Fioretti octobre 2018

Est-ce que je suis amoureux du Seigneur? Suis-je conscient qu’il m’a choisi ? Ou est-ce que je vis mon christianisme comme ça, en faisant des choses sans plus ?... Le Pape François nous aide à être sincère dans notre vie d'amitié avec Dieu.

Les démons éduqués sont les pires, parce que tu ne te souviens pas qu’ils sont chez toi

À Sainte-Marthe, le 12 octobre 2018 :

« L’essence du démon est de détruire l’oeuvre de Dieu. Mais quand il ne peut pas détruire face à face, il devient plus fourbe qu’un renard et utilise une stratégie universelle : “Nous sommes chrétiens, catholiques, nous allons à la messe, nous prions […] Oui, nous avons nos défauts, nos petits péchés, mais tout semble en ordre.” Et lui fait “l’éduqué”: il s’en va… cherche une belle équipe, frappe à la porte : “Puis-je entrer ?” Il sonne. Et ces démons éduqués sont pires que les premiers, parce que tu ne te souviens pas qu’ils sont chez toi. La porte d’entrée, c’est l’esprit mondain, l’esprit du monde.

Soit le démon détruit directement par les vices, par les guerres, par les injustices directes, soit il détruit de façon éduquée, diplomatiquement… Ils ne font pas de bruit, ils se font amis, ils te persuadent. “Non, va, n’en fais pas autant … jusqu’à là c’est bien”. Et ils te conduisent sur la voie de la médiocrité, ils font de toi un tiède sur le chemin de la mondanité.

[…]Parfois je me demande : qu’est-ce qui est pire dans la vie d’une personne ? Un péché reconnaissable, ou de vivre dans l’esprit du monde, de la mondanité ? Que le démon te pousse au péché –et même, pas un, mais vingt, trente péchés, mais clairs, dont tu as honte– ou que le démon soit à table avec toi, vive, habite avec toi et tout est normal, mais là il te fait des insinuations et te possède avec l’esprit de la mondanité ? Vigilance : c’est le message de Jésus, la vigilance chrétienne. Que se passe-t-il dans mon cœur ? Pourquoi suis-je si médiocre ? Pourquoi suis-je si tiède ? Combien d’“éduqués” habitent chez moi sans payer de loyer ? »

La religion de l’hyper-occupation.

À Sainte-Marthe, le 9 octobre 2018 :

« Beaucoup de chrétiens vont à la messe le dimanche, mais ensuite ils sont toujours occupés. Ils n’ont même pas le temps pour jouer avec leurs enfants : c’est bien dommage. […] Ils finissent par appartenir au groupe des “hyper-occupés”, qui sont toujours en train de faire… Mais arrête-toi, regarde le Seigneur, prends l’Évangile, écoute la Parole du Seigneur, ouvre ton cœur ! […] S’ils font du bien, ce n’est pas du bien chrétien: c’est un bien humain. Il leur manque la contemplation. C’est cela qui manquait à Marthe.

Marie, c’est le contraire. Mais ce n’est pas non plus un “doux farniente”. Elle regarde le Seigneur parce qu’il touche son cœur, et c’est de là que vient, inspiré par le Seigneur, le travail à accomplir ensuite […] Et c’est ce que l’apôtre Paul a incarné. Quand Dieu l’a choisi, il n’est pas allé prêcher immédiatement, mais il est allé prier, contempler le mystère de Jésus Christ qui lui avait été révélé. Tout ce qu’il a fait, Paul l’a fait dans cet esprit de contemplation, en regardant le Seigneur. C’est le Seigneur qui parlait par son cœur, car Paul était un amoureux du Seigneur.

Et c’est là le mot clé pour ne pas se tromper: devenir amoureux. Pour savoir de quel côté nous sommes[…], nous devons nous poser la question suivante: “Est-ce que je suis amoureux du Seigneur? Suis-je conscient qu’il m’a choisi ? Ou est-ce que je vis mon christianisme comme ça, en faisant des choses […] Et le cœur? Est-ce qu’il contemple? ”.

[…] Que chacun de nous réfléchisse: combien de temps je passe chaque jour à contempler le mystère de Jésus? Et ensuite: comment est-ce que je travaille? Je travaille tellement que cela semble être une aliénation, ou je travaille en cohérence avec ma foi, je fais de mon travail un service qui vient de l’Évangile? Cela nous fera du bien d’y penser. »

Si l’utilisation du web vous fait sortir de ce qui est concret, vous rendliquide, coupez-le.

Discours aux jeunes à l’occasion du Synode, le 9 octobre 2018 :

« L’interconnexion avec le numérique est immédiate, efficace, rapide. Mais si vous vous y habituez, vous finirez […] comme une famille où, à table, au déjeuner ou au dîner, tout le monde reste avec son téléphone portable et parle avec d’autres personnes, ou communique sur son téléphone portable, sans relation concrète, réelle, sans rien de concret. Tout chemin que vous prendrez, pour être fiable, doit être concret, comme les expériences, tant d’expériences que vous avez racontées ici. Aucun des témoignages que vous avez donnés aujourd’hui n’était “liquide”. : ils étaient tous concrets. Le concret est la garantie pour avancer. Si les média, si l’utilisation du web vous fait sortir de ce qui est concret, vous rend “liquides”, coupez-le. Coupez-le. Car s’il n’y a pas de concret, il n’y aura pas d’avenir pour vous. C’est sûr, c’est une règle de la route, pour marcher. »

Pas de quiétisme bureaucratique

Préface au livre Partager la sagesse du temps (2018) :

« J’ai de la peine pour un jeune dont les rêves s’éteignent dans la bureaucratie. C’est comme le jeune homme riche de l’Évangile. Il s’en va tout triste, il est vidé. Je demande donc de l’écoute, de la proximité à l’égard des personnes âgées ; je demande de ne pas envoyer à la retraite leur existence dans un “quiétisme bureaucratique” où les enferment tant de propositions privées d’espérance et d’héroïsme. Je demande que l’on regarde les étoiles, ce sain esprit d’utopie qui pousse à rassembler ses énergies pour un monde meilleur. »

“Si dans ta maison il n’y a pas de personne âgée, achète-la car elle te sera utile”

Discours d’ouverture de la xve assemblée générale ordinaire du synode des évêques, le 3 octobre 2018 :

« Un proverbe égyptien dit : “Si dans ta maison il n’y a pas de personne âgée, achète-la car elle te sera utile”. Répudier et rejeter tout ce qui a été transmis au cours des siècles conduit uniquement à un dangereux égarement qui, malheureusement, est en train de menacer notre humanité ; cela conduit à un état de désenchantement qui a envahi les cœurs de générations entières. L’accumulation des expériences humaines au cours de l’histoire est le trésor le plus précieux et crédible dont les générations héritent l’une de l’autre. Sans oublier jamais la révélation divine, qui illumine et donne sens à l’histoire et à notre existence.

[…] Le présent, y compris celui de l’Église, apparaît chargé d’ennuis, de problèmes, de fardeaux. Mais la foi nous dit qu’il est aussi le kairos où le Seigneur vient à notre rencontre pour nous aimer et nous appeler à la plénitude de la vie. L’avenir n’est pas une menace qu’il faut craindre, mais il est le temps que le Seigneur nous promet pour que nous puissions faire l’expérience de la communion avec lui, avec les frères et avec toute la création. Nous avons besoin de retrouver les raisons de notre espérance et surtout de les transmettre aux jeunes qui sont assoiffés d’espérance […] La rencontre entre générations peut être extrêmement féconde et en mesure de générer l’espérance. Le prophète Joël nous l’enseigne […] en ce que je pense être la prophétie de notre époque : “Vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions (3, 1) et ils prophétiseront.” »