Les fioretti du pape François (10)

Nous poursuivons la publication d'extraits de propos tenus par le pape devant divers publics.

La résurrection de Jésus n’est pas le « happy end » d’un film

Audience générale du 16 avril 2014 :

« La résurrection de Jésus n’est pas la fin heureuse d’une belle fable, ce n’est pas le « happy end » d’un film ; mais c’est l’intervention de Dieu le Père, là où se brise l’espérance humaine. Au moment où tout semble perdu, au moment de la douleur, lorsque tant de personnes éprouvent comme le besoin de descendre de la croix, c’est le moment le plus proche de la résurrection. La nuit devient plus obscure précisément avant que ne se lève le jour, avant que ne pointe la lumière. Au moment le plus obscur, Dieu intervient et ressuscite.

Jésus, qui a choisi de passer par cette voie, nous appelle à le suivre sur le même chemin d’humiliation. Lorsque, à certains moments de notre vie, nous ne trouvons aucune voie de sortie de nos difficultés, lorsque nous plongeons dans l’obscurité la plus dense, c’est le moment de notre humiliation et de notre dépouillement total, l’heure où nous expérimentons que nous sommes fragiles et pécheurs. C’est justement alors, à ce moment-là, que nous ne devons pas cacher notre échec, mais nous ouvrir avec confiance à l’espérance en Dieu, comme l’a fait Jésus. »

Il existe des chrétiens chauves-souris qui préfèrent l’ombre à la lumière

À Sainte-Marthe, le 24 avril 2014

L’Évangile du jour raconte l’apparition du Christ ressuscité à ses disciples et ceux-ci restent « frappés de stupeur et de crainte », pensant « voir un fantôme ».Et « tout le travail de Jésus était de faire comprendre qu’il était réalité : “Donnez-moi à manger, touchez-moi, c’est moi ! Un fantôme n’a pas de chair, n’a pas de corps, c’est moi !”». Il veut les conduire à la « joie de la résurrection, la joie de sa présence parmi eux ». Mais « ils ne croyaient pas à cause de la joie, ils ne pouvaient pas croire, parce qu’ils avaient peur de la joie […] « Ça, c’est une maladie des chrétiens. Nous avons peur de la joie. Il vaut mieux penser : ‘Oui, oui, Dieu existe, mais il est là-bas ; Jésus est ressuscité, il est là-bas. Un peu de distance ! Nous avons peur de la proximité de Jésus, parce que cela nous donne de la joie. Et c’est ce qui explique qu’il y a tellement de chrétiens d’enterrement. Leur vie ressemble à un enterrement continuel. Ils préfèrent la tristesse à la joie. Ils s’orientent mieux, non pas dans la lumière de la joie, mais dans l’ombre, comme ces animaux qui ne réussissent à sortir que la nuit, mais pas à la lumière du jour, ils ne voient rien. Comme les chauves-souris ! Et avec un peu d’humour, nous pouvons dire qu’il existe des chrétiens chauves-souris qui préfèrent l’ombre à la lumière de la présence du Seigneur ! »

Or « avec sa résurrection, Jésus nous donne la joie : la joie d’être chrétiens, la joie de le suivre de près, la joie de marcher sur la route des béatitudes, la joie d’être avec lui […] Et nous, bien souvent, lorsque nous vient cette joie, nous sommes bouleversés, ou bien nous sommes remplis de peur ou nous croyons voir un fantôme, ou nous pensons que Jésus est une façon de faire : - Mais nous sommes chrétiens et nous devons faire comme cela. - Mais où est Jésus ? – Non ! Jésus est au ciel. – Est-ce que tu parles avec Jésus ? Est-ce que tu dis à Jésus : ‘Je crois que tu es vivant, que tu es ressuscité, que tu es proche de moi, que tu ne m’abandonnes pas’ ? La vie chrétienne doit être cela : un dialogue avec Jésus, parce que – c’est vrai, cela – Jésus est toujours avec nous, il est toujours avec nos problèmes, avec nos difficultés, avec nos bonnes œuvres […] Nous ne sommes pas joyeux parce que nous avons peur ! « Dans mon pays, il y a un dicton qui dit ceci : ‘Quand on s’est brûlé avec du lait bouillant, ensuite, lorsqu’on voit une vache, on pleure’. Et eux, ils se sont brûlés avec le drame de la croix et ils ont dit : ‘Non, arrêtons-nous ici ; lui, il est au ciel ; très bien ! il est ressuscité, mais qu’il ne revienne pas parce que nous n’y arriverons pas’ […] Demandons au Seigneur qu’il fasse avec nous tous ce qu’il a fait avec ses disciples, qui avaient peur de la joie : qu’il nous ouvre l’esprit : ‘Alors, il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures’ ; qu’il nous ouvre l’esprit et nous fasse comprendre qu’il est une réalité vivante, qu’il a un corps, qu’il est avec nous et qu’il nous accompagne et qu’il a été vainqueur. Demandons au Seigneur la grâce de ne pas avoir peur de la joie. »

Le diable existe. Nous ne devons pas être naïfs !

À Sainte Marthe, le 11 avril 2014

« Nous sommes tous tentés, parce que la loi de la vie spirituelle, notre vie chrétienne, est une lutte […] Parce que le prince de ce monde – le diable – ne veut pas de notre sainteté, ne veut pas que nous suivions le Christ. Quelqu’un parmi vous, peut-être, je ne sais pas, pourrait dire : ‘Mais, Père, vous êtes vraiment vieux : parler du diable au XXIe siècle !’ Mais, vous savez, le diable existe ! […] Même au XXIe siècle ! Et nous ne devons pas être naïfs ! Nous devons apprendre de l’Évangile comment faire pour lutter contre lui […] La vie de Jésus a été une lutte. Il est venu vaincre le mal, vaincre le prince de ce monde, vaincre le démon » : le démon, « a souvent tenté Jésus et Jésus a éprouvé dans sa vie les tentations » et « les persécutions […] Nous aussi nous sommes tentés, nous aussi nous faisons l’objet des attaques du démon, parce que l’esprit du mal ne veut pas de notre sainteté, il ne veut pas de notre témoignage chrétien, il ne veut pas que nous soyons disciples de Jésus. Et comment fait l’esprit du mal pour nous éloigner de la route de Jésus, avec ses tentations ? […] Les tentations du démon ont trois caractéristiques et nous devons les connaître pour ne pas tomber dans le piège.

[…] La tentation commence légèrement, mais elle grandit : elle grandit toujours. Deuxièmement, elle grandit et en contamine un autre, elle se transmet à un autre, elle cherche à être communautaire. Et finalement, pour tranquilliser l’âme, elle se justifie […] Pensons au bavardage, par exemple ; j’éprouve un peu d’envie à l’égard de telle personne, de telle autre et, au début, j’ai l’envie seulement dedans, et on a besoin de la partager et on va dire à une autre personne : ‘Mais tu as vu cette personne ?’… et elle cherche à grandir et à contaminer quelqu’un d’autre, et un autre…

Mais ça, c’est le mécanisme des commérages et nous avons tous été tentés par les commérages ! Ce n’est peut-être pas le cas de l’un d’entre vous, s’il est saint, mais moi aussi j’ai été tenté par les commérages ! C’est une tentation quotidienne, celle-là. Mais ça commence comme cela, en douceur, comme un filet d’eau. Cela grandit par contagion, et à la fin on se justifie […] Dans notre cœur, nous sentons quelque chose qui va finir par détruire les personnes : soyons attentifs parce que si nous n’arrêtons pas à temps ce filet d’eau, quand il grandira et contaminera, ce sera une marée telle qu’elle ne fera que nous pousser à nous justifier du mal, comme ces personnes qui se sont justifiées » en affirmant qu’il « vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple ».