Dimanche des rameaux

Les hosannas éphémères

Fresque de Giotto di Bondone, L'entrée triomphale en Jérusalem.(Padoue 1300)

Quand Jésus décide d'entrer en Jérusalem en signe de triomphe et de paix, la foule l'acclame. L'admiration pour le Messie, depuis la résurrection de Lazare, toute récente, galvanise les esprits : "C'est pourquoi la foule vint à sa rencontre : les gens avaient appris qu'il avait fait ce signe miraculeux" (Jean 12, 18).

La fresque de Giotto (Padoue, 1300) recueille, parmi les données des récits évangéliques, l'ambiance de liesse autour du Sauveur bénissant.

Le Christ ne rejette pas les manifestations d'adhésion ; elles annoncent sa victoire sur le diable, la mort et le péché. L'hosanna est une hymne au salut et au Sauveur, qui retentit spontané, faisant écho au verset prophétique : "Ô Seigneur, sauve-nous !" (Psaume 118,25). Il sera repris dans la liturgie eucharistique.

Toutefois ces cris d'enthousiasme sont dictés plutôt par une espérance messianique superficielle, de prospérité terrestre ; ce n'est pas cette euphorie qui va racheter l'humanité, mais l'humilité du sacrifice amoureux.

Les vivats de la foule sont une effervescence passagère ; les hosannas, qui ne traduisent pas le dévouement du cœur, laissent un goût amer dans l'âme du Sauveur.

Jésus accepte l'hommage mais, en arrivant au sommet du mont des Oliviers, il fond en larmes devant le péché des siens. Celui qui avait pleuré, devant le tombeau de Lazare, pleure aussi devant la ruine morale de la Ville Sainte.

Les larmes de Jésus préparent le jour purificateur du grand pardon. Saint Josémaria, se faisant écho des grands mystiques, éprouvait le "désir de comprendre ses larmes, de voir son sourire, son visage..." (Amis de Dieu, n°310).

Nous sommes invités à partager cette logique solide de la compassion : "Ô Jésus, comparée à ta Croix, que vaut la mienne ? Comparées à tes blessures, que sont mes égratignures ? Comparée à ton Amour immense, infini et pur, qu'est-ce que cette pauvre petite peine dont tu as chargé mes épaules ?" (ibidem).

Le Rédempteur attend une adhésion durable. Y compris dans les moments de détresse, dans les nuits de l'âme. Jusqu'à mourir d'amour.

Abbé Fernandez