Mes très chers enfants, que Jésus vous garde !
Nous fêterons demain le 90eanniversaire du 2 octobre 1928 : « Ce jour-là, le Seigneur a fondé son Œuvre, il a suscité l’Opus Dei » (Cahiers intimes, n° 306) a écrit saint Josémaria peu de temps après. La joie avec laquelle nous célébrons cet anniversaire est en même temps une action de grâces envers Dieu qui enrichit continuellement son Église de dons et de charismes : « Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour ! » (Ps 118, 1). Un immense panorama s’ouvrait devant notre fondateur : coopérer à la réconciliation du monde entier avec Dieu, dans le travail professionnel et dans les autres circonstances de la vie ordinaire.
Considérons la primauté de Dieu : c’est Lui qui a fondé son Œuvre et qui continue de la faire progresser. Ici comme pour toute l’Église, les paroles de l’Évangile s’accomplissent : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi » (Mc 4, 26-28). Saint Josémaria fit tout ce qu’il put : une prière intense, une lutte intérieure décidée et une infatigable initiative apostolique. Il eut cependant toujours la conviction que toute cette force qui le poussait à servir les hommes venait de Dieu : « Je te remercie, Seigneur, parce que tu as voulu que je comprenne de manière évidente que tout vient de Toi : les fleurs et les fruits, l’arbre et les feuilles, et cette eau claire qui jaillit vers la vie éternelle. Gratias tibi Deus ! » (Dialogue avec le Seigneur). La primauté de la grâce de Dieu est également réelle en toute vie chrétienne, dans la vie de chacune et de chacun.
Outre la considération du don de Dieu, renouvelons notre action de grâces parce qu’il a voulu compter sur nous pour faire de nous ses collaborateurs (cf. 2 Cor 6, 1), malgré notre petitesse. Il peut parfois nous sembler que, en réalité, notre rôle dans les plans de Dieu est insignifiant ; mais Dieu prend notre liberté au sérieux, et il compte véritablement sur nous. Pensons à ce jeune garçon qui sut mettre tout ce qu’il avait – cinq pains et deux poissons – dans les mains de Jésus : à partir de ce geste généreux, le Christ a nourri une multitude (cf. Jn 6, 1-13). Dieu compte également sur notre réponse quotidienne, faite de petites choses qui deviennent grandes par la force de sa grâce. C’est ainsi que nous consacrons nos meilleurs efforts à le chercher dans notre travail, à servir les personnes qui nous entourent ; tâchons de les regarder et de les aimer comme Lui, et de rendre présentes dans le monde, de mille manières, la lumière et la chaleur qu’il a mises dans nos cœurs. Tout cela constitue notre petite collaboration d’enfant, dont Dieu notre Père se sert pour réaliser des merveilles dans les âmes.
Dans peu de jours va commencer le synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. Prions incessamment, demandons des lumières et l’élan nécessaire pour que le message de Jésus continue d’arriver à de nombreux jeunes ; qu’ils se décident à le suivre généreusement sur les divers chemins qui existent dans l’Église. Cet événement ecclésial, si proche de l’anniversaire de l’Œuvre, peut nous aider à voir notre propre vocation avec un regard nouveau, propre d’un cœur jeune et amoureux. Notre fondateur n’a jamais perdu cette jeunesse d’âme. Il a connu de grandes contrariétés et des souffrances, mais toujours il a su se maintenir jeune dans son amour pour le Seigneur. Il manifestait ainsi le secret de sa vitalité : « En priant au pied de l’autel Dieu qui est toute ma joie (Ps 43, 4), je me sens très jeune et je sais que je ne pourrai jamais me considérer vieux : si je demeure fidèle à mon Dieu, l’amour me vivifiera continuellement ; ma jeunesse se renouvellera comme celle de l’aigle (cf. Ps 103, 5). » (Amis de Dieu, n° 31) Si nous demeurons unis au Seigneur, nous serons toujours jeunes et il continuera de faire l’Œuvre, toujours ancienne et toujours nouvelle, dans les différents lieux, cultures et époques.
À l’échelle d’une vie humaine, 90 ans représentent beaucoup de choses. En revanche, pour l’Œuvre, c’est très peu. Nous sommes toujours dans les commencements : que cette considération nous aide à nous souvenir du don que nous avons reçu et de la belle mission que le Christ nous a confiée.
Soyez sans cesse à mes côtés par votre prière et soyons tout spécialement proches du Saint-Père en ces jours, pour aller tous ensemble vers Jésus par Marie. Avec toute mon affection je vous bénis.
Votre Père,
Rome, le 1er octobre 2018