L’espérance n’est pas une vertu pour les gens qui ont l’estomac plein
Audience générale du 27 septembre 2017 :
« L’espérance est l’impulsion dans le cœur de ceux qui partent en laissant leur maison, leur terre, parfois des proches et des parents – je pense aux migrants – pour chercher une vie meilleure, plus digne pour eux-mêmes et pour ceux qui leur sont chers. Et c’est aussi l’impulsion dans le cœur de ceux qui accueillent : le désir de se rencontrer, de se connaître, de dialoguer… L’espérance est l’impulsion pour ‘partager le voyage’, parce que le voyage se fait à deux : ceux qui viennent sur notre terre et nous qui allons vers leur cœur pour les comprendre, pour comprendre leur culture, leur langue. C’est un voyage à deux, mais sans espérance ce voyage ne peut se faire […] Frères, n’ayons pas peur de partager ce voyage ! N’ayons pas peur de partager notre espérance !
L’espérance n’est pas une vertu pour les gens qui ont l’estomac plein. Voilà pourquoi, depuis toujours, les pauvres sont les premiers porteurs d’espérance. Et en ce sens, nous pouvons dire que les pauvres, et aussi les mendiants, sont les protagonistes de l’Histoire. Pour entrer dans le monde, Dieu a eu besoin d’eux : de Joseph et de Marie, des bergers de Bethléem. Dans la nuit du premier Noël, il y avait un monde qui dormait, tranquillement, dans toutes ses certitudes acquises. Mais les humbles préparaient en cachette la révolution de la bonté. Ils étaient pauvres de tout, certains se maintenaient à peine au-dessus du seuil de survie, mais ils étaient riches du bien le plus précieux qui existe au monde, à savoir l’envie de changement. »
Ne restons pas dans l’entrepôt de la vie
À Sainte-Marthe, le 25 septembre 2017 :
« Toute libération, toute action de rédemption de Dieu, est une visite […] Quand le Seigneur nous visite il nous donne la joie, c’est-à-dire qu’il nous conduit à un état de consolation… Oui, [nous avons] semé dans les larmes, mais maintenant le Seigneur nous console et nous donne cette consolation spirituelle. Et la consolation … est un état dans la vie spirituelle de tout chrétien. Toute la Bible nous enseigne cela.
Dans les moments plus durs et dans les moments plus forts, le Seigneur nous fait sentir sa présence. Cette visite s’attend avec « la plus humble » des vertus : l’espérance. Le chrétien vit ‘en tension’ vers la rencontre avec Dieu, sinon il est ‘fermé’, il reste dans l’entrepôt de la vie sans savoir quoi faire.
Dans le Royaume de Dieu, il n’y a pas de chômeur
Angelus du 24 septembre 2017 :
« Dieu n’exclut personne et veut que chacun atteigne sa plénitude […] Dans le Royaume de Dieu, il n’y a pas de chômeur, tous sont appelés à faire leur part; et pour tous à la fin, il y aura la récompense qui vient de la justice divine – pas humaine, heureusement pour nous! – c’est-à-dire le salut que Jésus-Christ a acquis pour nous par sa mort et sa résurrection. Un salut qui n’est pas mérité, mais donné, le salut est gratuit, de sorte que ‘les derniers seront les premiers et les premiers, les derniers’ (Mt 20.16). »
‘Je n’ai pas voté pour lui… qu’il fasse ce qu’il veut’
À Sainte-Marthe, le 18 septembre 2017 :
« Le peuple doit prier pour tous les dirigeants sans exception. ‘Non, je n’ai pas voté pour lui… qu’il fasse ce qu’il veut’. Non, nous ne pouvons pas laisser les dirigeants seuls : nous devons les accompagner par la prière. Les chrétiens doivent prier pour les gouvernants. ‘Mais, Père, comment faire pour prier pour celui-ci, qui a fait tant de mauvaises choses ?’ – ‘Il en a encore plus besoin. Prie, fais pénitence pour le gouvernant’ […] Je vous demande une faveur : que chacun de vous prenne aujourd’hui cinq minutes, pas plus. S’il est gouvernant, qu’il se demande : ‘Est-ce que je prie celui qui m’a donné le pouvoir par l’intermédiaire du peuple ?’… S’il n’est pas gouvernant, ‘Est-ce que je prie … pour tous les dirigeants ?’ Si vous trouvez, lorsque vous faites votre examen de conscience pour vous confesser, que vous n’avez pas prié pour les dirigeants, apportez cela en confession. Parce que ne pas prier pour les gouvernants est un péché. »
Nous ne pouvons pas être des chrétiens qui lèvent continuellement la bannière ‘passage interdit’
Homélie à Medellin (Colombie), le 9 septembre 2017 :
« S’engager, pour certains cela semble dire se salir, se souiller. Comme David et les siens qui entrèrent dans le Temple parce qu’ils avaient faim, et comme les disciples de Jésus qui entrèrent dans le champ et mangèrent les épis, il nous est aussi demandé aujourd’hui de grandir en audace, en courage évangélique qui jaillit de la prise de conscience qu’ils sont nombreux ceux qui ont faim, faim de Dieu, faim de dignité parce qu’ils ont été dépouillés. Et, comme chrétiens, les aider à se rassasier de Dieu ; ne pas les empêcher ou leur interdire cette rencontre. Nous ne pouvons pas être des chrétiens qui lèvent continuellement la bannière ‘passage interdit’, ni considérer que ce terrain est le mien, m’appropriant une chose qui n’est absolument pas à moi. L’Eglise n’est pas à nous, elle est à Dieu ; c’est lui le maître du temple et de la moisson ; tous ont une place, tous sont invités à trouver, ici et parmi nous, leur nourriture. »
N’écoutons pas les ‘vieillards ‘ du cœur qui étouffent l’euphorie de la jeunesse
Audience générale du 30 août 2017 :
« Le Seigneur ne veut pas d’hommes et de femmes qui marchent derrière lui de mauvaise grâce, sans avoir dans leur cœur le souffle de la joie. […] Jésus veut des personnes qui ont expérimenté que vivre avec lui donne une joie immense, que l’on peut renouveler chaque jour de sa vie. Un disciple du Royaume de Dieu qui n’est pas joyeux n’évangélise pas ce monde, c’est un triste sire. […] Comment devient-on des prédicateurs de Jésus ? En ayant des yeux qui brillent de la véritable félicité. Nous voyons tant de chrétiens, même au milieu de nous, qui vous transmettent par leur regard la joie de la foi, rien que par leur regard !
C’est pour cette raison que le chrétien – comme la Vierge Marie – entretient la flamme de son amour : nous sommes amoureux de Jésus. Certes, la vie est pleine d’épreuves, il y a des moments où il faut aller de l’avant malgré le froid et les vents contraires, malgré tant de déceptions. Mais les chrétiens connaissent le chemin qui mène à ce feu sacré qui les a embrasés une fois pour toutes. […] N’écoutons pas les personnes déçues ou malheureuses ; n’écoutons pas ceux qui, plein de cynisme, conseillent de ne pas garder espérance en la vie ; ne nous fions pas à ceux qui étouffent dans l’œuf tout enthousiasme en affirmant qu’aucune entreprise ne vaut le sacrifice de toute une vie ; n’écoutons pas les ‘vieillards’ du cœur qui étouffent l’euphorie de la jeunesse. Tournons-nous vers les personnes âgées qui ont les yeux brillants d’espérance ! Entretenons au contraire de saines utopies. Dieu veut que nous soyons capables de rêver comme lui et avec lui, tandis que nous cheminons, tout en demeurant attentifs à la réalité. Rêver d’un monde autre. Et si un rêve s’éteint, le reprendre à nouveau, en faisant appel, pleins d’espérance, au souvenir des origines, à ces braises qui, après une vie qui n’aura peut-être pas été si bonne, sont cachées sous la cendre de la première rencontre avec Jésus. »