me voici ! Puis, à ma question : voulez-vous être consacrés au service de l’Église, moyennant l’imposition de mes mains avec le don du Saint-Esprit ? Votre voix va fortement retentir devant toute l’assemblée : volo ! Oui, je le veux !

Vous le savez bien, l’imposition des mains de l’évêque est, avec les paroles de la prière consécratoire, le signe essentiel du sacrement de l’Ordre à ses différents degrés. L’imposition des mains de l’évêque, à la place du Christ Souverain Prêtre, a un sens très précis : Jésus prend possession de chacun de vous, de tout votre être, afin que vous deveniez des instruments vivants de son action sanctificatrice. Je comprends bien la joie et l’émotion que vous ressentez à devenir des ministres de Jésus-Christ car le don que vous allez recevoir est très grand.

Par l’action du Saint-Esprit au Baptême et à la Confirmation, tout chrétien est déjà devenu un autre Christ, un fils adoptif de Dieu le Père, comme disait saint Josémaria, non seulement un autre Christ, mais le Christ lui-même, ipse Christus. Aujourd’hui, avec l’ordination diaconale et par la suite, avec votre ordination sacerdotale, vous allez devenir, par la force du sacrement, le Christ lui-même en participant d’une façon nouvelle à son sacerdoce.

Benoit XVI, en évoquant ce geste très ancien de l’imposition des mains, affirmait que tout en prenant possession des ministres ordonnés, le Seigneur s’adresse à un, un par un, et leur dit : « Tu es sous la protection de mes mains. Tu es sous la protection de mon cœur. Tu demeures sous ma garde au creux de mes mains et tu te trouves ainsi dans l’immensité de mon amour. Demeure donc au creux de mes mains et donne-moi les tiennes » (1).

Il s’agit d’un nouvel engagement solennel d’amour. Avec l’aide du Seigneur, vous lui serez fidèles, si vous veillez sur votre esprit de prière et que vous le nourrissez : en accomplissant fidèlement le devoir de réciter la Liturgie des Heures ; en faisant que votre vie soit conforme à celle du Christ, dont vous êtes en mesure, désormais, de distribuer le Corps pour la communion des fidèles. L’on comprend bien saint Josémaria :Seigneur, comment se fait-il que tu m’aimes tellement ?

2. Après l’imposition des mains et la prière de consécration, la liturgie prévoit quelques actes symboliques qui mettent en valeur les charges assumées. Il y a, tout d’abord le revêtement des habits propres au diacre : l’étole et la dalmatique. Ce sont les signes de la destination des diacres au service de la communauté des fidèles. Relisons ce que saint Paul nous a dit à la deuxième lecture :

Car, quoique libre à l'égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous, afin d'en gagner un plus grand nombre (…).Je me suis fait faible avec les faibles pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver à tout prix quelques uns (1 Cor 9, 19-23).

Aussi, servez donc dans la joie, l’humilité et la charité, vos sœurs et vos frères, toutes les âmes : avec la prédication de l’Évangile, avec l’administration de l’Eucharistie et l’exposition du Saint Sacrement à l’adoration des fidèles, avec les services de la charité qui vous seront confiés.

Après le revêtement, le livre des Évangiles vous sera remis afin que vous annonciez la bonne nouvelle à toutes les gens. En vous le confiant, l’évêque dit : crois toujours ce que tu proclames, enseigne ce que tu as appris dans la foi, vis ce que tu enseignes. Ces paroles sont spécifiquement adressées aux nouveaux diacres, mais elles concernent personnellement aussi tous les chrétiens. En effet, tout fidèle doit croire en la parole de Dieu, se doit de la mettre en pratique et de l’apprendre aux autres. Et, étant donné que le Christ est la Parole du Dieu vivant, fait homme pour notre salut, saint Josémaria recommandait fréquemment à nous tous : confions au Seigneur notre décision d’apprendre à réaliser cette tâche de service car ce n’est qu’en servant les autres que nous pourrons connaître et aimer le Christ, le faire connaître et à arriver à ce que d’autres l’aiment aussi (2).

C’est bien cette invitation qui nous a été adressée dans le texte de l’Évangile que nous avons écouté: la première pêche miraculeuse qui s’achève avec l’injonction du Seigneur à Pierre et aux autres Apôtres, à toi et à moi aussi, l’appel à être des pêcheurs d’hommes (Lc 5, 10). Pensons ici aux propos du pape François dans l’une de ses dernières audiences :

« Le Christ nous invite tous à « aller » à la rencontre des autres, il nous envoie, nous demande de nous mettre en branle pour apporter la joie de l’Évangile ! Encore une fois demandons-nous : sommes-nous missionnaires à travers notre parole, mais surtout par notre vie chrétienne, par notre témoignage ? Ou bien sommes-nous des chrétiens repliés dans notre cœur et dans nos Églises, des chrétiens de sacristie ? Des chrétiens uniquement en paroles, mais qui vivent comme des païens ? Nous devons nous poser ces questions, qui ne sont pas un reproche. Moi aussi je me le dis à moi-même : comment suis-je vraiment chrétien, à travers mon témoignage ? (3)

3. À la fin l’évêque vous donnera l’accolade de la paix. Tout en signifiant que vous avez été admis à l’ordre du diaconat, ce geste exprime encore plus : c’est l’amour de tout le peuple chrétien, plein de reconnaissance pour votre don à son service. Aussi, devons-nous prier davantage pour les ministres de l’Église et tout particulièrement pour le Souverain Pontife qui depuis des siècles considère que d’être le servus servorum Dei, le serviteur des serviteurs de Dieu, est son premier titre.

Chers frères et, sœurs entourons ces nouveaux ministres du Seigneur de notre prière et de notre mortification. Demandons au Saint-Esprit d’envoyer beaucoup de vocations sacerdotales à l’Église. À propos de cette nécessité, saint Josémaria nous conseillait de demander à Dieu d’augmenter notre envie de servir les autres, car messis quidem multa, operarii autem pauci(Mt9, 37);la moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux et, la mer de ce travail apostolique n’ayant pas de rivage, il y a en ce monde si peu d’âmes se sentant concernées par ce service-là (4) !

Supplions la Sainte Vierge, saint Josémaria et tous les saints d’intercéder pour nos frères. Ayons aussi recours aux âmes du purgatoire, en ce mois qui leur est consacré : elles sont si puissantes devant Dieu (5) !

Je vous invite, naturellement, à prier pour la sainteté des séminaristes et des prêtres du monde entier.

Avant de terminer, j’adresse ma félicitation la plus affectueuse aux parents, aux frères et sœurs des nouveaux diacres, à leurs familles et à leurs amis.

En nous rapprochant de la fin de l’Année de la foi, prions Dieu Notre Seigneur, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, de nous offrir leur cadeau : un regain de foi, d’espérance, de charité et de piété dans l’accomplissement de nos devoirs chrétiens.

Que Jésus-Christ soit loué!

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(1) Benoît XVI, homélie de la Messe chrismale du 13 avril 2006.

(2) Saint Josémaria, Quand le Christ passe, n. 182.

(3) Pape François, Discours de l’audience générale du 16 octobre 2013.

(4) Saint Josémaria, Lettre, 9 janvier 1932, n. 85.

(5) Saint Josémaria, Chemin, n. 571.