La Salette, Lourdes, Pontmain : dans le chœur de la basilique mariale pontaminoise, ces trois apparitions de Notre Dame en France (au 19e siècle) remplissent les vitraux centraux.
Notre Dame de l’Espérance a été honorée partout en France.
Le sanctuaire est dédié à Notre Dame de l’Espérance. Sous ce vocable, Sainte Marie a été honorée partout en France. La nouvelle invocation des litanies, introduite par le pape en plein milieu d’une crise sanitaire mondiale (2020), a rehaussé son actualité. « Marie nous enseigne la vertu de l’attente confiante, même quand tout semble privé de sens » (pape François, Audience, 10/05/2017).
À Pontmain, en pleine guerre franco-prussienne, l’espérance « contre toute espérance » humaine (Romains 4, 18) arriva du ciel. L’offensive sur la Loire, après la chute du Mans, le 11 janvier 1871, semblait imparable ; les troupes françaises se replièrent à Laval, sous la protection dérisoire du cours de la Mayenne. Six jours plus tard, à 50 km au nord du front de bataille effondré, une Belle Dame transmit à un groupe d’enfants, pendant trois heures, son message rassérénant : la certitude de « Notre Dame d’espérance ». L’ennemi se replia aussitôt ; avant la fin du mois, arriva l’armistice. Marie fut comme la colombe porteuse de paix.
« mon Fils vous exaucera, Il se laisse toucher » (paroles de l'apparition)
L’évêque reconnut sitôt l’origine surnaturelle et en promut le culte. L’imposante basilique en granit, de style néogothique (Eugène Hawke, 1874), sera consacrée en 1900 ; peu après, elle deviendra basilique mineure. Les flèches sont visibles à 10 kilomètres. Les vitraux élancés alternent des motifs figuratifs ou géométriques ; rehaussés par des nuances en bleu, ils entourent l’église comme un écrin lumineux. Dans la statue emblématique du parvis, Notre Dame, en tunique étoilée, porte le Crucifix, l’unique ancre du salut ; la légende reprend les paroles de l’apparition : « mon Fils vous exaucera, Il se laisse toucher ». La solennité y est fêtée le 17 janvier. La dévotion rayonne sur plusieurs continents.
« Mère de la sainte espérance » (Sirac 24, 17 selon certains témoins du texte) est une épithète de la Sagesse divine. Un regard aimant qui agit avec ferme douceur ; son souffle garantit le pardon, la grâce et la gloire. La Sagesse engendre l’espérance, soutient le parcours. La Liturgie applique telle fonction à Marie : elle avait incarné l’espérance d’Israël dans son cœur, avant de prêter chair à l’Espéré des nations. Les fidèles, « qui s’avancent vers la liberté accomplie, la regardent comme un signe sûr d’espérance » (Missel Romain, messe « Sainte Marie Vierge, Mère de la sainte espérance », préface, 1986).
Les justes attendaient la délivrance d’Israël ; Marie, pétrie des traditions juives, traduisait les désirs en prières ; son attente n’a pas défailli. Le Roc d’Israël ne déçoit jamais. « Personne d'autre ne peut nous introduire comme le fait Marie dans la dimension divine et humaine de ce mystère. Personne n'y a été introduit comme Marie par Dieu lui-même » (Jean-Paul II, enc. Le Rédempteur de l’homme §22). Ceux qui ont fait l’expérience de la sagesse sont aussi des témoins et des instruments d’espérance pour les autres.
Si Notre Dame a reçu une espérance exceptionnelle, par la suite elle l’a cultivée avec soin et l’a fait grandir tout autour : auprès de son époux, avant qu’il soit renseigné sur le mystère ; avec la famille de Zacharie ; en écoutant les présages de Siméon ; en Égypte et, à nouveau dans le Temple, pendant la recherche du Bien-Aimé. Enfin son espérance a mûri durant la Passion. « L'épée de douleur transperça ton cœur. L'espérance était-elle morte ? Probablement, au plus intime de toi-même, tu auras écouté de nouveau ‘Sois sans crainte, Marie !’ » (Benoît XVI, Sauvés par l’espérance §50). Le Samedi Saint, l’espérance humiliée a su attendre la Pâque ; à partir de la Pentecôte, la Mère, sans fléchir, a suivi les vicissitudes de l’Église naissante.
Marie corrige présomption et essoufflements, pour faire entrer dans l’idéal de la fidélité
L’antienne Salve Regina reconnaît Marie comme canal d’espérance, dans notre « vallée de larmes ». Elle corrige présomption et essoufflements, pour faire entrer dans l’idéal de la fidélité : elle « veut nous brûler du désir d’habiter ensemble dans la maison du Père » (St Josémaria, Amis de Dieu §221). L’espérance divine nous touche par les caresses de la Mère. Son pèlerinage de foi est l’étoile rassurante. Les difficultés, les aléas, les pandémies font partie d’une sagesse purificatrice. Là, le regard de la Mère apaise : l’espérance ne naît pas de nos compétences, mais du ciel. Enfin, la Mère de l’espérance divine nous rend compréhensifs avec les vacillations des frères ; l’espérance du ciel n’est jamais loin de personne.