Toujours Saint
Le prophète frémit devant les anges, qui brûlent d'amour autour de la théophanie fascinante (Isaïe 6, 1-3). Huit siècles plus tard, l'apôtre bien-aimé est saisi d'une admiration pareille : « Saint, saint, saint, le Seigneur, le Dieu tout-puissant, celui qui était, qui est et qui vient ! » (Apocalypse 4, 8). La liturgie eucharistique adresse ce « trois fois saint » à la Trinité salutaire.
Dieu révèle son intimité par ses œuvres ; en retour, son mystère éclaire ses actes : un Dieu « Unique mais non pas solitaire » (Catéchisme §254). L'Esprit Saint rend témoignage au Fils Aimé, révélateur unique du Père. L'immensité du Dieu vivant est désormais accessible : le Père, touché par l'obéissance du Fils, déverse aussitôt leur Don mutuel sur les hommes. L'art a su relier la Trinité à la Croix, sceau immarcescible du salut. Le motif du Trône de grâce a inspiré, au XVe siècle, une fresque à la cathédrale Notre-Dame de Bayeux.
La Trinité noue l'alliance d'amour pour l'éternité. Le Consolateur nous configure à l'image du Fils pour la gloire du Père. « Par la grâce du baptême nous sommes appelés à partager la vie de la Bienheureuse Trinité, ici-bas dans l'obscurité de la foi et, au-delà de la mort, dans la lumière éternelle » (Catéchisme §265). Le trésor de la Trinité, « loin d'être une vérité aride délivrée à l'intelligence, est la vie qui nous habite et nous soutient » (Jean-Paul II, Audience, 19/01/2000). La liturgie l'atteste : le signe de croix, à l'ouverture, et la bénédiction finale encadrent la messe sous le regard trinitaire. Les doxologies scandent le pas du peuple de Dieu. Le Vendredi Saint, l'Église module, en l'honneur du Christ, le trisagion trinitaire : « Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel, aie pitié de nous ».
« Personne n'arrive à saisir de quelle insigne manière ta vie se déploie » (Liturgie des heures, Hymne). Les contemplatifs le confirment : « Ô mon Dieu, Trinité que j'adore…pacifiez mon âme. Faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos » (Élisabeth de la Trinité, Prière). Purifié par le cautère de l'Amour, le chrétien ressent le besoin de distinguer chacune des Personnes : « l'âme fait en quelque sorte une découverte dans la vie surnaturelle, comme une créature qui ouvre peu à peu les yeux à l'existence » (saint Josémaria, Amis de Dieu §306).
« Exaltez le Seigneur, selon vos forces » (Sirach 43, 30). Les chœurs du ciel le font : « Louange, gloire, sagesse, action de grâce, honneur, puissance et vertu à notre Dieu pour les siècles ! » (Apocalypse 7, 12). L'adoration eucharistique les relaye : « À Celui qui engendre et à l'Engendré, / louange et jubilation, / salut, honneur, puissance, / ainsi que bénédiction ; / à Celui qui procède d'eux / soit rendu pareil hommage » (Hymne Tantum ergo).
Abbé Antoine Fernandez