« Nous avons le plaisir de vous annoncer Notre détermination d’instituer la fête liturgique de Saint Joseph Artisan, en la fixant précisément au premier mai » (Pie XII, allocution, 1/05/1955). L’année suivante, la curie romaine publia les textes liturgiques ad hoc.
La mémoire de Saint Joseph artisan éclaire le parcours des chrétiennes et des chrétiens. Le Créateur avait jadis confié le paradis terrestre au travail d’Adam et Eve (Genèse 2, 15). Dieu comptait sur leur initiative pour garder et faire fructifier le jardin. Après la rébellion, « la sueur du visage » (Genèse 3, 19) a émaillé les efforts de subsistance et de progrès.
En Israël, les patriarches ont déployé leur savoir-faire, dans l’élevage, la culture des champs, le bâtiment, les arts plastiques, la musique et la poésie. Les semailles d’Isaac rendaient « au cent pour un » (Genèse 26, 12) ; les vingt ans d’effort loyal de Jacob, au service de son oncle, « ont été bénis par le Seigneur » (Genèse 31, 42) ; au désert, comme plus tard les ouvriers de Salomon, les artisans ont reçu de Dieu la sagesse pour construire et décorer l’Arche et le Temple, demeure de Dieu au milieu du peuple (Exode 31, 2.6).
Joseph, l’époux de la Vierge Marie, a reçu aussi, sans doute dans l’atelier paternel, la formation technique comme charpentier. Peu d’artistes ont imaginé la jeunesse de Joseph ; les peintres brabançons l’ont fait dans le retable de Saluces (Valentin van Orley, Bruxelles, 1510). Dans un ensemble monumental, une série de sept panneaux retracent la vie du père adoptif de Jésus : le premier met au premier plan la générosité du jeune Joseph qui distribue des aumônes aux pauvres ; en arrière-plan, sa naissance et le travail auprès de son père à lui.
Jésus, « le fils de l’artisan » (Matthieu 13, 55) a bénéficié de ce noble héritage. « Jésus a appris de lui la valeur, la dignité et la joie de ce que signifie manger le pain, fruit de son travail » (pape François, Lettre D’un cœur de père, §6). Joseph a su offrir à Jésus « un don total de soi, de sa vie, de son travail » (Paul VI, homélie, 1966)
Le secret du travail est l’amour offert à Dieu et au prochain : la famille, aux collègues, à la société en chemin. « Le travail devient participation à l’œuvre même du salut, occasion pour hâter l’avènement du Royaume, développer les potentialités et qualités personnelles en les mettant au service de la société et de la communion » (pape François, idem §6). Les fidèles sont appelés « à imiter, par une charité active, le Christ qui a voulu pratiquer le travail manuel et qui, avec son Père, ne cesse d’agir pour le salut de tous, cela dans une joyeuse espérance, s’aidant mutuellement à porter leurs fardeaux, montant par leur travail quotidien à une sainteté toujours plus haute, y compris sous la forme apostolique » (Vatican II, Const. dogmatique sur l’Eglise §41).
"Joseph tirait d’embarras bien des gens. Son travail professionnel avait pour but de servir et de rendre la vie agréable aux autres familles du village ; il l’accompagnait d’un sourire" (Saint Josémaria)
« Sans aucun doute, Joseph, grâce à un travail soigné, tirait d’embarras bien des gens. Son travail professionnel avait pour but de servir et de rendre la vie agréable aux autres familles du village ; il l’accompagnait d’un sourire, d’un mot aimable, d’un commentaire, fait comme en passant, mais qui rendait la foi et la joie à ceux qui étaient sur le point de les perdre » (Saint Josémaria, Quand le Christ passe §51).
Dieu nous donne les capacités pour travailler ; les maîtres aident à les développer ; la société pourvoit des emplois ; le Christ, lui aussi travailleur zélé, donne une nouvelle dimension à nos efforts. L’Eglise rappelle la dignité du travail, fait selon les règles de l’art et de l’éthique ; ainsi que les devoirs des uns et des autres pour fournir et rémunérer les tâches avec justice, y compris le travail au foyer. « Par son travail, l’homme assure habituellement sa subsistance et celle de sa famille, s’associe à ses frères et leur rend service, peut pratiquer une vraie charité et coopérer à l’achèvement de la création divine. Bien plus, par l’hommage de son travail à Dieu, l’homme est associé à l’œuvre rédemptrice de Jésus Christ qui a donné au travail une dignité éminente en œuvrant de ses propres mains à Nazareth » (conc. Vatican II, Const. pastorale sur l’Eglise dans le monde §66).
« Implorons saint Joseph travailleur : aucun jeune, aucune personne, aucune famille sans travail ! » (pape François, idem §6).