Benoit XVI dans le mois : juillet 2011

Le Pape est parti se reposer à Castelgandolfo, avant son voyage à Madrid pour les JMJ. Son activité en juillet est donc réduite : voici 3 points qui nous ont semblé importants.

Une fraternité authentique pour contrer la spéculation sur la nourriture, qui entrave la répartition de la production alimentaire globale.

Alors qu’une famine dramatique atteint des millions de personnes en Afrique, le Saint Père a prononcé en ce mois de juillet un discours d’une actualité brûlante, dans la ligne de son encyclique Caritas in veritate, au cours de l’audience accordée aux participants à la 37ème conférence de la FAO. Nous en publions de larges extraits :

« La pauvreté, le sous-développement et donc la faim sont souvent le résultat d’attitudes égoïstes qui, partant du cœur de l’homme, se manifestent dans son activité sociale, dans les échanges économiques, dans les conditions de marché, dans le non-accès à la nourriture et se traduisent par la négation du droit primaire de toute personne à se nourrir et donc à être libérée de la faim. Comment pouvons-nous taire le fait que même la nourriture est devenue objet de spéculations ou bien est liée aux évolutions d’un marché financier qui, privé de règles sûres et pauvre de principes moraux, n’apparaît attaché qu’au seul objectif du profit ? L’alimentation est une condition qui concerne le droit fondamental à la vie. La garantir signifie aussi agir directement et sans délai sur les facteurs qui, dans le secteur agricole, pèsent de manière négative sur la capacité de fabrication, sur les mécanismes de la distribution et sur le marché international. Et ce, alors qu’une production alimentaire globale, selon la FAO et les experts autorisés, est en mesure de nourrir la population mondiale….

Cela signifie faire de la solidarité un critère essentiel pour toute action politique et toute stratégie, de façon à faire de l’activité internationale et de ses règles autant d’instruments de service effectif à la famille humaine tout entière et en particulier aux plus nécessiteux. Il est donc urgent d’avoir un modèle de développement qui considère non seulement l’ampleur économique des besoins ou la fiabilité technique des stratégies à poursuivre, mais aussi la dimension humaine de toutes les initiatives et qui soit capable de réaliser une fraternité authentique (cf. Caritas in Veritate, 20), en s’appuyant sur la recommandation éthique de « donner à manger aux affamés » qui fait partie du sentiment de compassion et d’humanité inscrit dans le cœur de toute personne et que l’Église compte parmi les œuvres de miséricorde. Dans cette perspective, les institutions de la Communauté internationale sont appelées à œuvrer de façon cohérente suivant leur mandat pour soutenir les valeurs propres de la dignité humaine en éliminant les attitudes de fermeture et sans laisser de la place à des instances particulières qui se font passées pour des intérêts généraux.

Discours du Pape aux participants de la 37e conférence de la FAO, 1er juillet 2011.

Préserver la grâce reçue le jour de notre baptême

« Jésus compare le Royaume des Cieux à un champ de blé, pour nous faire comprendre qu'en nous a été semé quelque chose de petit et de caché qui possède toutefois une force vitale irrépressible. En dépit de tous les obstacles, la graine se développera et le fruit murira. Ce fruit sera bon uniquement si la terre de la vie est cultivée selon la volonté de Dieu. C'est pour cela que dans la parabole du bon grain et de l'ivraie (Mt 13, 24-30), Jésus nous avertit qu'après l'ensemencement fait par le maître, « pendant que les gens dormaient », « son ennemi » est intervenu et a semé de l'ivraie. Cela signifie que nous devons être disposés à préserver la grâce reçue le jour de notre baptême, en continuant à nourrir notre foi dans le Seigneur qui empêche le mal de s'enraciner. En commentant cette parabole, saint Augustin fait observer que « au départ, beaucoup sont de l'ivraie puis ils deviennent du bon grain », et il ajoute : « s'ils n'étaient pas tolérés patiemment, quand ils sont mauvais, ils n'arriveraient pas à ce changement louable » (Quaest. septend. in Ev. sec. Matth., 12, 4: PL 35, 1371). » 

Texte intégral de l'Angelus du 17 juillet

Responsabilité morale des gouvernants

Avant la récitation de l'Angélus, Benoît XVI a commenté la première lecture de la liturgie dominicale, un passage du Livre des Rois dans lequel Salomon, au début de son règne, demande à Dieu un cœur docile pour servir son peuple avec justice et distinguer le bien du mal. Devant les fidèles réunis à Castel Gandolfo, il a expliqué le sens de la prière de Salomon: « Nous savons que dans la Bible, le cœur n'indique pas seulement une partie du corps, mais le centre de la personne, le siège de ses intentions et de ses jugements. Nous pourrions dire, sa conscience. Un 'cœur docile' signifie alors une conscience qui sait écouter, qui est sensible à la voix de la vérité et qui est ainsi capable de discerner le bien du mal. Dans le cas de Salomon, sa demande est motivée par sa responsabilité de guider une nation, Israël, le peuple que Dieu a choisi pour manifester au monde son dessein de salut. Le roi d'Israël doit donc chercher à toujours être en syntonie avec Dieu, à l'écoute de sa parole, pour guider son peuple dans les voies du Seigneur, voie de justice et de paix ».

Mais l'exemple de Salomon, a ajouté le Saint-Père, « vaut pour chaque homme. Chacun de nous a une conscience pour être en quelque sorte roi, c'est-à-dire pour exercer la grande dignité humaine d'agir en conscience en œuvrant pour le bien et en évitant le mal. La conscience morale présuppose la capacité d'écouter la voix de la vérité, d'être docile à ses indications. Les personnes appelées à gouverner ont naturellement une responsabilité ultérieure, et donc, comme l'enseigne Salomon, elles ont encore plus besoin de l'aide de Dieu ». Cependant, « nous avons tous un rôle à jouer dans les situations dans lesquelles nous nous trouvons. Une mentalité erronée nous pousserait à demander à Dieu des choses ou des faveurs. En réalité, la vraie qualité de notre vie et de la vie sociale dépend de la bonne conscience de chacun, de la capacité de chacun et de tous à reconnaître le bien, en le séparant du mal, et à chercher patiemment à le mettre en pratique. Demandons l'aide de la Vierge Marie -a-t-il conclu-...pour nous forger, avec la grâce de Dieu, une conscience toujours ouverte à la vérité et sensible à la justice, pour servir le Royaume de Dieu ».

Texte intégral de l'Angelus du 24 juillet 2011