Marie, âme du monde

Le Saint-Père a adressé quelques paroles aux pèlerins présents place Saint-Pierre pour l’Angélus de l’Immaculée Conception. Il s’est rendu l’après midi place d’Espagne, à Rome, où se trouve une statue de Notre Dame de Lourdes.

« Ce midi, en la fête de l'Immaculée Conception, Benoît XVI a récité l'angélus avec les 40.000 pèlerins réunis Place Saint-Pierre. Cette solennité, a dit le Pape, «nous rappelle deux vérités fondamentales de notre foi que sont le péché originel...et la victoire sur lui de la grâce de Dieu qui resplendit d'une sublime manière dans la Vierge Marie.

L'existence de ce que l'Eglise a appelé le péché originel est malheureusement d'une écrasante évidence, à regarder simplement autour de nous et tout d'abord en nous. L'expérience du mal est si forte, qu'elle s'impose d'elle même et nous pose question : d'où vient-elle ? La question se pose avec encore plus d'acuité pour le croyant : si Dieu qui est la bonté a tout créé, d'où vient le mal ? Les premières pages de la Bible sur le récit de la création et la chute de nos premiers parents – a ajouté le Saint-Père – répondent à cette question fondamentale qui interpelle toute génération humaine. Dieu a tout créé de l'existence, en particulier l'être humain à son image. Il n'a pas créé la mort, mais elle est entrée dans le monde par la jalousie du diable qui, en se rebellant contre Dieu, a leurré les hommes en les incitant à la rébellion. C'est le drame de la liberté que Dieu accepte jusqu'au bout par amour, en promettant toutefois la venue d'un fils d'une femme qui écrasera la tête du vieux serpent».

«Ainsi, depuis le début, l'éternel conseil, dirait Dante a son terme fixé : la femme prédestinée à devenir mère du rédempteur, mère de celui qui s'est humilié jusqu'au bout pour nous rendre notre dignité originelle. Cette femme (...) a un visage et un nom : pleine de grâce, comme la nomma l'ange (...) à Nazareth. Elle est la nouvelle Eve, épouse du nouvel Adam, destinée à être mère de tous les rachetés» et «libérée de la chute de nos premiers parents. En Marie Immaculée – a conclu le Pape – nous contemplons le reflet de la beauté qui sauve le monde : la beauté de Dieu qui resplendit sur le visage du Christ».

Suivant la tradition, le Saint-Père s'est rendu à 16 h Place d'Espagne pour prier devant la statue de l'Immaculée. Il s'était auparavant arrêté à l'église de la Trinité pour saluer les pères dominicains et l'association des commerçants romains. Il a ensuite béni une gerbe de roses, déposée au pied de la colonne mariale en présence de milliers de fidèles. Benoît XVI a évoqué son récent voyage à Lourdes, à l'occasion du 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous. «Si la conviction de la conception immaculée de Marie existait depuis de nombreux siècles avant les apparitions de Lourdes, celles-ci ont ajouté un sceau céleste après que mon vénéré prédécesseur, le bienheureux Pie IX, en a défini le dogme, le 8 décembre 1854».

«Nous reconnaissons en Marie le sourire de Dieu, le reflet immaculé de la lumière divine ; nous trouvons en elle une nouvelle espérance au milieu des problèmes et des drames de ce monde», a encore dit le Pape qui, à propos des roses offertes à la Vierge, a ajouté qu'il «n'y a pas de roses sans épines (...) qui représentent pour nous les difficultés, les souffrances, les maux qui ont marqué et marquent encore la vie des personnes et de nos communautés. Nous confions à notre Mère nos joies, mais nous lui confions aussi nos préoccupations, sûrs de trouver en elle le réconfort pour ne pas se laisser abattre et le soutien pour aller de l'avant».

Le Pape a ensuite confié à Marie les plus petits de la ville : les enfants, surtout ceux qui sont malades, les jeunes en difficulté et ceux qui subissent les conséquences de situations familiales difficiles» et aussi «les personnes âgées isolées,...les immigrés qui ont du mal à s'intégrer, les familles qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts et les personnes qui ne trouvent pas de travail ou qui l'ont perdu».

«Enseigne-nous, Marie, à être solidaires de ceux qui sont en difficulté, à combler les disparités sociales toujours plus grandes ; aide-nous à cultiver un plus grand sens du bien commun, du respect de la chose publique, ... et à apporter chacun notre part pour construire une société plus juste et plus solidaire.

Ta beauté nous assure que la victoire de l'amour est possible, et même qu'elle est certaine. Tu nous assures que la grâce est plus forte que le péché et que le rachat de toute servitude est donc possible. O Marie, tu nous aides à croire avec plus de confiance au bien, à miser sur la gratuité, sur le service, sur la non-violence, sur la force de la vérité.

Tu nous encourages à rester éveillés, à ne pas céder à la tentation des distractions faciles, à affronter la réalité... avec courage et responsabilité. Sois une mère aimante pour nos jeunes, afin qu'ils aient le courage d'être des sentinelles du matin, et donne cette vertu à tous les chrétiens pour qu'ils soient l'âme du monde en cette époque tourmentée de l'histoire».